RIVER / death is in our cards

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Tes mains sont sales, le couteau également. tu le nettoie machinalement comme si rien n’avait de réelle importance. Ca n’en a plus pour toi. Un couteau est un couteau, un meurtre, un meurtre. Le type a pleuré, un peu, tu n’as pas bronché, pire, tu as souris. La plupart des gens qui te côtoient évitent ce sourire comme la peste. Quand tu ris, tous aux abris. Tu aimes le travail bien fait et souvent, c’est quand tu t’en charges, toi. Tu finis le nettoyage de ton couteau, tu laisses la scène aux professionnels. Tu n’es pas de ceux qui font un massacre, mais pas non plus de ceux qui nettoient derrière eux. Chacun son rôle. Le tien, c’est l’ange de la mort, tu ris quand tu entends cette appellation, c’est stupide et réducteur. Tu appelles ton équipe personnelle, les types que tu préfères sur tes scènes, et tu quittes la rue, enfin, presque. Tu n'as pas fait un pas, avec ta cane qui t'accompagne partout ou presque désormais, que tu tombes sur un flingue braqué sur toi. Ca aurait pu te faire sourire si tu ne reconnaissais pas les main qui le tiennent. River. Il fut un temps où tes lèvres auraient prit d’assaut les siennes et son corps aurait percuté le mur. Mais c’est un instant révolu et une bribe de ton passé enterré. Tu avances jusqu’à mettre ton corps contre le canon de l’arme. Tu souris. Sait elle que ton sourire ne vaut plus ceux qu’elle a connu ? Tes rires ? Sait elle que cette canne est un moyen de te souvenir que la douleur sera une partie de toi, que tu ne luttes même plus contre l'idée de n'être qu’un déchet humain à présent. La gueule de ton appartement en témoigne et pourtant, tu as pas de soucis d’argent. Non, tu en as juste plus rien à foutre. Et puis tu as une femme de ménage, ça aide, les jours ou ta carcasse gît dans ce lit vide et que tu n’essayes même pas de te relever. la douleur, ça va, c’est le reste qui pèse trop lourd sur ta vie. Ton corps a prit les blessures, les cicatrices mais quelque chose de pire s’est gravé dans ta chair.

– Tu devrais pas te promener dans le coin et montrer cette arme dans le coin. On t’a pas dit que c’est dangereux d'être flic ici ? Crime organisé hein ? Bonne chance. Par contre pour finir la bouche ouverte dans une ruelle, tu as choisi la bonne voie, Riv.

L’attaque, le cynisme, tu attaques en réponse à cette fureur qu’elle a créé en toi, à ce qu’elle a détruit. Tu ne sais même plus qui tu étais, parce que ce serait ressentir, et ça, c’est une chose que tu ne peux pas te permettre, parce que tu en crèverais. Si tu n’étais pas déjà mort.

21.05.20 14:29

death is in our cards alex & riv

La nuit est pratiquement tombée. La détective suit une piste depuis un certain temps, seule et vêtue en civil pour ne pas attirer les regards. Son insigne bien rangée dans la poche de sa veste en cuir, son Sig Sauer habilement planqué, elle est aux aguets, attentive au moindre son qui sortirait de l'ordinaire. Elle a conscience qu'elle ne devrait pas se montrer aussi imprudente. Les criminels sont partout dans cette ville. Des loups qui n'attendent qu'une demi-seconde de distraction pour se jeter sur leurs victimes, gueule ouverte et dents acérées. Mais elle n'a plus peur, Riv. Plus depuis longtemps. Parce qu'elle a déjà trop attendu, et désormais, absolument rien ni personne ne pourra la faire dévier du chemin qu'elle s'est tracé.

Elle tourne à un coin de rue, discrète, silencieuse. Elle s'arrête à quelques pas de sa destination. Une bâtisse presque en ruines que sa source a pu identifier comme étant l'une des planques de la mafia. Elle ne sait pas ce qui se passe derrière ces murs décrépis, mais elle compte bien le découvrir. Elle s'apprête à se rapprocher lorsqu'une voiture aux vitres teintées s'arrête juste devant la porte. Et merde. Elle pensait être seule, avoir le loisir de fouiller sans qu'on ne vienne la déranger. Manque de bol, elle a choisi le mauvais jour. Toujours dissimulée par le coin de l'immeuble d'en face, River observe. Plusieurs personnes pénètrent à l'intérieur, un lourd matériel entre les mains. Mais qu'est-ce qu'ils fabriquent ?

Elle a presque décidé de faire demi-tour et de retenter sa chance plus tard quand un visage familier entre dans son champ de vision. Et son cœur manque un battement. Alex. Douze ans sans nouvelles, sans avoir cherché à en avoir. Il l'avait trahi. Elle ne pouvait pas l'oublier, jamais. Qu'est-ce qu'il fout là ? Elle n'arrive pas à en croire ses yeux. Tout tend à prouver qu'il bosse encore pour la mafia. Ne l'avaient-ils pas envoyé dans un ravin ? Et son meilleur ami, son frère à elle, six pieds sous terre ? La rage envahit Riv et sans même réfléchir, elle quitte l'ombre protectrice de sa cachette, dégaine son arme et la pointe sur lui.

Loin de se laisser impressionner, il ose un sourire et se rapproche, posant son front contre le métal froid. « Tu devrais pas te promener dans le coin et montrer cette arme dans le coin. On t’a pas dit que c’est dangereux d'être flic ici ? Crime organisé hein ? Bonne chance. Par contre pour finir la bouche ouverte dans une ruelle, tu as choisi la bonne voie, Riv. » Elle est sonnée. Rien n'indique qu'elle fait partie de la Garda. Comment il sait ? Comment il sait, putain ? Blessée jusqu'au plus profond de son âme, elle garde néanmoins la tête haute et laisse même échapper un petit ricanement moqueur. « Parce que tu t'imagines que t'auras droit à un destin moins funeste ? Je peux pas croire que tu bosses encore pour ces raclures après ce qu'ils ont fait à Dev. Après ce qu'ils t'ont fait. » Elle crache ses mots plus qu'elle ne les dit, Riv, sa main toujours bien ferme sur la crosse. Elle n'a pas droit à l’erreur. Car qui sait ce qu'Alex est devenu ? Ce qu'il serait capable de faire ?

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Elle a prit du galon, plus de courbes tu as l’impression, ou c’est juste que tu l’as pas vue depuis longtemps. Tu la reluques sans aucun scrupules ? Tu as posé tes mains sur sa peau, embrassé chaque parcelles de celle ci. Elle t’accuse, elle remue la merde la River. Elle a honte d’avoir connu ce que tu étais. Ce qu tu es devenu. Elle comprend pas la jolie brune, pourquoi t’es encore là, pourquoi tu es toujours parmi eux. Tu ris, tu éclates de rire en fait. Elle est si loin du truc, et pourtant elle est censée bosser pour les gens qui mettent les mafieux en prison et elle sait pas le plus basique. Peut être qu’elle rêvait éveillé. Qu’elle veut pas penser au fait qu’on sort pas de là, pas vivant. Tu enfonces un peu plus le canon sur toi pendant qu’elle parle. Tu grimaces de manière presque imperceptible. Parfois tout revient, et les douleurs avec. Tu aurais pu avoir des tas d'opérations, des kiné à la pelle etc, mais tu préfères qu’on te rappelle l’ordure que tu es. Même si t’es pas conscient que tu le fais au final. T’as fait avec, quiconque a eut affaire à lui sait que ça ne l’handicape pas.

– Tu plaisantes ? Ils prennent n'importe qui là bas en fait. Je devrais peut être pas nettoyer derrière moi. Tu n’as pas encore pigé ? Il est mort parce qu’il voulait en sortir. Je suis pas mort, alors j’en suis toujours. Jusqu’à ce qu’on m'arrange ça. Tu veux t’en charger Riv ? Vas y. Tire. Toujours en black and white hein ? Réveille toi, regarde autour de toi, le gris nous entoure, et quand la mafia t’as, elle te laisse pas. Allez, libère moi. Qu’on rigole. Tu vas tirer ? On joue à ça ?

Tu sors ton flingue à toi et tu le braques sur son coeur. C’est peut être symbolique, t’en sais rien, mais là, de suite, tu trouves ça très drôle. Tu finis par lui jeter son arme au sol et la porte pour la colle au mur, ta main enserre sa gorge, l’autre lui mets le flingue et le colle contre son ventre. Tu enlèves le haut de ton t-shirt, révélant le nombre de cicatrices. Pas besoin d’être intelligent pour piger que certains sont plutôt louches pour un “accident de voiture”. Tu lui fais toucher de ses doigts, tu cherches. Peut être que que ça te rend fou son côté intègre malgré tout, sur ses grands chevaux. Sentir ses doigts sur ta peau te rend peut être un peu fébrile aussi.

– A ton avis, on a ce genre de traces pour un accident ? T’es si stupide Riv ? Regarde, observe, c’est des traces de quoi là, ou là ? Tu croyais quoi, qu’ils se contentent de te buter ? Non, ils te marquent, il te tranchent, ils te déchirent, pour que si jamais tu as la malchance de survivre, tu t’en souviennes. Ce serait con que tu oublies non ? Regardez Riv la justicière qui va sauver Dublin, c’est beau de rêver. Tout ce que tu gagneras c’est une mort rapide ou une jolie torture qui dure des heures, peut être même que ce sera à moi de le faire, tu aimerais ? T’as des préférences ?

Dis tu en enfonçant son flingue sur ton ventre un peu plus, en passant tes lèvres à quelques millimètres de son visage toujours en coupe dans ton autre main. Tu lâches son visage et restes planté là un des types qui t'accompagne te rend ta canne. Tu pourrais boiter ou être vouté ou dieu sais je, mais non, tu te tiens droit comme un I, parce que tu ne te laisses jamais aller en public. Pourtant elle exacerbe tes pulsions, elle.

