BILLIE THE KID - you're the one you know ?

Voir débarquer ma coloc avait un goût d’étrange, j’avais d’ailleurs été tout sauf adorable avec elle et je m’en voulais, un peu. J’avais à travailler sur mes humeurs mais j’avais encore envie de cracher sur ces motards de merde qui se pensaient tout permis. J’étais furieux et tout le monde payait. Pourtant, levé ce matin, enfin, j’avais essayé, j’avais pu me souvenir à temps que le lendemain je devais voir Sally et que j’étais pas en état de la voir. Pas que j’en mourais pas d'envie mais elle prendrait peur et pire, les services sociaux pourraient décider que j’étais même pas digne de ces visites “sécurisées”. J’avais du coup, au lieu d’attendre d’avoir forme humaine, appelé tant bien que mal Billie. L’idée qu’elle me voit comme ça ne me plaisait pas plus que ma fille, mais j’avais pas le choix. Elle devait au moins voir un visage familier et ça calmerait les services. Il était encore tôt et j’avais essayé de m’habiller, enfin, j’avais enfilé une chemise n’importe comment mais ça me permettait de la garder ouverte. Le t-shirt c’était un level trop haut. En dessous, le pantalon on pouvait pas, mais un bas de pyjama ça passait, c’était pas agréable et douloureux mais on en meurt pars, right ? Par contre se contenter d’être avachi dans le canapé, clairement, seule solution pour pas jurer toutes les cinq minutes, chose que j’avais fait pour arriver ici. Lena était partie travailler et tant mieux, pas besoin d’avoir les deux sur le dos. Je souris, je ressemble à rien, j’en aurais ri si ça faisait pas aussi mal de le faire. J’entends la clé tourner dans la serrure, super idée d’avoir fait un double pour elle quand elle a besoin. Je ris à nouveau quand elle débarque et fait une tête de dix pieds de long.

– Hey girl. Promis, ça fait moins mal que ça en a l’air. Ok non en fait ça défonce mais bon, on peut pas y faire grand chose. J’ai un truc à te demander, viens là, je risque de rester collé à ce canapé, on vient de se marier. Juge pas, c’est un très bon canapé.

Il est chiant, Gabriel, quand il s’y met. Il est pénible, il est une épine dans son pied alors que Billie Jean avait seulement l’ambition d’aller faire un tour avec sa clope au bec avant de prendre son service au club. Mais non, Gabriel qui n’a de saint que le nom a cru bon de lui envoyer un message. Un défilé de mots plus ou moins compréhensible mais dont le message était clair : SOS. Et les SOS, Billie n’aime pas ça. Ce n’est pas quelque chose d’inné chez elle et elle jure entre ses dents tout en levant les yeux au plafond défraîchi. La piquante blonde est sûrement inquiète dans son for intérieur - parce que si Gabriel la contacte elle pour une urgence, c’est qu’il doit vraiment être au fond du gouffre - mais elle ne peut s’empêcher d’être agacée.

« J'devrai p't'être songé à me tattouer Mère Thérèse sur l'front, qu'es-ce t'en penses ? » Billie vient à peine de rentrer, Gabriel vient à peine de parler pour une quelconque défense - il la connait trop bien et il sait que ses yeux bleus sont en train de le juger et de le jauger durement à ce moment même. Alors il parle, le vieux, il fait défiler les mots mais à l’oral cette fois-ci et cela ne fait que pencher la tête de BJ qui ne cache même pas son exaspération. Quand bien même Gabriel a le visage à moitié défoncé et qu’il gît comme une larve sur ledit canapé. « J’veux même pas savoir c’que t’as foutu pour la nuit de noce avec. C'est propre, au moins? » Elle fronce du nez tout en se dirigeant à ses côtés sur le canapé.

Ses doigts se glissent sous son menton pour lever sa tronche cassée à ses perles bleutées durcies. « Shit, t’as foutu quoi pour avoir c’te gueule là ? » Quelle question. Ils habitent à Dublin, toutes les raisons sont bonnes pour tabasser quelqu’un. Gabriel n’est pas assez vil pour mériter une telle sanction ceci dit. Elle en a connu, des enfoirés, mais le plus âgé n’en fait pas parti. « Pourquoi tu m’as appelé moi ? T’as cru que j’avais un diplôme de médecine caché sous mon talon ? » Billie grogne mais Billie n’aime pas ça, ni la vision, ni l’image.

