BILLIE THE DANCER - let's be free together

Son épaule le tirait depuis ce matin et ça l’avait en partie empêché de dormir. Et dormir, c’était le seul moment qui n’appartenait qu’à lui et qu’il chérissait. Le réveiller était plus ou moins dangereux. Ou suicidaire, au choix vu qu’il dormait avec une arme sous le lit, dans la commode, dans le tiroir et sous son oreiller. Il avait dû se lever en grognant et avait fini par prendre une de ses tâches les plus aisées en évitant d'utiliser sa mauvaise humeur sur certains qui pouvaient s’énerver facilement avoir la gâchette, le couteau ou autre  facile. La plus simple d'aujourd'hui étant d’aller voir ce qu’il se passait du côté du pussycat, un des meilleurs moyen de se faire du fric du coin. Des pervers il y en aurait toujours, et beaucoup dépensaient énormément pour avoir ce qu'ils voulaient. Il se rendit en moto  sur les lieux et commença à poser ses questions à ceux qui en avaient la charge quotidienne. Certains pouvaient pas le voir et d’autres avaient l'habitude, il était réglo, mais d’autres détestaient qu’il soit là. Ils avaient l’impression d’être surveillé. Ce qu’ils étaient au final. Il n’était que la partie visible, le reste était sous forme de gens discrets et de caméras un peu partout cachées à l’oeil nu. Les gens intelligents savaient qu’il y en avait mais ne cherchait pas à savoir ou. La mafia n’était pas parfaite, elle avait juste beaucoup de ressources allouées à la disparition des erreurs. Quand il pénètre dans l salle principale il entend ensuite des éclats de voix. Avant d’aller plus loin il écoute.

– Jte parie qu’il va tout rapporter aux chefs. La dernière fois, j’ai tout pris dans la gueule parce qu’il a dit un truc. Si je le vois, je le défonce, comme ça on sera tranquille.
– T’es con, si tu fais ça ils seront fous de rage et en enverront encore plus. Fais pas le con, tu vas pas aimer la suite.
– J’ai pas peur de ce mec, je te le rétame en deux deux !

Cette fois ci, un tit sourire affiché sur le visage, il entre dans la lumière.

– Ecoute, je suis curieux, tu veux me défoncer comment ? Une arme de préférence ? Tes poings ? Tu veux que je te donne rendez vous ou on commence de suite ? Je voudrais pas te faire perdre du temps. Et ton pote a raison, là haut, ils aiment pas qu’on joue avec leurs jouets à eux.

Oh il savait qu’il n'était qu’une vulgaire marionnette qui faisait le job que personne ne voulait faire. Il savait aussi qu’il n’était pas le seul et que les pontes n'aimaient pas qu’on empêche leurs esclaves de faire leur taff. c’est à dire leur permettre de décharger les tâches qu’ils jugeaient ingrates. Ca variait en genre selon le chef en question, de la besogne simple au truc plutôt glauque. Au moment ou l’imbécile heureux, qui était sur la sellette bien avant son intervention à lui pour être trop stupide pour faire gaffe à ses traces, se lançait sur lui il vit des cheveux blonds passer derrière lui. Il se figea et se tourna aussi sec.

– Billie sors de là stp.

Mais l’autre n’attendit pas une quelconque réaction de Billie et il arriva droit sur lui. Il rencontra le poing d’Alek, puis quelques coups bien sentis afin de le faire chuter. Il était coriace, mais en regardant la scène on voyait bien que le visage du type se couvrait de sang et qu’Alek allait plutôt bien tout en regardant les poings de monsieur le frôler ou le toucher avec la force d’une mouche neurasthénique. C’était pathétique et l’autre n’avait plus forme humaine. Il réussit à ouvrir la lèvre d’Alek cela dit mais rien de plus. Il finit par avoir la main d’Alek sous le menton, ensanglanté.

– Toujours envie de me “défoncer” ? Ecoute moi, espèce d’attardé. Désolé, j’aurais pas dû insulter les gens qui ont une déficience mentale en les comparant à toi. Ou tu te calmes et tu commences à surveiller tes arrière, ou je serais loin d’être ton souci principal. Tu veux savoir, tu es à deux doigts de recevoir la visite d’un nettoyeur, et crois moi, c’est pas pour une offre d’embauche. Alors je serais toi je m’activerais à ne plus être une freaking piece of shit et j’oublierais le reste. Mais si tu veux, jpeux t’aider de suite, jpeux faire en sorte que quand ils viendront, tu ne sente plus grand chose. Ton choix.