21.05.20 19:30

death is in our cards alex & riv

Elle prend une courte seconde pour détailler les traits de son visage, plus marqués que dans ses souvenirs. Mais c'est tout. Douze ans et il n'a presque pas changé. Douze putains d'années et il éveille en elle le même trouble que dans ses souvenirs. Elle ne laisse rien paraître, ce serait la pire des erreurs. Pourtant, Dieu ce qu'elle est perdue, River. Plus que jamais. Elle vient de passer une éternité à le haïr, et il aura fallu un unique regard pour que tout s'écroule. Elle avait joué cette scène de retrouvailles des milliers de fois dans son esprit. Elle prévoyait de lui balancer ses mensonges à figure, ceux qui restaient encore en suspens parce qu'elle avait été trop faible pour les déceler à l'époque. Elle voulait lui dire combien il lui avait fait mal. Vas-y, bon sang. Il le mérite, tu sais qu'il le mérite. Mais en cet instant précis, alors qu'il se tient à quelques pas seulement d'elle, River a perdu toute force. Elle ne doit son salut qu'à l'entrée en matière d'Alex. Cinglante, inattendue, douloureuse. Ses mots lui redonnent l'énergie nécessaire pour lui répondre et, peu à peu, River sent la colère monter en elle. Le choc de le revoir après plus d'une décennie est passé. Seule l'amertume subsiste.

« Tu plaisantes ? Ils prennent n'importe qui là bas en fait. Je devrais peut être pas nettoyer derrière moi. Tu n’as pas encore pigé ? Il est mort parce qu’il voulait en sortir. Je suis pas mort, alors j’en suis toujours. Jusqu’à ce qu’on m'arrange ça. » River n'en revient pas. C'est donc ça, son excuse ? Il est trop lâche pour les abandonner sous prétexte qu'ils lui feraient subir le même sort qu'à Devon ? Alors il préfère bosser pour eux, quitte à être le pire des pourris ? « Tu veux t’en charger Riv ? Vas y. Tire. Toujours en black and white hein ? Réveille toi, regarde autour de toi, le gris nous entoure, et quand la mafia t’as, elle te laisse pas. Allez, libère moi. Qu’on rigole. Tu vas tirer ? On joue à ça ? » Riv n'a même pas l'occasion de réagir : Alex dégaine sa propre arme et braque le canon sur elle. « Arrête ça, Alex. Arrête ça tout de suite. » Elle sait qu'elle déconne complètement. Face à son manque de réaction, il aurait déjà eu le temps de lui coller trois balles dans le corps. Seulement, elle a espoir - le fol espoir - qu'il en soit incapable.

Riv ne tarde pas à découvrir qu'elle fait erreur. En un geste rapide comme s'il était habituel - ce qui est sûrement le cas - il lui fait lâcher son Sig Sauer qui termine sa course sur le macadam au moment où elle est plaquée contre le mur du bâtiment, une main d'Alex lui enserrant la gorge, l'autre enfonçant son flingue dans son abdomen. Finalement, il relâche la pression, en profitant pour relever son t-shirt. « A ton avis, on a ce genre de traces pour un accident ? T’es si stupide Riv ? » Elle voudrait lui hurler qu'elle avait fini par comprendre seule, elle voudrait riposter comme elle le fait si bien d'ordinaire. Alors pourquoi je peux pas ? Indifférent au combat intérieur de Riv, Alex continue sur sa lancée, lui rappelant qu'en essayant de faire le bien dans cette ville gangrenée, elle ne récolterait qu'une mort certaine. « Lâche-moi. » Est sa seule réponse. Ferme, concise. Un premier et dernier avertissement pour lui. Un mot de courage pour elle-même.

Contre toute attente, il obtempère. Un sous-fifre lui tend une canne qu'il attrape. Ce qui ne l'empêche pas de rester immobile, ses iris dardés dans ceux de la détective, leurs visages à une dizaine de centimètres l'un de l'autre. Le cœur battant, River reprend enfin le contrôle de ses muscles, et repousse Alex d'un mouvement brutal. Ses quelques pas en arrière pendant qu'il retrouve son équilibre donnent l'occasion à Riv de récupérer son arme de service. Mais elle la laisse baissée. Elle a compris qu'il ne la tuerait pas. Pas aujourd'hui. Sinon, elle serait déjà morte. « Tu as raison, Alex. J'ai été stupide, aveugle. Parce que je t'aimais. » Elle a mal, si mal de devoir replonger dans le passé, dans ce qu'ils avaient été. Ce qu'ils ne seraient plus jamais. « Mais rassure-toi. J'ai ouvert les yeux, maintenant. » Elle écarte les bras, offrant une cible parfaite. « Descends-moi, Alex. Descends-moi tant que tu le peux, parce que si tu ne le fais pas, je peux te promettre une chose : tu finiras ta misérable existence derrière les barreaux. Et je m'en assurerai personnellement. » Elle secoue la tête, impuissante, avant d'achever d'un ton résolument plus calme, à la limite du murmure. « Dev se retournerait dans sa tombe s'il voyait ce que t'es devenu. » Sans plus attendre, elle fait volte-face puis commence à s'éloigner, sentant les larmes lui monter aux yeux.

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La plupart des situations complexes et pleines d’émotions sont plutôt cocasses avec le recul désormais. Tu ne vois plus les choses de manière dramatiques. Tu t’en fous. Peut être parce que tu sais que tu ne la tueras pas, pas plus qu’elle ne le fera. Même si elle pouvait, ce dont tu doutes, te mettre en prison, tu sais aussi que tu es protégé. Elle aime pas, être acculée, elle aime pas, que tu domines la situation, parce qu’elle est forcée de réaliser ce que tu es désormais. Ca se voit, elle essaye de faire la part des choses, sans grand succès. Toi, tu es passé à autre chose, pour survivre à toute cette merde, t’as du le faire, pour pas tomber à genoux. Elle ne comprendra pas, et en un sens, tu ne t’y attends pas. Tes draps sont désormais pour d’autres. Elle ordonne presque de la lâcher, elle ne dit rien, pourtant, tu les as vu ses yeux sur les cicatrices. Tu sais qu’elle aurait presque ravaler sa salive, si elle avait l’intention de montrer la moindre faiblesse devant lui. Elle n’a pas changé sur ce point là. Pourtant, quelque chose t’intrigue, elle est toujours là, elle a pas tiré, tu n’es pas au sol. Alors, tu veux jouer sur le fait qu’elle se retient, elle. C’est là qu’elle décide de te pousser, tu manques de finir au sol, pourtant, tu es agile, du moins autant que tu peux, mais tu ne t’y attendais pas, d’elle. Intéressant. Voilà qu’elle sort le laïus, et que tu lèves les yeux au ciel. Elle parle beaucoup, pour ne rien dire. Tu sais, tout ça, il semble qu’elle essaye autant de te convaincre que de se convaincre elle on dirait. C’est presque marrant, ou pathétique. Tu la regardes déballer et tu ne bouge pas d’un pouce. Tu la vois s’éloigner, tu sais déjà pourquoi, ça prendrait avec quelqu’un d’autre, mais tu l’as eu dans la peau, quoi qu’elle en dise. Tu la rejoins, sans courir, tu l’attrapes par derrière et la coince contre toi et souffle doucement dans son oreille.

– Tu veux me mettre en prison ? Essaye. Tu penses que je fabule ? Je ne suis pas arrogant, je sais, que je n’irais ni dans ta cellule ni ailleurs. Je te tuerais pas, tu le sais, sauf si on me l’ordonne. Et encore, ça se discute. Tu veux jouer la leçon de morale, soit, mais ton frère voulait de l’argent facile et n’a jamais compris que la mafia, c’est pas un camp de vacances. Donc retiens que si j’en sortais, je crève, si je finis en prison, je crève aussi. Tu veux ma mort ? Alors pourquoi tu n’as pas tiré ?

Et tu la relâches à l’instant. Une part de toi a légèrement été ébranlé par l’éventualité de larmes. Mais la majeure partie sait aussi que tu n’as plus ni ce privilège ni le luxe de penser à ça. Elle est l’ennemi, tu espères juste que ce n’est pas toi qu devra la tuer.

22.05.20 13:48

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Elle marche sans se presser, sans se retourner non plus. Elle doute qu'il la rattrapera. Pourquoi le ferait-il ? Ne vient-il pas de se montrer assez clair dans cet échange inattendu et tout aussi houleux ? Elle a cruellement besoin de rentrer chez elle, de se retrouver seule pour faire le point. En revenant ici, en prenant ce poste presque deux mois plus tôt maintenant, elle ne pensait pas le revoir. Qu'il ferait encore partie du paysage de la ville, et encore moins de celui de ses ennemis. Compte tenu de ce qui s'était passé douze ans auparavant, une part d'elle le pensait mort. Définitivement assassiné par la mafia, comme ils l'avaient prévu. Une autre part croyait qu'il pouvait avoir survécu, que son oncle l'aurait aidé à fuir, vite et loin. Mais jamais, jamais Riv ne se serait doutée qu'il avait pris encore plus de galons. Qu'il deviendrait un homme mauvais, un criminel endurci. Quelle part d'obligation, quelle part de choix avaient pu mener à cette cruelle réalité ?