Je comprends pas vraiment de quoi elle parle mais il m’est arrivé souvent de me croire dans une autre dimension chez les o’mara. Dire qu’elles sont très vivante est un moyen soft de les décrire. Je fais abstraction de sa phrase, elle, mère teresa, je dis pas qu’elle est vilaine, juste que bon, elle est quand même franchement, bref, vaut peut être mieux pas aller sur ce chemin là. Elle un franc parlé et ça lui servira dans cette ville pour pas mal finir, même si je crois savoir qu’elle a des contacts intéressants pour éviter de finir six pieds sous terre ou autre. Voilà qu’elle répond à ma tentative d’humour comme si j’étais sérieux. Je souris, enfin, j’essaye, ça doit ressembler à une grimace hideuse en fait. Mais bon, c’est pas comme si j’étais sexy tout gonflé.

– Sally a mit des tas de saloperies là dessus gamine mais sinon non. Toi aussi je crois.

Je fronce les sourcils, même ça, c’est douloureux. J’aime pas penser à Sally alors que si elle me voyait elle se mettrait à pleurer ou serait triste. Pourtant je souris quand même, parce que c’est Billie. On est plutôt vache en paroles, mais c’est des mots, rien que des mots qui cachent le fait que dire des gentillesses on sait pas tellement faire.

– J’ai fait la connerie de défendre une femme, qui a priori avait pas besoin de mon aide. Ses potes motards ont décidé d'être sur que je recommence pas, un truc dans le genre.

Je fais pas de commentaires, ni que j’ai reconnu qui c’était. Ici, tu fais gaffe à ce que tu dis et pire quand tu as une ptite soeur grande gueule. même si elle en a pas besoin, je fais gaffe, je protège, à défaut d’avoir à protéger ma fille. Elle demande pourquoi je l’ai appelé, si c’est pour jouer les infirmière. je me mets à rire et manque de jurer parce que ça fait pas du tout du bien. Je regarde le platre que je me paye au bras et la regarde à son tour.

– Non, pas besoin d’une infirmière, mais… demain je suis censé avoir la visite avec Sally des services sociaux. Je peux pas y aller comme ça, je voulais te demander de.. Si tu pouvais y aller, idéalement avec Lee pour qu’elle soit pas déboussolée et surtout, ne pas dire à la dame l’état dans lequel je suis, officiellement, jsuis malade.

« Arrête de m’appeler gamine, t’es relou. » Elle grommelle dans sa barbe, Billie Jean, parce qu’elle n’aime pas quand il l’affuble de surnoms ridicules comme ça. Du genre qui la fait sentir plus petite, plus jeune, plus ignorante. Alors qu’elle ne l’est pas, ignorante. Au contraire, elle a même très conscience du monde dans lequel elle évolue. Le tout est de savoir prétendre d’ignorer ce que l’on voit. Ou ce que l’on entend. Mais parfois, c’est compliqué. Surtout quand on est nettoyeuse dans l’ombre. Et que ce ne sont pas du vomi ou des aliments ou encore des bactéries invisibles que l’on récure. Non, c’est encore pire s’il y a des membres à bouger, du sang à enlever et des armes à faire disparaitre. Même une simple aiguille, Billie a appris que ce n’est pas si évident que cela à cacher. Parce qu’au moindre écart, au moindre soupçon, on vous écarte en vous écartelant. Le contrat est clair et elle l’a signé de son propre sang, la gamine. Alors la ferme, Gabriel, la ferme. Je ne suis pas une gamine. C’est presque vulgaire et c’est carrément réducteur. La pauvre O’Mara qui veut se sentir comme une grande alors qu’elle retournerait volontiers en avance si on le lui proposait.

