BILLIE / help me forget everything.

La soirée avait été intense et tu avais certainement eu envie de te poser, de t’enfoncer dans ton fauteuil de luxe et de regarder sur ton écran de luxe. Tu t’en foutais de tout ça, ça ne te touchait même pas. Tu aurais bien fichu le feu à ta putain de suite de luxe. Tu finis par te lever, prendre ta vest et te barrer. Tu irais bosser tiens. tu n’avais pas fait trois pas que tu entendis des types bavasser. Tu lèves un sourcil et regarde ce qu’il se passe. Ce qui arrive de temps en temps, des tpes veulent te faire la peau, pour prendre ton job. Tu aurais ri. Qu’ils le prennent, pas besoin de te buter pour ça. On aurait dit des meutes de loup. Toujours à essayer de prendre un rôle qui n'était pas leur. Se prendre pour des caïds. Il sortait de là et vint à leur rencontre, tout sourire.

– Vous me cherchez ? Allez, venez jouer, histoire de.

Tu gardais ton petit sourire en coin qui n’était pas du tout bon pour eux. C’était pas le genre de sourire qui annonçait quelque chose de bon. Alors ils s'avancèrent vers toi et les coups se mirent à pleuvoir. Tu avais tes couteau sur toi, pas d'arme à feu. Ce fut un ballet sanglant entre eux et toi. Très courageux, ils étaient venus à six. Ton couteau trancha dans la chair, leur fit couler des gerbes de sang. Tu entendis soudain un bruit derrière toi. Tu étais peu touché mais complètement couvert de sang. En fait, les corps sur le sol avaient sali les tapis. C’était encore toi qui allait devoir tout nettoyé, enfin, payer les gens pour le faire. Juste devant toi se tenait Billie que tu avais invité ,ce dont tu n’avais plus aucun souvenir. Un sourire s’afficha sur ton visage.

– Je pense que j’ai besoin d’une douche. Tu viens ?

Billie ne t’avait pas encore vu tuer qui que ce soit, ou fait couler autant de sang. Ils n’étaient pas tous morts, il en restait un de vivant. Il était obligé d'être aussi violent pour ne pas finir comme eux. Ces salauds ne vivaient que pour les démonstrations de force. Tu regardais sans vraiment réfléchir la plaie que tu avais sur le flanc. Rien de problématique. Elle ne bougeait pas, tu pris sa main et l’attirais à toi, prenait ses lèvres comme un gosse qui s’amuse, un gosse couvert de fluide dégueulasses. Tu quittais ses lèvres pour l’attirer à ta suite. tu te rendais vers la salle de bain et peu à peu, tu laissais tes vêtements un à un, au sol. C’est entièrement nu et avec toujours du sang sur toi que tu te tiens devant la douche italienne avec un sourire discret et ton regard planté dans le sien.

– Tu viens ? Tu dis en tenant la main vers elle.

Tu as beau jouer les imbéciles, faire comme si tu ne venais pas de tuer des gens. La vérité étant que tu voulait te foutre en elle et oublier ce que ta vie était devenue. Laisser son odeur effacer ce que tu ressentais. Parce que si tu avais été seul tu aurais fini sous une douche brûlante à la limite du supportable pour hurler dans ta douche comme il t’arrivait de le faire. C’était toujours mieux que de hurler dans la rue. Tu haïssais ta vie, mais tu la protégerais, elle. De cette vie. Ou de toi.

J'ai les veines qui battent à tout rompre. Je les entends dans ma boîte crânienne jusqu'à la racine de mes pieds, emportant mes poignets, mes poumons et mon bas ventre avec eux. J'exteriorise un soupir, je tente de ne pas me laisser impressionner. Ni par la colère ni par la crainte. Je n'ai pas peur. J'ai juste peur pour lui. Parce qu'il n'est qu'un sombre imbécile suicidaire par dessus le marché. Il a l'habitude. J'ai l'habitude aussi. Pourquoi le sang gicle de partout à chaque fois que l'on se croise ? J'ai les poings serrés car je lui en veux. C'est lui qui m'a contacté, lui qui m'a demandé de venir et il m'inflige, m'impose cette scène devant mes prunelles claires impuissantes et furibondes.

