Entre leçon et tirage d'oreille [PV Mara]

@Terrence Connolly

Il y a tout un tas de choses que Mara n’aime pas. La pluie, qui souvent ne fait pas bon ménage avec sa coiffure. L’eau en général, c’est que ça trempe et qu’une grande étendue veut aussi dire qu’il n’y a pas de fond sous les pieds. La canicule, ce même si elle peut passer des heures tranquillement installées sur un transat au bord d’une piscine ou bien même à la plage. Les araignées, bien qu’on ne la voie jamais hurler et grimper sur une table pour une minuscule bestiole à huit pattes et au cas contraire, elle le niera jusqu’à la fin des temps. Les gros félins, bestioles imprévisibles dotés de gigantesques griffes acérées. Les toxicos, tout aussi imprévisible qu’un tigre en cage. Les papillons, parce qu’ils volent de gauche à droite, de bas en haut sans que cela ait le moindre sens. Les avions, car s’il venait à s’écraser ses chances de survie seraient non seulement très faibles mais surtout, hors de son contrôle.

Et avant toute chose, les imprévu. Toute sorte d’imprévu est une mauvaise chose. Dans certaines situations, cela implique qu’elle doive s’adapter rapidement pour ne pas se faire repérer ou tuer. Dans d’autres, il s’agit d’un imprévu qui n’est pas situé en sa portée, qui est donc hors de son contrôle et Mara déteste bien l’être. Le message de Terrence fait partie de ces imprévu auquel elle ne s’attend pas en cette belle journée. Ce qui la laisse donc avec un mauvais présentiment, qui ne fait que s’accentuer au plus elle se rapproche du studio de son poussin. Elle espère qu’elle ne va pas y trouver une River ligotée, bien que l’idée en elle-même est fort agréable, Alexander risque de ne pas apprécier. Enfin, on peut toujours rêver, Terrence n’est pas stupide et Mara sait que quelle que soit la raison de son message, River n’est pas impliquée. Cependant, elle se prépare malgré tout au pire, sait-on jamais, et tient donc son portable en main, prête à passer un coup de fil pour faire disparaître les corps ou nettoyer une scène de crime au besoin. Après tout, c’est son boulot.

« Bonjour poussin. »

Si elle l’adresse ainsi, c’est bien parce qu’il lui faut moins d’une seconde pour voir que quelque chose ne tourne pas rond. Il n’en faut pas plus pour l’inquiéter d’avantage, elle s’attend presque à trouver un bain de sang en rentrant dans le studio. Fort heureusement, ce qui tracasse Terrence ne semble pas être un surplus de corps amassé dans un coin de la pièce. Mara a tendances à s’imaginer le pire pour ne pas être prit de court, mais en cet instant, elle n’a qu’une hâte, qu’il lui dise ce qui ne va pas. Elle s’assoit donc sur la chaise après avoir retiré son manteau, Terrence s’installant au bord du lit. Elle est habituée à le voir abordé un air d’indifférence qui manque à l’appel en ce moment, alors Mara se contente d’attendre qu’il lui parle et ne cherche pas à le brusquer dans son impatience.

Quand enfin il lui adresse la parole, après ce qui semble avoir été d’innombrables minutes mais n’étaient qu’une poignée de secondes, Mara est prit de court. Un jouet ? Est-ce donc ça qui le dérange ?

« Un jouet. Hm. C’est ceux qui se démarquent qui attirent l’attention. »

Toutes ses craintes s’envolent, laissant place à une Mara bien plus posée et surtout vaguement amusée par la situation. Il a donc fallu que son poussin trouve un jouet pour s’en retrouver ébranlé. Elle n’est pas surprise qu’il en ait trouvé un, tous et toutes ont un point commun et c’est que tôt ou tard, ils rencontrent quelqu’un digne d’un certain intérêt, ce même si parfois temporaire. Et pour s’attirer l’attention de Terrence, le dit jouet doit être fort intéressant. Croisant les jambes, elle pose son coude sur son genou et laisse reposer son menton dans le creux de sa main, intriguée par l’attitude de l’apprenti tueur. Il a l’air… nerveux. C’est bien là un mot qu’elle n’aurait jamais pensé utiliser pour décrire son poussin. Et pourtant. Une vague d’émotions qu’elle ne cherche à déchiffrer se peignent sur son visage, qu’elle étudie avec intérêt avant de prendre pitié. Sa main se pose sur celle de Terrence dans un geste se voulant réconfortant.

« Nul besoin de traiter l’information comme s’il s’agissait d’une question de vie ou de mort. Tu ne lui as pas fait de mal lors de votre dernière rencontre ? Si non, tu as déjà toutes les cartes en main, poussin. »

Retirant sa main pour mieux pouvoir ranger son portable dans une de poches de son manteau, Mara se retient d’être trop directe et de demander tout un tas d’informations à Terrence. Après tout, les jouets, c’est sacré et il est en droit de vouloir ne pas en dire trop, tout comme elle l’a fait précédemment pour Gabriel en lui faisant croire que ce n’était que ça. Elle doute que c’est ainsi pour Terrence, mais se demande malgré tout qui a pu susciter un tel intérêt chez son poussin.

