CALLEN / sorry but this is too much. #3

Yara avait finalement envoyé un collègue surveiller la porte. Elle avait eu du mal à gérer le moment où il avait perdu son sang-froid et s'était bien rendu compte qu'elle résistait pas des masses. Elle s'était renseignée et le médecin avait autorisé une hospitalisation à domicile mais il fallait attendre un peu avant de le déplacer. Ça restait délicat et il ne fallait pas presser. Pendant ce temps là elle avait arrangé une planque avec tout ce qu'il fallait. Lit médicalisé, tout ce qu'il fallait pour les soins et avait fait du Stock. Elle avait choisi aussi l'infirmier qui viendrait habiter là pour un temps et un médecin qui passerait vérifier que tout va bien. Une fois là bas on éviterait de le balader. Elle avait tout de même fini par aller le voir mais s'arrangeait pour être là quand il dormait. Quand vint le jour où elle devait le récupérer, elle était moins prête qu'elle l'imaginait' au moins elle aurait un vrai matelas. Oui on la refaisait pas, un lit dans la planque c'était pas vraiment le top. A ses yeux un matelas était suffisant et permettait de ne jamais s'endormir trop profondément. Elle arriva au moment où on l'installait sur le brancard. Pour éviter de le faire s’asseoir pour le moment, ils avaient évité le fauteuil. Mais elle en avait un dans la planque quand il pourrait s’asseoir sans avoir mal. On était pas encore très flexible trois jours après avoir été torturé. Elle entrait dans la pièce gênée et les fit entrer dans l'ambulance qui les emmenait à la planque. Elle s'était mit devant et non à l'arrière avec lui. C'en était parfaitement ridicule mais elle s'acharnait à garder une petite distance avec lui. Presque arrivé ses amis à elle se chargèrent de le monter dans le loft, préférant que le personnel médical ne sache rien. L'infirmier qui habiterait là, elle l'avait demandé à son père. Pas question de demander quelqu'un qui pourrait être un cheval de troie. Il alla installer ses affaires dans la chambre faite pour lui, le matelas de Yara étant à côté du lit médicalisé installé dans l'espace à vivre et non une chambre. Callen fut installé dans son lit exprès et Yara restait adossée au mur les regardant faire. Poser sa jambe blessée sur un coussin, l'allonger contre plus oreillers, faire attention à son épaule. Elle cataloguait tout. Elle avait du mal à le voir comme ça. Pourtant elle ne s'approcha pas et suivis les amis qui s'en allèrent, mettant le fauteuil plus loin. Elle finit par se faire une tasse de café, toujours loin de lui. Elle avait peur et agissait bizarrement...

Oh elle se doutait qu’il finirait par râler de son attitude, et elle s’en foutait. Elle aimait pas l’idée de découvrir qu’elle était pas capable de le laisser. déjà, elle était encore là alors que de Sergueï aurait fait le boulot à merveille. Ça lui changeait et il aurait aimé le calme que ça lui apportait face à ses autres missions. Mais non, elle se sentait responsable de lui et n’arrivait pas à lâcher prise, alors cette distance lui serait salutaire. Sauf qu’il en avait décidé autrement. Qu’il était pas content, ils étaient deux tiens.

– J’ai rien à vider. Jsuis pas censée être une amie ou autre, juste celle qui t’empêche de te faire trucider. Si ça te plait pas c’est le même prix. Peut être que la prochaine fois tu te diras que peut être, quand un mercenaire entraîné te dit de te cacher quelques temps, elle sait ce qu’elle fait.

Elle avait gardé ses distances, pas question de s’approcher, son job, c’était de garder la planque, rien de plus. Et elle allait se faire violence avant de tomber amoureuse comme une idiote et de se rendre compte qu’elle ne servait plus à rien.

– Tu veux des infos ? Si j’avais pas baisé avec toi peut être que je t’aurais pas laissé te jeter dans la gueule du loup. Comme un putin de bleu. Peut être que si t’avait réfléchi DEUX PUTAIN DE SECONDES, tu serais pas allé DANS UN PUTAIN DE COMMISSARIAT ! Ils vous apprennent quoi à l’école de police ? A vous jeter dans les emmerdes et voir si vous en sortez vivant ? J’ai engagé ma parole qu’il arriverait rien. Je garde ma parole. Et je suis habituée à TOUT prendre en compte. Donc tu peux pester, râler, envoyer des chaises. Mais ne viens pas me reprocher d'essayer de garder une conscience pro.

Elle prit une chaise et à mi parcours, elle s'installa à califourchon dessus.

– Je n’aurais jamais dû partir. La vérité c’est que je savais que j’étais en train de me foutre dans un merdier pas possible, et je parle pas des emmerdes collés au cul. Je peux pas tenir à toi d’une façon ou d’une autre. C’est le meilleur moyen de faire tuer ton client. On sauve, et on passe à la prochaine mission, juste que je suis incapable de résister à sauver quelqu’un, même quand ils me facilitent pas la tâche.

