Visite surprise [PV Aeryn]

Septembre 2020

Le soleil dardait ses rayons contre les volets fermés du studio plongé dans la pénombre, les interstices entre les lamelles de pvc ne pouvant laisser passer qu'un faible éclat qui ne suffisait pas à réveiller celui qui dormait encore d'un sommeil profond. Dehors la rue était encore calme, quelques véhicules roulaient tranquillement, couvrant de leur vrombissement le chant des oiseaux qui donnaient de la voix en ce dimanche matin automnal. Il n'était pas encore tout à fait neuf heures et Terrence était encore plongé dans les bras de Morphée dont l'apparence, dans son rêve, revêtait tour à tour une haute taille aux cheveux longs roux ondoyant sur un océan bleu éclatant, et une taille plus petite aux longs cheveux bruns et au regard d'un bleu aussi clair qu'un ciel d'été. Un son résonna au loin dans ses songes, diffus et impossible à identifier d'abord, mais se rapprochant de plus en plus, se faisant plus fort de seconde en seconde, jusqu'à lui vriller soudain les tympans en un sifflement strident électronique finalement identifiable : la sonnette de la porte d'entrée. Grognant en relevant la tête, les paupières s'entrouvrant difficilement, l'apprenti tueur s'extirpa de son lit en des gestes malhabiles, passant machinalement une main dans ses cheveux courts puis sur son visage, se dirigeant presque en aveugle jusqu'à la porte alors que le son résonnait avec une insistance déjà irritante.

- Ouais ça va, ça va ! J'arrive !

Son pied heurta le bas de la porte et le jeune homme lâcha un nouveau grognement, grimaçant avant de jeter un coup d'oeil par le judas et...

- Oh nan...

Soupirant fortement, il déverrouilla la porte et l'ouvrit sèchement, dardant sur la femme qui se tenait debout devant lui sur le pallier un regard noir typique du type qu'on vient de réveiller et qui, pour une fois, n'était pas du matin.

- Aeryn... qu'est-ce que tu fous là ?

Demanda Terrence en s'écartant malgré tout, se décalant pour la laisser passer et refermer à clef derrière elle. Il se dirigea droit vers les volets qu'il ouvrit rapidement à l'aide de la manivelle, entrouvrant la fenêtre en grimaçant à la fois à cause de la lumière qui agressait ses yeux que de l'air frais qui s'infiltrait déjà dans le studio pour aérer un peu le tout. Ceci fait, le jeune homme se dirigea vers la petite salle de bain pour se passer le visage sous l'eau et se réveiller un peu mieux, tendant l'oreille à ce que son aînée avait à dire.


@Aeryn Maguire

Septembre 2020

Une balade matinale ne faisait de mal à personne, n’est-ce pas ? C’est ce qu’avant pensé Aeryn en tout cas. La nuit précédente était presque horrible, semblable aux précédentes à vrai dire mais avec un brin de frustrations en plus. Elle ne dormait plus depuis au moins une semaine, elle n’arrivait pas à s’approcher d’Alex et son comportement l’énervait au plus haut point, puis avec le départ de Terrence elle avait l’impression de perdre le peu d’équilibre qu’elle s’était construit. Ce n’était pas la première fois certes, mais elle détestait ce genre d'atmosphère. Elle détestait que tout le monde surveille chaque fait et geste, comme s’ils n’étaient pas déjà tout le temps sur leur garde, tendu. Mais elle avait l’impression que ça s'accentuait, que c’était plus froid, plus… morbide peut-être, du moins de ce qu’ils avaient déjà. Alors elle enchaînait les nuits blanches, se couvrant le visage d’une bonne couche de fond de teint et d’anti-cernes pour éviter les regards bizarres, les questions et surtout, de paraître aussi faible et affectée par toute cette histoire.