River sent des pas se rapprocher. Une présence derrière elle. Son cœur a envie d'accélérer le pas, de fuir avant qu'il ne puisse lire la douleur sur son visage, mais son corps refuse de répondre. Alex lui attrape le bras, la force à faire demi-tour et lorsque ses lèvres se rapprochent à nouveau de son oreille, elle peine à ne pas défaillir. Cette proximité qu'il lui a déjà imposée par deux fois ce soir la tue à petit feu. Mais c'est un sentiment qui ne dure pas. Car Alex semble toujours avoir les bons mots pour raviver la flamme de la haine. Il la défie de le mettre en prison, comme s'il prenait ça pour un simple jeu, avant de préciser qu'il respecterait une règle : ne pas la tuer. « Tu veux jouer la leçon de morale, soit, mais ton frère voulait de l’argent facile et n’a jamais compris que la mafia, c’est pas un camp de vacances. » Les yeux de la détective brillent encore seulement cette fois, il ne s'agit pas de larmes, il ne s'agit pas de peine. La colère l'envahit, emportant tout sur son passage. De quel droit Alex vient-il s'en prendre à Devon, cet homme qui l'adorait, qui l'admirait, au point de le suivre jusqu'en enfer ? « Donc retiens que si j’en sortais, je crève, si je finis en prison, je crève aussi. » Oh ça non. Contrairement à ce qu'il avait supposé, elle n'avait rien de stupide, Riv. Elle avait grandi, mûri, appris tous les rouages de sa profession. Lorsqu'il sera enfermé entre quatre murs, elle s'assurerait que personne ne puisse l'en faire sortir, vivant ou non. « Tu veux ma mort ? Alors pourquoi tu n’as pas tiré ? »

Il se recule légèrement et la lâche. Elle ne le quitte pas du regard, conservant un sang-froid inébranlable en dépit du fait que ses pensées et ses mots soient en parfaite contradiction. Parce que j'en suis incapable. « Parce que la mort te serait bien trop douce. » Elle le voit flancher, une micro-seconde, pas plus. Il a cillé. L'espace d'un très court instant, ses yeux azur ont disparu derrière ses paupières. Est-il choqué de la réponse de Riv ? Qu'elle ait tant changé en douze ans ? Qu'elle soit capable d'une telle dureté ? Elle sonne faux, pourtant. Pas pour Alex, non, Riv sait jouer son rôle. Dans le cas contraire, elle serait la plus mauvaise flic de la Terre. Mais pour elle-même. A son tour, River se rapproche, lentement, et sa voix se fait plus douce. « Dis-moi qu'il est mort. Dis-moi qu'il est vraiment mort, cet Alex que j'ai connu, que j'ai aimé de toutes mes forces. Regarde-moi dans les yeux, jure-le-moi, et la prochaine fois que nos chemins se croisent, je te promets que je tirerai. » Elle est si proche de lui qu'elle peut sentir son souffle. L'odeur de sa peau. Une odeur dont elle aimait s'enivrer à une époque qui, soudainement, ne lui semble plus si lointaine. Sentant le trouble revenir en force, Riv esquisse un léger pas en arrière. Son regard, en revanche, est toujours plongé dans celui d'Alex. Elle espère qu'il la détrompera. Pas seulement parce qu'elle crève de l'entendre, mais aussi parce qu'elle ne lui a pas menti. S'il lui donne la preuve indiscutable, ici et maintenant, que l'ancien Alex n'est plus là et ne reviendra jamais, alors il ne lui restera qu'une chose à faire. Et elle est certaine d'y arriver.

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Une part de toi veut qu’elle s’en aille. L’autre part, s’en moque. Une part de toi veut la pousser à bout, découvrir si elle pourrait le tuer. L’autre ne sait pas s’il survivrait à cette idée. Les deux disjonctent dès que tes yeux se posent sur elle. Parce que c’est elle et aussi loin que tu aies enfouis ton humanité, elle est juste devant toi, la seule part de toi qui n’est pas pourrie. Elle dit que la mort serait plus douce, pas sur, tu finirais par la trouver là bas, la mafia ne risquerait pas de laisser un homme qui en sait autant vivant. Elle aurait été démantelée depuis long et l’armée aurait débarqué si c’était le cas. Mais tu restes curieux, tu joues, tu pousses, tu ajoutes, comme un gamin qui vérifie si les limites imposées vont rester là. Tu sais que la mention de son frère l’a ébranlé, toi, tu as passé outre, tu n’y penses plus elle est désormais la seule qui peut allumer ce qui s’est éteint en toi. Tu as effacé toute pensée de celui que tu as tué, parce que ce jour là est un souvenir qui te hanterait et te mettrait à genoux. Elle finit par te demander de but en blanc si ce que tu étais est encore là. Si tu es si gone qu’on peut le croire. Tu souris, tu ‘approches un peu plus et souffles à son oreille. Tu as remarqué que les gens paniquent quand tu fais ça. que c’est flippant, et tu aimes jouer les croquemitaine. même si tu ne tues pas aussi souvent qu’on le pense et que tu le fais dans un but précis aussi.

– Je vais te donner mieux que ça. Le Alex que tu as connu était une blague, une histoire inventée de toute pièce. Tu veux savoir comment Dev est mort ? On m’a demandé de le tuer. Bien sur, idiot, j’ai refusé. On a insisté. Beaucoup insisté. Et ma main a tiré. Je dois avouer que j’étais plus vraiment très vivant à ce moment là et ma main plus très fonctionnelle, mais bon, c’est une broutille ça non ? J’ai tiré. Et il s’est affaissé. Et ensuite ils ont dû trouver que je faisais un témoin gênant. Faut dire que couvert de sang et à moitié dézingué, ça faisait un peu tache. Tu sais combien c'est dur de tuer un homme quand ton corps te lâche ? Les entraînements c'es plutôt compliqué. Tout te fait mal à en hurler, mais bon, c'est ça ou crever.

C’est un mensonge tu le dis comme si ça ne t’avait rien fait, mais tu étais dans un état lamentable quand ta main a traversé réellement son ventre avec ton couteau. La balle, c’était pour faire un genre de scène, ils ont tiré après, tu n’as pas pu. Et ce que tu as ressenti n’a plus de raison d’être pour survivre. Parce que tu te souviens le sang, les entrailles, le corps qui lâche, le souffle court, le coeur qui lutte pour pas lâcher. Coeur qui a dû être relancé dans l’ambulance, après l’accident. La seule chose qui reste c’est ton corps meurtri qui te rappelle que tu es devenu un autre ce jour là et que tu ne retourneras pas en arrière. On sort pas de là vivant, tu ne te fais pas d’illusion, pas plus que tu t’en es fait à l’époque et que tu as supplié Dev d'arrêter de croire au père noël.

22.05.20 18:42

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Pour la toute première fois de son existence, elle espère se tromper, Riv. Elle veut avoir tort. Elle veut voir cette étincelle dans ses yeux. Celle qui lui prouverait que son Alex existe encore. Pourtant, elle avait fait son deuil de ce petit garçon qui la protégeait à l'instar de Dev dans son rôle de grand frère, de cet adolescent qui lui adressait parfois des regards équivoques, de ce jeune adulte qui adorait lui présenter ses dernières conquêtes dans l'espoir de la rendre jalouse. Mais surtout, elle avait fait le deuil de cet homme qui l'avait aimée et désirée comme personne d'autre n'aurait su le faire. En réalité, River ne pensait pas le revoir. Et si elle avait appris sa mort un beau jour, en feuilletant un dossier de la Garda ou en parlant à une vieille connaissance en commun, elle n'en aurait été affectée que modérément. Du moins c'est ce qu'elle s'imaginait. Seulement là, alors qu'il se tient si proche d'elle, elle réalise qu'elle s'est trompée, encore une fois. Et c'est pour cette raison qu'elle le supplierait presque de lui dire ce qu'elle veut entendre. Pour ne pas avoir à commettre l'irréparable. Car si elle doit en arriver là, elle n'est pas sûre de pouvoir se relever d'un tel acte.

Alex couvre la courte distance qu'elle vient d'imposer entre eux. Son coeur se met à battre plus fort. Elle a compris qu'il ne lui donnerait pas ce qu'elle désire. Bien au contraire. « Le Alex que tu as connu était une blague, une histoire inventée de toute pièce. » Riv se refuse à le croire. Ce qu'ils partageaient par le passé était réel, authentique. Ils avaient grandi ensemble. Ils avaient vécu trop de choses tous les deux. Tous les trois. Elle ne peut se résoudre à considérer ces souvenirs comme des écrans de fumée. Sans vraiment s'en rendre compte, elle secoue la tête, dans le déni le plus total. Alex est cependant loin d'avoir terminé. « Tu veux savoir comment Dev est mort ? On m’a demandé de le tuer. Bien sur, idiot, j’ai refusé. On a insisté. Beaucoup insisté. Et ma main a tiré. » Le reste n'est qu'une suite de mots inintelligible. Elle aurait pu être sous l'eau que le résultat n'aurait pas été différent. Les lèvres d'Alex bougent encore, et Riv est incapable de leur prêter la moindre attention. Elle est sonnée, hébétée. L'espace d'un instant, elle reste là, immobile, avant de faire plusieurs pas en arrière cette fois, ressentant un besoin aussi soudain que viscéral de s'éloigner d'Alex.

« Tu mens. » Un simple murmure, les yeux au sol. La manifestation de ses propres pensées. Puis, elle regarde à nouveau Alex et répète, un peu plus fort, un peu plus durement, telle une sommation. « Dis-moi que tu mens ! » Elle cherche le cillement de tout à l'heure, la preuve qu'il lui raconte n'importe quoi juste pour lui faire mal. Elle cherche mais elle ne trouve rien. Rien d'autre que la vérité. Sa respiration s'accélère subitement, les larmes montent et au moment où elle dégaine son arme, visant Alex pour la seconde fois en une poignée de minutes, les premières commencent à rouler le long de ses joues. Chaudes. Brûlantes, même. Elles ont le goût d'une douleur extrême, inimaginable. « T'as pas fait ça, Alex. S'il te plaît. Dis-moi que t'as pas fait ça… » Dis-le-moi, avant que ma vie entière ne s'écroule, et qu'il ne reste plus rien. Au fond d'elle, pourtant, elle sait. Elle sait qu'il a tué son frère. Elle le lit dans son regard désormais vide, dénué d'âme. Riv n'a plus le choix. Elle laisse échapper un sanglot, assure sa prise sur la crosse de son Sig Sauer, et se prépare à presser la détente.