« Qu’est-ce t’es allé te mêler d’ça, aussi, hein ? C’est pas un champ d’bataille, ici, en tout cas pas celui dont t’as eu l’habitude. Arrête de jouer les preux chevaliers, for fucking god sake. » Billie passe une main dans ses cheveux tout en soupirant. Et elle soupire encore plus tout en s’enfonçant dans le canapé quand Gabriel lui explique la raison de son appel. Encore une nouvelle chose qu’elle n’aime pas faire, BJ. « Bah si, Gabichou, j’vais aller clamer à ces connards qu’on t’a explosé la gueule parce que t’as voulu faire une bonne action. Pourquoi ils le prendraient mal, hein ? » Parce qu’on prend tout mal, dans cette ville. Ce genre de choses fait peur et encore plus avec un gamin à charge. « T’es vraiment con, j’espère que t’en as conscience. » La blonde finit par sortir son téléphone pour y taper rapidement un message. « J’appelle du renfort quand même, j’veux pas que tu clames et qu’on me blâme pour ta mort prématurée. » Billie tape du pied contre la table basse avant de reposer ses yeux sur son interlocuteur. « T’as vraiment pas géré. Déjà que tu la vois pas beaucoup, ta gamine… Et puis, plus de temps tu passeras avec elle, moins d’temps tu passeras sur mon cul avec tes surnoms pourris. » O’Mara se lève pour se diriger vers la fenêtre afin de guetter l’arrivée de sa sœur - le renfort ou l’assurance, question de point de vue. « On pourrait p’t’être essayer de camoufler, nan ? » Elle se tourne vers Gabriel, observe sa posture avachie et au bord du (gouffre) canapé et elle secoue la tête. « Nope, c’pire que Bagdad sur ta face, y a rien à faire. »

Heureusement que j’ai un psy à qui je dis...rien, parce que je pense que le genre de remarques de la demoiselle ferait des ravages dans mon esprit. Je suis habitué, elle était même plus douce, avant. Mais je veux pas d’une petite nenette, elle se ferait bouffer ici. Elle mord et c’est très bien, dommage qu'elle mord aussi les “gentils”. Petite lionne qui rugit mais qui est pas si forte sous ses apparences de grande fille. C’est d’ailleurs comme ça pour toutes les O’mara, Dublin vous pousse à avoir de la gueule, mais au final, on est tous foutrement humain, moi le premier.

– Tu veux parler du mec que tu te tapes qui bosse pour les pires pourritures qui d’ailleurs fréquentent l'établissement où tu bosses ?

Elle dit qu'elle appelé du renfort. Autrement dit une de ses soeurs. donc potentiellement une emmerdeuse. J’ai pas l’air d’être sur le point de mourir pourtant, elle en ajoute des caisses pour m’embêter. Mais elle sait que je cesserais pas de boire ou de m’embourber dans des conneries tout autant qu’elle quitter pas son taf et cessera de baiser avec un type qui peut lui faire beaucoup de mal.

– J’agonise pas, arrête d’en rajouter. T’aime hein en ajouter pour te venger des remontrances que j’ai pu faire quand t’étais pas haute. En fait tu l'es toujours pas.

En vrai, elle est plus grande que moi. Mais elle sait que c’est pas petite en taille de toute façon. Puis ma taille n’a jamais été un frein, c’est même plutôt utile quand tu es avec des cons géants, ou pour se faufiler sur un terrain accidenté. Elle a raison, le champ de bataille c’est fini, mais mon cerveau l’a pas compris, ou j’ai toujours été doué pour les emmerdes. Je sais pas j’étais un gosse quand j’ai commencé.

– T’as demandé à qu.. Et merde.

Je vois débarquer la suivante sur l'échelle de naissance. Pas tellement plus adorable (mot qui n’existe pas des masses dans cette fratrie) et plutôt je rentre dedans comme un camion benne. J’aime la remarque sur ma tronche. Dommage, trop jeune pour la fessée. enfin, celle ci, l’autre je veux pas savoir. elles sont toutes vierges et pures, je continuerais de me mentir à moi même sur ce plan. Il parait que buter tous les types qui s’approchent de ces filles n’est pas très bien vu, ni par les flics ni les mafieux en fait. Ni par elles.

– Merci, et demande à la dame, jme répète pas. Et c’est bon, on a compris, je ressemble à rien, on passe à la suite où ? Si tu veux pas y aller Billie dis le tout de suite que je perde pas mon temps. Si tu crois que ca m’amuse. La nana qui se charge du dossier est pire qu’une vipère.

Je suis agacé, jsuis sérieux, mais elles sont en mode et si on emmerdait le grand frère adopté. Heureusement que je les aime à en crever, parce que parfois la noyade semble si douce et si entêtante, les noyer elle hein.

