ailla&billie • a little soul carrying around a corpse

BILLIE JEAN O'MARA & @Ailla Moore

the mask of art is the means through which corruption is spread. the mask makes vice seem beautiful, turns squalor and nastiness into glamorous thrill, seduces the onlooker into the game – and leaves him or her with the corpse on his hands.

Billie tape le pied contre le bois près d’elle et râle parce que forcément, le bois, ça fait mal quand on y met de la force. Elle n’aime pas sa situation, et encore moins quand elle y est obligée. On ne lui a pas donné le choix, jamais dans ce genre de situations. Une carte postale, un ticket de cinéma ou un pass pour un parc d’attraction, O’Mara sait qu’elle ne va pas y aller pour le plaisir. Il y a une destination, un but, quelque chose à faire et on a besoin de ses petites mains « rapidement ». Parfois, c’est Aleksei qui l’informe directement et là, BJ a un voile de crainte qui peut déferler sur son regard bleuté.

Peut-on blâmer la jeune femme ? A vingt-cinq ans, elle se retrouve à devoir déplacer des macchabés, parfois entier, parfois en morceaux. Même si c’est plutôt dégueulasse, les morceaux restent quand même plus faciles à transporter. Elle pourrait travailler à la morgue mais ce n’est pas le cas. Billie Jean et son partenaire du jour sont obligés d’agir dans l’ombre, dans l’obscurité, de ne montrer aucun signe de leurs activités. Jamais ils ne sauront vraiment pourquoi cette personne a été massacrée et encore moins par qui. Toujours Billie a la frousse (cachée) de retrouver quelqu’un qu’elle connait.

Mais pour l’instant, c’est une figure anonyme - ou du moins, ce qu’il en reste. Elle a l’échine qui en tremble, la gamine, en pensant qu’elle pourrait avoir le même destin funèbre si elle ne fait pas attention. Que quelqu’un peut aussi s’amuser de sa carcasse et la laisser pourrir dans la décharge, comme c’est déjà arrivé. Elle ne veut pas que son existence se finisse ainsi, même si elle n’aura pas été très glorieuse ni aimante.

Bouge ton cul, faut y aller.
On l’interpelle et elle passe son bras devant son visage pour y dégager les mèches tout en suivant la direction de son coéquipier. Nerveux, il est tout blanc et Billie roule des yeux parce que franchement, « c’est ta première fois ? » Si on lui fout des débutants dans les pattes, ça ne va pas le faire du tout. BJ n’a pas ce genre de patience. Du tout.

Il y a un vrombissement de voiture au loin et la blonde s’arrête soudainement, faisant signe à son collègue de faire de même - les brindilles accentuant le bruit de leurs pas. « Ptain, pourquoi y a quelqu’un qui viendrait s’pointer à cette heure-ci ici ? » Elle n’attend pas de réponse et fait un signe à son coéquipier de filer. « M’en occupe, te perds pas, s’te plait, j’compte pas jouer aux p’tits poucets. » Parce qu’il se perd, elle n’ira pas le chercher.

Ses yeux bleus reportent son attention vers la direction du parking de la forêt et O’Mara s’y approche doucement pour voir quel genre de personne viendrait aussi tôt dans la nuit se perdre dans une forêt (et perturber la quiétude des lieux pour rien. alors qu’elle, elle a une mission, voyez-vous). Que ne fut pas sa surprise en voyant une tête (bien trop) familière. « Ailla ! » Inutile qu’elle lui mente, à force, Billie reconnait les jumelles. « Ils vous font travailler jour et nuit, maintenant, à la Garda ? Quel boulot de chien, quand même. » Tu parles d’une ironie.

Il est con, son coéquipier, cet énergumène qu’on lui a foutu dans les pattes. Pourquoi il faut qu’on lui mette des débutants, Billie aurait pensé que depuis le temps, depuis toute sa dévotion et son travail accompli, elle aurait mérité un peu plus de respect. Mais il faut croire que dans la mafia, on ne respecte pas les petits bras quand les siens, ceux qui doivent tout faire pour que justement, on ne trouve pas la trace des gens du dessus. Jamais. Le nouveau, il est frêle, il est bégayant et Billie ne l’aime pas - pour changer. Alors l’envoyer paître littéralement dans les bois ne la dérange pas outre mesure. Qu’il se perde, pour le peu qu’il reste silencieux et qu’il ne montre pas sa tronche. Parce que déjà que c’est assez chiant comme situation, s’il l’aggrave, elle le tue elle-même. Et elle n’aura qu’à dire qu’il s’est pris dans les ronces et tout le monde n’y verra que du feu.

Les mains coincées dans les poches arrières de son jean, la démarche désinvolte à souhait, Billie Jean regarde son amie, une des plus vieilles, une des plus précieuses aussi, pour diverses raisons (celui d’être dans les forces de la garda en est une, très certainement). BJ a l’habitude de traînasser à droite et à gauche mais Ailla, elle ne traine jamais que pour mettre son nez là il ne faut pas. Parce que même en break, elle est toujours à sniffer et à chercher quelque chose, la Moore, et c’est aussi dans les fonctions non officielles de Billie d’écarter son joli minois des endroits problématiques.