@Terrence Connolly

Il est rare de nos jours qu’on puisse encore surprendre Mara au détour d’une conversation. Il faut dire qu’elle a de l’expérience et donc l’habitude de planifier tout dans les moindres détails. D’en savoir plus qu’elle ne le prétend, peu importe ses interlocuteurs, dans le simple but de ne pas être prit de court lors d’une simple discussion. Le fait que Terrence ait ainsi pu la surprendre l’amuse au plus haut point. Et dire qu’il y a cinq minutes encore, elle s’attendait à devoir couvrir ses arrières après qu’il ait perdu le contrôle et zigouillé l’un ou l’autre innocent. Pourtant, même si le sujet semble dévier vers la possibilité que son poussin ait trouvé un jouet digne d’intérêt, elle n’en oublie pas qu’il semble penser avoir fait une connerie. Laquelle, elle l’ignore. Ne cherche pas à s’imaginer de quoi il pourrait bien s’agir, partant toujours pour le pire. Or il est temps de laisser le jeune homme s’exprimer et lui expliquer la situation, sans en juger les retombées éventuelles pour le moment. Retenant sa main, le regard de Terrence se veut empli d’émotions. Mara se retrouve une nouvelle fois prit de court devant tant de confidences, bien qu’elle puisse le comprendre. C’est d’ailleurs sans doute pour cela qu’il peut lui en faire, car ils se comprennent.

Et quand bien même les paroles de Terrence viennent réveiller en elle une pointe d’inquiétude, elle se contente de l’écouter sans l’interrompre. Ce qu’il lui décrit là, pour quelqu’un comme lui, c’est rare. Et loin d’elle l’idée de venir empiéter sa joie sans le moindre égard. Il a l’air presque heureux, c’est étrange de le voir ainsi car Mara était persuadée jusqu’à présent que seul une chose pouvait lui procure un semblant de bonheur. Alors elle ne dit rien, l’écoute et patiente, toujours curieuse quant à l’identité de cette personne. S’il le lui dit, elle fera des recherches pour assurer ses arrières, comme elle le fait toujours pour tous. Quand il lui lâche enfin la main, elle range son portable dans la poche de sa veste et compte lui demander s’il est possible de boire quelque chose, lorsqu’une nouvelle fois, il al surprend.

« Leilan ? »

C’est un miracle qu’elle arrive à prononcer le nom de leur ami peintre, tellement telle révélation sonne en elle comme le début d’une étrange blague. Sauf que Terrence ne plaisante pas, tout de son sérieux, attendant patiemment que l’information se siège dans l’esprit de la hackeuse qui a soudainement bien du mal à savoir quoi dire. Leilan n’est pas un ami, bien qu’il s’en rapproche tout en restant un simple pion, alors elle a du mal à l’imaginer autre qu’elle ne le connaît. Se rendant alors compte que c’est cela dont parlait Terrence, cette capacité à être à l’écoute sans juger, voilà comment décrire le peintre en une simple petite phrase. Elle laisse s’échapper un soupir alors qu’elle hésite un court instant, dubitative quant à l’information partagée.

« Un bon hôte propose toujours quelque chose à boire. »

Lance-t-elle alors, le temps de mettre de l’ordre dans ses pensées. Un verre lui permettra aussi d’avoir quelque chose en main, ainsi que d’occuper un court instant Terrence. Tout cela pour lui permettre une ou deux minutes de silence confortable et non gênant suite à cette annonce. Leilan. Le peintre. Le faussaire. Celui qui est plus que ce qu’il n’en dit et moins qu’elle n’en attende. Mara aurait aimé savoir qu’il était le jouet dont allait lui parler son poussin, elle n’en aurait au moins pas été rendu muette.

« Je t'avoue que je ne m’attendais pas à telle annonce. » Elle ne compte pas prétendre que la nouvelle ne l’a pas ébranlé, loin d’elle l’idée de laisser ses traits emprunter le chemin de la nonchalance. « Leilan n’est pas stupide, comme tu le dis si bien, c’est plutôt tout le contraire. Il serait mal avisé de le sous-estimer. »

Il est même trop malin pour son bien, mais ça, elle se garde bien de la dire. Ce qui la lie à Leilan est bien différent de ce qui semble à présent le lier à Terrence. Et pour une raison qu’elle ignore, alors qu’elle-même a toujours considéré malgré tout que Leilan est sans danger, quelque chose la dérange. Un mauvais présentiment, le voilà encore. L’air déconfit, elle se rend à l’évidence, si Terrence estime avoir fait une connerie, c’est au-delà du fait d’avoir trouvé un intérêt peu commode au peintre.

« Tu ne peux pas lui parler de ce que tu fais, Terrence. À aucun moment. Il n’est pas du métier, en tout cas, pas de cette branche-là. »

Et c’est là, que réside son inquiétude. Outre le fait qu’en allant trop loin il pourrait finir par effrayer le peintre, qu’elle ne croit pas capable de digérer la véritable nature du protégé d’Alexander, il y a la constance qu’au besoin, telles informations pourraient lui être utile. Or Mara n’aime pas prendre de telles risques et craint fort que son poussin n’ait pas conscience de leur ampleur.

@Terrence Connolly

Il ne faut pas longtemps à Terrence pour prendre deux verres et revenir, mais c’est suffisant pour que Mara reprenne ses esprits et sache quoi dire. Elle le remercie lorsqu'il lui tend un verre et lui sert du jus d’orange, et se demande brièvement ce qu’il a bien pu partager pendant son entrevue avec Leilan. Il est utile de préciser qu’il ne peut pas parler de ce qu’il fait, de ce qu’il est, cela semble évident mais en cet instant, Mara n’est pas certaine qu’il comprenne à quel point c’est primordial de respecter cette simple règle. Heureusement, elle n’a pas encore porté son verre à ses lèvres et ne risque donc de s’étouffer aux prochaines paroles du jeune homme. Son regard se veut un instant incrédule, avant qu’une lueur moins prononcée viennent y siéger. Les natures mortes dans l’art représentent bien de choses, ce n’est en soit rien d’incriminant et ce même si Terrence avait quelque chose d’autre en pensée lorsqu’il a dit cela.

