Entre leçon et tirage d'oreille [PV Mara]

Il était une chose constante une fois passé un état de plénitude, c'était la redescente sur terre, le moment où l'on réalise qu'on aurait peut-être pas du faire ce que l'on a fait, dire ce que l'on a dit, tout en repoussant cette sensation pour chercher à ne garder à l'esprit que ce qui nous convenait et qui nous avait fait nous sentir si bien. Terrence avait longuement réfléchi après le samedi passé avec Leilan, après cet oubli qu'il avait eu dans son atelier, entre ses bras, et force était de constater qu'avec le recul nécessaire, il réalisait en avoir probablement trop révélé sur son compte. Est-ce que l'artiste possédait un don en plus de celui de voir clair à travers les gens ? Il avait deviné le danger que représentait son modèle, il avait senti la menace et s'y était confronté, au risque d'y perdre la vie ou de finir mutilé, là où d'autres à sa place cherchaient à s'esquiver, voir même à s'enfuir en courant et en claquant la porte derrière eux. Cette témérité, cette folie, ce mépris des convenances et cette volonté de jouer avec la Mort, couplée à une écoute rare et à des propos complices, tout cela avait participé à faire lentement baisser la garde au jeune homme qui s'était finalement abandonné durant plusieurs heures... La redescente n'en était que plus difficile.

- Salut.

Sur le pas de sa porte, une Mara se trouvait après qu'il l'eut appelée. On était dimanche en début d'après-midi et le poussin avait ressassé toute la matinée, tournant et retournant les choses dans son esprit avant de finalement décrocher son téléphone pour appeler l'un de ses mentors. Son message ? Viens vite, j'ai besoin de ton aide, je crois que j'ai fait une connerie. Pas une explication de plus avant de raccrocher, rien non plus alors qu'il s'efface pour la laisser entrer, jetant un regard dans le couloir avant de refermer à double tours, allant s'asseoir sur le bord de son lit, laissant la chaise à côté libre pour que la blonde s'installe à son aise. Lui d'ordinaire si calme, presque inexpressif, semble en proie à une profonde réflexion qui lui fait légèrement froncer les sourcils. Il scrute la hackeuse avec l'air d'un gamin qui s'apprête à dire à sa mère qu'il a cassé son vase préféré.

- J'ai trouvé un jouet qui n'a pas peur.

Lâche Terrence de but en blanc, ne tournant pas autour du pot, sentant une montée de nervosité qui le fait frotter ses mains l'une contre l'autre, comme lorsqu'elles sont couvertes de sang et qu'il cherche à les laver, bien qu'elles soient immaculées à cet instant. Les souvenirs de la veille s'imposent à son esprit et il se mordille la lèvre en fixant le vide l'espace d'une seconde, avant que ses yeux noirs ne viennent accrocher le regard de sa mentor, cette grande sœur, presque une mère de substitution en vérité, et dont il a toujours écouté les sages conseils. Combien de fois lui avait-elle expliqué que ce n'était pas grave s'il n'avait que des amusements d'un soir, d'une nuit, d'un instant ? Lui-même n'avait jamais compris qu'on puisse vouloir garder un jouet sous la main plus longtemps que cela, mais c'était sans doute parce que tous avaient peur de lui en percevant son côté froid et implacable, violent et sanguinaire. Cette situation était nouvelle pour le jeune homme, quoi de plus naturel alors que de se tourner vers Mara pour qu'elle le conseille ?

- Faut que tu me dises ce que je dois faire, c'est le premier que j'ai pas failli tuer. Ce sont quoi tes règles avec les jouets ?

L'apprenti tueur est nerveux, il est assit et pourtant il peine à tenir en place, lui capable de demeurer immobile durant des heures à guetter une cible, dont la main ne tremble jamais quand il utilise une arme quelle qu'elle soit, il ressemble presque à un junkie en manque, son regard allant et venant entre la blonde et l'espace entre eux qu'il fixe par moment, se souvenant de la veille, ses mains s'agitant l'une contre l'autre malgré leur propreté impeccable, sa respiration un peu plus rapide et lourde comme s'il s'apprêtait à partir en courant. Pour autant Mara le connaît assez pour reconnaître les signes : son poussin pense avoir fait une connerie et a besoin de ses conseils.


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« Un jouet. Hm. C’est ceux qui se démarquent qui attirent l’attention. »

Il avait acquiescé à cette affirmation, ne pouvant qu'approuver, d'autant plus que c'était l'une des raisons qui avait fait que Terrence avait poussé plus loin sa curiosité, parce que le jouet en question s'était démarqué de toutes les façons possibles et à chaque instant passé en sa compagnie. Il avait besoin des conseils de Mara pour évaluer la situation, comprendre dans quoi il mettait -non, avait mis- les pieds et comment éviter de faire plus de conneries que ce qu'il pensait avoir déjà fait.

