Un petit coup à boire ll Callen

Encore un soir où je terminais tard.. Ce qui ne me posait évidemment aucun soucis après tot. En plein été, il y avait moins de personnel au commissariat, beaucoup avaient pris leurs congés estivaux, puis il faut bien avouer que les autres qui n'avaient pas eu cette chance finissaient rarement après l'heure pour passer du temps sur leur terrasse, autour d'un barbecue ou tout simplement attablé dans un bar ou au restaurant. Pour ma part, ce n'était pas du tout le cas, rien de tout cela.. Je n'avais pas envie de prendre des vacances pour le moment, non je restais là pour essayer de mettre un terme à une affaire qui durait depuis plusieurs mois.. J'en avais vraiment ras le bol ce soir de pas mettre la main sur ces mecs que j'essayais de coffrer depuis un long moment. C'était trop difficile, j'avais besoin de décompresser.
L'été, en Irlande, il y avait beaucoup de personnes dont beaucoup de touristes étrangers surtout dans le quartier dans lequel le commissariat était implanté. C'était un quartier plutôt vivant où il faisait bon d'évoluer. Ce n'était pas perdu comme coin, et je dois bien avouer que j'aimais bien.  Alors que je fermais mon service, et prenait mes affaires, je vis Callen encore dans les locaux, il bossait très dur lui aussi même si nous n'avions pas le même métier. Alors que je passais devant lui je m'approche en souriant.

Allé viens, on va au bar, c'est moi qui invite.

Dis-,je sans lui donner vraiment le choix. Je pense que lui comme moi, nous avions besoin de décompresser. Puis nous faisions ça régulièrement et ça permettait aussi de souffler et d'échanger un peu, parfois un peu de vie sociale ça fait pas de mal n'est-ce pas? Alors je proposais à Callen de venir avec moi boire un verre, avant que chacun rentre chez lui. Alors que je sortais du commissariat en disant bon courage à l'équipe de nuit j'attends mon acolyte dehors, je check mes sms et appels que je n'avais pas eu le temps de regarder avant. Quelques messages sans grand interêt et deux ou trois mails de publicité que j'efface sur le champ.
Ce soir, il fait bon, un peu frisquet mais c'est habituel ici. Je mets un gilet et vois Callen arriver.

Prêt? On va au Temple Bar ça te va Mccullen?

Je souris en remettant la lanière de mon sac en place. Je regarde l'heure. Nous pouvons profiter encore un peu de ce moment à deux, il n'est pas trop tard en réalité. Je n'aimais pas forcément le TB mais c'était pas très loin d'ici, j'avais vraiment la flemme d'aller ailleurs. Je marche à coté de lui d'un pas décidé.

Pas trop dur cette journée? Je rêve d'un mojito bien frais moi en tout cas.

Je ricane légèrement.

On ne pouvait pas trop se plaindre de la fraîcheur si caractéristique de l'Irlande. Cette année l'été était plutôt clément voire plutôt chaud comparé à d'habitude mais les soirées restaient tout de même assez frisquettes. Pour ma part je ne m'étais jamais plainte du climat de mon pays peut être parce que j'y étais née et que j'avais l'habitude depuis trente ans.

Sortir ce forcené de Callen de ses dossiers était comme me sortir moi des miens. M'extirper en dehors de mon boulot n'était pas une mince affaire et je me faisais violence en regardant l'heure sur mon écran d'iphone très souvent sinon les nuits blanches s'enchaîneraient à vitesse grand V malheureusement. Ce soir j'avais réussi à décrocher, et comme Cal était toujours dans les parages, il fallait que je l'aide à couper aussi un peu et revenir dans le monde réel pour profiter d'un bref instant dehors comme tous les gens normaux en quelques sortes. Il est vrai que notre travail nécessitait beaucoup de patience et de rigueur surtout dans les dossiers car même si nous étions régulièrement sur le terrain, nous devions être assidus dans nos écrits et pour ma part, je donnais beaucoup d'importance à cela car rien ne pouvait m'énerver de plus que lorsque je sortais un ancien dossier et que ce dernier avait été victime de la troisième guerre mondiale. Non, j'aimais mon organisation et ma rigueur et c'est d'ailleurs toujours ça que les supérieurs mettaient en avant dans mon travail. J'étais un lieutenant de confiance. Les nouvelles recrues passaient par moi la plupart du temps pour leur apprendre le travail ingrat pré et post opération sur le terrain.