Billie roule des yeux avant de le fusiller du regard. « C’est pas tes oignons. » Et puis, comment il sait ça, Gabriel, d’abord ? Il n’est pas de cette trempe-là, il n’est dans ce jus, alors pourquoi est-ce qu’il lui balance ça comme s’il sait ? S’il y a bien un type encore droit dans ses pompes que la O’Mara connait, c’est bien Collinsworth et si lui commence déjà à fourrer son nez là où il ne faut pas et ses godasses là où elles n’ont pas lieu d’être, c’est certainement le début de la fin. Les choix qu’elle a dû faire pour tenter de s’en sortir, pour essayer au mieux de donner à manger sur la table, elle les assume. Alors Gabriel peut aller se faire foutre. Royalement et prodigieusement. Parce que ça ne le concerne pas outre mesure.

Billie Jean sort un rire sans chaleur avant de pencher la tête sur le côté avec un sourire (faux). « J’pourrai te taper sur la tête si j’le voulais, papi. Mais ouais, j’aime bien, faut bien se nourrir des p’tites victoires. » Même si franchement, elle s’en serait passée de le voir avec cette tronche déformée. Elle pourrait le maudire encore jusqu’au siècle prochain de s’être laissé pousser des ailes, le soldat. Aller souvent une fille, franchement, y a pas pire comme raison pour aller se faire tabasser. Comme si Gabriel est né de la dernière pluie. A peine ce dernier se remet à parler que la grande gueule de Poppy se fait entendre et Billie ne peut s’empêcher de rire - elle court, vraiment, c’est presque trop facile - tout en allant lui ouvrir. « Il s’est passé qu’il a cru qu’il était un de ces superhéros ou chai pas quoi et que sur Gabriel, foutre un slip par-dessus son pantalon, c’est vachement moins impressionnant. » Qu’elle répond son aînée avec un regard appuyé sur Gabriel avant de regarder sa sœur qui se dirige vers la cuisine pour aller piquer dans le frigo. « Ptain, Pops, j’t’ai pas faite venir ici pour picoler ou rapportes-en au moins une, espèce de crevarde. » Elle secoue la tête. « Quelle éducation foirée, j’te jures. » Qu’elle murmure à Gabriel.

Billie s’assoit sur la table basse en face du jeune homme (plus si jeune que ça, hein), posant ses bras sur ses cuisses et le scrutant (sérieusement cette fois). « T’as vraiment envie que moi, j’aille voir ta gamine ? Pourquoi Lee peut pas leur dire, à eux, que t’es pas dispo pour l’instant ? On peut leur dire que t’as tes règles ou pas ? » O’Mara pince ses lèvres pour étouffer son rire parce que sérieux, BJ, y a rien de drôle dans la situation actuelle. Elle lui tape sur le genou tout en essayant de reprendre des traits posés. « J’comprendrai toujours pas pourquoi c’te meuf t’aime pas. J’pense que tu t’en sors quand même mieux que sa mère, nan ? Ça me dépasse totalement, ce truc-là. Heureusement que j’veux pas d’môme, c’est bien trop compliqué, ces p’tites bestioles. »

Pourquoi j’ai appelé Billie déjà ? Pourquoi j’ai eu un jour envie de m’occuper de gamines de toute façon qui se débrouillaient presque sans personne. Pas parce qu’on est perdu qu’on est au courant, et ces gamines elles avancent comme elles peuvent et ont fait leur vie sans l’aide de personne a final. Tu dis pas que t’as rien fait pour, juste qu'elles avaient déjà la hargne pour s’en sortir, même si Dublin en  fait des gamines recraché dans l’immensité de la débauche du coin. Elles trimballent leur ptits cul et elles distribuent des patates, et t’es proud à fond. Sauf qu’elles ont tellement dû s'adapter que  tu as devant toi des ptites saloperies qui ne savent plus comment on parle aux gens qui ne trainent pas dans les bas fonds, ça, tu le déplore,s mais bon, au fond, ce sont des bonnes filles, sous la surface, la carapace bétonnée.

Tu sais pas précisément ce que fait ta plus grande, parce que tu veux peut être pas savoir, à part la danse dans cet endroit mal famé. Pour poppy, faut dire qu’elle s’en cache pas des masses cette fripouille. Pas une pour rattraper l’autre au fond. C’est toujours mieux que l’ainée, ton ex, qui s’est fait la malle. Voilà qu’elle parle de taper, heureusement tu sais qu’elle le ferait pas, tu le prendrais pas super bien en fait. Elle raconte à poppy un résumé bien  elle et tu roules des yeux à cette énonciation. Et elles s’envoient chier en coeur. Tout le monde est logé à la même enseigne ici.