« Nul besoin de traiter l’information comme s’il s’agissait d’une question de vie ou de mort. Tu ne lui as pas fait de mal lors de votre dernière rencontre ? Si non, tu as déjà toutes les cartes en main, poussin. »

L'apprenti tueur pencha la tête de gauche à droite avec l'air d'hésiter, une moue apparaissant sur ses lèvres, soulignant un embêtement qui revenait à la charge alors qu'il attrapait la main de la hackeuse, la fixant d'un regard qui, décidément, affichait beaucoup trop d'émotions lui qui d'ordinaire était si détaché, si loin de tout.

- Disons que c'que j'lui ai fait lui a plu, alors que les autres d'ordinaire ils flippent ou ils crient, ils s'enfuient.

Haussant nonchalamment les épaules, un début de sourire affleura sur ses lèvres alors qu'il repensait à la morsure faite à l'artiste, ses yeux noirs revenant accrocher les prunelles de Mara alors qu'il se raclait la gorge.

- En fait j'ai même pu parler avec lui de... de choses dont je parle jamais d'ordinaire, tu vois. J'ai pas vraiment donné de détails mais il est pas con, il a compris, mais ça ne l'a pas effrayé... je crois même que ça l'a fasciné.

Cette fois c'est un réel sourire qui se fait jour et l'apprenti tueur semble presque heureux, soulagé d'avoir trouvé quelqu'un d'autre qui accepte sa nature dérangée, décalée.

- J'voudrais juste savoir ce qu'on fait avec ce genre de jouet, c'est le premier que j'ai, et je sais que tu suis des règles strictes à ce sujet, pour pas nous exposer.

Terrence lâche doucement la main de la blonde et se redresse un peu, prenant une légère distance, instinctivement, alors qu'il darde sur elle ses yeux noirs brillants d'intensité.

- C'est que tu le connais aussi, c'est... Leilan, le peintre.

Bien que se doutant de l'effet que pouvait avoir une telle information, l'apprenti tueur ignorait à cet instant l'intensité de la bombe qu'il venait soudain de lâcher sur la tête de sa mentor, mais il ne lui cachait jamais rien et ce depuis les débuts de leur relation, et ce n'était pas aujourd'hui qu'il allait commencer.


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Rares étaient les fois où Terrence avait vu une expression sincèrement surprise sur les traits de Mara, il pouvait même les compter sur les doigts des mains, et cet instant vint s'ajouter à ce chiffre pourtant si bas, marquant ainsi ce jour d'une nouvelle pierre blanche. L'hésitation qui suit, puis le soupir, sont encore plus parlants qu'un long discours, juste avant que la blonde ne rappelle au jeune homme une des leçons les plus élémentaires qui soient.

« Un bon hôte propose toujours quelque chose à boire. »

C'est à son tour d'être surpris, pour autant l'apprenti tueur cligne des paupières brièvement avant de se lever, presque comme un ressort, hochant la tête avant de se diriger vers le coin cuisine de son studio pour ouvrir un placard et en sortir deux verres. Les pensées s'entrechoquent violemment dans son esprit tandis que de l'extérieur il semble s'être refermé comme une huitre, retrouvant cet air détaché qui reflète pourtant un côté songeur.

« Je t'avoue que je ne m’attendais pas à telle annonce. Leilan n’est pas stupide, comme tu le dis si bien, c’est plutôt tout le contraire. Il serait mal avisé de le sous-estimer. »

- Il est très surprenant.

Oui, il s'était laissé surprendre, il avait été pris au dépourvu, lui que si peu de choses peuvent atteindre en général, et tandis qu'il sortait une bouteille de jus d'orange du réfrigérateur, le mouvement de son bras ralenti alors qu'il revoyait des scènes de la veille, les chassant d'un léger secouage de tête pour mieux se redresser rapidement, refermant la porte de l'appareil prestement. Attrapant les verres, Terrence revient vers Mara à qui il en tend un, la servant convenablement avant de faire de même pour lui, posant la bouteille sur le côté avant de se rassoir sur le lit.

« Tu ne peux pas lui parler de ce que tu fais, Terrence. À aucun moment. Il n’est pas du métier, en tout cas, pas de cette branche-là. »

- Je lui ai juste dit que j'aimais les natures mortes.

Commence à expliquer l'apprenti tueur avant de marquer un bref arrêt, son regard se perdant une seconde dans le vide, absorbé par une sensation fugace et éphémère.

- Et que sa peau était comme une neige qui attendait qu'on l'éclabousse de sang.

Il porta lentement le verre à ses lèvres, l'air complètement ailleurs comme lorsqu'il s'apprêtait à tuer sans aucune raison, juste parce que l'idée lui traversait l'esprit, juste pour voir ce que cela donnerait sur un parfait inconnu. Combien de fois Mara et Alexander avaient-ils du l'en empêcher une fois qu'ils l'avaient vu faire plusieurs fois ? Le jeune homme pensait ainsi à Leilan, pourtant l'artiste était toujours vivant et c'était en soi une bonne chose, mais peut-être n'était-ce pas uniquement du au self control de celui qui releva ses yeux aussi noirs que le charbon sur sa mentor.

- Il m'a parlé des cadavres frais qui étaient volés et des gens payés pour tuer et permettre aux scientifiques de faire leurs recherches. Tu savais qu'on en trouvait encore dans certains musées ?