Alors que Callen accepta ma proposition, je souriais en l'attendant, il était comme moi, les choses bien faites c'était son truc, alors je l'attendais dehors quand je le vis débarquer en tirant sur sa cigarette fraîchement allumée. Cela me donnait envie de fumer, mais ces derniers temps j'avais décidé de me limiter un petit peu, je n'étais pas une vraie fumeuse, seulement après le sport bien que ce soit une très mauvaise idée, et quand j'étais stressée et je ne voulais pas devenir une fumeuse active mais là c'était trop tentant, il fallait que nous discutions pour me changer les idées. Alors que nous marchions vers le bar, il avait l'air plutôt motivé pour y passer un petit instant en ma compagnie ce qui me réjouissait évidemment.

Ah volontiers ! Oui, c'est pour ça que j'ai besoin de rester au bureau, faire des recherches, préparer mes opérations extérieures...

Je rigole alors en me disant qu'aucun mec en dehors d'un lieutenant de police n'accepterait que je rentre à pas d'heures et que mes journées commencent à 5h.. mais c'était pareil pour la plupart d'entre nous.

Clôturer un dossier ou remplir un rapport c'est ce qui me prend le plus de temps, je ne supporte pas quand c'est pas comme je le souhaite, je suis trop pointilleuse.

Je hausse les épaules, acceptant et assumant mon plus gros défaut, perfectionniste. C'était un défaut comme un autre mais souvent cela me renvoyait le sentiment d'instatisfaction. Alors qu'il tâtait le terrain, je savais qu'il pensait à Sean c'était une évidence, petit coup d'épaule dans son bras en soupirant je le regarde.

Tu essaies de te renseigner pour le compte de Sean ou quoi? Pour te répondre, mon chien, c'est la voisine qui le sort régulièrement lorsqu'elle sort le sien. En contre partie, je lui rends d'autres services et non je n'ai personne dans ma vie. Mais ça tu le sais déjà non? Sinon je serais pas au travail jusqu'à pas d'heures, ma vie est bien triste. Et vous Monsieur McMullen?

J'écoutais mon ami et collègue, et j'appréciais passer un petit moment avec lui. Il me taquinait comme la plupart de mes collègues au commissariat. J'avais trouvé ma place dans ce milieu plus que masculin qui puait la testostérone dès qu'on passait la porte. J'étais respectée et les mecs aimaient me charier car je râlais toujours ce qui les faisait bien marrer tous autant qu'ils étaient. Ronchon la plupart du temps, ils venaient me réconforter lorsqu'ils poussaient le bouchon un peu trop loin. Monomaniaque, c'était le stupide surnom qui me collait à la peau depuis des années, mais même si c'était un surnom taquin mais gentil, les gars m'acceptaient comme j'étais et surtout respectaient mon travail car j'étais rigoureuse et plutôt douée dans ce que je faisais, voire même pertinente dans mes missions. Je n'avais pas froid aux yeux et je fonçais dans le tas pour sauver mes coéquipiers ou pour envoyer un mec en taule.

Oh tu sais, qui leur souffle ce surnom débile, les gars hein. J'ai l'habitude, ça me colle à la peau depuis des années, qu'ils sont cons ces gars.

Dis-je de façon amicale, j'adorais les hommes avec qui je bossais et je savais que c'était réciproque. On formait une belle et grande famille et même si certains étaient plus intègres que d'autres, on faisait du bon travail. Et on intégrait facilement les nouveaux arrivants. Je n'étais pas si grande que ça du haut de mon mètre soixante huit, mais assez pour pouvoir lui donner en coup d'épaule en me mettant sur la pointe des pieds pour atteindre la cible. Alors qu'on essayait de discuter de nos conquêtes ou nos amours en général, personne n'épiloguait réellement sur la chose. Je commençais à le cerner le blondinet, et je me doutais qu'il y avait anguille sous roche.