Le type se lève, trébuche, se fait aider et s’enfuit aussi vite en crachant du sang au sol. Il sait surtout que s’il continue, pour pas déranger d’autres personnes plus “utiles” et haut placés que lui, il aurait cette tâche, il espérait ne pas avoir à le faire. Quelle que soit sa nature, il ne méritait pas de mourir, enfin, plus précisément, Alek ne méritait pas d’avoir à tuer ce truc. Il finit par se tourner, pénétrer dans la salle de bain attenante et enlever son haut dans une pièce qui lui est alloué. Quelques bleu, rien de grave, rien qui fasse mal. Il tourne son épaule, grimace un peu, puis finit d’enlever le pu de sang de l’autre sur lui. Il entends un bruit.

– Ce genre de type n’aime pas les audiences et il aura moins de scrupules à te buter qu’il réessayera avec moi. J’espère que tu n’étais plus dans la pièce.

Elle finissait son mégot qu’elle jette sans ménagement dans la poubelle (des voix lointaines ressemblant à celles de Pops lui parviennent en lui répétant « de faire attention à la planète, bordel ») quand Billie entend d’autres voix, plus rauques, moins aigues, plus menaçantes surtout. Elle soupire, elle se frotte le front, le coin de l’arcade et le sourcil en même temps que ses talons claquent et l’entrainent vers le bruit qui augmente et qui résonne. La salle principale n’a plus que le bruit de la musique et O’Mara n’a pas besoin de regarder la scène pour savoir que la danseuse s’est arrêtée. Elles s’arrêtent toutes quand il y ce genre de choses qui arrivent. Le genre de choses où les voix, foutues malheureuses voix, veulent prendre le dessus, l’ascendant, montrer qui est le fort, le plus robuste, le plus menaçant. Billie a vite compris que même les danseuses qu’elles sont, mêmes leurs courbes qu’elles mettent en avant n’ont pas de résistance face à une bonne vieille bagarre de bar. Et c’est exactement ce qu’il se passe.

Aleksei se tourne vers elle, un « Billie sors de là stp » qui lui fait arquer son sourcil et croiser les bras, sa fichue expression narquoise placardée au visage. Signe que non, Billie ne sortira pas. Billie est très bien là où elle est, à juger, à observer ces deux imbéciles qui ont décidé de foutre en l’air la soirée pourtant paisible qui avait commencé. Un coup part et plusieurs s’enchainent et la jeune femme se pince les lèvres pour ne pas intervenir. Elle le fait, elle s’en prendrait une forcément et peut-être même sans le vouloir. La jeune brebis parait tellement innocente dans ce décor et dans cette scène bien moins glamour que celle dont elle a l’habitude (et encore moins de celle qu’elle a rêvé mais qu’elle n’aura jamais).

Clap final, le type s’est carapaté sans demander son reste (et son sang, qui va devoir nettoyer ce sang, pas elle, elle espère, elle n’a pas que ça à faire… et elle n’est pas en service au club pour ça) et le grand brun s’est réfugié dans la salle de bain la plus proche. Billie le suit et elle vérifie que personne d’autre n’est dans la pièce qu’il lui sort son petit discours à faire pleurer la mamie au cul dans les rosiers. « Ouais ouais, j’étais plus là. Ça fait longtemps qu’un spectacle de deux glands qui se bataillent m’intéresse plus, t’sais. » Elle est nonchalante, BJ, tout comme elle est ironique, mentant sans y croire et sans conviction, ses yeux pétillants et sa tête se penchant en s’approchant d’Aleksei. « Il avait qu’à fermer sa gueule, j’suppose. Parce qu’il a dû dire ou faire quelque chose pour que tu réagisses comme ça, pas vrai ? C’est pas pour ça que t’es venu ici, hein ? » En général, quand il est là, c’est qu’il a souvent une nouvelle tâche à lui confier. Alors Billie scrute ses iris pour y chercher des réponses alors que sa main se porte à son épaule, caressant les bleus qui fleurent ici et là. « J’vois pas pourquoi il viendrait me buter, t’façon. C’est mon lieu de taf. Et au pire, t’es là pour surveiller mes arrières, pas vrai ? » O’Mara sourit, le genre sous-entendu en se mordillant la lèvre, la bleuté de ses yeux pétillants un peu plus.

Elle n’en attendrait pas moins de la part d’Aleksei, après tout.