Elle prit une pause, parce qu’elle savait qu’elle était sous le coup de la colère et il serait malvenu qu’elle commence à lui taper dessus pour apaiser sa frustration.

– J’ai eu un collègue efficace, et puis il s’est attaché. Et sans prévenir, il est devenu moins vigilant, il me faisait moins confiance, il avait changé de regard, d’attitude. Et moi aussi. Alors je suis partie. Meilleure décision que j’ai prise. On se serait fait tués un jour ou l’autre, et on était pas sur des missions où l’erreur est envisageable. Tu l’as dis toi même, les sentiments c’est des emmerdes qui finissent mal, je préfère autant m’en passer.

Manque de bol, elle savait que c’était trop tard pour ça, elle tenait à lui. Qu’elle déteste ce fait ne changeait rien. En revanche elle comptait bien ne RIEN laisser passer à présent.

Il avait confiance mais lui il ne voyait pas l’énormité de ce qu’elle avait fait. Il avait eu de la chance, et un mercenaire ne se servait pas de ça pour s’occuper de ses missions. Il devait tout calculer et que tout se fasse comme il faut, et parfois, improviser. Laisser un flic suicidaire se barrer n’”tait jamais une bonne idée et pourtant, elle s’était laissée distraire par un joli cul et des beaux yeux. Il pourrait dire tout ce qu’il voulait, elle avait merdé plus que lui. Parce qu’elle avait un boulot à faire. Enfin, selon Mara le laisser créer ou l’achever pourrait être plus intéressant. Elle était contente qu’il ait confiance, mais ça ne comptait pas. Ca ne devait pas compter.

– Tu ne comprends pas. Ta confiance ne compte pas dans l’équation. Tu ne devrais pas être en danger du tout. Ce que tu ressens ne compte pas, ce que je ressens non plus. c’est le seul moyen pour que tu restes en vie.

Elle aurait bien ajouté que de toute façon, lui il ne se ferait pas avoir autant qu’elle. Il avait déjà de quoi faire pour penser à autre chose, pas elle. Elle n’avait pas le luxe de se dire que tout irait bien. Ca irait bien si elle s’en assurait, point barre. la suite, elle eut du mal à le comprendre, autant pour le fait qu’il avait toujours du mal à parler mais aussi ce qu’il essayait de dire.

– Pas compris. Sortir ? Tu veux dire te mettre à découvert comme un idiot c’est ça ? Une excuse pour quoi Cal ?

Elle avait arrêté de marcher sur des oeufs, après tout, ils étaient frustrés pour divers raisons et ça devait sortir, peu importait le reste. Au moins après ça, peut être qu’il se ferait vraiment petit jusqu'à ce que cette mise à prix cesse. Elle ne comptait pas rester à vis derrière son cul, c’était bien trop dangereux pour son coeur. Après tout c’était les sentiments qui avaient poussé une river tout abimée à se plonger dans la gueule du loup. La suite la fit rire.

– Ah mais en fait que tu essaye ou pas, crois moi, tu ne bougeras pas d’ici tant que c’est pas SUR. Tu n’aimerais pas savoir à quel point je peux mettre des tas de trucs en oeuvre si tu t'avises de faire quoi que ce soit. En gros, ton avis m’importe plus. Saches que l’équipe de Alex ne t’aime pas des masses, toi et River, ils vous voient comme des nids à emmerdes. Alors je serais toi je me préparerais à être frustré. mon équipe va tourner d’ailleurs. Je serais pas toujours là. Et je suis la plus aimable de mon équipe.

Elle le vit grimacer et comprit que parler lui faisait pas du bien. Elle voulait mettre les choses au clair, même si elle avait pas dit clairement “il est pas question que je m’entiche de toi”, même si elle le pensais. Elle était fière d’elle d’avoir eu l’idée de faire tourner les babysitter armés. Elle ne pu s’en empêcher et se traita, dans sa tête, de tous les noms, puis prit de la pommade anti douleur et vint s’occuper de sa mâchoire.

– Attends, idiot. J'aurais du attendre demain. Pour te faire parler.

Elle tint doucement son menton, poussa sa main à lui, effleurant sa peau et gardant son froid, puis posa la crème sur la partie délicate de son visage pour ensuite masser doucement de l’autre côté. Elle se retira comme si envahir son espace et être si près de ses lèvres la perturbait, mais elle se perdit quelque secondes dans l'océan de ses yeux. Emmerdeur, pensa t’elle.

– Mieux ? Tu as d’autres douleurs ? Je peux appeler l’infirmier.
Qu’elle se mit à proposer pour laisser quelqu’un le toucher à sa place, elle était décidément pas faite pour toucher sans vouloir continuer.