Demanda Terrence en se réveillant un peu, le regard brillant d'une lueur inquiétante et enjouée à la fois, reprenant une gorgée de jus d'orange comme le ferait un enfant excité parlant de son projet scolaire de science pour la fin de l'année.


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« Et comment a-t-il réagit à cela ? »

Terrence se remémora brièvement le moment où il avait prononcé ces mots, avant de hausser un sourcil, un léger sourire rêveur quoique inquiétant venant flotter sur ses lèvres.

- Disons qu'il a été très... réceptif.

Portant le verre à ses lèvres, l'apprenti tueur le termina d'une traite, soupirant fortement en s'extirpant bon gré mal gré des souvenirs encore trop frais à son esprit, relevant son regard noir sur Mara qui répondait déjà à la suite concernant les musées. Elle savait, ce qui n'avait en soi rien d'étonnant, il y avait peu de choses concernant leur branche qu'elle ignora, mais l'espace d'un instant le jeune homme se demanda pourquoi elle ne lui en avait jamais parlé et ne l'avait jamais emmené dans un de ces endroits... peut-être parce qu'elle craignait qu'il ne veuille imiter ces aventuriers d'un autre temps ?

« En ce qui concerne les règles, la plus importante, je t’en ai déjà fait part. »

Il acquiesça, se rappelant celle-ci qui n'avait rien de compliqué.

« Autrement, le deuxième aspect le plus important est de ne pas s’attacher. Je ne crois pas avoir à t’expliquer pourquoi ce serait une très mauvaise idée, surtout aux vues du métier de notre ami. »

Le brun fronça légèrement les sourcils, ne voyant pas en quoi un artiste peintre et faussaire s'exposait davantage au danger qu'eux. Bien sûr on était jamais à l'abri de croiser la route d'un mécontent, mais le risque devait demeurer faible en comparaison du statut d'assassin.

« Venger la mort d’une personne avec qui on passe du temps est une chose naturelle, mais dans ce cas présent, une véritable erreur à ne pas commettre, si la situation devait se présenter. »

- Pourquoi ? C'est mon jouet, j'ai pas envie qu'on me le crève, je m'amuse bien avec.

Affirma l'apprenti tueur en fronçant davantage encore les sourcils, se redressant en venant appuyer ses avant-bras sur ses genoux, son expression s'assombrissant à la seule éventualité qu'on puisse tuer Leilan alors qu'il venait à peine de découvrir le potentiel que l'homme recelait.

- De toute façon, il n'y a que moi qui pourra le tuer, à ma façon.

Affirma le jeune homme d'une voix basse et grave, son visage se parant d'une expression rarement affichée et qui ne laissait aucun doute quant à l'envie meurtrière qui se reflétait dans ses prunelles noires.

- De toute façon, je lui ai donné une carte sauvetage.

Terrence se leva en disant cela, attrapant la bouteille de jus d'orange qu'il alla ranger au réfrigérateur, la mine renfrognée. La carte dont il parlait, il l'avait mentionné par le passé, c'était sa façon à lui de promettre qu'il tuerait une cible sans rien demander en échange ni poser la moindre question, du moment que cela pouvait permettre d'éliminer une menace mortelle pour la personne à qui il offrait la carte. Mara et Alexander en avait une, évidemment, de même que chacun des membres du groupe, mais c'était également le cas de Kara sur qui le jeune homme veillait férocement, pouvant parfois perdre le contrôle si quelqu'un tentait de la violenter. Et à présent, Leilan avait également une carte en main, ce qui signifiait que, d'une façon ou d'une autre, l'apprenti tueur avait confié ce qui n'aurait jamais du l'être.


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« Tu lui as donné quoi ?! »

La réaction finale de Mara est là, savamment menée à son terme par une approche méthodique de la part de Terrence qui a fait monter progressivement la tension, jusqu'à atteindre la révélation ultime, celle pour laquelle il l'a appelé au départ et qui, en voyant la blonde se lever d'un bond, lui confirme qu'effectivement il va probablement trop loin... Mais bordel, pourquoi est-ce tant un problème ? Si jamais Leilan osait le trahir, il sait qu'il mourrait de la main de l'apprenti tueur qui ne lui laisserait pas une chance, pas même l'espoir d'une, alors pourquoi ?

« Terrence. »

Ouhla, elle l'appelle par son prénom. Un rapide coup d’œil du jeune homme dans sa direction, alors qu'il pose la bouteille et son verre sur le plan de travail, suffit pour évaluer l'état de la hackeuse, ce qui n'augure rien de bon.

« Tu sais qu’il y a une différence entre avoir quelque chose, et le posséder entièrement, n’est-ce pas ? »

Il cligne des paupières et se redresse un peu, étonné et perplexe face à cette question.

- Si je l'ai, c'est que je la possède, non ?

Répond-il tout naturellement, demandant une confirmation en retour, ses sourcils se fronçant légèrement alors qu'il s'écarte du coin cuisine pour revenir près de Mara, l'observant comme si elle venait de dire quelque chose d'étrange qu'il peine à saisir.