Alors elle quitta son lit à l’aube et s’habilla de son pantalon en cuir qui trainait sur la chaise, jeta sa veste en cuir sur le t-shirt qui lui servait de pyjama et alluma une cigarette en quittant son appartement, un rituel qu’elle faisait après chaque insomnie qui lui permettait d’admirer la vue et par la même occasion, calmer ses peurs et ses appréhensions. En effet, Aeryn se sentait bizarrement plus en sécurité le jour, pas à cause de son métier, pas parce-qu’elle avait peur du noir, non. Mais parce-que la ville se calmait la nuit, tout devait se faire dans le silence, on ne s’agitait pas, on dormait la nuit, paisiblement probablement pour la plupart des gens, et tout ceci faisait qu’elle se perdait dans ses pensées, qu’elle ne pouvait pas les faire taire et qu’ils prenaient toute leur aise en tourmentant la jeune femme. Bien sûr elle n’avait pas vraiment de problème, elle n’avait pas vécu de drames horribles dans sa vie, mais elle est passée du jour au lendemain d’une fille qui avait tout à une fille qui n’avait rien, qui a été sauvé non pas par les forces de l’ordre qui, soit-disant, rôdaient la nuit mais par un mafieux, un homme dangereux qu’elle était censée fuir comme la peste. Elle ne se reconnaissait même plus, cet épisode de sa vie n’avait pas pris que sa virginité mais un tout, elle était inexistante, elle ne se rappelait plus du tout de ce qu’elle était avant et c’était le plus blessant dans l’histoire. Elle soupira une énième fois et écrasa son mégot à même le sol avant de fermer sa veste sur sa poitrine, elle n’avait pas vu le temps passer pourtant, elle se trouvait dans les environs de l’appartement de Terrence, un membre de sa nouvelle famille avec lequel elle n’avait pas une relation folle, mais s’il fait parti de la famille, elle n’avait qu’à l’accépter et apprendre à l’apprécier et ce, peu importait son caractère et ses principes à lui. On peut pas dire qu’elle avait réussi, mais il y avait beaucoup de progrès dans leur relation bien que porter un masque de pseudo-haine l’arrangeait mieux. Ses pas l’ont bien évidemment fini par l’emmener devant cette porte alors elle toqua dessus sans ménagement, de toute façon, elle avait la flemme de revenir chez elle, autant prendre un peu de repos et se réchauffer avant de reprendre la route, non ? Puis oui, il était tôt mais tout le monde s’en fout non ? On dira que c’est un exercice. Elle l’entendit grogner derrière la porte et ne put s’empêcher de sourire, il n’était pas quelqu’un qu’on aimerait se mettre à dos mais c’était toujours jouissif de le taquiner, une réelle passion pour Aeryn lorsque les tensions étaient moins tendus. A cette pensée, son sourire disparut une nouvelle fois alors que l’homme se tenait devant elle. « Je viens me réchauffer. » répondit-elle simplement en entrant. En le voyant ouvrir la fenêtre, elle arqua un sourcil « Eh bah ? Tu as fini de dormir ? C’est encore tôt, tu peux dormir hein, je vais pas te déranger. » menant le geste à la parole, elle enjamba une des chaises de part et d’autre de sorte à avoir son torse contre le dos de celle-ci et sortit sa deuxième cigarette de la journée ainsi que son briquet et le regarda prête à l’allumer, comme pour demander la permission.

@Terrence Connolly

Après la sonnette, cela avait été le tambourinage contre la porte qui n'avait pas manqué d'irriter un peu plus un Terrence levé de force, lequel soupira avant d'ouvrir finalement à celle qui était à la fois une chieuse et une sœur de substitution, si tant est que l'on puisse réellement considérer le groupe auquel il appartenait comme une famille. A sa question sur le pourquoi de sa présence ici, Aeryn lui répondit qu'elle venait se réchauffer tout en passant la porte que le jeune homme referma à double tour, se dirigeant vers les fenêtres en vu de tout ouvrir en grand. Il n'y avait rien de plus efficace, avec de l'eau froide sur le visage, pour se réveiller rapidement.

« Eh bah ? Tu as fini de dormir ? C’est encore tôt, tu peux dormir hein, je vais pas te déranger. »

- Nan, ça ira, de toute façon il est déjà tard.

Lança-t-il depuis la salle de bain, finissant de se frotter le visage avec le savon, rinçant copieusement à l'eau froide avant de s'essuyer avec une serviette à proximité, ressortant de la minuscule pièce pour constater que la brune avait déjà prit ses aises et attendait visiblement son autorisation pour fumer. L'apprenti tueur haussa un sourcil, puis se rappela que c'était la première fois que la tueuse venait chez lui et qu'elle faisait preuve... de politesse. Voilà qui changeait un peu entre eux.

- Vas-y, je vais en prendre une aussi.

Joignant le geste à la parole, il attrapa son propre paquet de cigarettes qui traînait sur la table, tirant un bâton de mort qu'il porta à ses lèvres pour l'allumer d'un geste machinal, inspirant pour expirant fortement en soufflant la fumée en direction de la fenêtre. S'asseyant sur son lit encore défait, il bailla à s'en décrocher la mâchoire, puis porta son regard noir sur Aeryn.

- La prochaine fois passe-moi un coup de fil, que je range un peu.

Le studio était pourtant impeccablement rangé, en-dehors du lit défait, d'une assiette avec un jeu de couverts dans l'évier, et d'une bouteille d'eau en verre ainsi qu'un verre sur la table. Terrence avait appris à devenir un maniaque du rangement aux côtés des nettoyeurs du groupe, contrebalançant ainsi sa propension à tuer plus ou moins salement selon la liberté d'action qu'on lui donnait en mission. Rares étaient les apprentis tueurs qui n'étaient pas dérangés par le fait de finir couverts de sang des pieds à la tête, les chaussures éclaboussées de viscères et autres substances désagréablement odorantes, aussi fallait-il bien en contrepartie avoir une hygiène impeccable.