Billie c’est la jolie fleur que t’as peur d’abimer, que tu veux pas salir. Et pourtant, Dublin s’en est chargé, et lui, il en remet une couche. Lui il est le déchet qui s’en veut parfois d’attirer à lui des gens qu’il pourrait sauver. Mais il peut pas plus le faire que de sauver sa peau. Alors il continue d'étouffer la flamme, il l’attise remarque, il la laisse se consumer. Parce qu’il est attiré par ça, par ce qu’elle dégage parce que ce qu’elle provoque. On pourrait lui annoncer, s’il allait chez un psy, qu’il recherche le souffle de vie qu’il ne trouve pas dans la sienne. Alors il se crame sur elle à en finir en cendres mais il recommence l’idiot. Elle le traite d’imbécile et un ptit truc bouge dans son visage. Il a beau jouer les idiots, il n’en est pas un et le respect, c’est le truc sur lequel il aime pas qu’on prenne des libertés. On a fait de sa famille et de lui un sous fifre, celui qui sert les autre, celui qu’on regarde de haut. Elle continue son discours, elle marche encore et encore dans le plat qui flambe à ses pieds. Elle sait pas, elle, encore assez, qu’il joue pas sur ce terrain là. qu’il est obligé de rugir plus fort, de montrer les crocs, sortir les griffes, pour ne pas se faire bouffer. Il faut être plus solide mais aussi montrer que la pour ne nous étouffe pas pour survivre dans son monde à lui. Il reste là à se calmer, il ne veut pas être mauvais avec elle, il n’aime pas ce qu’on a fait de lui, c’est sans doute pour ça qu’il plaisante, agace, joue. Mais il a ses moments, et ce type l’a clairement défi et mit en danger. S’il se laisse faire, c’est lui qui y passe et il le sait. Il se retourne violemment, la pousse contre le mur et passe sa main autour de sa gorge. Delicate, immaculée. Elle semble si pure parfois sous ses mains à lui. Il oublie ce qu’il y a sous ses ongles. Il oublie qu’elle traîne dans le sang. A cause de lui.

– Dans ce monde, tu es sois le prédateur, soit la proie. Ya pas d’entre deux Billie. Alors cesse de jouer les grandes, cesse de faire comme si rien ne t’atteignait. S’il veut te buter, il te butera, et jveux pas être responsable de ça. est ce que tu comprends ça ? Tu es consciente que je pourrais te tuer ? Que je suis tout sauf “bon” pour ton karma, ou pour rester en vie ? Mais oui, s'il t'approche, je le descendrais. même si j'aimerais ne pas avoir à le faire.

Il se calme, il relache sa gorge, ses lèvres fondent sur les siennes, il se perds dans sa bouche, il se perd sur sa peau, sa main tient sa cuisse, il voudrait lui hurler de fuir, de laisser tout ça, mais il sait qu’elle ne le fera pas, et il hait ce qu’il a peut être créé. Il hait ce que cette ville de merde fait à ses habitants. Marche ou crève. il se rend compte aussi qu’il tient à cette fille. Plus qu’il ne devrait. Plus qu’il ne peut l’admettre. Il joue avec le chirurgien parce qu’il sait qu’elle peut encaisser, mais qu’est ce qui adviendra de Billie le jour où il comprendra à quel point il a abîmé cette gamine, plus qu’elle l’était déjà ? Il se hait, et pourtant, il continue, parce qu’il ne sait faire que ça.

Elle a les yeux qui papillonnent en même temps d’avoir le visage mutin et taquin, Billie. Elle a vite appris à mettre son masque, à paraitre plutôt qu’être et maintenant, la nuance est un peu floue. Elle ne sait plus trop où elle commence et où l’autre finit, une fusion qui se forme un peu plus tous les jours parce qu’elle s’est perdue en route il y a bien longtemps, peut-être trop longtemps. C’est un trajet que la tempétueuse blonde a prise, sans prendre conscience de tous les risques mais en étant pas non plus assez naïve pour ne pas savoir ce qui peut se passer. La mafia, ce n’est pas un groupe scolaire pour les enfants. Ce n’est pas une récréation où on joue à la balle au prisonnier en pensant en sortir indemne. Non, la balle lancée est brûlante, elle est piquante aussi, elle tue et elle abîme les mains autant qu’elle pourrit jusqu’à l’intérieur. Billie Jean dira qu’elle n’avait pas le choix (on l’a toujours). On l’a séduite, on l’a éprise et elle s’est laissée prendre.

Aleksei a l’expérience de son côté, il a le charme qu’il faut pour appâter les pauvres demoiselles comme elle (ha !) dans les griffes du grand groupe criminel. Et Billie aime bien le tenter, l’embêter, jouer parce qu’elle sait qu’il réagira. D’une façon ou d’une autre, il fera quelque chose parce qu’il n’y a pas de marbre entre deux personnes aussi fougueuses qu’eux.

Et il réagit.
Sa main à la gorge, son dos contre le mur.
Il crache ses paroles avec mauvaise humeur.
(Elle peut le comprendre, on vient de l’abimer.)