– J’ai pas joué les héros. Et je mets pas de slip.

Elles vont grimacer, déjà elles faisaient semblant de vomir quand j'embrassais leur soeur, elles ont continué à réagir peu importe qui j’embrassais ou de quoi je parlais. En revanche tu trouves ça hideux un slip, tu me diras, il y a pire, ya les caleçons. Autant faire voeu de chasteté. T’es loin de l'avoir fait ! Billie parle d’éducation, et tu ris, tout en toussant parce que ça te fait mal de rire.

– Heu, tu veux dire ce que j'ai essayé d’intégrer dans vos cervelles de moineaux sans succès ?

C’est faux, mais tu le diras pas, elles méritent pas, tu boudes, voilà, à 40 piges, tu suis le mouvement de l’immaturité avec ces donzelles. Ca tient jeunes des pestes pareilles. Elle parle de la mère de Sally et tu es tout à coup tout raide, tu détestes en parler. Tu préfères encore avaler de la mort au rat. Ou mieux, lui en faire avaler ? Tu sais pas encore?

– Parce que Sally t’adore et que jte le demande, je crois pas te demander grand chose ? Et elle m’aie pas parce qu’elle se fout royal des raisons pour lesquelles notre vie est parfois moisie, elle voit que les conséquences elle. Sally l'appelle la sale bête. Ouais au moins ma gosse dit pas des gros mots comme d’autres hein ? Mais c’est pas demain la veille qu’on convaincra cette femme, donc bon. sinon j’y vais comme ça, t’en dis quoi ?

Que tu dis un peu agacé de tourner autour du pot, tu détestes déjà demander un truc p reil à Billie. Mais les services sociaux pensent déjà que tu es une merde, autant pas leur donner des munitions, surtout que tu vois un psy pour récupérer la petite.

– Jpeux demander à Pops mais j’ai peur qu’elles les fassent fuir. J’ai pas mes règles, et vous les avez depuis que je vous connais alors. Jpeux aussi vous dire de rentrer hein si jvous emmerde ?

Ouais, t’es le gars qui prends soin d’elles, pas le contraire, tu hais quand elles joues mes mamans. Votre relation est tout sauf saine mais c’est celle qui vous tient tous ensemble. Et là, tu es pas fier, tu es furieux, contre toi, alors c’est pas vraiment le jour ou ton humour peut supporter les frasques des deux blondinettes. Tu entends une autre voix, décidément, faut dire que comme la gamine a crié dans l’escalier, elle a pu rameuter l’immeuble entier. Non, juste la meilleure amie de Billie. Ou la voisine qui a finit par devenir une amie. C’est parfois étrange quand on sait que tu la vues en jupette gamine. Au moins ça en fait une qui a le respect de ses ainés. Elle demande si elle peut entrer.

– Apparemment chez moi c’est un moulin , donc viens. Plus on est de fous plus je gémis, non c’est pas ça ? Billie jpeux avoir à boire moi aussi ? Heureusement que vous êtes pas des infirmières hein.
Qu’est ce que tu deviens Détective ? Tu essayes d'arrêter les crétins de Dublin ? Fait un prix de groupe et prends la ville d’un coup, ya du choix.

Ouais, ton humour est absent ce soir, tu as juste envie d’aller te coucher, mais pas avant de savoir si Sally verra Billie. Parce que ta gamine elle sait pas, à quel point cete ville c’est d'la merde et tu veux pas qu'elle le découvre.

Il y a Pops qui en rajoute une couche et Ailla qui débarque de dieu seul sait où. C’est la porte ouverte à tous, il faut croire, il faudrait presque songer à mettre une pancarte à l’entrée pour montrer où se déroule la fiesta du moment. Billie a décroché à un moment, elle a seulement réussi à avoir l’intérêt de Gabriel pour qu’il lui donne un peu plus d’explications. Parce que le service qu’il lui demande, ce n’est pas rien et elle doute encore qu’elle soit la mieux placée pour faire bonne figure devant sa fille et encore moins dans les services sociaux. « Parce que Sally t’adore et que jte le demande, je crois pas te demander grand chose ? Et elle m’aie pas parce qu’elle se fout royal des raisons pour lesquelles notre vie est parfois moisie, elle voit que les conséquences elle. Sally l'appelle la sale bête. Ouais au moins ma gosse dit pas des gros mots comme d’autres hein ? Mais c’est pas demain la veille qu’on convaincra cette femme, donc bon. sinon j’y vais comme ça, t’en dis quoi ? » Billie passe sa main sur son front, l’autre amenant la bière à ses lèvres, lui laissant le temps de la réflexion. Encore plus de temps quand toute joyeuse bande réenchérit à sa façon sur l’idée aussi sordide qu’a pu avoir BJ en évoquant l’idée que Gabriel puisse être bloqué pour raison de règles.