C’est ce qu’il dit ensuite qui l’interpelle. Elle se redresse légèrement sur sa chaise, un frison lui parcourant l’échine alors qu’elle observe encore et toujours les traits de son interlocuteur. Leilan a eu un véritable effet sur son poussin, c’est indéniable. Preuve en est, il semble perdu dans ses pensées, se remémorant sans doute des moments agréables alors que la blonde elle, commence à s’inquiéter. Il n’a, en soit, rien dit de trop révélateur. Si ce n’est que Leilan sait exactement dans quelle branche du métier se situe Mara, deviner que Terrence en fait partie n’est que simple logique.

« Et comment a-t-il réagit à cela ? »

Elle se doit de demander, se doit de savoir si elle doit préparer une brève entrevue avec le peindre pour le faire taire à jamais. Mara n’aime pas ce qu’elle entend, c’est un imprévu dans une autrement si belle journée. Il est bien qu’il ait trouvé un jouet, il est bien qu’il ait de quoi s’amuser, s’occuper. Mais si cela risque de constituer un danger pour leur groupe, pour lui par la même occasion, Mara se fera sans pitié. Ce n’est pas la première fois qu’elle s’occupe d’un tel problème, ce ne sera certainement pas la dernière. Pourtant, elle préfère éviter d’en arriver là. Il n’est jamais bon de devoir nettoyer après les autres dans telles situations, ça la mets entre deux feux, dans une situation elle-même bien délicate. Ou elle peut simplement prétendre ne pas y voir le danger, se contenter d’une visite plus amicale avec le principal concerné…

Buvant une gorgée de jus d’orange, elle penche légèrement la tête sur le côté lorsqu’il lui pose une drôle de question. Si elle sait que ça se fait ? Oui, bien évidemment. Elle connaît tout un tas de métiers qui n’a rien de légal et qui permet d’obtenir des corps, ou des organes, frais et disponible immédiatement.

« J’ignorais qu’on en trouvait dans certains musées. »

Elle se contente de cette réponse, laisse comprendre qu’elle connaît ainsi la méthode. Terrence à l’air enjoué et l’espace d’un court instant, elle ne se trouve pas le cœur de lui faire la morale. De le corriger quant à son évident manque de discrétion. Alors, elle reprend d’abord sur un tout autre aspect de leur discussion.

« En ce qui concerne les règles, la plus importante, je t’en ai déjà fait part. »

Et j’espère que tu la retiendras, ou je devrais m’en mêler, est un sous-entendu prononcé.

« Autrement, le deuxième aspect le plus important est de ne pas s’attacher. Je ne crois pas avoir à t’expliquer pourquoi ce serait une très mauvaise idée, surtout aux vues du métier de notre ami. »

Leilan a beau n’être qu’un faussaire, il suffit qu’il ait un client mécontent ou se mette la mauvaise personne à dos pour que son corps soit retrouvé au bord d’un caniveau.

« Venger la mort d’une personne avec qui on passe du temps est une chose naturelle, mais dans ce cas présent, une véritable erreur à ne pas commettre, si la situation devait se présenter. »

Elle tapote du bout des doigts la paroi de son verre, faussement pensive quant aux règles qu’elle-même s’est toujours imposées avec ses ‘jouets’. Il faut dire qu’aucun n’est plus en vie aujourd’hui, alors il lui est difficile de conseiller autre chose à Terrence que la dure réalité, qu’il lui faudra tôt ou tard s’en débarrasser. Or dans l’incertitude qu’une telle annonce provoquerait chez l’apprenti tueur, Mara préfère ne pas encore lui faire part de ce qu’elle estime être une solution des plus efficaces, à long terme.

@Terrence Connolly

Il lui répond que Leilan s’est montré réceptif. Et non, Mara ne veut vraiment pas en savoir de plus, merci bien. Elle a assez d’imagination pour ça et cette partie de la discussion prend donc fin ici. Nul besoin qu’il ne lui en raconte plus en détails, quand bien même sa curiosité maladive la pousserait à vouloir en savoir plus. Non, non et non. Elle ressent or et déjà le besoin d’aller trouver Leilan pour mettre les choses à point, or ni le peintre ni Terrence risquent d’apprécier qu’elle intervienne de la sorte.

Jamais elle ne s’était imaginée, en encourageant un jour le jeune homme à trouver et posséder un ‘jouet’, que ce dernier réagirait de la sorte. Cela va à l’encontre de bien de choses qu’elle lui a appris, mais plus important encore, qu’Alexander lui a appris. Et lorsqu’elle vient à lui dire que venger la mort du peintre, si ce dernier devait un jour être victime d’une malencontreuse rencontre, serait une mauvaise idée… Disons que la réaction du jeune homme lui fait presque lâcher son verre. Oh. Oh. Elle sent un début de migraine. Mara évite de porter sa main à sa tempe, mais que cela n’en tienne, elle ferme un court instant les yeux et s’imagine déjà la réaction d’Alexander en apprenant que Terrence se montre aussi possessif envers… Envers quoi, exactement ? Car il y a bien des termes pour cela, mais elle commence sérieusement à douter que le mot ‘jouet’ convienne à Leilan en cet instant. Et ça aussi, c’est une faute.