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Elle veut que tu mentes. Que tu lui donne une vérité tronquée, pourtant, tu ne veux pas mentir. Pas que tu sois foncièrement honnête et que tu veuilles te confesser. Non. Tu veux qu’elle comprenne qu’on revient pas de ça et que tu ne veux pas qu’elle essaye de chercher le bon en toi. Même si il avait une petite chance d’un “eux”, tu sais que c’est pas en mentant. Il faut qu’elle se rende compte de sa connerie. Qu’elle soit devant le fait accompli. C’est ainsi que tu es devenu et qu’elle ne veuille pas de ce déchet humain, ok, mais qu’elle n'essaye pas de trouver en toi un passé que tu veux détruire à tout pris. Le type qui avait des sourires à tout va, qui la serrait dans ses bras, tu ne peux pas, plus. Mais tu le sais, tu n’es pas idiot, elle ne s’y fera jamais, pas plus que tu sortiras de l’emprise des types qui t’ont amené à supplier à genoux de ne pas tuer son ami, de le tuer lui. Ils voulaient lui faire comprendre, tu es à elle, cette mante religieuse qui te prend le corps et recrache la tête. Et elle est pas prêteuse, plutôt possessive. To bad darling, he’s not here. Tu vois l’arme grimper et viser ta poitrine. Tu te ris d’elle, tu sais qu’elle ne tirera pas. Elle peut pas, elle. Et si tu étais honnête, tu sais que tu ne peux pas. Pourtant, l'adrénaline, la curiosité, tu veux la pousser dans ses retranchements. Alors tu pousses le bouchon et maurice c’est plus une mousse qu’il mange c’est le rayon yaourt.

– Tu sais quoi, oui j’ai menti. La mafia lui a mit une balle dans la tête, mais il était déjà mort. Ils ont tranché assez pour que je sois à terre, alors j’ai fait avec mon couteau. J’ai passé sa lame dans son corps au sol. Et j’ai attendu qu’ils en finissent. Ils aiment le dramatique, les mises en scènes. Ils ont raté, jsuis pas mort, il aurait peut être fallu. tu vois, ya plus rien du passé, juste toi et tes rêves. Regarde à tes pieds, ils viennent de finir en cendres. Fous moi la paix. La morale sauve personne dans cette ville.

Et tu fermes les yeux.

23.05.20 10:42

death is in our cards alex & riv

Alex laisse échapper un rire franc, un rire moqueur, alors que l'arme de la brunette le vise pour la deuxième fois. De toute évidence, il la pense incapable de tirer. Est-ce parce qu'il la considère encore comme la douce architecte en devenir, qui n'avait jamais tenu un flingue entre ses mains ? Ou est-ce parce qu'il est convaincu que son métier l'a rendue trop réglo pour assassiner un autre être humain, sauf en cas de légitime défense ? Ou bien peut-être qu'elle n'appuiera pas sur la détente simplement au nom de ce qu'ils étaient, par le passé. De ce qu'ils ont vécu ensemble. En cet instant précis, il n'a absolument aucune idée de combien il se trompe. Comment peut-elle le laisser s'en sortir en sachant ce qu'il a fait à son frère ? Tant d'années perdues. Tant d'années à espérer retrouver le coupable et lui faire payer son acte au centuple. Elle ignore pour quelle raison cette vérité ne ressort qu'aujourd'hui, bien qu'elle ait ses propres hypothèses, mais dans le fond elle a conscience que ça ne change rien. La seule et unique chose qu'elle voit, c'est que l'homme qui a tué Devon se trouve juste sous ses yeux, enfin. Et qu'il n'est plus Alex. Il n'est qu'une coquille vide. Un criminel comme un autre.

Il le lui prouve encore en lui donnant des détails qu'elle n'avait pas réclamés. Qui la heurtent de plein fouet. Elle a mal, tellement mal que ses larmes n'ont plus aucune retenue. Elle devrait s'en vouloir de craquer autant devant Alex, de se montrer aussi faible, aussi émotive. Pourtant, ce n'est pas le cas. Et en vérité, c'est même tout le contraire. Il a détruit son existence. Il l'a forcée à abandonner ses rêves, à enfiler un uniforme de la Garda, à vivre, manger et dormir avec un but en tête : la vengeance. Il mérite d'être témoin de ce qu'elle est devenue. Elle le jure : la douleur qu'elle ressent, dont il est le principal responsable, sera l'ultime scène à laquelle il assistera avant de rendre son dernier souffle. Ainsi, les doigts de Riv réaffirment leur prise sur le métal de son arme. Son index frôle la gâchette. « Tu n'est plus qu'un monstre. Un monstre qui ne mérite pas d'être encore en vie. » Sa voix est ferme, dure, et laisse déjà présager de ses intentions. « Ça, c'est pour Devon. » Le coup de feu part. Un claquement dans l'air. L'odeur de la poudre brûlée. Alex lâche sa canne, porte ses mains à son ventre dont le sang commence à s'échapper. Riv a juste le temps de croiser son regard et de lire le choc dans ses yeux. Bientôt, des pas pressés se font entendre. Ceux de ses collègues de la mafia. La détective sait qu'elle n'a pas d'autre choix : elle doit déguerpir, tout de suite. Alors pourquoi ses jambes refusent-elles de bouger ?

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Elle crache son venin, et tu aimerais dire que ça ne te fait rien. Que tu ne réagis pas. Mais c’est faux, tu le reçois en plein coeur, pour le coup tiré c’est le ventre qu’elle atteint. Tu plonges au sol les genoux en avant, ta main touche le sang qui coule, regarde la tache qui grandit, puis elle, ton regard est différent tout à coup. tu comprends pas, ton cerveau ne gère pas le processus, ça bug à tous les étages. elle a tiré. Sur toi. Ton visage est tout sauf lié à une douleur, non, tu montre que tu es en dehors de la réalité, une où elle est capable de tirer sur toit de sang froid. Tu comprends assez vite, accroupi, que tes gars vont s’agiter. D’ailleurs ils débarquent tous d’un coup et tu lèves la main ensanglantée.

– Baissez vos armes. Le premier qui tire et je lui arrache les tripes et j’en fais un collier. Compris ?

Ils baissent leurs armes pas rassuré, on tire sur leur patron, ils veulent pas se faire buter ensuite s’ils ont manqué à leur devoir. On imagine la mafia comme tous des monstres désorganisés et forcément des bouchers. Il y en a mais côté organisation, tout doit être ordonné. Ceux qui mettent à mal l’organisation criminelle sont punis sévèrement. Ils ont donc autant peur de lui que de se faire punir. Ils restent pas très loin, prêts à dégainer.

– Tu as changé River.

Pas de Riv, pas de séduction, juste un constat.Jamais il n’aurait imaginé qu’elle tire, même s’il y a poussé. Il n’arrive toujours pas à s’y faire, ça ne veut pas pénétrer son cerveau, rien à faire. Il se sent de plus en plus faible, pendant qu’il réfléchit, il perd du sang, sa chemise est désormais rouge et il s'affaisse. Il reste là, s’il doit crever, autant que ce soit de sa main, non ? C’est poétique, il lui a enlevé son frère, elle lui ôte la vie. Il ne lutte pas.

– MONSIEUR.

Un de ses gars hurle. Encore un cliché, les mafieux se foutent des autres membres, et pourtant, des amitiés, ou les liens forts se construisent. Bon yen a aussi beaucoup qui se débrouillent pour faire tuer d’autres membres gênant. Le jeune a vraiment peur. Il est content que sa protégée ne soit pas, elle aurait pu tuer River sans broncher.

– Restes. S’il te plait.

Tu sais pas pourquoi tu dis ça, mais elle voulait que tu arrêtes tout ça ? Que tu fuis ce monde ? Elle n’a qu’à te laisser partir pour ça. La boucle est bouclée, ton sang continue de couler, ta main tient à peine la blessure, chose qui ne sert rien d’ailleurs. Tu tombes en arrière d’un coup, tu ne tiens plus, tu ne sais pas ce qui t’attend, de l'autre côté. Pourtant une part de toi a un poids qui s'allège. Tu es enfin débarrassé. Tu n’es plus mafieux, tu as enfin ce que tu désirais il y a tant d‘années, suivre ton frère. Tu sais pas combien de sang tu dois perdre pour crever, tu n’es jamais resté pour le savoir avec tes propres victimes.

– Allez vous en.
– Mais monsieur je..
– Je sais, mais fais c'que jte dis. Rentrez. et personne ne parle d’elle. PERSONNE.

Tu crois crier mais ta voix ne porte plus vraiment. Tu sens pas la douleur, t’es comme anesthésié. C’est mieux que la dernière fois. La dernière fois tu avais si mal qu tu aurais supplié qu’on t’achève, là tu pars, lentement, mais sûrement. Tu seras un de ceux dont on fait disparaître le corps. Mais tu as peur, peur qu’ils a tuent, qu’ils la pourchassent. Tu essayes de te redresser.

– Pars. Si eux m’écoutent, le reste voudra te buter. Et merci.

Merci de m’offrir la liberté, merci de prendre cette décision pour moi que tu penses sans le dire. Pourtant, tu as beau être en paix avec l'idée de disparaître, celle de e plus la voir ne t’es pas aussi plaisante. Vous avez pris des chemins différents, ça devait se finir ainsi. Ils sont partis, mais d’autres viendront, pour vérifier le corps que tu auras laissé et vérifié qu’elle t’a rejoint. Vous êtes deux âmes errantes dans une ruelle sombre de Dublin, on dirait un putain de polar.