J'avais joyeusement quitté l'appartement familial en pensant que la soirée allait être bonne. Qu'il avait besoin de s'abreuver moi comme j'en avais besoin de lui, de sentir cette foutue communion quand il est en moi, le voir se perdre pour moi. Je ne refuse jamais, je suis impuissante, je suis la propre victime de mes désirs les plus profonds. Et il en est l'acteur principal, la source primaire du brasier qui enflamme mon être tout entier. Un message et je rapplique, je suis presque pitoyable mais je n'ai aucun scrupule à vouloir courir pour aller chercher le bonheur, le plaisir, là où il se trouve. Ils sont si peu nombreux, si fugaces mais si intenses qu'ils me font bouillonner d'empressement de les vivre, de m'y perdre, de les savourer. Jusqu'à la prochaine fois où je rappliquerai aussi rapidement parce que l'impatience se sera mélangée à l'attente toujours plus longue à chaque fois.

Ce soir, j'avais envie de reculer. D'un pas, de dix, de m'extraire d'ici, d'ignorer la scène. La dernière fois n'avait été qu'une simple bagarre de poings et je sais, je sens qu'Alek garde cette adrénaline qui plonge au fond de moi et qui me rend toujours plus accro. Mais là, c'est sa stupidité que je maudis. Il y a du sang partout, il est comme une bête enragée et, en tant normal, cela m'aurait fait fantasmer plus que de raison en pensant à ce que je récolterai après.

Pas ce soir. Parce qu'il y a un couteau, que j'ignore à que le tranchant appartient et qu'il est seul face à plusieurs corps. Je n'ai le temps de compter que ceux qui tombent au sol, jusqu'au dernier qui chancelle, qu'Alek épargne pour dieu seul sait quelle raison.

“Je pense que j’ai besoin d’une douche. Tu viens ?”
“T’aurais au moins pu finir le taf. J’ignorais que tu m’avais demandé de venir pour faire le mien.”

Mon binôme n’est pas là et Alek m’attrape, m’attire pour m’embrasser et je fais une mine dégoûtée en reculant la tête parce qu’il me fout plein de sang partout. Pourtant, j’avais envie, de lui, de ses conneries, de ses muscles, de son cul. Mais il a l’air de s’amuser et cela finit à titiller les derniers onces de patience que mon sang irlandais est capable (autrement dit, très limité).

“Tu viens ?” Malgré sa plaie, il a réussi à se déshabiller d’une rapidité épatante. Mes prunelles bleues le scrutent, de haut en bas et de bas en haut, appréciant la vue tout en étant rebutée en même temps. “Il faut nettoyer ta plaie, Alek.” Je grince parce que finalement, si je viens sous la douche en le tirant à ma suite, c’est habillé. Il a beau avoir plus d’une décennie d’avance sur moi, c’est lui qui se conduit comme un gamin. J’ouvre l’eau, je prends la pomme de douche et je la dirige vers son flanc. La plaie est moche, elle va laisser une fine cicatrice et “ça sera à moi de dominer pendant un moment” que je lâche avec un léger sourire de coin malgré la tempête qui résonne en moi. Alek se laissera faire, je ne lui laisse pas le choix. Que ce soit de le nettoyer comme s’il avait perdu trente années au compteur ou dans les draps que nous partagerons bien de nouveau un moment ou un autre. Ce soir ou le lendemain. Qu’importe les blessures et les champs de bataille, nous revenons toujours l’un vers l’autre.