« Tu lui as donné quoi ?! »

S’exclame-t-elle lorsqu’il lui fait une énième confidence. La blonde se lève lentement mais sûrement. Non seulement parce qu’elle ressent le besoin de faire les cents pas, mais aussi parce que rester assise ne lui convient pas présentement. Elle sait à présent qu’elle s’aventure sur un terrain dangereux, dont l’apprenti ne semble même pas conscient. Mais Mara l’est, quant à elle, bien trop pour être à l’aise en restant assise, dans une position qui la désavantage clairement.

« Terrence. » commence-t-elle d’un ton grave, avant de secouer légèrement la tête et de vider son verre d’une traite. Elle a besoin d’alcool, pas de jus d’orange, mais ça fera l’affaire pour le moment. « Tu sais qu’il y a une différence entre avoir quelque chose, et le posséder entièrement, n’est-ce pas ? »

Sa question peut sembler anodine, mais ne l’est réellement pas. Qu’il soit possessif est une chose. Et il l’est, comme ils le sont tous d’une certaine façon. Dieu seul sait quel sort Mara réserve à ceux qui osent s’en prendre aux gens auxquels elle semble tenir. Qu’il s’agisse de ses frères, d’Alexander, de Terrence ou encore de Kara, la blonde n’a aucun mal à faire la part des choses. Et quand ça les concerne, aucun obstacle n’est trop grand à franchir. Le grand manitou de la mafia en personne n’échapperait à son venin s’il venait à toucher à un seul cheveu d’un d’entre eux. Être possessif, quand on est capable de faire couler du sang, ça semble presque une seconde nature. Mais pas comme ça. Pas de cette façon, lorsque cela en devient dangereux et pour toutes les mauvaises raisons.

« Un jouet n’est pas censé être quelqu’un à qui tu t’attaches. Un simple jouet, poussin, tu dois savoir t’en débarrasser le moment venu. Que cela soit quand ça devient un obstacle ou parce qu’Alexander estime que ça en est un. »

Elle sait très bien que ce qu’elle dit risque de provoquer le jeune homme, ramène de ce fait son mentor dans la discussion car elle sait mieux que quiconque que rien ni personne d’autre ne peut le ramener plus vite sur terre. Car il flotte, il vole, mais là, il a clairement la tête dans les nuages. C’est décidé, elle a un début de migraine et la belle rose qu’est Leilan se dévoile être bien épineuse.

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- Si je l'ai, c'est que je la possède, non ?

Mara observe Terrence lui donner sa réponse, comme un professeur observerait un élève. Il se trompe, pas totalement, mais suffisamment pour qu’elle ait envie d’aller le secouer jusqu’à ce que raison ne lui revienne. Si c’était aussi facile, elle ferait peut-être même appel à Ulric pour qu’il s’en occupe. L’armoire à glace secoue sans nul doute plus fort qu’elle. Enfin, quoiqu’il en soit, il faut qu’elle sorte cette notion de l’esprit de Terrence, et vite. Mais comment diable lui faire comprendre ?

« J’aimerais que ce soit aussi simple. »

Elle sait ce que ça implique, comprend les méandres de sa pensée. L’induire en erreur serait dramatique, tout autant que le serait toute simple vérité. Alors elle tente l’approche la plus simple, la plus directe, car c’est ce qui a toujours fonctionné avec lui même si elle se doit d’évoquer Alexander pour lui faire entendre raison. Et cela à l’effet souhaité. Mara voit le jeune homme se figer. Les secondes qui passent semblent être de longues minutes. Ce qu’il lui dit ensuite n’est pas faux, c’est bien cela, un jouet. Une chose, une personne, dont on fait ce qu’on veut quand on le veut, sans se soucier de l’avis des autres. À l’entendre dire cela, Mara sent l’inquiétude la quitter, car il comprend au moins cette simple base, bien que sa question vienne ensuite gâcher toute illusion.

« Tu ne connais pas encore la réponse ? »

Elle ne lui donne pas la réponse, pour la simple et bonne raison que ce n’est pas à elle de le faire. Que cela la mettrait dans une situation plus que délicate et dans une position qui l’obligerait à s’en mêler davantage. Ce qui lui dit alors lui glace le sang, car Kara. Rien de plus, ni de moins. Évoquer sa protégée en comparant… Non. Il est le protégé d’Alexander avant d’être le sien, cela Mara ne l’oublie pas. Ne l’ignore pas non plus. Elle sait qu’elle n’a pas à jouer le même rôle qu’elle a joué avec Kara. Ce n’est pas sa place, pourtant c’est ce qu’elle fait depuis un certain temps et s’en rendre compte maintenant n’est pas évident. Elle le voit inquiet à la simple pensée qu’elle puisse trahir sa confiance et en parler avec Alexander. Et honnêtement, la question ne se pose même pas et Terrence devrait en avoir conscience. Le fait qu’il pose malgré tout la question en dit plutôt long. Et bien que cruelle, Mara ne l’est pas autant.

« Oh, poussin. »

Elle s’avance vers lui, tend la main sans le toucher, avant d’effleurer délicatement sa joue du bout de ses doigts avant de la laisser retomber le long de son corps.

« Je n’ai rien à lui dire, pour le moment. Mais tu comprends où est le problème, n’est-ce pas ? Tu comprends pourquoi je m’inquiète, lorsque tu me dis avoir accordé une carte sauvetage à un être que tu as rencontré deux ou trois fois, tout au plus quelques heures ? »

Elle doute que Leilan soit pour Terrence ce que Gabriel est pour elle. Si cela devait être le cas, elle comprendrait sans doute mieux qui quiconque et ferait aussi le nécessaire. Mais ce n’est pas le cas, cela reste Terrence. Tout ce qui le rend plus dangereux qu’elle sont les points qu’ils n’ont pas en commun, qui les opposent d’une part et d’autre.