« Un jouet n’est pas censé être quelqu’un à qui tu t’attaches. Un simple jouet, poussin, tu dois savoir t’en débarrasser le moment venu. Que cela soit quand ça devient un obstacle ou parce qu’Alexander estime que ça en est un. »

L'évocation de son mentor à l'effet d'une bombe réfrigérante sur l'apprenti tueur qui se fige en l'entendant, son esprit s'agitant furieusement alors que son corps ne bouge plus d'un cil, statue de sel prête à disparaître dès que l'on soufflera dessus. Terrence n'a jamais craint Alexander, mais il le respecte à un niveau tel que cela tient presque de la vénération, même si ces derniers temps il semble vouloir s'émanciper progressivement, le décevoir est l'une des choses qu'il ne supporterait pas. Le tiraillement s'implante en lui, le transperce alors qu'il hésite, détournant la tête et le regard, ne sachant pas vraiment ce qu'il doit faire alors qu'il comprend s'être trompé.

- ... Je croyais que c'était ça un jouet, quelque chose qu'on a rien qu'à soit et dont on fait ce qu'on veut.

Quelque chose, pas quelqu'un, parce qu'au final les gens ne sont que des choses vivantes, mais des choses vouées à disparaître tôt ou tard, qui deviennent inanimées une fois qu'on leur a ôté la vie, comme des objets qui n'auraient jamais du bouger seuls. L'apprenti tueur se mord l'intérieur de la joue puis reporte finalement son attention sur sa confidente et mentor, l'air passablement paumé.

- Si Leilan n'est pas un jouet, alors qu'est-ce qu'il est ?

Le jeune homme se remémora fugacement la veille, une ombre de sourire tentant de venir étirer ses lèvres, mais échouant et disparaissant aussi vite qu'elle avait tenté d'apparaître.

- Pour moi il est comme le feu, il me réchauffe, comme Kara.

Il a toujours parlé par images et ce depuis le premier jour où il a intégré le groupe d'Alexander, mais c'est ainsi que son esprit voit le monde, de façon décalée certes, mais aussi terriblement logique en quelque sorte. Et soudain, l'évidence le frappe et il observe la hackeuse, une inquiétude le saisissant.

- Tu vas le dire à Alexander ?


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Il ne connaissait pas la réponse, il n'était pas certain de comprendre non plus, parce que dans son esprit la notion de jouet n'était pas la même que celle de Mara. Terrence comprenait au moins ce fait, celui qu'il se trompait, même s'il n'arrivait pas à saisir exactement en quoi, et en entendant la réaction de sa mentor après qu'il ait demandé si elle allait en parler à Alexander, il sentit quelque chose le tirailler en-dedans, désagréablement. Il ne recula pas face à la main, ses yeux noirs fixant la blonde avec un air un peu perdu, un peu paumé, peut-être un peu triste aussi de savoir qu'il n'arrivait toujours pas à comprendre ces bases que la plupart du gens connaissaient depuis longtemps à son âge.

« Je n’ai rien à lui dire, pour le moment. Mais tu comprends où est le problème, n’est-ce pas ? Tu comprends pourquoi je m’inquiète, lorsque tu me dis avoir accordé une carte sauvetage à un être que tu as rencontré deux ou trois fois, tout au plus quelques heures ? »

L'apprenti tueur eut une légère moue, sourcils passablement froncés, avant de finalement acquiescer, les lèvres et la mâchoire serrées.

« Si je te disais avoir rencontré quelqu’un il y a une semaine, et être prête à tuer pour lui, même si je m’octroie un droit de vie ou de mort le concernant, qu’en penserais-tu ? »

Le jeune homme redressa légèrement la tête, son regard revenant accrocher celui de la hackeuse alors que l'ombre battait partiellement en retraite sur son visage.

- Que tu te sens bien avec lui ?

Terrence se figea, clignant lentement des paupières, ses lèvres s'entrouvrant et se refermant alors que la lumière se faisait jour dans son esprit.

- J'me sens bien... avec Leilan. C'est pas comme avec Kara ou toi, c'est différent mais...

Il s'assit lentement sur le bord de son lit, son regard se perdant un instant dans le vide avant de revenir accrocher le visage de Mara.

- Moi je tuerais le premier qui voudrait vous faire du mal, le premier qui vous menace, qui vous insulte, qui... !

Les nerfs montèrent au créneau d'un seul coup, la tension le prenant, faisant se serrer ses poings, puis l'apprenti tueur inspira profondément, se forçant au calme, à garder ce contrôle qu'on lui avait apprit si durement à préserver.

- Qu'est-ce qu'on fait quand c'est comme ça Mara ?

Parce que peu importait son âge, peu importait son expérience, il avait encore terriblement besoin de ses conseils pour lui éviter certains écueils.