24.05.20 13:01

death is in our cards alex & riv

Les muscles de ses jambes ne lui répondent plus. River est comme clouée au sol, strictement incapable de faire le moindre mouvement. Alors que de nombreux pas pressés se font entendre, un goût amer lui envahit la bouche. Celui du danger imminent. Je vais mourir. J'ai envoyé Alex en Enfer et je vais le suivre de près. Putain, bouge, Monroe ! Une panique intense l'enveloppe de toutes parts. Elle n'a pas envie de rendre son dernier souffle, et encore moins maintenant. Certes, elle a enfin pu venger son frère, mais cela ne suffit pas. Alex n'est pas le seul responsable. Les autres aussi doivent payer pour leurs crimes. Il faut que je me barre, et vite ! En un ultime effort, la détective esquisse un pas en arrière, puis deux. Malheureusement, il est trop tard. Les hommes d'Alex sont là et ils la tiennent tous en joue. « Baissez vos armes. Le premier qui tire et je lui arrache les tripes et j’en fais un collier. Compris ? » En dépit de sa blessure, de la douleur qu'il doit ressentir, le ton de sa voix n'appelle à aucune contestation. Ses subordonnés s'exécutent, étonnés mais conciliants. Riv réalise qu'Alex est en train de lui sauver la vie. Après qu'elle lui ait pris la sienne. « Tu as changé River. » Il ne l'appelait jamais comme ça, avant. Ça lui fait un choc. Ses yeux bleus la transpercent et cette fois, elle ne décèle plus aucune trace de colère ni de défi en lui. Alex a cessé de la pousser dans ses retranchements. Il s'imaginait pouvoir la déstabiliser, lui faire du mal en toute impunité. Et voilà qu'il vient de se faire remettre à sa place de la plus létale des façons.

A quelques mètres, l'un des mafieux s'insurge et insiste. C'est le bon moment pour prendre la tangente. Car si Alex s'écroule avant qu'elle ne soit partie, ses acolytes n'auront plus rien à faire des ordres qu'il leur a donnés : ils lui troueront la peau, sans aucune pitié. Elle s'apprête à faire volte-face et à courir. La voix d'Alex la stoppe aussitôt. « Restes. S’il te plait. » Il tombe en arrière, sans doute à une poignée de secondes de perdre connaissance, ou pire. River hésite. Tout son corps lui hurle de s'enfuir tant qu'elle en a encore la possibilité. Son cœur, lui, l'appelle près d'Alex. Sa haine envers lui a beau être profonde, elle ne peut se résoudre à l'abandonner. A le laisser mourir seul. Il ordonne à son équipe de s'éloigner. Leurs ombres disparaissent dans la nuit. Il n'y a plus qu'eux. Riv range l'arme dans son holster, puis se précipite auprès d'Alex. Elle ne se pose aucune question. Elle ne se dit pas que tenir la main de l'homme qu'elle a elle-même abattu dans ses derniers instants est un acte paradoxal. Elle s'en fiche. Tout se mélange en elle alors que ses doigts enserrent ceux d'Alex. Il est celui qui a entraîné son frère dans l'illégalité et le crime. Mais aussi celui qui a dû pleurer sa famille entière à seulement dix-sept ans. Il est celui qui a assassiné de sang-froid. Mais aussi celui qui l'a aimée et qui a fait d'elle une femme heureuse, épanouie. Oui, il est tout ça à la fois. Et en dépit de la douleur, de la trahison, du monstre qu'il est devenu, River veut l'accompagner. Elle se sent à sa place. Légitime. C'était à elle de mettre un terme à son existence. Et c'est également à elle de le rassurer jusqu'à ce qu'il ait quitté ce monde.

Elle arrive malgré cela à articuler entre deux flots de larmes ininterrompus. « Je suis désolée, Alex. » Désolée de pas avoir su t'empêcher de sombrer. Désolée d'être partie sans essayer de nous sauver. Désolée d'être revenue aussi tard, beaucoup trop tard. Désolée que tu aies tué Devon. Qu'on en soit arrivés là. « Pars. Si eux m’écoutent, le reste voudra te buter. Et merci. » Merci ? Ses yeux, qui étaient jusqu'alors hypnotisés par la blessure, plongent soudain dans les siens. Et son cœur manque un battement. Parce qu'il est bien ici, avec elle. Son Alex. Il lui avait menti. Il n'a pas disparu, non, il est juste enfoui. Loin, très loin. Pour autant, elle sait qu'elle peut le ramener. Elle en a la certitude, l’instinct viscéral. Mais qu'est-ce que j'ai fait ? Très vite, River prend sa décision. Elle se lève, tire de toutes sa puissance sur le bras d'Alex qu'elle passe au-dessus de ses épaules. Il est lourd et elle flanche un peu, mais ses entraînements physiques poussés et sa force de caractère devront être suffisants. « Accroche-toi. » Sa voiture n'est qu'à une cinquantaine de mètres. Et dans moins de cinq minutes, elle l'aura anonymement déposé devant les urgences.

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Toi tu restes là, à te vider, elle, elle pleure. Tu es pas assez en forme pour lever ton bras et essuyer tes larmes que tu n’aimes pas voir couler. elle te tient la main, tu crois, t’es sûr de rien. Tout est plutôt flou quand t’as un trou dans le bide souvent. T’en a eu plusieurs, alors, tu reconnais la sensation, bien qu’un couteau fasse plus de dégâts parfois et bien plus mal quand ça tranche ta peau, tes muscles. Tu suis pas trop le cheminement de ce qu'il se passe, elle est désolée, de quoi, de te libérer ? Mais non, tu es reconnaissant. C’est ce que tu attendais, au final. Tu te doutais pas que ce serait elle cela dit. Ça a le don de vous surprendre. Mais tu n'oublies pas ses mots tranchant il y a peu, tu es un monstre, un monstre bientôt mort, certes, mais un monstre. Tu t’y es fait, toi, mais dans sa bouche, ça a un goût de rancœur, de dégoût, de rejet. Elle se mets tout à coup à bouger, elle ne s’enfuit pas et elle te demande de te relever. La blague, tu ne sais pas où est ta canne et de toute façon, tu as déjà mal sans balle dans le bide, là tu as peu de force pour faire marcher tes muscles qui ont vu trop de fois la lame blanche. Tu comprends pas tout et tu délires pas mal. Tu t’accroches mais tu le sais, elle traîne plus un poids mort que tu marches réellement. tu gémis, et ce n’est pas ta paie au ventre qui fait ça. C’est la douleur qui t'assaille le soir quand tu arrêtes de jouer doctor house et que tu te traînes presque chez toi tant tu as abusé. La journée tu n’y pense pas, tu es ailleurs, une autre réalité, le soir, chez toi, tu relâches tes barrières et cesse de prétendre, le déchet humain, le corps meurtri, bousillé reprend ses droits et tu veux hurler. Mais elle ne semble pas vouloir te laisse t’en aller, et tu sais plus trop ce que tu peux en penser. Tu sais même plus à quoi ça ressemble le bonheur. Elle te met dans la voiture, à l’arrière, allongé sur la banquette tu regardes le haut de l'habitacle sans vraiment le voir. Ta voix n’est pas forte, mais tu peux encore parler, même si tu sens que tout va pas très bien et que t’es pas loin de te perdre plus loin. C’est si long de crever ? T’y penseras quand tu auras ta prochaine mission. Ah oui, c’est vrai, tu n’en auras plus. T’as soudain peur pour ta fine équipe, les jeunes que tu entraines pour les sauver d’un sort pire encore.

– Où tu vas ? Il faut...je.. Je sais pas ce que tu fous.. mais...il vaut mieux pas aller aux urgences. Prends mon téléphone, appelle Jo, il saura quoi faire, on a des gens doués. Il sauront.. Putain.

Tu jures à voix basse, parce que tu n’es pas sur qu’il y ait encore quelque chose à sauver. Tu veux qu’elle aille là ou tu bosses, là ou tu entraînes tes ptits, un vieux hangar que tu as fait aménager. Mais tu as peur, parce qu’il n’y a pas de retour en arrière pour elle.

– Si tu préfères pas...rencontrer..mon équipe.. va chez toi. Ils sauront me trouver...pour envoyer le chirur..

Tu finis par te taire, tu tousses et c’est pas des glaires qui sortent de ta bouche. Merde. Mais comme t’es con, et que tu le sens que c’est pas ton heure de gloire, tu continues, que ce soit dit.

– J’aurais préféré...qu’ils en finissent. Ya douze ans. Mais on choisit pas….. On choisit pas.

Ouais, t’es pas frais là Vous êtes arrivés, où t’en sais rien, mais la voiture est aux arrêts, et toi, plutôt bien parti, les yeux fermés. T’es conscient que tu n’es pas mort seulement parce que tu as vécu bien pire, et que dans ce milieu, la douleur est souvent le quotidien. Ça vous rend résistant à la douleur, mais ça détruit ton âme avec.

24.05.20 18:07

death is in our cards alex & riv

Les secondes sont terriblement lentes. Elles semblent presque interminables alors que River le soutient en direction de sa voiture. Tous les sens en alerte, elle observe les alentours en espérant que personne ne les repère, mais doute que ce soit le cas. Le béton de ce quartier ne dissimule rien de plus que des hangars ou des entrepôts, abandonnés pour certains. Aucune âme un tant soit peu sensée ne voudrait errer ici à une heure aussi tardive. Sauf si elle a quelque chose à se reprocher. Ou des envies suicidaires. Bientôt, ils arrivent près de la Ford et la détective installe Alex sur la banquette arrière avant de se glisser derrière le volant. La nuit allait être longue. Une fois qu'il serait déposé devant les portes du St James, elle allait devoir nettoyer l'habitacle de fond en comble. Il est évident que faire sensation auprès de ses collègues avec du sang séché plein les sièges ne fait pas partie de ses objectifs. Elle aurait déjà assez de complications avec la balle manquante de son arme de service. Chaque chose en son temps, se rappelle-t-elle en démarrant le moteur.