« Si je te disais avoir rencontré quelqu’un il y a une semaine, et être prête à tuer pour lui, même si je m’octroie un droit de vie ou de mort le concernant, qu’en penserais-tu ? »

@Terrence Connolly

Chaque individu est différent, unique. Chaque situation est donc perçue d’une toute autre manière. Mara le sait que trop bien, elle qui déteste l’imprévu sait à quel point on ne peut prévoir avec certitude les réactions de chacun. Pas tout le temps, pas avec précision. Mais s’était-elle attendue à ce que Terrence s’attache à Leilan ? Non. Diable, elle ne l’aurait jamais laissé aller le voir si telle avait été une possibilité dans son esprit. Or elle semble avoir mal jugé la situation, encore plus les deux individus concernés. C’est le genre de situations délicate qui impliquent quelques verres de vin et du calme, avant qu’une toute autre décision ne soit prise. La réponse du jeune homme l’amuse brièvement, un fin sourire venant étirer ses lèvres alors qu’elle secoue légèrement la tête.

« Non, ça voudrait dire que je me suis attaché à lui. »

Ils ne parlent plus seulement d’un jouer quelconque, elle ne fait plus seulement la comparaison avec Leilan. Mais ce que Terrence ne sait pas ne peut pas lui faire de mal, or Mara tient à garder Gabriel loin de tout ce qui le dépasse. Les confidences que lui fait Terrence resteront entre eux, tant que cela ne devienne pas une menace pour leur petit groupe il n’y aucune raison que cela ne change. Elle se rassoit sur la chaise au même moment où Terrence se rassoit sur le bord du lit, l’écoutant toujours aussi attentivement. Elle s’octroie un sourire plus sincère, amusée par la ferveur à laquelle Terrence fait appel pour dire qu’il tuerait quiconque levant le petit doigt contre eux. Toutefois, l’amusement est de courte durée car la réalité se veut plus sombre.

« Je ne devrais pas encourager tel discours, mais l’on sait tous les deux que je ferais pareil. »

Elle ne pointe pas du doigt le fait que Leilan n’a pas sa place dans cette petite liste de gens pour qui il tuerait sans la moindre hésitation. Elle croit déjà avoir fait comprendre son mécontentement, le fait que c’est une erreur qu’il a commise. Mais son poussin met parfois du temps à apprendre ce qui vient plus naturellement chez d’autres, elle le sait très bien.

« On se pose les bonnes questions et on prend du recul. Leilan n’est plus un simple jouet si tu t’attaches à lui, poussin. Et je ne doute pas une seule seconde que si tu décides de le tuer, tu le feras. Ce qui m’inquiète, c’est ce que cela risque d’impliquer pour toi. Ce qu’en sera la conséquence. »

Bien évidemment, elle ne l’imagine pas se briser pour si peu. Mais tuer quelqu’un à qui on s’attache reste toujours différent que de tuer un inconnu, ou un simple passetemps. Et si elle l’a mal jugé quant à sa capacité à gérer un tel attachement, elle préfère ne pas prendre de risque, ré-évaluer ce qu’elle sait. Elle laisse alors s’échapper un rire cristallin avant de se redresser légèrement.

« Quand tu m’as laissé ton message, j’ai cru devoir faire appel à une équipe de nettoyage pour couvrir tes arrières. On est bien loin de la scène de crime et du bain de sang et pourtant… Si j’ai des cheveux blancs, demain, je t’en tiendrais pour responsable. »

Ce qu’il doit ou non faire avec Leilan, c’est son affaire. Mara ne peut pas lui dire quoi faire outre lui indiquer le bon chemin à prendre.

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Devant l’air perplexe de Terrence, Mara laisse un silence s’installer entre eux. Elle sait qu’il a encore du mal, bien que moins qu’avant, à comprendre ce qui pour d’autres est pourtant évident. Elle ignore encore au jour d’aujourd’hui si c’est là une force ou une faiblesse. D’un côté, il y a tant de choses sur lesquels il ne s’attarde pas. Un monde où tous seraient un peu plus franc ne pourrait faire de mal à personne. Cependant, le monde n’est pas un lieu de vérité. C’est un lieu de mensonges, mascarades à longues durées. La blonde a grandi entourée de politiciens et de mafieux, n’a jamais vraiment vu la différence entre eux. Quant il s’agit alors d’être plus franche, de dire ce qu’il en est, Mara se contente de la simple vérité dans l’espoir que Terrence comprenne. Sauf qu’il a déjà la réponse, mais que ce n’est pas entièrement la bonne. Elle fronce les sourcils, un instant indécis avant que l’indifférence la gagne.

« Je ne parle pas de preuves, poussin. Je parle des conséquences que cela aurait sur toi, mentalement. » Pour ne pas dire émotionnellement, car l’on n’est pas possessif sans ressentir quelque chose. « Et si Leilan venait à parler de toi à quelqu’un d’autre, si quelqu’un venait à te voir en sa compagnie plus d’une fois… »

Elle ne finit pas sa phrase, il sait où elle le mène avec tel raisonnement et le laisse donc tirer ses propres conclusions. Ce même si elle est prête à les rectifier s’il se trompe.