Aussi pour se protéger elle-même, il faut bien le dire.
Ailla l’a déjà sorti de certaines situations mais si elle apprend ce qu’elle fait, pas sûr que leur amitié puisse lui sauver les fesses, à la jolie blonde qui ne se sépare pas de son sourire.

« BJ, tu sais bien que s'ils pouvaient nous faire bosser 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, ils le feraient, la routine en somme. Ne me dis pas que t'es venu déposé un cadavre dans le coin quand même ? » Billie éclate de rire, sincère et franc parce que « Évidemment que non, sois pas conne. Tu m’as vu? Tu crois que j’serai assez costaud pour ça? Dis oui, juste histoire de flatter mon égo. » Jouer double facette est de plus en plus facile tous les jours, à tel point que parfois, O’Mara se perd entre ses mensonges et les vérités. Mais qu’importe, tant qu’elle réussit à les faire croire, tant pis si elle se met à y croire aussi. C’est ça qui sauve sa jolie tête tous les jours, après tout. « Tu trouves pas révoltant de travailler tant? Tu m’diras, j’te connais assez pour savoir que t’es toujours en veille, hein. »

Billie Jean s’approche un peu plus jusqu’à venir s’accouder à la voiture d’Ailla, les bras croisés sur sa poitrine et la tête penchée. « T'es venue t'entraîner dans les bois pour danser peut être ? » Un sourire de coin fleuri et elle hausse les épaules. « Y a une danse des druides de prévu à la tombée de la nuit, tu veux v’nir? Une bande de nanas à moitié poil qui dansent autour de grosses pierres, avoue que c’est tentant. »

« Avec ça, tu peux au moins porter un menhir je dirais, donc par déduction, je dirais qu'un corps t'en es capable. » Même si la blague est dangereuse, Billie ne se déloge pas de son sourire. Elle joue même de son muscle quand Ailla vient tâter la marchandise mais elle rigole à ses propos parce « Y a rien de plus absurde. » Evidemment qu’elle n’arriverait jamais à porter un menhir. Quant aux corps, ça dépend de la corpulence de ce dernier. Mais ce n’est pas pour rien qu’on les met à deux sur le chantier en général. Un qui prend les bras, l’autre les pieds. Enfin, ça, c’est dans les cas bateaux où le corps est en un seul morceau.

Mais Ailla qui se pointe ici, à ce moment–là, au moment où Billie est censée former un pauvre bleu qui la mènera sûrement à sa perte, c’est quand même bizarre. « Touchée, tu sais qu'un vrai flic n'est pas un flic à 50% du temps, même en dehors de mes heures de services, je reste un flic. Donc, je trouve pas révoltant de travailler autant, mon job, c'est ma vie après tout, je suis comme ça, je crois que je changerais facilement tu t'en doutes. » O’Mara fait une moue songeuse avant d’enchainer avec un secouement de tête, presque désabusée. « Devrait y avoir une médaille ou quelque chose pour la dévotion, non ? C’est presque dommage quand ta vie devient ton job, ou l’inverse, je trouve. Mais bon, depuis gamine, t’as toujours adoré être la première à trouver les solutions aux énigmes donc je suis pas surprise. » Même les plus complexes, les plus difficiles, c’était Ailla qui faisait tout. Les solutions, les indices, trifouiller, chercher, tout ce qui n’a jamais vraiment intéressé Billie.

« Un peu que je veux voir ça, surtout si t'es en première ligne, surtout si tu nous fais un moonwalk. T'as jamais eu envie de changer de prénom d'ailleurs ? Je comprendrais jamais pourquoi tes parents ont fait ça. » Billie la regarde éclater de rire puis se pince les lèvres quand elle lui affirme qu’elle veut la suivre. Bien sûr, il n’y a pas de danse de druide à venir, ni ce soir ni demain ni jamais (ou alors si mais elle n’est pas au courant, O’Mara). Ailla le sait. Mais ça ne l’arrange pas vraiment qu’elle veuille s’enfoncer dans les bois. La scène du crime n’a pas été encore trouvée et elle espère que le bleu s’est soit paumé très loin d’ici soit s’est très bien planqué. Parce que dire non à Ailla, c’est prendre bien trop de risque. « Ecoute, quand on appelle ses gamins Billie Jean et Poppy, il ne faut pas chercher à se poser des questions. »  Surtout qu’entre son père qui a disparu et sa mère qui n’est rien d’autre qu’un poids mort, ça restera des interrogations sans réponse. « Je te promets pas de moonwalk – je n’ai de Mickael que le titre d’une chanson – mais peut–être que t’auras des vapeurs de chaleur, qui sait. » Billie fait un clin d’œil avant d’enfoncer ses mains dans les poches de sa veste. « Pourquoi t’es là au faites ? T’avais rien de prévu à faire à la base ? » Elle tente la carte de la dernière chance. Ailla n’est pas là par hasard après tout, n’est ce pas ?