Billie se mord les lèvres pendant son discours, les paupières ne cillant qu’à peine et son for intérieur s’emballant plus qu’il ne le faudrait dans ce genre de situation. Elle ne craint pas pour sa vie, pas avec Aleksei. Ses paroles vont dans ce sens-là par ailleurs juste avant qu’il ne vienne plaquer ses lèvres contre les siennes. Ce n’était qu’une question de temps. Il y a la tentation qui est là, les paroles qui s’envolèrent presque en hauteur parce que Billie pourrait s’en fiche de ses paroles. De ses foutues mises en garde qu’elle a déjà assez entendu. Sa main vient se balader sur sa cuisse alors que leurs langues se chevauchent avec passion et Billie glisse sa main sur son torse tout en détachant sa bouche légèrement de celle de l’homme entre ses jambes. « Tu veux que je sois une gamine, Alek ? Une pauvre gamine qui ne saurait pas comment m’occuper d’ça ? » Sa main descend un peu plus pour aller à son entrejambe et caresser puis empoigner la marchandise à travers son pantalon sans délicatesse. « Si jamais on m’bute, c’est que c’était la fin du chemin pour moi, c’est tout. Et si tu veux m’tuer… » Billie dépose un baiser sur sa mâchoire, son buste caressant le torse d’Aleksei, son autre main sur son flan. Elle relève la tête et lui mordille la lèvre. « Fais-le, alors. Déchaine-toi. De préférence avec passion. » Sa main relâche un peu la pression mais ne quitte pas l’endroit pour autant, massant doucement dans le seul but qu’il réagisse encore.

Et il le fera, elle le sait.

Elle se mord la lèvre la garce et tu fonds. Tu fonds complètement. elle éveille tellement de trucs en toi. Son apparente fragilité, ses mots, sa démarche, ce corps. Merde, t’es faible quand elle est là, t'étais faible la première fois que tu l’as vu. Tu t'es senti sale de la désirer. Ça ne t'empêche pas de résister. T’es foutu, elle te regarde et t’es déjà dur comme du béton. Ça t’es déjà arrivé de penser à elle pendant un rendez vous ici. T’avais l’air con, étroit dans ton pantalon, essayant de te convaincre que non, c’était pas le moment d’aller t’amuser. Faut dire qu'il y avait des gens particulièrement ennuyeux dans tes patrons. Ça et le fait que tu bossais des journées de plus de douze heures largement. Tu dormais peu et tu bossais beaucoup. C’était un miracle que tu ne te sois pas endormi sur un des types barbants. T'en serais sûrement mort, ils étaient pas très porté sur l'humour et la clémence dans le coin. Voilà qu’elle parle de ça, de lui et qu’elle parle de s’en occuper. Merde, tu oublies souvent qu’elle sait y faire la garce. Tu perds très vite tes moyens, enfin, disons que l’on comprend vite à quel point t’as envie d’elle. Elle va devoir t’acheter des slips de rechanges si elle continue, ça commence à cramer là dedans. Elle empoigne. Tu pourrais décrire la sensation en détail, si tu savais encore épeler ton prénom. Le pantalon va finir mal si elle continue. Tu entends ce qu’elle dit mais ton corps lui, il est loin, très loin, dedans déjà. Tu sais plus, c’était sa langue ? Ses lèvres, sa main, oh putain, elle mord. Elle stimule de sa main, et tu sens incapable de résister.

– Il va te falloir des nouvelles fringues.

Le seul truc que tu dis avant de déchirer son chemisier et d’y mettre la main pour virer son soutien gorge. Cette poitrine menue, blanche, merde, elle est à bander. Hard. Tu ouvres ton pantalon, empressé, fiévreux, et tu fais ce que tout bon mâle veut, tu attends rien, tu demandes pas, tu enlèves sa main et tu entres en elle. Violent coups de reins, ta bouche toujours cherchant sa peau, ses lèvres, ne sachant où aller, tout en étant en rythme. Ton souffle est court. Merde. elle a encore gagné, elle gagne toujours, t’as aucune retenue avec elle. T’es juste qu’un pantin et sa blonde. Un mec esclave de pulsions qu’elle crée d’un claquement de doigts. Tu brûles, tu crames, t’es incandescent sur elle, et elle s’en fout, d'être brûlée vive, elle semble aimer. Pourtant, tu le sais, tu devrais pas, être aussi fougueux, empressé, sauvage. Mais la douceur tu connais pas. T’as besoin de te libérer des chaînes qu’on t’as mis à la mort de tes parents. T’as besoin de te sentir vivant, et c’est seulement quand tu lâche la bête que tu l’es. Ca fait des dégâts de sourire et de charmer des ordures toute la journée, toutes les semaines, mois, années.