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« Non, ça voudrait dire que je me suis attaché à lui. »

Terrence cligna des paupières en entendant Mara, l'observant avec l'air de nouveau perplexe et un peu perdu, bien qu'il comprenne ce qu'elle veut dire par là. Ce mot, cette notion, il l'avait découverte avec elle et Alexander, avec le groupe, parce qu'avant de les connaître il tuait aveuglément et sans penser aux conséquences, sans même s'en préoccuper, et il aurait tué son parrain de la mafia sans aucun remord s'il n'avait pas appris plus tard que cela ne se faisait pas. Il savait désormais qu'avant d'agir, il devait se poser plusieurs questions différentes, comme si la personne allait lui manquer une fois qu'il ne pourrait plus la voir, ce qu'il éprouverait à l'idée de ne plus lui parler, ce genre de choses... Mais même comme ça, l'apprenti tueur peinait parfois à se raisonner et il lui fallait se répéter mentalement toutes les leçons apprises pour ne pas déraper. Si ces derniers mois il avait réussi à prouver qu'il pouvait se maîtriser et avait gagné de le droit de vivre seul dans son propre logement en ville, la menace qu'il représentait demeurait présente et cette seule discussion en était la preuve. Même si Mara reconnaissait qu'elle aussi, elle pourrait tuer pour protéger ceux à qui elle tient.

« On se pose les bonnes questions et on prend du recul. Leilan n’est plus un simple jouet si tu t’attaches à lui, poussin. Et je ne doute pas une seule seconde que si tu décides de le tuer, tu le feras. Ce qui m’inquiète, c’est ce que cela risque d’impliquer pour toi. Ce qu’en sera la conséquence. »

- Si je nettoie tout comme il faut, je ne risquerais rien.

Évidemment, le jeune homme parle des preuves matérielles, il ne saisit pas ce que sa mentor essaye de lui expliquer, il ne voit pas où sera le problème puisqu'il est persuadé qu'une fois qu'il a décidé de tuer quelqu'un, cette personne cesse d'exister. Pour autant il n'a jamais eu à vivre ce genre de chose, parce que les rares personnes à qui il tient vraiment, dont la blonde qui lui fait face, n'ont encore jamais péri de sa main.

« Quand tu m’as laissé ton message, j’ai cru devoir faire appel à une équipe de nettoyage pour couvrir tes arrières. On est bien loin de la scène de crime et du bain de sang et pourtant… Si j’ai des cheveux blancs, demain, je t’en tiendrais pour responsable. »

Un léger sourire amusé étire les lèvres de Terrence qui secoue pourtant légèrement la tête.

- Menteuse, t'as déjà des cheveux blancs, tu peux pas dire que c'est ma faute.

Affirme-t-il sur un ton taquin, ce petit ton qu'elle lui a apprit à faire quand il veut embêter quelqu'un sans vouloir la blesser, juste pour le plaisir de l'irriter un peu. Pour autant le début de sourire s'évanouit immédiatement alors que l'apprenti tueur tend la main pour venir saisir doucement celle de sa mentor, ses yeux noirs l'observant d'un air passablement affecté.

- Je sais pas ce que je vais faire de Leilan, à la fin, mais pour l'instant j'aime bien être avec lui. Il n'a pas peur, c'est comme toi la première fois que tu m'as vu couvert de sang, t'as pas eu peur non plus, t'as juste...

Il haussa les épaules, baissant la tête, cherchant ses mots pour essayer de s'exprimer "normalement" même si ça n'était jamais son truc à lui. Son pouce caressa le dessus de la main de la blonde, y cherchant un peu d'inspiration, ses yeux sombres se relevant sur elle, la fixant d'un regard brillant d'intensité.

- T'as juste accepté. Comme Alex, comme Kara... Je sais pas s'il accepte vraiment, il m'a jamais vu tuer quelqu'un, mais il dit que je dois rien faire que je ne voudrais pas, que j'ai pas à me forcer à sourire ou à faire comme ces gens que je comprends pas.

Une brève esquisse de sourire étire une seconde les lèvres de l'apprenti tueur qui s'approche lentement de sa mentor, passant ses bras autour d'elle pour la serrer contre lui, la tenant presque tendrement en posant sa tête sur son épaule, soupirant fortement. Les câlins étaient rares chez Terrence, pour différentes raisons et, notamment, parce que la proximité du corps d'autrui ravivait ses instincts meurtriers, comme un instinct primitif et protecteur ancré jusque dans son âme.

- T'es comme la lumière Mara, avant de vous connaître toi et Alex j'étais dans le noir. Maintenant je peux voir des choses dont j'ignorais l'existence... merci.

Les émotions, complexes et difficiles à comprendre, à décrypter, envahissaient de plus en plus l'esprit de l'apprenti tueur même si elles demeuraient toujours en arrière-plan, comme un simple calque apposé sur sa véritable nature de meurtrier, mais qui lui permettait de voir la vie sous des angles différents, lui qui à l'origine était aussi aveugle qu'un nouveau-né. Façonné ces dix dernières années, il avait encore beaucoup de chemin à parcourir, mais s'il n'y avait pas de cadavre physique avec du sang à nettoyer, il y avait pourtant bien un crime qui se jouait. Restait juste à savoir lequel.


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« Je ne parle pas de preuves, poussin. Je parle des conséquences que cela aurait sur toi, mentalement. »

Terrence cligna lentement des paupières, penchant légèrement la tête de côté avec un regard un peu vague, laissant une fois encore l'impression que la notion continuait de lui échapper.