Des conquêtes d'un soir hum? Y'en a pas une préférée dans le lot hein?

Je souriais aussi, j'avais envie de le mettre mal à l'aise pour le taquiner, nous commencions à être de bons amis et j'appréciais vraiment la complicité qui nous liait. Je savais que je pouvais compter sur lui et c'était réciproque. Alors qu'il finit par parler d'une infirmière je compris entre les lignes ce qu'il ne disait pas tout haut.

Et bien franchement pas de regrets Cal, fonces, si elle te plait, vas y. Je suis sûre que tu seras plus déçu de ne rien tenter que de te prendre un stop. Tu es quelqu'un de bien, ne te dévalorises pas. S'il faut elle a pleins de choses à se reprocher aussi hein.

Alors que j'essayais de lui faire prendre conscience qu'il pouvait essayer de tenter quelque chose que personne n'était "trop" quelque chose pour nous. On était comme on était et si la personne nous acceptait comme nous étions alors nous pouvions nous estimer chanceux. Alors qu'i me taquina sur la relation plutôt chaotique entre Sean et moi ce qui me fit perdre mon sourire. Il n'avait pas tord. Séparés, nous étions bien, aucune dispute alors qu'en couple c'était compliqué, et pourtant... Il fallait vraiment qu'on prenne une décision, nous ne pouvions pas continuer comme ça avec Sean, la remarque de Callen me fit mal au coeur mais je fis une grimace pour camoufler cela.

Fermes là McMullen et fonces j'te dis ! Et on en reparlera à ce moment là. Puis toi chien de guerre? Mouiiii si tu veux.

Je ris alors pour essayer de ne pas penser à Sean. Alors que nous marchions quelques secondes en silence, on se trouva enfin une table. Allant au comptoir je pris deux pintes, que j'apportais à table.

A la tienne équipier !

Tout en clinquant mon grand verre contre celui du détective, je bus une ou deux gorgées avant de sourire.

Elle s'appelle comment ?

Nous les flics on avait cette sale manie de regarder dans les dossiers des gens qu'on fréquentait pour savoir s'ils étaient clean ou au contraire s'ils avaient quelque chose à se reprocher. On outrepassait nos droits c'est clair et certain mais nous ne pouvions pas nous en empêcher c'était instinctif.. On ne pouvait pas nous refaire, pour ce genre de choses, on pourrait être mis à pied et pourtant c'était toléré car absolument tout flic qui se respectait le faisait, c'était vraiment monnaie courante.
Alors qu'on marcha rapidement vers le temple bar et que je payais ma tournée, j'avais déjà du coin de l'oeil également observé les lieux. Je savais où, en cas de mouvement de foule, nous devions nous rendre pour être à l'abri. Je ne sais pas si Callen avait son flingue en tout cas moi, il était toujours discrètement dissimulé soit sous mon bras au niveau de mes côtes ou à la cheville. Je ne me déplaçais jamais sans. Lorsque des criminels connaissaient notre visage, nous risquions forcément de nous retrouver à la morgue ou bien amochés par l'un d'eux ou leur sous fifre.

En trinquant, je ne peux pas retenir mon soupir de soulagement, j'étais contente d'avoir coupé un peu avec le travail ça nous faisait du bien un peu de voir des gens, de la lumière et pas seulement un écran d'ordinateur ou des papiers éparpillés sur notre bureau. Non ici, nous étions à la bonne place pour décompresser. Je voulais vraiment qu'il me parle de cette femme qui avait l'air d'entrer sagement dans son coeur. Laisserait-il de la place dans cette cavité pour une femme? J'avais envie d'en savoir plus, pas par curiosité, quoi que... bon allé, peut être un peu, mais surtout pour l'aider à s'ouvrir aux autres. Callen avait l'air du même style que moi, handicapé des sentiments.