Il était à bout, et il revivait son passé comme elle le sien. Elle comprenait, le sentiment. En revanche, elle n’avait jamais souhaité mourir. Pas même quand elle avait pensé que ça finirait ainsi, dans le camp. Elle avait sourit en voyant Cole arriver, il avait reculé devant le corps qu’elle avait désormais. Il n’avait pas compris, comment pouvait elle encore sourire. Il était tombé amoureux, même s’il ne l’avait jamais avoué. Yara avait pourtant compris et fuit au plus vite, quand elle en avait eu la force. Elle recommençait mais cette fois ci, l’idiot, c'était elle. Ses mots ne lui plaisaient pas, et ce, même si sa mort arrangerait les affaires de tout le monde. Elle était pas faite pour abandonner, elle était faite pour ne jamais se laisser tomber, pour ne pas se relever. elle écoutait ce qu’il disait, se crispait. Elle avait assez crié, elle le regarda pleurer, elle le regarda se crisper, mais cette fois ci, elle ne fit rien. Elle ne voulait pas répondre. Elle se remit sur la chaise, la tête posée sur le haut de celle ci.

– Ce sont les lâches qui abandonnent. Et pardonner quoi ? D’avoir joué avec toi ? Je suis désolée, je pourrais te rassurer, te dire des trucs, mais quelque chose me dit que je perds mon temps. Si tu veux tant mourir, tu n’as qu’un mot à dire, et on enlève tout. Tu as une préférence ? On peut t'étouffer, te laisser attraper une infection, ne plus te donner un seul anti douleur. A toi de voir. Tu as des amis, et tu décides que rien ne vaut le coup ? Elle en a de la chance River dis donc. Tu as souvent dit qu’Alex était un criminel. Tu le haïssais. Et tu veux rire ? Pour elle, il reste debout. Mara m’a dit qu’il a même essayé de le faire lui même. Il ne vit que pour elle, même s’il préfère ne pas y penser. Tu abandonnes là ou tu as des gens que ça blesserait. Que ça anéantirait. Ils ont détruit Alex pour qu’il tue son ami. Qu’il détruise River. La nana elle a bon dos, tu t’es laissé couler. Pour une personne qui n’en va pas la peine. Tu as le choix, tu te donnes un coup de pied, tu guéris, et tu arrêtes de t'apitoyer. Ou tu te laisse crever et tu abandonnes. river ne l'a pas fait et elle a perdu quelqu'un qui l'aimait pour de vrai, deux personnes même.

Et elle s’éloigne pour se prendre une bière, de l'autre côté. elle lui en veut, elle ne le dira pas, mais elle se met dans la liste de ceux qui lui en veulent de ne pas penser à ça. Elle lui en veut de raviver des sentiments dont elle ne veut pas. Elle le hait d’avoir envie de le prendre dans ses bras.

Le bruit qu’elle venait d’entendre ? Le sang qui coulait ? C’était ça qu’elle avait redouté. C’était peut être ça qu’elle avait imposé à Cole. Elle avait lutté, et elle avait pigé, elle aussi. Elle s'était attaché à un mort. Un mort en sursis. Pas besoin de s’en mentir à elle même vu qu’une larme venait de couler sur sa joue. Elle l’essuya machinalement. Au lieu de se battre, au lieu de hurler, de perdre son sang froid, il venait d’abandonner. Pas de la même façon, mais quelque part, elle aurait préféré. Elle pleurait rarement. En fait, ça faisait un bail que ça n’était pas arrivé. Pas même lorsqu'on avait récupéré un cadavre ambulant du camp. Faut dire qu’elle avait pas bu grand chose, elle avait pas grand chose à pleurer. Il était face à elle, mais ce qu’elle voyait, c’était pas le type qu’elle avait connu. Pas le type, qui, au final, avait comté, qu’elle veuille le nier ou non. Elle se levait devant lui.

– On est pas amis toi et moi. On est.. Rien. Je sauve des gens souvent, c’est pas personnel, tu avais besoin de l’être. Je pensais qu’en essayant de prendre de la distance, j’y arriverais. Mais j’ai compris que je peux pas me permettre de tomber amoureuse d’un mec qui vit dans le passé. Pas plus que je peux me permettre de l'être tout court. J'enverrais mes gars, personne n’atteindra à ta vie, tant que tu suivras leur directives. Tu as raison, c’est clair, on a rien à se dire. Jpensais que je tiendrais le coup, mais je sais vraiment pas résister à quelqu'un qui a besoin d'aide. Me suis gourée, t'en a pas besoin.

Elle reculait, parce que ses larmes coulaient et qu’elle le haïssait pour la rendre vulnérable. Elle s’était battu depuis longtemps pour ne pas l’être. Pour supporter la perte de ses amis de l’époque, de ses tontons, tata, et tous ceux qui n'étaient jamais revenu. Elle avait tout fait pour ne jamais se faire avoir. Et pourtant, elle fuyait, encore, pour sauver ce qui restait de sa motivation. Avant de sortir de la pièce et d’appeler Sergueï et les autres qui se relayeraient, elle lâcha ses derniers mots, mots dont il devait se foutre.

– J’aurais dû te laisser sur ce trottoir. On en aurait mieux tous les deux.