« Et si Leilan venait à parler de toi à quelqu’un d’autre, si quelqu’un venait à te voir en sa compagnie plus d’une fois… »

- Si on me trahit, on meurt.

Lâcha l'apprenti tueur d'une voix blanche et détachée, ses yeux noirs se posant sur Mara avec un calme parfait alors qu'il énonçait cette simple vérité. Jusqu'à présent aucun des membres du groupe ni ses mentors ne l'avaient trahis, ils avaient toujours veillé farouchement sur lui au contraire et la présence de la blonde chez lui à cet instant en était la preuve, pour autant il considérait de toute évidence qu'une trahison, une véritable trahison, ne valait ni plus ni moins que la mort. La fausse exclamation qui suivit la taquinerie sur les cheveux blancs de la hackeuse chassa l'expression grave du visage du jeune homme, un léger sourire étirant ses lèvres avant qu'il ne vienne la serrer dans ses bras, la remerciant sincèrement pour tout ce qu'elle avait fait pour lui.

« Tu n’as pas à me remercier, poussin. »

Il serra ses bras en retour quand elle s'écarta, l'observant avec un peu d'émotion "normale" qui revenait dans ses prunelles noires.

« Je suis fier de toi, tu sais. Pour tout ce que tu as accomplis ces dernières années, ce que tu as appris et ce que tu as su mettre en pratique. Et je te fais confiance, pour Leilan. »

- Je ferais toujours ce qu'il faut Mara.

Elle était fière, sa mentor était fière, et ces mots si simples en apparence furent comme un baume de chaleur appliqué sur son torse, lui tirant un léger soupir et un nouveau sourire. Les émotions étaient une notion encore difficile et brouillonne, mais plus il prenait de l'âge et s'exerçait au contact d'autrui, plus il comprenait comment cela fonctionnait, ne serait-ce que dans les grandes lignes, et à cet instant Terrence su que ce qu'il éprouvait pouvait être comparé à un sentiment heureux.

- Tant que j'y pense, j'ai trouvé un truc qui me permet d'étoffer ma couverture officielle et qui me fait passer pour n'importe quel type de mon âge. Regarde.

L'apprenti tueur sortit de sa poche son téléphone portable légal, celui qui faisait appareil photo et caméra avec accès à internet. Il pianota rapidement dessus puis tendit l'appareil à la hackeuse, un léger sourire au coin des lèvres. Il s'agissait d'une page Instagram où Terrence avait créé un profil et posté plusieurs fois déjà.

- A défaut de Facebook, au moins si on me cherche, on trouve quelque chose, ça endort la vigilance des gens de me voir sourire.

Il avait mis à profit les conseils de Mara et de Kara à ce sujet, et il avait déjà pu constater que cela fonctionnait puisqu'il avait déjà eu des retours. A présent il scrutait sa mentor avec une vive attention, guettant la moindre de ses réactions.


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« Te voilà officiellement bien intégré dans la société. »

Terrence eut un léger sourire teinté de fierté, hochant la tête tandis que Mara parcourait le compte Instagram qu'il avait volontairement mis avec le minimum d'informations pour éviter qu'il ne soit visible dans trop de fils d'actualité et ne soit pas non plus l'un des centaines de premier qu'on puisse trouver en faisant des recherches générales. Caché en pleine lumière, voilà quelle était la leçon qu'il avait réussi à intégrer et à utiliser avec ce compte officiel, une façon comme une autre de faire valoir sa légitimité légale tout en continuant de mener à bien ses actions dans l'ombre, à l'image de ses mentors qui avaient su lui apprendre tant de choses.

« Karamel... Tu es arrivé à la faire sortir de chez elle ? Quel exploit. »

Le sourire de l'apprenti tueur s'agrandit à la seule mention de la hackeuse et il acquiesça vivement, s'enorgueillissant de l'exploit en question, quand bien même en vérité la brune n'en faisait de toute façon qu'à sa tête et qu'il était hautement difficile de la faire changer d'avis.

- Ça lui arrive parfois, elle voulait prendre l'air et on est allé s'amuser un peu. Enfin il y a eu un pauvre type qui a essayé de l'emmerder, mais j'lui ai fait comprendre que c'était une mauvaise idée, et après on est allé manger un morceau, puis on a discuté et rigolé.

Il hocha la tête, se remémorant la soirée en question.

- Ouais, c'était plutôt sympa. D'ailleurs, maintenant que j'y pense, y'a un truc que je ne t'ai pas dit.

Le jeune homme tira de derrière lui une petite lame de lancer qu'il fit tournoyer tranquillement entre ses doigts, un sombre sourire amusé étirant ses lèvres, son regard redevenant plus inquiétant quoique tout aussi amusé que son sourire.

- Karamel pourra bientôt se défendre des types qui l'approchent de trop près sans son accord, je compte lui apprendre à l'faire, si ça te dérange pas bien sûr. J'crois que si elle se sent plus en sécurité, elle sortira davantage.

Il aurait bien fait sa fête à celui qui avait eut les mains baladeuses l'autre fois, mais Terrence savait que ça n'aurait pas été très judicieux et c'est pourquoi il s'était rangé à l'avis de la jeune femme et l'avait épargné, la laissant juste se défouler un peu avant qu'il ne soit dégagé par la sécurité. Personne ne touchait à Karamel, c'était aussi simple que cela.