A peine s'est-elle engagée sur l'avenue principale qu'une voix affaiblie lui parvient. La brunette aurait dû se douter qu'Alex refuserait les urgences. En fait, elle avait espéré qu'il s'évanouisse pour ne pas être en mesure de la faire changer d'avis sur la suite des événements. Manque de chance, il est encore en (relative) possession de ses moyens, assez pour lui suggérer une alternative : prendre son portable, et contacter un certain Jo. Sentant sa réticence, il ajoute que si elle n'a pas envie de rencontrer son équipe de criminels endurcis - sans blague ? - elle pouvait aller directement chez elle, qu'ils sauraient le trouver. Une violente quinte de toux le surprend, le forçant à se taire. Lorsque celle-ci est terminée, Riv prend les rênes. Elle se fout que ça lui convienne ou non, d'une manière ou d'une autre il n'est pas en état de protester. « J'aime autant pas faire venir tes collègues dans mon appart. » Elle pousse un soupir désabusé, se donne encore un instant pour réfléchir, et modifie son itinéraire. Fais chier. Elle récupère son téléphone, le colle sur son support puis appelle le seul homme en qui elle ait vraiment confiance. Il décroche à la seconde sonnerie. « Riv ? Tu vas bien ? » « Ouais, je suis désolée de te déranger. J'ai besoin que tu me files le numéro de ton contact. Celui de la mission Kilcogan. » « Quoi ? Pourquoi, qu'est-ce qui se passe ? Est-ce que t'es blessée ? » « Non, écoute Cal, je peux pas t'expliquer mais j'en ai besoin tout de suite. Envoie-moi un SMS. Je te vois demain. Et merci. » Elle raccroche sans lui donner l'occasion de poser davantage de questions.

« J’aurais préféré… qu’ils en finissent. Ya douze ans. Mais on choisit pas… On choisit pas. » La brunette lance un coup d'oeil dans le rétroviseur. Son coeur se brise en morceaux. Pense pas à ça. Pas maintenant. Sans rien répondre, elle se concentre uniquement sur la route, se faisant violence pour ne pas laisser ses pensées s'engager sur ce terrain dangereux. Bien trop dangereux. « On est arrivés. » Elle annonce sept minutes plus tard. Le coin est tranquille, désert. Sa planque personnelle. Là où elle espérait emmener les plus récalcitrants des mafieux dans sa chasse à l'assassin de Devon. Mais il est là, son assassin. Et au lieu de creuser sa tombe, t'es en train de le sauver, lui murmure sa raison. La ferme, c'est pas le moment. Soutenant de nouveau Alex, elle pénètre dans la bâtisse et allume une lumière discrète. Elle est en train de l'allonger sur le lit quand des coups sont frappés contre la porte. « Docteur. Je vous remercie d'avoir fait si vite, il a déjà perdu beaucoup de sang. » « Je dois beaucoup à Callen, et il m'a dit que vous étiez une personne de confiance. Où est-il ? » « Là-bas. Et prévenez-moi si vous avez besoin de quoi que ce soit. » Le chirurgien hoche la tête, rejoint Alex, puis prépare ses affaires afin de l'opérer dans la plus grande clandestinité. Impuissante, River patiente sur le fauteuil à l'autre bout de la pièce, en prise avec le pire de tous les doutes : s'il s'en sort, aura-t-elle bien fait de lui sauver la vie ? Ou allait-elle amèrement le regretter ?

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Tu comprends qu'elle appelle quelqu'un, elle dit des trucs, tu entends des bribes, t’es dans les vapes à moitié. Elle eut pas que tes apprentis viennent mais tu parlais pas d’eux, tu parlais du médecin. Les miens savent où je suis de toute façon, disons qu’ils se débrouillent pour pas me perdre de vue. Même si c’est dit en plaisantant quand ils me disent que j’ai un gps dans le cul, je me demande si c’est pas réel. Tu entends qu’elle parle à une personne de manière familière, tu sais pas qui mais tu l’aimes déjà pas. Elle a des contacts la demoiselle. Elle te récupères et tu manques de finisse au sol parce que tes jambes ne te soutiennent plus, déjà qu’en temps normal c’est plutôt compliqué. Un jour un médecin t’a demandé par quel miracle tu tenais encore debout, tu as répondu qu’il y des douleurs qu’on peut oublier et pas d’autres. On peut entraîner son corps à ignorer les avertissements, le problème c’est qu’il se souvient toujours et qu’on s’effondre à ce moment là. Dans un nuage elle t’amène dans un bâtiment que tu as déjà vu mais où tu n’es jamais allé. Il ya des endroits comme ça que tu penses inoffensifs. Elle pense que c’est moins dangereux de lui montrer sa planque que son appartement a priori. Elle te fait confiance ? Non, tu en doutes, tu sais pas quoi penser et penser devient plutôt ardu. Elle te pose sur un lit et te laisses là, le médecin entre, tu te laisses aller, tu en as marre de lutter. Tu sais pas combien de temps passe, mais tu te réveille en hurlant, la douleur est énorme, tu ne comprends pas de suite que c’est même pas lié à ton ventre. T’étais tellement absent qu t’as oublié un détail, le seul médicament qui t'empêche de ramper est dans une seringue, chez toi. Surement pour ça que tu voulais ton médecin. On pourrait croire que c’est un manque, que tu es accro, mais non, les douleurs sont juste parfois si fortes que tu n’as pas le choix. Ca t’évite de te tirer une balle, enfin, pour ça faudrait que tu maîtrises ton corps à cet instant là. Tu transpires, tu sens une autre vague et tu serres les dents à t’en ouvrir la lèvre.

– J’ai...besoin.. Un truc. Téléphone. Mes associés savent quoi. S’il vous plait.

Waouh, t’es même poli tout à coup, toi qui est odieux avec tout le monde. Ca ferait presque peur, mais tu sais que lui hurler dessus le fera pas agir, pour lui, si tu meurs, c’est pas si grave. Tu regardes ton ventre pansé et surement recousu. Tu trembles, la douleurs te donne des putain de sueurs froides.

– Riv…

Que tu murmures avec le eu de force que tu as, au moins, tu ne te vides plus, tu sais pas ce qui est mieux en fait. Tout ce que tu veux c’est ta seringue, ton sérum, tu veux pas crever dans ce lit en hurlant. Si elle ne veut pas les appeler, qu’ell t’achève. Tu serres les dents et ton corps a des spasmes quand la secousse arrive. Elle voulait voir où était “son” Alex. Il est là, c’est ce truc complètement défoncé sur ce lit, qui veut hurler mais qui se retient. Ta main agrippes le drap mais c'est pas ça que tu veux agripper.

25.05.20 9:54

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Le visage enfoncé dans ses mains moites de peur, dissimulant ainsi son regard à la scène qui se déroule devant elle, Riv se demande si elle a bien fait. Elle allait devoir passer sa voiture au peigne fin, changer de planque et surtout, trouver une excuse concernant le coup de feu tiré ce soir alors qu'elle n'était pas en service. Ce dernier problème aurait été le seul à surmonter si elle avait eu le courage de fuir au moment où cela lui était encore possible. Pourtant, il avait fallu qu'Alex rappelle ses chiens enragés, la sauvant d'une mort certaine. Qu'il lui demande de rester. Et qu'elle accepte, réalisant ainsi son énorme erreur : le monstre en lui dominait, certes, mais l'homme qu'elle avait connu était encore là. Sans ce détail qui pourrait sembler insignifiant d'un point de vue extérieur, Riv l'aurait regardé se vider de son sang, et serait rentrée chez elle. Ni plus ni moins.
Les doutes subsistent, cependant, et ils sont incroyablement forts. Car Alex avait fait preuve d'une dureté immense envers elle, jusqu'à ce qu'elle lui colle une balle dans l'abdomen. Pourquoi l'avait-il autant malmenée ? Voulait-il la voir souffrir ? Voulait-il qu'elle parte, afin qu'il n'ait pas à se confronter au passé ? S'était-il radouci à la toute dernière minute uniquement dans l'espoir qu'elle lui vienne en aide ? Et si le médecin arrive à le ramener dans le monde des vivants, que se passera-t-il ? River ne supporterait pas de découvrir que rien ne subsiste en lui qu'une vile cruauté. Qu'il l'a manipulée par pur instinct de survie.

« J’ai… besoin… Un truc. Téléphone. Mes associés savent quoi. S’il vous plait. » La détective relève la tête. Ce n'est presque qu'un murmure mais elle a tout de même entendu. L'instant suivant, Alex se met à trembler avec violence. « Riv… » En une fraction de seconde, la brunette se lève et le rejoint. Elle n'a pas le temps de saisir sa main que des secousses lui tordent le corps entier. Il semble en proie à une horrible souffrance. La terreur l'envahit. Est-ce que c'est moi qui ai fait ça ? « Doc, il se passe quoi, là ? Qu'est-ce qu'il a ? » « Ce n'est pas dû à la balle. » Riv se remémore les mots du blessé. Elle s'approche davantage encore de lui et essaie de capter son attention. « Je peux pas prendre ce risque, Alex. » Non, elle ne le peut vraiment pas. Si c'est un médicament dont il a besoin, il faudra trouver une alternative pour le lui procurer. « Donne-moi le nom, dis-moi ce que c'est, et il se chargera de te ramener ça illico. » River lance un regard au médecin, qui acquiesce en silence. Elle n'a aucune idée de ce que Cal a fait pour que cet inconnu accepte de lui rendre ce service supplémentaire, mais elle en est clairement soulagée. Près d'elle, Alex est toujours en pleine crise et elle se sent plus impuissante que jamais. D'une main, elle attrape la sienne et de l'autre, elle tente de maintenir sa tête dans sa direction. Qu'il la regarde, qu'il puisse voir qu'elle est là et qu'elle essaie de faire de son mieux. Après avoir commis le pire. « Parle-moi, Alex. Qu'est-ce ce qu'il te faut ? » Tombe dans les pommes si tu veux mais par pitié, réponds-moi avant.