- T'as petit-déjeuner ou je nous fais un truc ? J'ai des œufs et du bacon frais, y'a plus qu'à faire cuire.

Attaquer la journée avec un bon repas avant toute activité physique, telle était la clef d'une santé solide et le plus sûr moyen de s'entretenir comme il convenait. Se levant, le jeune homme continua de fumer tout en allant au coin cuisine, commençant par laver son brin de vaisselle avec la force de l'habitude.

- T'as mis le temps avant de venir me voir, Mara a été plus rapide que toi.

Ce qui n'était guère étonnant quand on savait comment la blonde avait tendance à couver son poussin, au début moyennement, mais désormais presque plus qu'Alexander qui, ces derniers mois, délaissait le groupe au profit de ses inquiétudes concernant une certaine River. Maudite soit-elle.


@Aeryn Maguire

Ce n’est pas par hasard qu’Aeryn débarquait chez Terrence. Elle voulait le voir depuis cette fameuse soirée où Alexander lui avait planté un couteau à l’épaule, elle aurait aimé le suivre mais deux choses principales l’empêchait : Alexander l’aurait très mal pris et elle ne voulait pas le mettre à dos, elle n’avait pas non plus le culot nécessaire pour le gronder et lui dire ses quatre vérités et puis, elle s’en foutait à vrai dire, ce n’était pas son affaire et si quelqu’un veut crever aussi égoïstement qu’il le fasse, ça ne revenait pas à elle d’ouvrir les yeux à un quadragénaire, et d’un autre côté, elle connaissait assez Terrence pour éviter de lui faire face lorsqu’il a ce genre d’humeur si elle ne voulait pas aggraver la situation, elle n’avait pas la langue dans sa poche aussi et elle risquait de faire plus de mal que de bien en allant le voir. Puis les jours se suivaient, il ne revenait pas, du moins, elle ne le croisait pas vraiment et elle non plus n’est pas allée chez lui ni l’avait appelé, Alexander avait modelé Aeryn pour qu’elle soit une sorte d’arme qu’il utiliserait lorsque ça lui chante et en faisant ça, il a presque réussi à lui faire enlevé sa part d’humanité, elle ne connaissait plus vraiment l’empathie et elle fonctionnait tel un robot, n'obéissant qu’à son supérieur.

Mais ce n’était pas totalement vrai, heureusement. Plus elle essayait de faire semblant de s’en foutre et plus elle avait cette envie irrésistible d’aller voir son frère, demander de ses nouvelles et vérifier qu’il ne manque de rien, qu’il s’est bien soigné et qu’il ne se soit pas déprimé ou qu’il n’ait pas l’impression d’être un incapable, bref, tout un tas de sentiments négatifs et péjoratifs qu’une personne pouvait ressentir. Elle n’avait pas prévu de venir ici aujourd’hui, mais elle n’avait pas résisté à l’idée non plus. « N’aie pas honte chat, je m’en fous du rangement moi. » sourit-elle en inspirant la nicotine, « De toute façon je passe en coup de vent. » ajouta-t-elle, signifiant qu’il n’avait pas à ranger qu’à cause de sa présence. Puis elle hocha négativement sa tête, elle n’avait pas pris de petit-déjeuner et elle ne voulait pas en prendre non plus, elle n’avait aucun appétit. « Terrence, tu me stresses tu sais ? » dit-elle enfin. Elle voulait fumer sa cigarette tranquillement alors que lui, il allait de droite à gauche et posait trente-six milles questions. Elle ne supportait pas qu’on s’agite alors qu’elle est dans ce genre de mood, d’autant plus qu’elle était fatiguée et n’avait pas l’adrénaline nécessaire pour se prendre en main.
Elle ricana une nouvelle fois alors qu’il parlait de Mara « Tu voulais que je vienne te voir ? », demanda-t-elle en observant sa cigarette entre ses doigts comme si c’était quelque chose de précieux, fuyant le regard de Terrence. « Tu es son poussin à elle, pas le mien. Encore heureux qu’elle vienne avant moi, tu trouves pas ? » ce qu’elle disait n’avait aucun sens et en même temps ça serait logique que Mara vienne d’abord. Terrence était son protégé, pas celui d’Aeryn, quant à sa dernière, elle essayait d’arranger les choses avec Alex et c’était un échec total… Elle se leva d’un coup, les yeux brûlants, et chercha du regard un cendrier où elle écrasa son mégot de cigarette, puis prenant toute son aise, enleva ses chaussures, sa veste, et s’allongea sur le lit, un comportement bizarre venant de sa part mais elle commençait à avoir sommeil. Un peu dans les vapes, elle tapota la place à côté d’elle invitant Terrence à s’asseoir ou s’allonger comme bon lui semble et lui sourit sincèrement pour la première fois depuis plusieurs jours déjà… « Comment tu vas ? Sérieusement ? »


@Terrence Connolly