C’est un jeu, un putain de flamboyant jeu qui n’a pas l’air de les épuiser mais qui les consomme malgré tout. Incapables de résister, des enfants du chaos, des messagers du diable, des acteurs de l’ombre, ils partagent le même délire, les mêmes sensations. Ils savent des choses que d’autres ne peuvent qu’imaginer, qu’espérer. Ils se mouvent dans l’obscurité comme des voleurs, alors qu’ils ne le sont pas. Ils volent juste la richesse, la beauté, tout ce qui est bon dans cette ville pour la pourrir un peu plus. Lui, c’est le visage incarné de ce qu’il ne faut pas faire. Des personnes non fréquentables, des hommes qu’il faut éviter. Mais elle, la petite lionne indomptable, elle le tise, elle le tente, elle en joue. De ses charmes, de ses ondes, de cette tension. Un genou qui glisse là où il faut, des doigts qui partent explorer la peau, des lèvres qui viennent marquer faiblement son territoire. Elle ne cherche pas à le conquérir, elle ne le fera jamais parce qu’il n’est pas de ce genre de là. Et elle le préfère comme ça, farouche et incontrôlable. Il a cet éclat de dangerosité qui passe dans ses yeux et elle sourit, la gamine, encore plus fort, encore plus amusée.

Il prononce une phrase, quelque chose qui se perd en incohérence totale aux oreilles de sa jeune proie qui n’en a rien à foutre de ses paroles. Elle parait si frêle face à lui, si immense, si large. Alors forcément, quand il met la main sur elle, quand il lui arrache les vêtements pour accéder à sa poitrine, c’est comme s’il n’y avait rien. La blonde se cambre et elle le regarde se presser avant d’entrer en elle sans crier garde. Il n’a pas besoin, il sait qu’il n’a pas besoin, pas avec elle. Elle n’est pas fragile, elle est une putain de femme qui sait ce qu’elle veut. Elle passe même ses mains autour de son cou, le rapprochant de lui, grinçant ses soupirs près de ses lèvres. Elle vient les attraper, ces foutues lèvres, pour les mordre, pour les embrasser. Sa poitrine se caresse à son torse et elle gémit encore plus, son palpitant jusqu’à son bas rein se faisant encore plus entendre. « Faudrait que j’remercie le gars qui t’as foutu en rogne. » Qu’elle prononce difficilement sous les assauts hardant de son partenaire, une jambe autour de son bassin, sa main dessinant les muscles de son tronc. « J’perds mes moyens quand t’es comme ça. Tu l'sens à quel point j'suis prête pour toi? » Elle minaude, elle continue à lui embrasser la mâchoire, à rouler du bassin, à le faire ancrer un peu plus en elle. Qu’il soit sauvage, qu’il lui donne tout ce qu’il a, elle est prête à tout accueillir parce qu’elle joue mais en même temps, elle est si faible qu’elle ne résiste pas. Pas à lui en tout cas, ni à ce qu’il offre, ni à ce qu’il donne, jamais. Un brasier ardent qui n’est pas prêt de s’éteindre.

Elle te passe les mains autour du cou, tu le sens, tu le sais, cette tigresse ne veut que toi, pour le moment. Tu n’es pas idiot, sans chacun de ses baiser tu te doutent que tu ne seras jamais celui qui finira par vieillir à ses côtés, si tant est que ce soit possible pour elle, ou pour toi. Vos corps s’entrechoquent, se brisent, vous savez pas ce que c’est d’aimer, non, pour vous c’est juste un exutoire, et vous respirez à l'unisson dans un souffle, parce que merde, elle est à toi, pour quelques secondes, putain de secondes qui te mettent à genoux pour être celui qui mords sa peau nacrée. Tu sais que t’accrocher, ya pas pire idée, mais t’es trop con pour ça de toute façon. On t’a dit un jour que t’étais qu’un mec qui pense avec sa queue, et en fait, ouais, c’est pas faux, parce qu’elle et bousillent pas, elle. On sous estime le sexe comme drogue, tu te fais un rail de la blonde avec plaisir, un camé en manque qui prend sa dose, et qui en redemande. Ses seins contre ta peau t’emmène loin, ses dents sur tes lèvres, elle y va à fond, avec la rage du désespoir, la rage de l’idée qu’on doit vivre l’instinct présent, alors la gamine elle donne tout, et tu crèves sous ses assauts. On pense l’homme fort, viril, indestructible, mais face à la peau, les lèvres d’une femme, il n’est plus qu’un amas de sensations qui tentent de ne pas exploser et détruire le monde chaque seconde. Un amas de chair sans plus aucun autre but que de crever entre ses doigts. Elle veut remercier le crétin qui t’as foutu en rogne et tu souris, sur sa peau à ses mots, cette fille, tu sais pas ce que tu ferais sans elle, ah si, tu baiserais des femmes ans nom et sans visage, te perdant toi même. Ton âme tu l’a plu, mais tu la retrouve un tit peu chaque fois avec elle, entre ses cuisses, ya la fontaine de jouvence. Elle parle d’être prête, les chutes du Niagara sont sur toi, et clairement, tu en connais un qui peut plus vraiment se retenir alors d’un énième coup de reins, tu jouis en elle, comme une libération, une exultation, le volcan a implosé et elle continue, toi en elle, elle à travers toi. Elle va finir par te tuer la jeune. Tu souris, tout en finissant les sursauts qui te font bouger sur elle, en elle. Tu te retires, nettoies et remets ton boxer. Tes lèvres viennent jouer avec ses lèvres.