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Elle refuse. Elle ne veut pas. Tu t’en doutais mais ça te fout en rogne. Pas par son refus mais parce que vous en êtes arrivé jusque là pour crever pour de bon. Le médicament est sur le marché noir et elle en aura pas si ça vient pas de chez toi. Il n’y a que son équipe qui en récupères régulièrement pour lui et qui a aucun soucis à ses les procurer. En vrai, tu ne sais pas le nom, tu n’as jamais demandé, tu sais juste que la seringue ‘empêche de te buter quand ça devient insupportable. Tu serres les dents mais la vague passe, une autre arrivera, bien sur, mais pour le moment, tu peux parler, enfin, presque. Elle te prends la main, tu serres, par réflexe, enfin, tu crois. ta force est contenue dans cette main, si une vague arrive, tu risque de lui broyer sa main. Mais t’as pas envie de lâcher. Elle te dit qu’elle le trouvera elle même. Elle sait pas, ce qu’est devenu ta vie, elle sait ce qui est apparent, comme tout le monde. Certains faisait passer une rumeur comme quoi il était incompétent, infirme, jusqu’à ce qu’il se battent avec des types et qu’on voit qu’il arrivait à passer outre, ce qu’ils ignorent, c’est à quel point il le paye ensuite. Pas tous les jours et pas tout le temps, mais quand ça arrive, il aime cette seringue plus que le cul d’une femme.

– Tu comprends pas. J’ignore le nom de ce truc, mon équipe me fournit, je prends, je crève pas. J’ai jamais demandé je sais juste que c’est nos labos qui le font et que tu n’en obtiendras pas toi. C’est pas un truc que tu achètes à la pharmacie Riv.

Ton corps s’est calmé mais tu sens que ça va pas tarder, tu hais le fait que tu n’aies rien pour tuer les capteurs de ton corps qui déconnent. Certes tu as eu des muscles, des tendons et compagnies tranchés, mais c’est pas ça le soucis, tu as tellement abusé de ton corps qu’il ne sait plus gérer les capteurs, les avertissements. Plus tu pousses et plus il se mets en surcharge et te bombarde de tout à la fois. Tu pourrais tout arrêter, te tenir sage, mais on finirait par te tuer si tu ralentissait le rythme. L’avantage c’est que tu risques pas d'être à court de ce médicament et qu’ils cherchent toujours une dose qui serait plus efficace et moins récurrente. Ca dépend des mois, parfois tu es tranquille plus longtemps. C’est sur que te prendre une balle a affaibli d’un coup tes batteries. Ton corps t’as dit fuck. Normalement, c’est pas si douloureux de pousser son corps, sauf quand il était déjà bien abîmé avant de le faire.

– Si t’en trouve pas, dans 24h, t’auras fait ça pour rien. Peut être 48h. Et si la vague arrive, lâche ma main, ou jte la broierais. Et j’espère que c’est bien insonorisé, je sais pas combien de temps je tiendrais sans hurler. Imagine que tous tes capteurs de douleurs pètent un cable. Se mettent en alerte. Ya un prix à payer quand on te pousse loin. Après ton départ on m’a opéré plus d’une fois, mais ça continue de déconner. Prochaine fois stp, vise la tête. Avant que je pète un plomb.

– T’as peur de la prochaine vague, tu te rappelles encore la première fois que ça t’es arrivé. T’as rien pigé et tu t'es retrouvé au sol à rêver qu’on t‘achève. On t’a donné de la morphine le temps de trouver comment atténuer, ou couper les capteur un temps. Le jour où on t’as donné la première dose, t’as donné une flopée d’agent au ptit laborantin qui a trouvé la formule. S’il a des gosses il peut payer Harvard plusieurs fois depuis. Depuis, ils ont continué d’améliorer la formule, et ils ont interdiction d’en parler, pour quelqu’un qui n’a pas été torturé autant et dont le corps dit merde, ça peut tuer. Tu prends un poison qui va surement te buter avant, mais au moins, ce sera pas en hurlant comme un animal. Tu caresses sa main, machinalement, comme un mouvement gravé dans tes muscles.

– Tu peux les rencontrer à un tournant, dans un coin neutre, ils te filent le truc et se cassent. C’est mon équipe, ils n'obéissent qu’à moi. Je les ai entraîné moi même. Ils sont clean. Stp. Surtout qu’ils savent qui tu es.

Surpris, oui les gens qui te connaissent savent tout d’elle et surtout que tu auras leur tête sur un pique s’il essaye de lui faire du mal. Ca devait être un idée en l'air, tu t’étais pas renseigné sur le fait qu’elle était de retour. C’est devenu plus réel ces dernières heures Tu sais que dès que tu vas “mieux” vos chemins vont se séparer à nouveau, elle hait tout ce que tu es, et tu es condamné à être ce monstre de cauchemar. Pourtant, tout au fond, tu avais espéré, l’espace de quelque secondes, qu’elle passe outre. Tu ne sais même plus où tu en es, tu as essayé de la faire fuir, par tous les moyens et elle est toujours là, tu ne comprends plus trop mais tu sais que tout ceci n’est pas logique. Tes pensées goes to hell quand la vague décide que c’est le moment, et tu te mords la lèvre à sang et lâche sa main pour pas lui briser. La discussion risque bien se terminer là., tu es incapable de serrer les dents sans hurler à t’en briser la voix. Alors c’est comme ça que ça se passe sans ce médicament ? Chouette. Si tu survis, tu en auras sur toi désormais.

26.05.20 10:18

death is in our cards alex & riv

La crise semble se passer, ou tout du moins se calmer, et la brunette reprend donc doucement espoir. En attendant que le patient se remette du choc, elle le quitte un instant du regard et inspecte sa blessure à l'abdomen. Doc a eu le temps de finir ses soins sur Alex. Le bandage qui lui enserre le corps est propre. Elle se remémore les conclusions du médecin, un peu plus tôt, quand Alex n'avait pas encore repris connaissance. « Aucun organe vital n'a été touché. Il va s'en sortir. » River avait naïvement pensé que ce serait fini. Mais un mal autrement plus violent avait pris possession de ses muscles. Un mal sur lequel il n'a aucun contrôle. Riv profite de l'accalmie pour insister à nouveau sur le médicament dont il a besoin, se doutant que sans ce dernier, son état empirerait. Alex l'informe alors qu'il ne sait pas ce qu'on lui donne, que ça sort directement du labo de la mafia et que la seule façon de s'en procurer est de passer par eux. Il imprime une douce pression sur les doigts de la détective, comme s'il cherchait à lui rappeler que chaque minute compte. Il s'ouvre finalement sur cette immense douleur qui le ronge depuis tant d'années. Une douleur avec laquelle il a appris à vivre. « Prochaine fois stp, vise la tête. Avant que je pète un plomb. » Riv plonge ses yeux dans les siens, tentant de faire la part des choses entre provocation et vérité. Elle sait que la santé d'Alex devrait être le dernier de tous ses problèmes. N'a-t-il pas, d'une certaine manière, lui-même provoqué cette déchéance ? Pourtant, elle est incapable de rester de marbre face aux nombreuses cicatrices qui parsèment sa peau, à sa lèvre éclatée et en sang, à son propre souhait d'en finir.

Alex parle trop. Il parle trop et en dépit de ce qu'il lui a fait, elle ressent le besoin de protéger ses arrières. Riv se tourne vers le chirurgien et suite à un court échange, le raccompagne à la porte. Elle sait qu'il ne trahira rien de ce qu'il a entendu : Callen a confiance en lui, donc sa coéquipière n'a aucune raison de douter. Mais ses services n'étant désormais plus requis, sa présence est devenue inutile. Puis, elle retourne près d'Alex, vient s'asseoir sur le matelas. Instinctivement, sans que la flic n'en soit consciente, leurs mains, leurs regards se retrouvent. « Tu peux les rencontrer à un tournant, dans un coin neutre, ils te filent le truc et se cassent. C’est mon équipe, ils n'obéissent qu’à moi. Je les ai entraîné moi même. Ils sont clean. Stp. Surtout qu’ils savent qui tu es. » Riv échappe un soupir. Elle n'est pas étonnée le moins du monde. Après tout, un peu plus tôt, Alex lui avait fait comprendre qu'il savait qu'elle s'était engagée dans la Garda. Et ça ne s'arrête sûrement pas là. On peut tout savoir sur n'importe qui quand on a les moyens ainsi que les bons contacts. Et la mafia regorge sans aucun doute des deux. « D'accord. » Parce qu'elle n'a pas le choix, River finit par abdiquer. « Jo, c'est ça ? » Alex acquiesce. Il ne peut rien faire de plus : une nouvelle crise le prend de court. Il lâche la main de Riv et se met à hurler. Heureusement pour eux, elle avait prévu une planque dans un coin isolé. Et alors qu'elle le voit si faible, si vulnérable, son cœur à elle saigne autant que sa lèvre à lui. Tu devrais le haïr, elle pense avant de récupérer le portable d'Alex et de s'éloigner dans la pièce voisine.

Quelques minutes plus tard, l'échange est fait. Étonnamment, les deux hommes qui se sont pointés au rendez-vous n'ont posé aucun problème. Ils n'ont pas cherché à connaître la localisation précise de leur boss. N'ont pas voulu venir avec Riv, ni n'ont demandé à récupérer Alex pour prendre soin de lui en famille. La détective en est passablement soulagée. Lorsqu'elle revient dans la maison, Alex est inconscient. Elle s'assure de son pouls et lui administre le contenu de la seringue en accord avec les instructions reçues. En attendant qu'il se réveille, elle récupère un bout de tissu, un bol d'eau, et essuie le sang qui a coulé sur son menton. A nouveau, elle évite de se demander si ce qu'elle fait est juste, ou normal. En intégrant la police, River a appris à compartimenter ses pensées, ses émotions, sa raison. Cette compétence ne lui aura jamais autant servi qu'en cet instant. Est-ce parce qu'elle a conscience de ce qui se passera si elle s'autorise à y réfléchir ? Sait-elle, au fond, qu'elle est à deux doigts de s'écrouler ? Sa tâche terminée, Riv rapproche le fauteuil du lit et s'y installe. Certaine qu'elle ne risque rien - Alex a été assez clair sur ce sujet, elle s'autorise enfin à fermer les paupières.