Elle venait d’arriver et elle râlait déjà. Il leva les yeux au ciel quand elle se mit à parler du nettoyage. Il se mit à sourire. Elle pensait ménage et nettoyage, il pensait viens je vais te montrer ma collection d’estampes japonaise que je n’ai pas. Il y avait pas pensé parce qu’il avait sa propre équipe et qu’il n’aurait jamais demandé à Billie de faire son ménage à lui. Il ne mélangeait pas tout. Il se pouvait qu’elle soit envoyée sur un de ses jobs, mais pas par lui. Là il voulait aller à la douche, pas lui donner du travail. Une fois entrée, il comprit assez vite que lui voulait s’amuser, évacuer, elle voulait, tout sauf ça. S’il était un gosse son expérience et stupide,il aurait pesté, râlé, chouiné. Mais comme il avait un tantinet plus de jugeotte et d'expérience, il savait qu’il aurait l’air ridicule et qu’il risquait de la faire fuir à toute jambes. Elle était fixée sur la mini entaille, lui, sur le reste. Il la regarda interdit et finit par lever les yeux en l’air et sortir de là. Il ne s’attendait pas non plus à ne pas être embrassé à cause du sang, elle envoyait souvent non ? Lui il en voyait si souvent depuis son adolescence que ça ne lui faisait plus rien du tout.

– T’as un kit de couture vu que tu veux t’occuper de ça. Quoi que je devrais avoir un truc ou deux dans le coin.

Il se rendit à sa chambre et chercha ce qu’il fallait, il posa tout et n’importe quoi sur la table. Vu qu’il était ronchon, il était resté nu. Elle voulait pas jouer, il s’habillerait pas. On en en convient, pour le côté mature, on reviendra. Elle avait parlé de dominer, ok, il avait eu un ptit sourire à cette idée, tout n'était pas perdu. Faut dire que ces deux là passaient leur temps à ça, ils pouvaient bien se permettre de faire des pauses, l’endurance avait ses limites. Right ? Il posa son regard sur elle et lui présenta son flanc. si elle devinait qu’avec elle, il était complètement différent, elle le cachait bien. Il ne faisait rien pour faire plaisir, il envoyait chier à tour de bras et était ni bavard ni chaleureux, mais elle réveillait un besoin de protection en lui qui le rendait fou. Ca et le fait qu’il avait très souvent envie de se l’envoyer à peu près partout.Ce qui cachait sûrement quelque chose qu’il se foutait bien de creuser. Tant qu’ils en parlaient pas, tout irait bien. Dommage que ça l’intrigue.

– Fais gaffe jvais croire que tu t'inquiètes pour ton sextoy.

Non c’est pas ce qu’ils étaient, mais il avait envie de demander. parce que parfois, il était aussi con que n’importe qui.

« T’as un kit de couture vu que tu veux t’occuper de ça. Quoi que je devrais avoir un truc ou deux dans le coin. » Il semble vouloir se montrer raisonnable. C’est presque inquiétant. Billie n’est pas sans savoir qu’Alek ne prend pas ça au sérieux. Que tout ceci n’est qu’un jour banal cumulé dans sa vie compliquée et désastreuse. Sa vie comme la sienne, ponctuée de mauvaises décisions, de choix douteux et de sang, beaucoup trop de sang. La même couleur qui coule le long du corps dénudé de l’homme sous la douche sous les effluves de l’eau. Ce n’est qu’un détail, Billie Jean doit avoir l’habitude, mais pas sur lui. Une partie doit être de ses adversaires mais il est blessé donc il y a du sien à lui aussi. Cela l’agace autant que ça la frustre. Il ne devrait pas se mettre dans des situations pareilles. Même si d’habitude, elle adore quand il se bat car il lui donne toujours le meilleur de lui–même après. L’adrénaline qui reste à son plus fort, l’action qu’il continue à vouloir rendre, l’énergie qu’il semble vouloir déverser quelque part. Elle est son réceptacle quand il a de la frustration à évacuer – même si elle préfère le terme passion quand ça la concerne. Mais le sang, c’est une autre étape. Le sien, en particulier. Et elle n’aime pas qu’il prenne ça à la légère.