« Billie jpeux avoir à boire moi aussi ? »
« T’as juste le poignet défoncé, pas handicapé, à ce que je sache. Chacun sa guerre, coco. »
Et pour prouver qu’elle ne bougera, elle s’affale dans le fauteuil, bien lourdement, bien comme il faut. Histoire de bien faire comprendre que non, elle ne jouera pas les barmans aujourd’hui. Ni jamais, d’ailleurs, elle n’est pas payée pour ça. « Arrêtez d’emmerder Ailla, bande de trou duc. » Entre Gabriel qui se moque et Pops qui en rajoute encore une fois, y en a pas un pour rattraper l’autre. Mais Ailla sait se défendre, comme toujours, et Birdie sourit, surtout pour elle–même, au goulot de sa bouteille, qu’elle mène à ses lèvres. Il serait assez ironique qu’elle coure après les méchants sans savoir qu’un de leurs est une de ses plus proches amies. « Ailla, tu tombes bien. Pour une fois que les cris de Pops servent à quelque chose. Tu seras de garde pour surveiller le vieux grincheux à la gueule déformée. » Puis elle soupire. « Si tu veux que j’le fasse, j’le ferai. Je sais pas en quoi c’est une bonne idée de m’envoyer avec ta gamine et les services sociaux mais si y a Lee, ça devrait pouvoir se faire. » Lee, elle devrait pouvoir gérer, pas vrai ? Elle espère parce que sinon, elles seront dans la merde toutes les deux.

Ses soeurs étaient pour le moins chiantes. Il les adorait, certes, mais il avait aussi des envies de meurtres assez souvent. Il devait se retenir de leur dire merde parfois et d’autres il savait qu’il était bien trop con. Elle se démerdaient pour survivre et il était celui qui en avait le plus besoin des derniers temps. Tout s’était cassé la gueule et il savait qu’il avait autant besoin si ce n’est plus d’elles. il savait qu’il aurait toujours la vérité, pas de faux semblant, et il aimait ça. Il leva les yeux au ciel à la remarque de Poppy. Poppy était un cas à part, comme toute cette famille certes, et il était toujours halluciné qu’elle soit toujours en vie. Elle avait un sale caractère, aucun doute.

– Ouais, on va dire ça. tu es un bisounours. Armé.

Il allait pas l’encourager non plus hein. Il comprit bien vite qu’il soulait clairement Billie et que sa bière, il pouvait se la foutre au cul. Il se mit à grogner, jurer, à cause de la douleur et se leva, plus ou moins stable pour aller se chercher sa bière.

– T’as raison tiens, même pas mal.

Qu’il dit de manière ironique et légèrement amer. Ailla répondit sur le même ton, bien que plus timorée et sérieuse que ses ptites soeurs impertinentes. Le respect était mort. Et enterré.

– Tous ? J’ai rien fait d’illégal moi, me confond pas avec ces mini terreurs des bacs à sable.

Il savait bien qu’elles étaient pas à sous estimer, surtout Billie qui frayait avec des forces qui le faisait cauchemarder. L’iée qu’un jour la mafia décide qu’elle était trop vivante à leur gout le terrifiait. Il avait également peur qu’un jour, Poppy s'attaque à plus gros qu’elle. Il mourrait d’un infarctus assez tôt pour pas le savoir tiens. Elle auraient sa peau. Billie le mit au rang de baby-sitté et il grogna en buvant sa bière. Mais dans un sens, il préférait que ce soit Ailla, elle avait des méthodes plus douces que ces harpies.

– Merci Billie.

Il était tout de même reconnaissant, elle râlait, mais elle le faisait, et Sally sauterait de joie de voir Billie. Ils étaient proches, très proches, et pourtant, il n'avait pas besoin de déverser tout un tas de niaiserie, son regard et le merci signifiait beaucoup, il y mettait tout l'amour qu'il avait pour cette blonde. Il se voyait pas dans un monde où elles n'étaient pas sa famille.