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« J’espère bien que tu lui as fait regretter de s’être levé ce matin-là. »

- Il aurait pu ne plus jamais se lever, mais Kara a préféré lui briser les couilles, littéralement.

Et Terrence ne peut s'empêcher d'avoir un léger sourire cruel et amusé au coin des lèvres, teinté d'une certaine fierté d'avoir vu la jeune femme coller ce magistral coup dans l'entrejambe du type. Si ça n'avait tenu qu'à lui, le gars serait ressorti de la boîte les pieds devants, mais l'une des règles pour réussir à passer entre les mailles du filet consistait à ne pas faire de vagues en public et de ne pas tuer ouvertement. Cela pouvait paraître anodin et logique, dit comme cela, mais pour l'apprenti tueur il avait fallu le lui inculquer de force durant de longues années, et ça n'avait pas été de tout repos pour ses mentors, loin s'en fut.

« Si tu m’annonces que vous allez vous marier, je te préviens, je ne finance pas ta soirée d’enterrement de vie de garçon. »

Le jeune homme cligna lentement des yeux, analysant les paroles de Mara avant de sourire légèrement à nouveau, comprenant qu'il s'agissait là d'une plaisanterie à double sens, ce qui lui avait quand même demandé deux bonnes secondes pour en saisir la subtilité. L'idée de se marier avec qui que ce soit ne lui avait jamais effleuré l'esprit et même si la blonde avait le don de les taquiner, lui et sa protégée, avec cette plaisanterie, il y avait toujours un petit temps de battement durant lequel son poussin réfléchissait sérieusement à la question avant de prendre cela du côté amusant.

« Je vois. Tu fais juste gaffe à ne pas me l’abîmer, il serait dommage que j’aie à te couper les mains. »

- Surtout que j'en ai besoin.

De ses mains ou de Karamel ? L'allusion étira de nouveau légèrement les lèvres de Terrence qui retournait son humour à la hackeuse, après tout qui aime bien châtie bien.

« Et dis-lui de ne pas te défigurer, j’aime ton visage, poussin, il te donne un air presque innocent. »

L'apprenti tueur fronça les sourcils, mais au lieu de protester il soupira légèrement, voulant apparemment bien concéder, finalement, cette vérité contre laquelle il ne pouvait lutter.

« Mais dis-moi, tu commence à donner des cours de self-defense, what’s next ? Non parce que j’ai un créneau le jeudi après-midi, si tu as quelque chose à m’apprendre, je suis toute ouïe. »

- C'est que pour Karamel.

Lâcha-t-il avec un air presque grognon, avant de réaliser que cela pouvait être mal interpréter.

- Toi tu sais te défendre Mara, mais pas Kara. Je ne veux pas qu'un type lui fasse du mal, et je crois qu'elle aime bien ça, faire mal, en tout cas elle en avait le regard ce soir-là.

Le ton presque rêveur de Terrence trahissait l'agréable surprise qu'il avait eu en voyant cette expression sur le visage de la brune, sans parler de la satisfaction qu'il avait eu à la voir frapper son agresseur pour lui faire payer son comportement et ses gestes. Rien qu'à ce souvenir, le jeune homme eut un frémissement d'excitation meurtrière et une lueur sadique s'alluma dans ses yeux noirs qui revinrent accrocher ceux de sa mentor, un sombre sourire inquiétant revenant à la charge sur ses traits.

- Tu l'imagines couverte de sang, avec des cadavres à ses pieds ? Elle serait... magnifique.

Il souffla le dernier mot, son expression se faisant presque rêveuse à cette seule image qui venait de s'imposer à son esprit parfois un peu trop délirant. Bien sûr l'apprenti tueur ne pensait qu'à apprendre à son amie à se défendre, mais une part de lui nourrissait le secret espoir de la voir ainsi, telle l'incarnation de la mort, couverte de sang et des cadavres à ses pieds comme autant d'amants indignes d'elle. Rien que cette vision avait de quoi être plus que plaisante pour Terrence, une chance que personne ne puisse voir ses pensées.


@Mara McGuire

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La vision de Kara couverte du sang d'amants indignes, les cadavres de ceux-ci gisant à ses pieds tandis qu'elle se tiendrait fièrement debout dans une mare de sang, auréolée d'une sombre lumière, le regard à la fois brillant d'intensité et aussi froid que la mort, l'odeur de fer dans l'air, la sensation de chaleur parcourant la peau en un fourmillement similaire à la caresse du soleil en hiver, le... CLAC ! Terrence sursauta presque quand les doigts de Mara vinrent claquer juste devant son nez, le faisant reculer la tête et cligner vivement des paupières, son regard qui avait commencé à se perdre dans le vide revenant se fixer à la blonde qui le fixait avec un air qu'il reconnu immédiatement, sourcils froncés.

