L'art de vivre [PV Terrence]

"Moi, ce que je ne comprends pas, c'est qu'ils aient survécu aussi longtemps"

Terrence avait hoché la tête d'un air approbateur, juste avant que Leilan ne continue d'exposer son point de vue, faisant naître un air intrigué sur le visage de l'apprenti tueur qui avait reporté son attention sur le paysage visible à cet instant à l'écran, immensité de glace et de neige s'étendant à l'infini, un calme qu'on devinait salvateur même si les protagonistes, eux, le trouvaient étouffant... Oui, il lui semblait comprendre en effet, et les deux indépendants continuèrent ainsi à regarder ce périple en profitant de la quiétude qu'offrait le cadre, le sommeil ne manquant pas de se rappeler à leur bon souvenir quand l'écran devint noir. L'apprenti tueur et l'artiste retournèrent s'installer dans la mezzanine, le modèle se couchant le premier, laissant le sommeil l'emporter avec une confiance que l'on aurait pu qualifier d'aveugle, tandis que le peintre allait leur chercher un verre d'eau qu'il posa à portée de main, s'installant à la table de chevet sans que la lumière tamisée ne semble déranger son amant.

Il faisait noir, comme toujours, un noir où nulle lumière ne filtrait, où rien n'était visible pas même les mains que l'on portait devant ses yeux. Et puis soudain, un éclat devant soi, la silhouette d'un homme vêtu de noir et de bleu foncé, un visage en demi-pénombre, celui d'Alexander qui l'observe d'un air sévère, avant de finalement tendre la main vers lui. Terrence tend la sienne qui apparaît grâce à l'éclat pourtant si faible de son mentor, la saisissant pour s'approcher, le voyant sourire légèrement, presque avec douceur. Un autre éclat plus vif apparaît, des cheveux blonds et un sourire joueur, c'est Mara qui lui parle et lui ouvre les bras, le laissant s'y serrer tendrement, sa tête se posant sur l'épaule de la hackeuse alors qu'il soupire fortement. D'autres visages apparaissent, d'autres sourires, d'autres bras qui le guident à travers les ombres alors qu'il marche dans un liquide rougeâtre qu'il ne parvient pas à distinguer nettement. Et puis, un peu plus loin, les visages de Kara et de Leilan se tournent vers lui et l'apprenti tueur s'avance, s'élance presque vers eux et... les mains qu'il tend dans leur direction sont couvertes de sang, le carmin remonte jusqu'aux coudes et leurs mains qu'il touche se tâchent de cette vive couleur. Mara tire soudain Kara vers elle, lançant un regard inquiet à son poussin qui ne comprend pas, fait un pas vers elles, obligeant la blonde à reculer de nouveau avec sa protégée. Il se détourne finalement d'elles pour faire face à l'artiste qui sourit doucement tandis qu'il s'approche, ne reculant pas alors que les mains de Terrence se glissent sur son visage, le tâchant de sang. Le sourire demeure sur ses lèvres, même quand les doigts viennent caresser et assombrir de carmin les mèches rousses, effleurer son cou délicat qui s'ouvre soudain comme s'il venait de se faire égorger, le sang se mettant à couler à flots. Terrence plaque ses mains dessus pour stopper l'hémorragie, en vain, et ses yeux se lèvent vers Leilan dont le sourire demeure, l'air si paisible, si confiant... aveuglément confiant. Ses lèvres remuent, mais le son ne parvient pas jusqu'au jeune homme qui retient l'artiste alors qu'il s'effondre entre ses bras, sa peau plus pâle que jamais, ses lèvres remuant une dernière fois avant que son regard ne soit plus fixé sur l'apprenti tueur, mais sur un point au-delà de lui.

Un bruit dans la rue au-dehors parvient jusqu'à ses oreilles et Terrence se réveille en sursaut, sa main cherchant instinctivement son couteau alors qu'il se redresse, désorienté, aux côtés d'un peintre encore endormi. Le soleil n'est pas levé depuis si longtemps que cela et déjà des travaux résonnent non loin de l'atelier, le bruit d'un chargement heurtant une paroi de métal l'ayant arraché brutalement à ce rêve pour le moins... étrange. Lentement le jeune homme achève de se redresser, s'assurant que l'homme à ses côtés dort encore avant de repérer le verre d'eau dont il s'empare, le portant à ses lèvres alors que son regard noir accroche une mèche rousse posée à côté sur une feuille.

- ...

Reposant le verre après une simple gorgée, ses doigts saisirent lentement la feuille, ses yeux sombres parcourant alors rapidement les mots griffonnés dessus alors que son souffle se suspendait à ses lèvres.

