AILLA ► L'affaire d'une vie entre passé, présent, futur

Chronologie de l'affaire :


Découverte du corps de Keane McRoy
31 décembre 2015

Ce n'est que ta troisième enquête en solo, tout du moins que tu diriges véritablement, c'est un travail en apparence de boucher, il y a du sang de partout, absolument partout, des morceaux de cervelles à droite à gauche, un véritable carnage, pourtant les indices sont minces, chaque piste possible est explorée, mais la mort de ce type reste un mystère. Tu n'arrives pas à avancer comme tu le voudrais, pas même une piste véritable menant vers la mafia, rien, enquête que tu traînes avec toi depuis la fin d'année 2015, depuis ce jour de l'an, transition horrible vers la nouvelle année.  

Mais qu'en est-il plus précisément ? Parlons déjà de la victime : Keane McRoy, 25 ans, né le 17 novembre 1990, à Dublin, c'est un natif de la ville, visiblement, sans antécédents judiciaire, si ce n'est un PV pour excès de vitesse en 2010, autrement dit, un honnête citoyen qui semble être sans histoire. Mais voilà, ce genre de cas n'existe pas à Dublin, personne n'est blanc comme neige. Il a ainsi été retrouvé du côté de Liberties, l'un des quartiers les plus anciens de la ville, dans un petit appartement du deuxième étage, le seul appartement occupé de ce petit hall, vieux, ancien, presque crasseux. C'est un coin où les forces de l'ordre ne se rendent pas toujours, car les affaires s'y déroulant sont légions, et parfois déroutantes. Et c'est le cas de cette affaire là, ton affaire Ailla. C'est un appel anonyme qui a signalé le corps, un appel qui a été passé à plus ou moins 30 mètres de la scène du crime, par un téléphone jetable, qui a été payé en liquide dans une petite boutique où il n'y a évidemment pas de caméras de sécurité, rien de ce genre. Impossible à tracer donc, impossible de savoir si l'appel a été passé par le tueur ou un complice même s'il est évident qu'il en est ainsi, de simples suppositions.

La scène de crime, était une vraie boucherie. L'appartement est petit, une trentaine de mètres carrés, une chambre, un salon/cuisine et une pièce d'eau, pas plus, pas moins. Le corps est éparpillé au quatre coin de la salle d'eau, et du salon/cuisine, pendant que la chambre est restée parfaitement immaculée, trop propre même pour que ce soit normal. Pendant longtemps tu as pensé que c'est dans cette pièce que ton homme a été tué, mais la chambre été si propre que tu n'as pu trouver aucune trace exploitable. Surtout que dans la salon et la salle d'eau, il y avait du sang du sol au plafond, du sang de la victime, juste de la victime, des éclaboussures qui correspondaient aux blessures même si le puzzle a été difficile à reconstituer, mais Keane était encore vivant à ce moment là, une vraie torture donc. Dans la salle d'eau, il y avait donc le pied gauche, la main droite et des bouts de cervelles par-ci par là, ainsi qu'une oreille. Dans l'autre pièce, au quatre coin de celle-ci du sang, et les bouts de corps disposés, ça et là, un peu partout. Dans l'évier trônait la tête à moitié amochée, le tronc se trouvait disposé de façon macabre sur la table présente dans la pièce. Tout ça pour vous dire que la mise en scène était assez dingue, mais l'affaire semblait être impossible à résoudre. Le casse-tête était compliqué, les indices étaient minces.

Autour de la scène de crime, il n'y avait rien à signaler, les autres appartements étaient inoccupés depuis plusieurs mois voir même années pour certains. Autrement dit, le tueur le savait, il s'est fait plaisir, il a pu s'en donner à coeur joie sans que personne ne soupçonne quoique ce soit. S'il n'y avait pas eu l'appel anonyme, le corps aurait pu rester là sans doute plusieurs jours, semaines ou moins. Mais non, le tueur était fier de son oeuvre, les tueurs peut être. Car difficile à dire si cela a été l'oeuvre d'une seule personne pour son bon plaisir ou s'il s'agit d'autres choses. Est ce que cela pouvait être un test pour vous ? Un test pour la personne qui devait réaliser cette oeuvre là ? Keane McRoy n'avait pas de famille, ses parents étaient morts dans un accident de voiture voilà déjà deux ans, il n'avait pas de frères, ni de soeurs. Le choix était donc à priori bien volontaire, quoique, cela aurait été plus logique si le corps avait été laissé là plusieurs jours au moins. Mais si le tueur n'avait pas appelé dès que son oeuvre avait été terminée, il n'avait pas trop tarder non plus, sans doute le lendemain au vue de la température du corps. La victime semblait être quelqu'un de solitaire, vivant à travers son ordinateur. Il était sans emploi depuis peu, viré pour absentéisme chronique de son ancien boulot dans la restauration rapide. Il semblait passer ses journée sur son ordinateur au vue de ses mails reçus, de son historique internet. Mais rien de significatif, il ne semble pas avoir eu de contacts plus louches que ça. Tout a été épluché, aucune piste de ce côté là n'a été laissé au hasard, aucune n'a menée quelques parts.