Aleksei a décidé de se trimbaler nu comme un ver et dégoulinant d’eau partout – « tu vas en foutre partout » qu’elle ne peut que le lui reprocher, vieux réflexe qu’elle a hérité de sa cohabitation avec ses sœurs. Mais Shaw n’est pas ses sœurs, différence qu’elle avait déjà établie. « Fais gaffe jvais croire que tu t'inquiètes pour ton sextoy. » Billie arque un sourcil en prenant ce qu’il a déversé sur la table avant de sourire du coin des lèvres en se tournant vers lui. « Mon sextoy me servirait plus à rien s’il est endommagé. Je serai emmerdée si je dois aller en chercher un autre ailleurs. » Elle le force à s’asseoir sur le rebord du lit avec elle pour pouvoir établir les soins précaires qu’elle est capable (au moins, elle acquit de l’expérience sur différents niveaux avec ces domaines de travail). Quand elle a fini, ses yeux clairs se relèvent sur lui tandis que sa main glisse le long de son dos. « A part si tu veux que j’aille m’en quérir un autre. » lui murmure–t–elle, son menton sur l’épaule carrée de l’homme bien trop attrayant pour qu’elle puisse songer à le remplacer. Même en pièces détachées – surtout en pièces détachées – avec tout son bouillonnement, ses défauts, ses imperfections et ses colères.

Billie c’est le mal qui te ronge. Qui te foutra dans l'abîme. Parce que tu ne sais pas y renoncer. Tu ne sais pas t'empêcher de l'abîmer encore et encore. Tu as essayé, mais tu es un bon à rien quand tes yeux croisent l'océan des siens. Elle sait pas la gamine, à quel point elle te détruit, à quel point elle peut te reconstruire aussi. Tu te hais, et pourtant, t’es là, dans le sang et la guerre. Tu es conscient qu’elle ne partage pas tout ça. Que tu n’es que le vieux sexy qui la protège des salauds de ton monde. Mais qu’est ce qu’il te reste dans ce foutoir ? Tu as besoin d’elle, tu n'as pas d’échappatoire. son corps, ses doigts, sa bouche te maintiennent en vie. Alors en camé tu prends ta dose sans te soucier des dégâts. Elle parle de chercher un autre sextoy. Un rictus agresse le coin de ta lèvre. Tu ne réagis pas, pourtant, tu as déjà envie d’arracher les tripes du type qu’elle pourrait aller voir. Type hypothétique, ce qui montre à quel point tu es pitoyable. Toi, la marionnette d’une gamine blonde. Tombé bien bas le Alek. elle te pousse à te mettre sur le lit. Elle va sûrement jouer au docteur, pas de la même manière que toi, tu avais envisagé. Les femmes n'ont pas les mêmes envies de jeu, c’était injuste. c’était que du sang, rien de grave, right ? Tu avais lutté pour ne pas finir comme ces chiens qui te traînaient en laisse, et pourtant, tu étais au final aussi détaché qu’eux parfois. peut être pour éviter la folie. Qui survivait dans ce monde pourri sans s’endurcir ? Sa main touche ton dos et tu frémis. Ta main attrape sa nuque puis glisse son oreille face à sa bouche, tes lèvres remuent pour lui souffler ton opinion.

— A quel point tu détestes le sang ? Parce qu’il y en aurait bien plus.

Elle sait que tu es violent, quand il s’agit d’elle. Possessif, même si tu as toujours fait attention à le dissimuler. Personne ne peut la toucher sans être prévenu, que tu n’en ferais qu’une bouchée. Tu as toujours surveillé, sans intervenir, sauf si le type en question se trouvait être un salaud. Mais tu as de plus en plus de mal à résister à l’envie de dire à haute voix que personne ne la mérite. Pas même toi.

— Tu as tout ce qu’il faut pour jouer les infirmières vu que c’est ce que tu veux faire.

Tu la laisses se fournir, et tu t’allonges sur les draps, qui seront changés de toute façon. Ils en ont vu d’autres. Tu grimaces tu avais mis tes bras autour de ta tête, tu reposes ton bras, tu as tiré sur la blessure. Tu la regardes, et tes yeux semblent pénétrer les pores de sa peau. Tu l’idéalises peut-être, mais tu ne pourrais pas quitter son quotidien. Même si elle te le demandait.