« Comment !? »

S’exclame-t-elle faussement, faisant mine d’attraper une mèche pour l’inspecter de plus prêt. Il lui est facile de faire prendre une autre tournure à leur discussion, partir sur un terrain plus neutre, plus amusant. Leilan est un problème pour le lendemain, dont elle s’inquiétera en silence dans la pénombre de son salon, verre de vin à la main. Quant à ce qui devra ou non être partagé avec Alexander… En voilà une pensée bien plus sombre. Pensée qui prit fin lorsque Terrence prit sa main dans la sienne. Son regard se pose sur l’apprenti tueur, qui perd son sourire avant de reprendre la parole. Mara l’écoute attentivement, lui laisse le temps de trouver ses mots tout en analysant ces derniers.

Terrence ne lui a jamais fait peur. Comment pourrait-il ? Il n’était qu’un enfant à l’époque, elle en avait déjà vu, des choses dont on ne parle jamais. Et elle-même a suffisamment de sang sur les mains pour ne pas s’arrêter sur d’aussi simples détails. Et puis, Terrence est dangereux, certes, plus dangereux qu’elle et même qu’Alexander. Imprévisible. Mais il a bien évolué, depuis cette première rencontre. Et surtout, il n’en reste pas moins humain, bien que peu partageraient tel point de vue. Elle doute ainsi que Leilan garde son sang-froid face à la scène à laquelle elle avait été confrontée, il y a tant d’années. Non, pas seulement un doute, mais une certitude et ça lui fait de la peine que Terrence ne s’en rende pas compte. Elle n’a cependant pas le courage de lui faire part de cela, pas encore. Ou bien est-ce un manque d’envie, car malgré tout, Terrence expérience quelque chose pour la première fois et qui est-elle pour l’en empêcher, vraiment ? Le voyant se rapprocher, elle lui lance un regard hésitant avant qu’il ne la sert contre lui. Oh. N’ayant pas l’habitude qu’on la sert ainsi dans ses bras, ni l’habitude que ce soit sans arrière-pensée, Mara mets quelques secondes de trop à son goût pour rendre l’étreinte au jeune-homme.

« Tu n’as pas à me remercier, poussin. »

Lui répond-elle d’un simple murmure. Elle ne se fait pas suffisamment confiance pour que sa voix ne se brise pas aux vues de ce qu’il vient de lui dire. Et les câlins sont choses rares chez Terrence, ce qui rajoute à l’aspect un peu trop émotionnel pour la blonde. Il n’a cependant vraiment pas à la remercier de quoique ce soit, car on en apprend toujours et ce même quand on se lance dans l’apprentissage d’un autre. Mara estime que c’était la moindre des choses, vis-à-vis d’Alexander que d’aider ses protégés. Vis-à-vis de Terrence de lui apprendre à se fondre dans la masse. Prenant un peu de recul, ses mains maintenant posées sur les bras de l’apprenti tueur, un sourire vint étirer ses lèvres alors qu’elle pose son regard sur lui.

« Je suis fier de toi, tu sais. Pour tout ce que tu as accomplis ces dernières années, ce que tu as appris et ce que tu as su mettre en pratique. Et je te fais confiance, pour Leilan. »

Qui sait, ça risque de peut-être causer leur perte, mais Terrence est une des rares personnes en qui elle a suffisamment confiance pour prétendre ne pas voir l’erreur qu’il commet. Tout comme avec Alexander et River. Et de toute façon, quoiqu’il en advienne, elle sait qu’il ne les trahira jamais. Pas de cette façon, tout de moins.

@Terrence Connolly

DClair, net et précis. Il est évident que trahir Terrence est signer son arrêt de mort. Non pas que cela surprenne la blonde. Évidemment, qu’une trahison est punie de la sorte. Tous, dans leur petit groupe, ont cet énième point en commun. Mara sait que ce qu’elle tente d’explique à l’apprenti-tueur lui passe plus au moins par-dessus de la tête. Ce n’est pas grave, il comprendra bien un jour. Au pire des cas, elle gardera un œil sur Leilan, ni vu ni connu, comme elle sait si bien le faire.

Quand il vint la prendre dans ses bras, il est vrai qu’elle ne s’y attendait pas. Rendre l’étreinte est cependant une évidence. Lui dire ce qu’elle pense l’est tout autant. Bien sûr qu’elle est fière de lui, il a parcouru un long chemin pour en arriver à paraître aussi banale que le commun des mortels. Et c’est bien un compliment à ses yeux, car il est tout sauf banal. Tout sauf comme le commun des mortels qu’elle trouve bien souvent d’un ennui. Et elle voit que ses paroles signifient beaucoup plus qu’il ne l’admettra jamais, plus qu’elle n’aimerait l’admettre. Mais elle n’a jamais été très douée pour se mentir, pas à elle-même en tout cas. Et au fond, ça lui fait bien plaisir.

« Je sais. »

Lui répond-elle simplement. Il n’a même pas besoin de le lui dire, elle sait qu’au besoin, il agira sans la moindre hésitation. C’est une des nombreuses choses qu’elle aime chez lui, qu’elle estime manquer elle-même. Toutefois, alors qu’elle l’observe, elle le voit se gagner d’un tout autre enjouement. Elle se demande pourquoi, avant qu’il ne lui tende son portable où est affiché un compte Instagram. Mara écarquille un instant les yeux avant qu’un sourire franc ne se peigne sur ses lèvres. Il semblerait qu’elle ait manqué de vigilance si tel information lui est ainsi passé sous le nez. Il faudrait qu’elle passe plus de temps derrière ses écrans, au lieu de courir après d’anciens militaires. Bien qu’il ne soit pas question de course, vu l’état dans lequel le principal concerné se trouve. Enfin soit.