Analyse des éclaboussures de sang + Rapport du légiste
7 janvier 2016

Tu ne cesses de bosser sur cette affaire, mais il faut bien l'avouer, une semaine après les événements, rien ne semble se tourner vers une piste solide, car tout simplement, rien n'a été laissé au hasard par le tueur, impossible de savoir qui il est, si c'est un homme ou une femme d'ailleurs, s'il y a plusieurs personnes derrière tout cela. C'est compliqué pour toi, mais tu ne baisses pas les bras, tu observes les preuves, ce que tu as, le peu que tu as. La scène de crime est encore en état, un homme est posté chaque jour, chaque minute devant l'appartement depuis la découverte du corps, au cas où un suspect revienne sur la scène de crime mais personne n'est rentré dans ce petit immeuble de ce coin là de la ville, comme s'il n'existait pas. Des gens passent devant, vivant dans le quartier, mais personne ne rentre pour visiter ce cher Keane McRoy, à croire que les seuls amis qu'il pouvait avoir étaient ceux qui se trouvaient de l'autre côté de son écran. Son absence se faisait significative, mais rien de concret, les gens ne faisant rien de plus pour savoir ce qui avait pu se produire pour lui, sans doute qu'il est logique qu'une personne ne donne plus signe de vie, parce qu'il y a un soucis informatique ou tout simplement, qu'elle arrête de jouer à ce genre de choses là. Tu observes photos de la scène de crime, tu essayes de remarquer les détails, c'est alors que dans les éclaboussures du sang, tu remarques une légère absence de marque à un endroit particulier du mur. Tu n'y avais pas prêtée attention de prime abord, mais il semblerait que tu vois à présent quelques choses. La photo n'est pourtant pas assez nette, alors tu décides de retourner sur la scène de crime pour constater la chose. Tu te fais escorter avec un policier au cas où, vu la violence de cette tuerie. Vous prenez vos précautions, tu imagines à nouveau le déroulement des opérations, un modus operandi incomplet mais qui vaut ce qu'il vaut néanmoins. La victime est sur le sol de la cuisine et le tueur la frappe, du sang éclabousse et une partie reste sur le tueur, donnant un angle, donnant ainsi une potentielle taille au vue du sang manquant sur le mur. Ce n'est pas grand chose. Mais tu raisonnes avec ton collègue, encore faudrait-il penser que le corps été là, admettons. Les coups ont été donnés avec un objet métallique à priori, peut être une clé à molette, ou quelques choses y ressemblant. L'objet n'ayant pas été retrouvé, le corps ayant été "découpé" à force d'y taper dessus, les marques ne sont pas claires, pas significatives, mais il y a eu un acharnement, c'est une certitude. Quoiqu'il en soit, l'acharnement ne fait pas tout, parce qu'il faut quand même de la force pour en arriver à ce niveau là. Les articulations étaient en bouillie, mais bien entendu, c'était la scie à métaux qui avait fini le travail. Et découper un corps, des os, des muscles, ce n'est pas une mince affaire. Le tueur ne serait donc pas forcément très grand selon tes calculs, mais malheureusement, c'est une taille très standard, entre 165 et 175 cm, autant pour une femme qu'un homme. C'est vrai, pour un homme ce n'est pas forcément très grand mais ça corresponds, pour une femme aussi, cela n'avance pas tellement les choses mais c'est une piste au moins, un profil, un début de profil. Surtout si on se réfère aux gouttes de sang, car il semblait plus sec à certains endroit, montrant les mouvements effectués.

Les conclusion du légiste arrive à ce moment là sur ton téléphone alors que tu te trouves sur la scène de crime. Le mystère s'épaissit encore, même si des choses se dégagent de tout cela. La décès a été provoqué par des coups contondants, jusque là, pas de surprise au vue de l'acharnement qu'il y a eu sur la pauvre victime. Le corps de la victime, enfin, le tronc plus précisément a bien été déplacé après la mort, visiblement de peu, autrement dit l'appartement est bien le lieu du crime. De là à dire que ça a été fait dans le salon, c'est possible, mais aucune certitude avec le rapport d'autopsie bien entendu. Le médecin a donc pu déceler deux types de blessures : les blessures du vivant de la victime, et celles post-mortem. De son vivant donc, il a été roué de coups avec ce qui semble être une clé à molette donc ou quelques choses s'en rapprochant, peut être une clé anglaise qui n'a pas été retrouvée sur les lieux. Il y a cependant des traces de scies sur les membres, notamment les pieds et les mains et qu'ensuite pour faire croire à un acharnement encore plus grand cela a été maquillé avec des coups de clé, ou de potentiellement de marteau. La victime était alors morte à ce moment là. Il y aurait donc au moins trois instruments à retrouver : une clé à molette, un marteau, une scie à métaux. Dans l'appartement de la victime, il n'y avait pas de caisse à outils de ce genre là, juste un tournevis dans une caisse remplis de branchements informatiques en tout genre, de vieilles manettes de consoles de jeu, rien donc qui ne corresponde. Une analyse du sang de la victime montre une prise de marijuana régulière. Pourtant, rien n'a été retrouvé dans son appartement. Est ce que cela pourrait être un trophée pour le tueur ? C'est possible, quoiqu'il en soit, peut être qu'il n'avait plus rien au moment de son meurtre, peut être que son dealer aurait donc agit pour le réduire au silence ? Possible, mais la mise en scène macabre n'encourage pas à cette piste là, même si elle n'est pas totalement à exclure. Et puis, il y avait ce détail qui ne collait avec rien au niveau du cou de la victime : la présence de lubrifiant alimentaire, de la vaseline en aérosol. Pourquoi ? C'était un détail, et pour le moment, il n'avait pas de signification, mais qui sait ce que le futur pourrait donner ?