– Tu bosses aujourd'hui ?

Tu parles jamais après, pas de ça, parce qu’une part de toi, sait que c’est éphémère, alors si on en parle pas, ça bouge pas, n’est ce pas ?

And somehow, you keep your soul in her hands.

Elle en joue, elle s’en amuse la gamine parce qu’elle sait. Elle n’ignore pas qu’il n’est pas insensible, elle a conscience de cette espèce de pouvoir qu’elle a sur lui. Cette façon incroyable de revenir l’un vers l’autre, de déchaîner leurs passions respectives. Peut-être que savoir qu’ils peuvent laisser parler leurs pulsions les plus intenses, leurs envies les plus bestiales, c’est ça qui les abreuvent et les réunissent. Billie Jean ne laisse pas les autres la prendre comme ça. Duncan est le seul, l’unique à pouvoir le faire, à pouvoir la traiter comme un jouet même si la vérité, c’est lui le jouet et elle l’enfant. Les autres, ils ont cette bestialité mais Billie n’a confiance qu’en Aleksei pour être brutal mais jamais violent. Jamais il ne lui fera du mal, même quand il a sa main autour de son cou. Parce que cette même main dérive vers la rondeur de ses seins, le long de son flanc, dans ses reins pour finir sur sa croupe, la ramenant un peu plus contre lui, l’enfonçant un peu plus en elle. O’Mara le laisse mener mais elle apprécie être la raison de la cadence qui accélère.
Elle murmure, elle titille, elle provoque, autant d’efforts dont elle pourrait se passer parce qu’il est rapide, il a de la pression à faire redescendre, il est hargneux et qu’il n’a pas besoin de ça. Mais il doit aimer car il revient toujours et Billie est plus qu’heureuse de lui donner ce qu’il veut.

Même si ça lui donne une réputation de salope auprès des autres.

L’assaut final arrive et Billie se cambre trois ou dix secondes après lui, le dos contre le mur, la tête relevée face au soupir d’aise et de satisfaction. C’est presque triste que ça arrive peu souvent. D’être satisfaite. « Tu bosses aujourd'hui ? » La blonde se rhabille lentement, son sourire s’accrochant aux lèvres d’Aleksei qui viennent chercher les siennes. « Tu crois que j’suis là juste pour le plaisir de t’croiser ? Désolé de t'décevoir, Duncan, mais c’est pas le cas. » Billie lui fait un clin d’œil et s’en va vers le miroir pour replacer ses cheveux d’un air convenable, même si elle sait que les autres savent depuis qu’elle l’a suivi jusqu’ici. Le walk of shame n’a rien de shaming si on n’en éprouve pas le sentiment, n’est-ce pas ?

Elle joue la demoiselle, elle cherche à te rendre accro, esclave de sensations qu’elle éveille chez toi, toujours, encore, jamais. Tu en rirais, mais t’es occupé. Satisfait néanmoins quand tu vois qu’il n’est pas seul à avoir ptit son pied. Chose dont tu te fous pas mal avec d’autres. Tu ne sais pas vraiment quoi faire après cela dit, le après tu as du mal. Parce que quelle importance quand tu ne donnes pas tant que ça. Tu ne donneras jamais plus que ça, elle s’y abreuve, assoiffée, mais elle sait, tu donneras rien et ça lui va. même si ça te fait toujours étrange qu’elle s’en contente. T’espère qu’un jour elle trouve de quoi changer d’avis, se donner plus de crédit, de valeur.