« Te voilà officiellement bien intégré dans la société. »

Lui dit-elle en plaisantant. Bien qu’effectivement, beaucoup de jeunes de nos jours ont un Instagram et il arrive donc à plus facilement se fondre dans la masse. Un nom lui tape une seconde à l’œil, ou plutôt, un surnom.

« Karamel... Tu es arrivé à la faire sortir de chez elle ? Quel exploit. »

Elle sait à quel point sa protégée peut parfois ne pas pointer le bout de son nez dehors pendant plusieurs jours. Et il est toujours bien de savoir que les deux êtres qu’elle considère être sous sa protection, entre d’autres d’ailleurs, Alexander n’y échappe pas, s’entendent aussi bien.

@Terrence Connolly

Mara est surprise que Terrence est arrivé à faire sortir Kara de chez elle. Quoique, c’est sans doute cette dernière qui a décidé pour une raison ou une autre d’enfin mettre le nez dehors, en entrainant Terrence avec elle dans un ou l’autre lieu. En tout cas, cela fait plaisir à Mara que les deux s’entendent si bien. Suffisamment en tout cas pour aller manger un morceau ensemble. La blonde fronce des sourcils en entendant qu’un type a essayé d’emmerder sa protégée. D’instinct, elle a envie de retrouver ce dernier pour lui faire passer un très sale quart d’heure. Voir son dernier. Elle n’y peut rien, Kara est un peu comme la petite sœur qu’elle n’a jamais eu, voire même la fille qu’elle n’aura jamais. Elle est entièrement sous sa protection et bien que le jeune homme lui dise s’être occupé du gars en question, Mara regrette qu’il ne lui ait pas volé ses papiers d’identité. De quoi l’amuser un peu.

« J’espère bien que tu lui as fait regretter de s’être levé ce matin-là. »

Bien qu’elle ne cautionne pas tout acte de violence en extérieur, en public, elle ne peut s’empêcher d’espérer que Terrence ait planté sa lame dans ce type. Evidemment, s’en est trop demander et ce dernier ne l’aurait pas fait en plein jour, mais l’espace d’un instant, le côté surprotecteur de Mara prend le dessus.

« Si tu m’annonces que vous allez vous marier, je te préviens, je ne finance pas ta soirée d’enterrement de vie de garçon. »

Lui annonce-t-elle sur un ton taquin. Elle sait que ce qu’il a à lui dire est loin d’être ce lié à cette forme d’attachement, mais ne peut s’empêcher de le taquiner un peu. Qu’il se rassure, Kara y a droit aussi. Bien que Mara sait que les deux ont une relation tout ce qui a de plus platonique, elle s’octroie le droit de les taquiner. Maintenant qu’elle y pense, ça la fait vraiment passer pour la mère de service. Hmm. Elle tend le portable à Terrence pour qu’il le reprenne.

« Je vois. » L’idée en soit est bonne, ça, elle est la première à l'admettre. « Tu fais juste gaffe à ne pas me l’abîmer, il serait dommage que j’aie à te couper les mains. »

Encore une phrase lancée sur un ton taquin, bien que plus sincère qu’il n’en paraît. Elle connaît Terrence, sait de quoi il est capable et à toute confiance en lui. Et pourtant, comme il s’agit de sa protégée, elle ressent le besoin de le prévenir. Un faux pas et c’est à elle qu’il aura à rendre des comptes. Quoique.

« Et dis-lui de ne pas te défigurer, j’aime ton visage, poussin, il te donne un air presque innocent. » Décidemment. « Mais dis-moi, tu commence à donner des cours de self-defense, what’s next ? Non parce que j’ai un créneau le jeudi après-midi, si tu as quelque chose à m’apprendre, je suis toute ouïe. »

Comme quoi l’élève dépasse tôt ou tard le maître, mais Mara est curieuse de voir qu’il se transforme en bon samaritain, ou en âme charitable prêt à apprendre à d’autres à se défendre.

@Terrence Connolly

« Hm, c’est pas mal aussi comme punition. »

On peut compter sur Kara pour savoir frapper là où ça fait mal. Mara n’en est pas peu fière, bien qu’elle aurait clairement préféré que cet individu ne survive pas une seconde de plus. Voilà le danger de s’attacher aux gens, on a tendance à vouloir des choses qu’on sait dangereuses. Et tuer quelqu’un parce qu’il agit d’une certaine façon, en lien avec une des dites personnes à qui on tient, voilà qui est bien dangereux. Mara remarque qu’il faut quelques secondes à Terrence avant de comprendre qu’elle le taquine. Un sourire plus qu’amusé s’en peint sur son visage, laissant le temps au jeune homme d’assimiler ce qu’elle vient de lui dire. Elle en vint légèrement surprise lorsqu’il rétorqua, faisant une allusion qu’il fallut qu’elle analyse elle-même avant qu’elle ne laisse s’échapper un rire cristallin. Bingo.
Elle lui dit alors de prévenir Kara de ne pas le défigurer, son visage ayant un air presque innocent. Il semblerait que Terrence n’aime pas qu’elle y fasse allusion, ce qui évidemment amuse d’autant plus la blonde.

- C'est que pour Karamel.

La blonde arqua un sourcil, avant que Terrence ne vienne rapidement préciser que c’était évidemment seulement pour apprendre à Kara de se défendre. Quant au reste, l’avait-elle sciemment ignoré ou seulement décidée de ne pas tenter sa protégée à suivre un tout autre chemin ?