"Tu me tueras peut-être ce matin.
Ou tu me trahiras le premier.
Je travaille pour la police. Mes activités de faussaire me mettent en contact avec des escrocs de renom sur lesquels je fais des rapports qui serviront le jour de leur procès.
Ou tu choisiras peut-être de jouer avec moi.
Nous pouvons écrire ces rapports ensemble, et y écrire ce qui nous passe par la tête. Nous pouvons aborder cette activité en artistes. En amoureux.
Ta liberté est ce qu'il y a de plus beau chez toi, aussi je te la laisse. Je suis curieux de savoir ce que tu auras choisi.
Ton ami,
Leilan.
PS : dans tous les cas, je t'offre cette mèche de cheveux. Fais attention à toi : tu as laissé des tiens un peu partout."

Les doigts se crispèrent sur le papier que l'apprenti tueur se força à reposer lentement, apercevant ses affaires et, plus particulièrement, la poche secrète de son jean où se trouvait dissimulé son couteau. Il tendit la main et s'en empara d'un geste aussi silencieux que discret, l'ouvrant d'un court mouvement sec avant de se tourner vers Leilan qui dormait encore. Ses cheveux roux étaient étalés sur l'oreiller et les draps, ses paupières closes sans aucune crispation qui pourrait trahir une feinte, de même qu'il demeurait étendu près de lui, probablement dans ses bras durant la nuit à voir sa position, aussi vulnérable qu'une cible s'offrant à la merci d'un chasseur venu l'abattre. Tel l'ombre de la mort, l'air indéchiffrable quoique détaché, Terrence se pencha au-dessus de l'artiste, la lame approchant de sa gorge, son coude se relevant, près à porter le coup de grâce qu'il pouvait faire même sans y penser, qui ne nécessitait nulle réflexion ni questionnement. Il travaillait pour la Garda, il fournissait des informations à ceux qui se feraient une joie de le mettre derrière des barreaux jusqu'à la fin de ses jours, il leur faisait des rapports et...

"Ta liberté est ce qu'il y a de plus beau chez toi"

La lame s'arrêta à quelques centimètres à peine de la gorge, un frémissement parcourant l'échine de l'apprenti tueur dont le regard s'assombrit soudain, une colère sourde apparaissant dans ses prunelles, les faisant briller d'un éclat rageur. Trahison. Non... pas encore. S'il le tuait là maintenant, il n'aurait pas l'occasion de le trahir, ni lui, ni Mara qui pourrait être impliquée, fut-ce indirectement. Le peintre n'aurait jamais l'occasion de parler à qui que ce soit de ce qu'il avait apprit, et au pire seul Terrence serait en fuite, les autres seraient saufs...

"Fais attention à toi : tu as laissé des tiens un peu partout."

Il n'avait qu'à prendre son téléphone et appeler Mara, lui montrer l'aveu écrit de Leilan, lui demander un nettoyage complet de cet endroit. Il serait aisé de faire disparaître toutes les preuves et ainsi tout serait réglé, comme toujours personne ne serait inquiété... Les yeux du phénix s'entrouvrirent à cet instant précis, alors que Terrence était penché au-dessus de lui, la lame près de sa gorge, le regard noir chargé de ressentiment. Le voyant s'éveiller, l'apprenti tueur passa soudain sa jambe de l'autre côté du corps pour l'immobiliser en montant sur son bassin, le bloquant en serrant ses jambes contre ses flancs, sa main libre empoignant les cheveux roux avec force sans se préoccuper de la douleur qu'il lui infligeait alors qu'il plaquait la lame contre sa gorge, un rictus rageur aux lèvres.

- Ne bouge pas !

Ordonna-t-il d'une voix froide et sèche qui claqua comme un coup de tonnerre, sa respiration soudain plus lourde et forte, ses mains le maintenant ainsi, prêt à être égorgé dans son propre lit. L'instant se suspendit ainsi alors qu'il n'aurait pas du, la lame demeurant immobile alors que le regard du jeune homme était rivé à celui de l'artiste prisonnier en-dessous de lui. Son instinct hurlait de le tuer, là tout de suite, et pourtant une force invisible retenait son bras, une force qu'il ne connaissait pas et contre laquelle il luttait à présent.

- Donne-moi une seule raison.

De quoi, là était la question, et visiblement Terrence ne comptait pas aider sa cible à trouver la réponse à celle-ci, maintenant ses prises avec puissance, prêt à passer à l'acte au moindre geste esquissé, à la plus petite tentative pour se défaire de sa prise.


@Leilan Dysmith

Spoiler:

[Je remonte un peu ce sujet en espérant faire revenir par ici le joueur en face qui va recevoir une notification.  

Reviens @Leilan Dysmith ]