« Alors je t’arrête tout de suite. Tu oublies ça. »

Tel un enfant à qui on viendrait de donner une tape sur la main, l'apprenti tueur affiche une mine presque boudeuse, mais surtout résignée, hochant légèrement la tête en retenant un soupir alors que la vision d'une brune sanguinaire inaccessible disparaissait déjà dans les limbes de ses fantasmes.

« J’aimerais éviter que Kara emprunte la même voie que nous, à moins que cela soit là quelque chose qu’elle souhaite, mais autrement... »

- Oui je comprends... elle est pas comme nous je sais.

Tout comme Leilan ne l'était pas non plus, ni toutes les personnes qu'il pouvait côtoyer au quotidien dans son travail ou en faisant mine de mener une vie normale, tout comme les conquêtes d'un soir dont il partageait le lit. En-dehors du groupe d'Alexander, il n'y avait personne qui puisse réellement comprendre la nature profonde de ce qu'ils étaient, même Neill son ami d'enfance l'avait évoqué à sa façon, ils ne vivaient pas dans le même monde, ils ne percevaient pas les choses de la même façon et, à cet instant, le jeune homme réalisait que cela lui pesait peut-être un peu.

- Un jour j'trouverais peut-être quelqu'un comme nous avec qui faire ce genre de trucs, je veux dire quelqu'un qui ne soit pas de notre groupe.

Il enfonça les mains dans les poches de sa veste et soupira un peu malgré lui.

- Ça changerait tu crois pas ? Du sang neuf.

Et ça apporterait un peu plus d'animation dans les missions, même si actuellement Terrence devait bien reconnaître qu'il avait trouvé un moyen de s'occuper plus qu'agréablement en compagnie de Leilan qui avait bien des choses à lui apprendre. C'était juste un peu trop à sens unique pour l'apprenti tueur qui ne pourrait jamais faire de l'artiste l'un des leurs, tout comme Kara ne devait pas l'être si cela pouvait être évité... quel dommage.


@Mara McGuire

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« Évidemment que tu finiras par trouver quelqu’un avec qui partager… cela. Nous ne sommes pas seuls au monde. »

Terrence avait légèrement sourit, même si ce sourire ressemblait pour beaucoup à celui que Mara venait de faire et qui dissimulait une certaine peine face à la solitude qu'impliquait d'être ce qu'ils étaient. Pour autant ce n'était pas que cela pesait tant que cela à l'apprenti tueur, tout du moins pas comme à ses aînés qui avaient plus d'expérience, plus de vécu et plus d'années au compteur pour avoir eu le temps d'y penser plus souvent, mais il était important de varier le quotidien et de se renouveler, l'air de rien.

« Du sang neuf ne nous ferait pas de mal, on commence à s’ancrer dans nos petites habitudes. »

- Parle pour toi, moi c'est tout l'inverse en ce moment.

Et le jeune homme sourit, un sourire plus amusé qui chassait l'humeur morose qui avait tenté de s'incruster dans leur échange. Voyant d'ailleurs Mara attraper sa veste, il se décala sur le côté afin de lui laisser le passage libre, s'apprêtant à lui emboîter le pas en direction d'entrée de son studio.

« Tant que tu pèses tes mots en présence de Leilan, je n’ai pas à m’en inquiéter ni à m’en mêler. »

Une dernière recommandation, évidemment, cela n'avait rien d'étonnant venant de sa mentor qui avait toujours su deviner les pensées qui allaient et venaient dans l'esprit de Terrence, ce dernier acquiesçant d'un léger signe de tête afin de lui confirmer qu'il prenait bonne note de ce qu'elle lui disait.

« Si tu comprends bien cela, il n'y aucune raison pour que j'en informe qui que ce soit. »

- Je comprends oui, t'en fait pas je serais prudent.

Tout du moins plus qu'il ne l'avait été jusque-là, ayant desserré un peu trop vite la bride, un peu trop fort aussi, mais à présent qu'il avait pu échanger avec la hackeuse à ce sujet, il y voyait déjà plus clair sur la conduite à tenir et les limites qu'il se devait de garder bien en place. Ce n'était pas tant pour lui que pour eux, sa famille de substitution, les seuls à qui il confierait aveuglément sa vie. Pour les protéger, il était prêt à tout, et surtout à bien plus que pour lui-même, mais ça il n'avait pas besoin de mots pour qu'ils le sachent. Se penchant vers Mara, le jeune homme déposa un baiser sur son front et lui fit un léger sourire, la suivant jusqu'à la porte avant de l'observer alors qu'elle en franchissait le seuil.

- Merci d'être venu. Je repasserais vous voir dans un mois ou deux, d'ici là invite-toi quand tu veux.

Un dernier geste, un dernier regard, puis la blonde s'éclipsa dans le couloir de l'immeuble tandis que Terrence refermait la porte de son studio, la verrouillant à double tour comme toujours avant de retourner près de son lit, s'allongeant sur le dos en croisant les bras derrière sa tête, fixant le plafond blanc au-dessus de lui. Maintenant il était fixé sur la conduite à tenir, il n'avait plus qu'à profiter du reste tant que cela durerait.


@Mara McGuire


Le RP me semble terminé, si cela te convient également. Un immense merci pour celui-ci, c'était vraiment génial.