« Crois-moi, quand il s’agit de remettre un type à sa place, toutes les femmes aiment lui faire du mal. »

Mais quand son regard croisa à nouveau celui de l’apprenti tueur, la lueur qu’elle y remarque le mets instantanément sur ses gardes. Dans l’attente qu’il lui dise quelque chose qui ne va certainement pas lui plaire. Et Terrence ne la déçoit pas. Sourcils froncés, la blonde plisse un instant les yeux. Oui, le voilà en train de s’imaginer Dieu seul sait quoi. D’un claquement de doigts, juste devant le visage du jeune homme, elle tente de le faire revenir au présent.

« Alors je t’arrête tout de suite. Tu oublies ça. »

Elle ignore si la voie qu’elle-même a emprunté, ainsi que Terrence ou Alexander, est une voie qu’aimerait emprunter Kara. Mais quoiqu’il en soit, si elle peut l’en dissuader ou l’en tenir éloignée, elle le fera. Peut-être qu’au fond, pour elle, Kara restera toujours cette gamine un peu paumée qu’elle a sauvé. Et que peu importe la jeune femme qu’elle devienne, Mara la considérera toujours comme une petite sœur qu’il faut protéger du monde entier.

« J’aimerais éviter que Kara emrpunte la même voie que nous, à moins que cela soit là quelque chose qu’elle souhaite, mais autrement... »

Autrement, c’est niet. Heureusement pour l’instant, Terrence à uniquement prévu de l’entraîner à se défendre elle-même, chose à laquelle Mara aurait dû penser, honnêtement.

@Terrence Connolly

Mara préfère ramener Terrence sur terre, plutôt que de le laisser s’échapper dans son imagination. Il est hors de questions que Kara soit plus impliquée qu’elle ne soit dans les aspects les plus déroutant de leur métier. Non seulement parce que tel n’est pas sa place, mais aussi parce qu’honnêtement, Mara ne souhaite pas qu’elle s’y trouve une nouvelle passion. C’est peut-être égoïste, mais la blonde n’a jamais prétendu ne pas l’être. Heureusement, elle Terrence descend de son petit nuage pour en revenir à la réalité. Celle où Mara est à deux doigts de lui interdire d’un jour tuer qui que ce soit devant sa protégée. Mais c’est là chose impossible, imaginons un instant que c’est un cas de force majeure... Ou comme la situation s’étant déjà présenté, un malotru qui ne connaît pas sa place et doit être corrigé.

Elle reste silencieuse quand Terrence lui dit comprendre que Kara n’est pas comme eux. Heureuse de l’entendre jusqu’à ce qu’elle se rende compte, une seconde plus tard, qu’il semblait le regretter. D’abord elle en vient presque à grincer des dents, avant qu’une simple réalisation lui vienne à l’esprit. Une pensée bien vite confirmée par les dires de l’apprenti tueur. Le regard de Mara s’adoucit, elle arbore alors un sourire en coin bien plus triste qu’il n’en laisse paraître. Elle sait ce que c’est, l’envie de partager avec quelqu’un ce qui ne devrait en aucun l’être. Pour elle, une solitude pesante, dont elle ne soupçonnait pas Terrence d’en être aussi la proie.

« Évidemment que tu finiras par trouver quelqu’un avec qui partager… cela. Nous ne sommes pas seuls au monde. »

Le seul obstacle est bien sûr que personne ne court les rues en déclarant haut et fort être capable de tuer sans le moindre état d’âme. Et que beaucoup de gens du métier sont différents. Mara aimerait ainsi croire que tous n’ont pas de conscience, ne ressentent pas la moindre once de pitié. Mais ce n’est pas le cas.

« Du sang neuf ne nous ferait pas de mal, on commence à s’ancrer dans nos petites habitudes. »

C’est mal, d’avoir des habitudes. Rien de pire pour se faire repérer. Toutefois le sourire de la blonde se veut amusé à l’idée qu’ils en aient réellement. Elle se sait assez imprévisible pour qu’on puisse difficilement prévoir ses prochaines actions. Sauf si quelqu’un venait à apprendre qu’elle s’amuse à s’asseoir au chevet d’un certain patient à l’hôpital. Elle se détourne de Terrence et attrape sa veste sur le dossier de la chaise. Elle la pose sur son bras, prête à repartir maintenant qu’ils ont évité une crise. Elle allait repartir tout autant inquiète qu’elle était arrivée, mais elle fait confiance à Terrence. Si seulement elle pouvait en dire de même de Leilan.

« Tant que tu pèses tes mots en présence de Leilan, je n’ai pas à m’en inquiéter ni à m’en mêler. » Lui dit-elle en lui faisant à nouveau face, son regard plus sérieux qu’à son habitude. « Si tu comprends bien cela, il n'y aucune raison pour que j'en informe qui que ce soi. »

Il lui a bien dit déjà comprendre, mais théoriquement ils ne parlaient pas encore d’une mise à mort. Or tout dépend de Terrence, bien sûr elle le laisserait tuer le peintre si tel est son envie. Mais si elle doit apprendre qu’il en sait trop avant que l’apprenti tueur n’ait prit telle décision, c’est Alex qui sera mis au courant. Et bien qu’elle apprécie bien trop Terrence, qu’elle le considère être tout autant son protégé que celui d’Alexander… Il n’y a aucun mal à lui rappeler qu’elle est avant toute chose d’une loyauté sans failles envers ce dernier.