Et tu es égoïste à la fois, tu veux pas partager ta bulle. Ta pause. Elle remet un à un tes habits, tu ne remets que ton pantalon. tu l’observes recouvrir sa peau laiteuse. Tu lui demandes ce qu’elle faisait là en somme. Elle attaque de nouveau la tigresse, tu lèves les yeux au ciel, tu ronchonnes.  Elle t'annonce qu’elle n’est pas là pour ton ptit cul à présent. La blague. Tu n’es pas stupide, tu ne représentes pas le rêve des jeunes femmes. Juste un point d’ancrage pour pas crever la bouche ouverte sans doute.Elle se recoiffe, tu te mets derrière elle, tes mains sur ses hanches, ta bouche dans son cou, envoûté, tu sais même pas faire autrement. pourquoi se retenir quand on se donne à toi, entière ? Et puis, si tu étais honnête, tu n’as pas toujours demandé la permission, et personne ne s’est jamais plaint. Tu respires son odeur, comme un putain de came en manque.

– Tu me vois au bord du gouffre, moi qui te pensait complètement subjugué par ma prestance. mon charisme, mon charme fou. Jvais jamais me relever, tu le comprends ?

Tu souris sur son cou.

– Tu montes dans combien de temps ? Jpourrais regarder.

Autrement dit surveiller quelques heures que personne ne merde,puis, tu devras passer à une autre tâche qui t’es imposé. T’es efficace alors on oublie vite que tu es plus souvent ici que sur le reste.

Il y a un goût de passion et d’excitation à chaque fois, c’est presque grisant et totalement euphorisant. Aleksei est plus mature, il est plus âgé, il sait ce qu’il veut et surtout, le plus important, il sait comment s’y prendre. Billie Jean s’amuse de lui, avec lui et aussi pour lui parce qu’il n’y a rien de plus flatteur pour son égo que de sentir cet homme viril se tendre pour elle, n’attendre qu’elle, devenir presque fou pour elle. La blonde n’ignore pas son pouvoir d’attraction qu’elle a affiné avec les années à danser pour le regard masculin. Elle joue des paupières pour capter leur attention, elle roule des hanches pour garder leur intérêt et elle est littéralement payée pour qu’ils gardent les yeux braqués sur elle. Cela peut être flippant par moment, certains clients étant du jour à venir dans ce genre d’endroits par désespoir de ne pas voir la réalité venir à eux. Mais quand l’assemblée est intéressante, le jeu augmente et les filles s’amusent.

Tout comme Billie qui sourit en l’observant ronchonner à travers le miroir, peut–être parce que la réponse fut trop prévisible mais qu’elle ne peut pas lui donner le fait qu’il est le centre de son monde. Il a peut–être son cul entre ses mains mais elle reste indépendante, la sauvage délicate. Enfin, ce n’est pas ça qui l’empêche de sourire un peu plus quand Aleksei vient se poster derrière elle, l’emprisonner entre ses mains qui entourent sa taille d’une facilité déconcertante. O’Mara lui laisse même le plaisir de goûter son cou, glissant ses doigts dans ses cheveux pour accentuer sa pression. Après tout, elle aime qu’on la flatte.

Elle rit, un léger sifflement musical en guise de réponse de la longue agonie que vient de lui décrire son amant. « Si tu comptes pas te relever, je pourrai avoir mes wicked ways avec toi autant que j’veux. C’est presque tentant comme vision. » Billie se mordille la lèvre en imaginant la scène même si franchement, elle n’en aurait pas besoin. Pour preuve, elle se mouve légèrement contre lui avant de poser sa main sur la sienne et la faire glisser vers son entrejambe. Elle tourne la tête vers lui, une lueur de défi au regard. « Le temps que tu me finisses dans les règles de l’art. » Billie se repose contre lui alors qu’elle entraine leurs mains le long de sa cuisse. « Après tout, ça fait trop longtemps qu’on s’est pas vu. J’ai de la frustration à revendre, moi aussi. » Son ton est chaud et ses doigts contre la tignasse d’Alek se fait avec plus de force. Peut–être que ça ne fait pas si longtemps que ça mais toutes les excuses, même fictives, même mensongères, sont bonnes à prendre. « Tu pourras regarder ce que tu veux si t’y arrives. » Il n’y a rien qu’il ne connaisse pas d’elle, de toute façon. Chaque courbe lui est familier mais elle est épatée qu’il veuille encore la voir. Qu’il ne se lasse pas, qu’il trouve son intérêt. Tant qu’elle y trouve le sien aussi.

Elle joue la gamine, et toi, t’es vieux et faible, quand il s’agit de résister. Tu pourrais, si tu en avais envie. Tu pourrais si tu y mettais tout. Tu serais obligé, si on te l’ordonnait. Mais tu cède, chaque fois, sous ses doigts, ou sa peau. Son parfum, et là encore, elle en joue tellement la blondinette.

– Tu profiterais de moi, comme ça, sans aucun scrupules ?