Non mais tu m'agaces, quelles emmerdes? Tu vas pas rester seul toute ta vie parce que tu as un métier à risques? Tu crois qu'en étant mariée avec Sean je n'avais pas peur en plus on est tous les deux flics alors t'as qu'à voir, on risque notre vie tous les jours, je risque de lui emmener des emmerdes et inversement et ça nous a pas empêché d'être ensemble et mariés qui plus est. Non non non excuse bidon, t'as juste la trouille ouais !!

Alors qu'il lisait dans mes pensées, je ris en buvant une gorgée de ma pinte que j'appréciais à chaque fois que mes lèvres entraient en contact avec ce breuvage tant mérité aussi bien par Cal que moi.

Je vois que tu fais dans l'illégalité en regardant son dossier, remarques on fait tous pareil. Et moi j'appartiens à la Garda, je risque de me faire descendre aussi hein, et elle peut être qu'elle risque également de se faire descendre tu sais pas? Peut être qu'elle a de mauvaises fréquentations. Puis si elle veut être près de toi, être avec toi.. Se sera en toutes connaissances de cause.. Soyons honnêtes Cal, tu vas finir par céder, j'te connais, c'est juste une question de temps et on en reparlera.

Je lui fais un clin d'oeil, je voulais lui ouvrir les yeux car ça me faisait mal au coeur tout ça, certes le mariage de Sean et moi avait tourné au désastre, beaucoup de regret dans notre relation, d'ailleurs nous n'avions même pas réussi à y mettre un terme, quelle tristesse... Je ne sais pas ce que je ressentais pour Sean mais je sais que nous étions une force à deux et qu'il était ma Kryptonite..

J'étais tellement agaçante quand je m'y mettais mais je voulais tellement faire comprendre au détective son erreur. Son métier ne devait pas entraver sa potentielle histoire avec cette infirmière. Cela m'exaspérait de le voir malheureux même s'il le cachait bien alors qu'il pourrait profiter des instants avec elle malgré son métier compliqué et dangereux d'abord pour lui mais cela pouvait être périlleux pour elle aussi. J'estimais simplement que si elle s'engageait avec lui dans une relation amoureuse, c'était en toute connaissance de cause non? Libre à elle de refuser de continuer si elle se rendait compte que le métier de ton prétendant était celui de Callen. J'étais assez douée pour exploiter les faiblesses de chacun c'était le cas pour le détective en face de moi mais c'était avec bienveillance rien à voir avec un suspect en salle d'interrogatoire. Je lui donne un coup de pied avec gentillesse accompagné d'un sourire.

Tais toi McMullen, tu verras, j'ai toujours raison.. et même si c'est pas la meilleure idée du siècle, on a le droit de suivre son coeur de temps en temps ça fait du bien des fois de ne pas toujours écouter sa tête. Et puis les bêtises qu'on s'accorde peuvent amener du bon dans nos vies tu sais.

Je hausse les épaules me voulant douce et réconfortante, je voulais qu'il ait une image positif de lui même, de son métier et une vision de l'avenir un peu moins néfaste que celle qui hantait son esprit. Observant mon acolyte de beuverie du soir, je le regarde scruter les alentours, je l'imite me demandant s'il avait peur ou vu quelque chose que je n'avais pas repéré. Que voulez vous.. déformation professionnelle.
Puis il se rapprocha de moi pour me parler de Sean. Ce qui me mit directement mal à l'aise, parce que je n'avais pas la moindre idée de où nous étions. Il n'était pas si con le détective, il avait l'oeil affuté visiblement. Je souris, comme si j'étais une voleuse prise en flagrant délit.

C'est compliqué on va dire tu sais... Moi ça commence de moins en moins à me convenir.. Mais bon.. Je suis pas prête à perdre ce qu'on a actuellement.. Bref c'est un peu le foutoir dans ma tête..

Je bouge ma tête pour bien lui faire comprendre que dedans c'était pire qu'une bombe à retardement. Ma relation avec Sean était compliquée et inachevée. On s'était tournés autour deux ans avant d'officialiser le truc, on s'était mariés, et encore deux ans qu'on continuait le même cinéma.. et même si rien avait changé avec notre rupture, nous n'étions en rien un couple.

Pas mal la diversion pour ne pas parler de toi, bravo, belle technique Détective.