Oh, tu pourrais retirer ce putain de sourire qui se colle sur ton visage idiot quand elle dit ça. Mais tu es pas contre cette idée, être à la merci. La seule personne que tu ne hais pas pour avoir un ascendant sur toi. La seule qui peut t’abattre d’un regard aussi. Sa main touche la tienne, puis, descend, sur elle. Elle arrive à un point ou tu sais qu’elle va faire une connerie. Tu dois bosser, tôt ou tard, tu devras quitter cet endroit, et elle. Tu ne pourras pas surveiller que les idiots ne reviennent pas. Que d’autres ne prennent leur place. Et tu devras faire avec l’idée que chacun des déchets qui viennent ici la reluquent sans vergogne. Elle n’est pas à toi, elle n’est à personne, mais tu hais qu’on puisse la regarder comme un paquet de viande. Les hommes d’ici te dégoutent, tu hais que tu l’ait un peu plus engrainé dans ce monde pourri. T’aurais ou l’en sortir, pas l’y pousser plus loin. Voilà qu’elle parle de frustration, d’envies, et ce son est doux à tes oreilles. Elle réveille aussi le joueur, le séducteur, mais aussi l’affamé que tu es. Elle a tes cheveux en main, et tu fermes les yeux, approchant ta bouche de son intimité doucement, et souriant. Tu t’étonnes de la douceur que tu mets dans tes mouvements, dans le mouvement de ta langue atteignant la peau fragile. Les mouvements aléatoires, tantôt doux, tantôt plus vorace, ta bouche vient goûter, aussi. Tes mains tiennent ses fesses, l’une d’elle presse. Son corps réponds à ses attaques insidieuses et tu te délectes dans ses réactions. Tu te demandes si ta moustache naissance la titille ou l’agace d’ailleurs. Tu t’égares, embrasse entre ses cuisses, puis revient à ton affaire, comme un gosse qui s’amuse avec son nouveau jouet, mais ce jouet là, tu as de plus en plus de mal à t’en défaire, ou à calculer les autrs jouets, et c’est plutôt dangereux.

« Tu profiterais de moi, comme ça, sans aucun scrupule ? »
Billie roule des yeux, un sourire amusé naissant sur ses lèvres. « Aucun scrupule. Je profiterai, j’userai et j’abuserai de toi, même. » Elle énumère avec un ton léger, n’y croyant qu’à peine mais caressant l’idée avec la légèreté d’une plume. Alek est le genre indomptable, il est fidèle à lui–même plus qu’aux autres et pourtant, elle se plait à croire qu’il pourrait être à sa merci la plus totale. Il faut dire qu’il ne lui laisse pas vraiment croire que c’est si infaisable que ça. Billie n’ignore pas que sa voix charmeuse ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd, que ses formes langoureuses ne sont pas offertes à la vue d’un aveugle. Elle en joue parce qu’il la laisse faire, parce qu’il n’a pas l’air de vouloir lui imposer de limite dans la tentation qu’elle peut représenter. Et qu’il représente aussi à ses yeux. Le grand loup qui est contraint et forcé de faire les sales besognes, la mâchoire carrée qui se crispe à chaque contrariété, le poing qui se serre quand ça ne va pas dans son sens. Oh, tous ces détails qui la font chavirer elle et qui l’entrainent à chaque fois à aller vers lui. Toujours prête à lui détendre les nerfs, à subir sa frustration jusqu’au plus profond des entrailles, à le faire venir juste pour avoir la satisfaction de le voir dans le moment le plus faible qu’il soit.

Mais là, c’est elle qui est faible. Il est à genoux devant elle, elle a la sensation d’avoir les reines mais dès l’instant où il pose sa bouche sur son intimité, les cartes sont sûrement remises dans l’ordre. Billie accentue sa pression sur ses cheveux, son autre main s’accroche au lavabo en face d’elle parce que ses jambes deviennent de la gélatine alors que son bas ventre s’enflamme. Oh oui, il n’avait pas fini le travail. Oh oui, qu’il va la satisfaire comme il le doit. Elle gémit, la gamine, elle ne retient rien. Sa moustache la chatouille, offre d’autres sensations mais ce sont ses lèvres, sa langue qu’elle ressent le plus. Son bassin se mouve contre lui, elle passe une jambe par-dessus son épaule pour lui faciliter l’accès parce que « si proche, Alek, si proche, oh putain. » Il dérive, elle a une plainte mais c’est encore plus délicieux quand il revient. Elle murmure son prénom au milieu des râles, son cœur battant bien trop vite, le suppliant de la libérer. Il est si bon avec elle, elle espère qu’il est satisfait du spectacle privé qu’elle lui offre. Pour lui, rien qu’à lui, juste pour lui.