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Elle accepte. Tu es soulagé et tu le montrerais si tu n’étais pas en train d‘expérimenter ton pire cauchemar. L’impuissance, ce sentiment qui t’a étreint quand on t’as poussé à tes extrêmes le jour où tu étais sensé tuer ton meilleur ami. Le jour où tu as compris que tout aurait dorénavant un goût amer. Tu as mis du temps à reprendre le chemin de ta vie, et encore plus à reprendre tes marques dans l’organisation qui te prenait tant. Mais tu savais aussi, contrairement à Dev que la mafia c’était ainsi. Qu’il y avait des gens qu'on appréciait, avec qui on se liait et d’autres qu’on haïrait. Que c’était marche ou crève. Tu le savais et tu n’avais pas de mal à te faire au reste. Dublin avait toujours été un endroit malfamé par endroit, c’était pas nouveau et au moins, parmi eux, tu avais les moyens de survivre. Mais il y avait des gens idéalistes comme elle, qui s’accrochaient à une lueur d’espoir et qui faisait la fête quand ils réussissaient à coffrer quelqu’un. Même si, vous ne faisiez, pour pas mal d’entre vous, que le ménage des élément les plus gênant pour Dublin. tu n’avais tué aucun innocent jusqu'à présent, et tu n’allais pas commencer. La mafia se protégeait elle même avant tout. Les choses se passent vite quand ton corps supporte une autre salve de douleurs qui te clouent au lit, pourtant, quand elle revient avec la seringue, celui se stoppe net, ton corps lâche et tu le laisses faire. Comme chaque fois, tu te réveilleras plus reposé, et la douleur atroce ne sera plus là, juste celles habituelles. C’est tout de même la première fois que tu n’es pas conscient de l’injection. La dernière fois tu as tenu plus longtemps. Tu te relèves doucement, grogne dans ta barbe et t’approches du fauteuil pour déposer tes doigts sur sa joue, endormie. Tu n’es pas sûr de pouvoir lorsqu’elle sera réveillée. Dire que tu n’as jamais pensé à elle serait mentir, même si tu as tout fait pour la reléguer au second plan, voire au cinquantième, tu sais qu'elle restera celle que tu as aimé. Même si tu la révulses. Tu te réinstalles, ça reste douloureux de bouger. Tu enlèves ton pantalon tant bien que mal et prends ce que ton équipe a dû lui donner à passer sur tes membres. Tu n’as pas toujours mal à tous tes muscles, certains sont plus douloureux que d’autres. Tu masses et mets le gel d’une main, tenant ton flanc de l’autre sur la jambe la plus abîmée. Tu passes tes doigts sur les cicatrices, créant des flashs que tu essayes de réprimer de toi à l'hôpital, toi à moitié conscient dans la voiture qui t'abîme un peu plus. Toi au réveil réalisant les dégâts. Tu la vois ouvrir les yeux.

– Ca te dérangerait de faire l’autre et mes épaules ? Jsuis crevé, j’ai pas le courage de faire le reste. C’est du gel pour soulager les muscles, les aider aussi à fonctionner, aider avec les douleurs. Mais je comprendrais que tu veuilles pas, toucher.

Tu lui demandes parce que tu ne te vois pas te plier dans tous les sens pour faire le reste. Tu lui demandes aussi parce que sans la balle qu’elle t’a mit dans le corps, tu aurais fait comme tous les soirs chez toi. Tu te souviens que tu n’as pas fait de douche non plus. Au delà de te laver, ça te permet de soulager ton corps aussi sous l’eau chaude.

– Tu connais des infirmières réglo ? Il va falloir que je me lave. L’eau chaud aide aussi.

Tu n’oses pas dire que tu as quelqu’un qui t’aide les jours où c’est compliqué, elle veut surement pas savoir avec qui tu couches et qui te tripotes même si c’est médical. Une part de toi a aussi envie d’être nu face à elle. De la toucher. Se rappeler ce qu’elle est pour toi, ce que ça fait de poser ses doigts dessus. Même si tu sais que c’est un doux rêve.

27.05.20 12:54

death is in our cards alex & riv

River prouve une nouvelle fois combien cette capacité à chasser ses doutes et ses interrogations pour faire le vide dans son esprit est une aubaine. Elle devrait avoir les yeux grands ouverts. Se questionner sur mille et une choses en rapport avec Alex, les circonstances de leurs retrouvailles, les éléments de son passé qui lui échappent, le chemin qui se dessine devant eux. Pourtant, elle est plongée dans le sommeil. Un sommeil paisible, profond et sans rêve, de ceux qui enveloppent les dormeurs les plus épuisés. Depuis son emménagement, la détective s'est consacrée corps et âme au travail. Il faut dire que le répit n'est pas de mise quand on choisit de combattre la criminalité dans une ville telle que Dublin. Et cette fin de soirée, bien plus riche en émotions que prévu, avait sans doute été la goutte d'eau pour Riv. Entre fatigue physique et psychologique, il arrive un moment où le corps et la tête ont tout autant besoin de se relâcher. Plus tard, River se demandera pourquoi il a fallu attendre qu'elle soit dans sa planque secrète, sur un fauteuil inconfortable et surtout au chevet d'Alex pour enfin s'autoriser un peu de repos. Mais elle sera incapable d'admettre la réponse qui s'imposera à elle.

Elle sort de sa léthargie avec douceur et relève finalement les paupières. Alex est déjà éveillé. Vêtu d'un unique sous-vêtement (elle se demande par quel miracle il a pu enlever son Jeans tout seul), il est en train de masser ses jambes avec le truc que ses associés lui ont donné en même temps que la seringue. Le coeur de Riv manque un battement. La peau d'Alex n'est plus qu'une terre désolée. Un champ de bataille. Le miracle, ce n'est pas qu'il se soit déshabillé sans aide, non. Le véritable miracle, c'est qu'il ait été encore en vie pour le faire. Alex semble s'apercevoir que la brunette est revenue à elle, et cette dernière hausse un sourcil face à sa demande inattendue. Une part d'elle-même est trop choquée pour lui répondre. Une autre se dit que s'il est dans cet état, c'est sa faute et qu'elle lui doit bien ça. Mais la dernière a envie de l'envoyer sévèrement chier. Comment peut-il oser, après tout ce qu'il lui a dit là-bas, dans cette ruelle ? Après tout ce qu'il a fait ? Riv s'apprête à laisser sa colère gagner lorsque la sonnerie de son portable la coupe dans son élan. Elle sort le Samsung de sa poche et jette un oeil à l'écran, avant de faire un bond. « Putain de merde ! » Elle n'avait pas remarqué la lumière à travers les planches en bois qui condamnent les fenêtres. Elle devrait être au commissariat à cette heure ! Sûrement la raison pour laquelle elle reçoit un appel de son coéquipier, inquiet de ne pas la voir à son bureau. Elle se tourne vers Alex. « Accorde-moi une minute. » Riv décroche tout en s'éloignant de quelques mètres. Elle n'aurait pas pu s'isoler même si elle l'avait voulu. Le gros inconvénient de se terrer dans une ruine aux murs intérieurs tous défoncés. « Je suis désolée Cal, tu vas devoir me couvrir pour ce matin. [...] Non, tout va bien, je suis juste… coincée pour l'instant, mais je serais là dans moins d'une heure. [...] Tu lui dis que j'ai dû me rendre à un rendez-vous médical et si ça lui pose un problème, je me débrouillerais. [...] Ça marche. Merci. »

Riv passe une main dans sa chevelure brune et pousse un soupir soulagé. Un souci de moins, grâce à Callen. Elle ne sait pas comment elle aurait survécu ici sans son aide précieuse. Entendre sa voix réconfortante l'a manifestement mise de bonne humeur : elle fait volte-face, retourne près d'Alex et attrape son tube de gel. Une poignée de secondes plus tard, ses mains massent doucement sa jambe droite. Elle retient un frisson en passant sur la première cicatrice. Parce qu'elle a (stupidement) peur de lui faire mal. Parce qu'elle pense à ce qui s'est passé pour qu'il récolte une telle marque. « Tu connais des infirmières réglo ? Il va falloir que je me lave. L’eau chaude aide aussi. » Je rêve ou il est en train d'abuser ? Elle réprime une remarque des plus cinglantes. « Ton équipe devrait être capable de t'en trouver une, non ? » Demande-t-elle à la place, essayant de garder un ton neutre. Ayant terminé la jambe, Riv se relève et s'installe derrière Alex pour attaquer les épaules. En découvrant l'état meurtri de son dos, elle réalise soudain une chose qui ne lui avait pas traversé l'esprit jusque-là : quoi qu'elle puisse en penser, Alex avait déjà payé pour ses crimes. Au centuple. La détective sent la vague arriver droit sur elle, portant toutes les émotions qu'elle cherche à repousser. Du moins, jusqu'à ce qu'elle soit seule afin de les gérer une à une. Compartimente, bordel, se rappelle-t-elle. Son mantra personnel. River se racle la gorge. Il faut qu'ils parlent, qu'ils discutent. Qu'elle se concentre sur autre chose. « Comment t'as su ? Que j'étais de la Garda, je veux dire ? » Ses mains glissent sur la peau d'Alex, de l'intérieur à l'extérieur de ses épaules et inversement. Il avait gagné en musculature au fil du temps. Mais à quel prix ? « Tu savais que j'étais revenue ? » Le trouble l'envahit face à la situation. Elle est trop près, beaucoup trop près. Et surtout, elle n'est pas préparée à ça. Tu te souviens des horreurs que tu as tant aimé me balancer à la figure, quelques heures plus tôt ? C'est le moment de recommencer, Alex. Avant que son esprit ne s'embrouille. Avant qu'elle ne se perde dans les méandres d'un passé définitivement révolu.

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Marrant ce qu’une balle dans le bide peut changer. Il y a peu vous vous entretuez, à présent, elle est là, à tes côtés et ça te fait étrange. Tu ne t’y attendais pas. Pas comme ça. Qu’elle t’emmène, qu’elle répare ce qu’elle venait de faire, ou presque. Tu ne t’attends pas non plus à ce qu’elle mette du coeur à l’ouvrage et qu’elle te touche, s'arrête sur chaque cicatrice - elle pas fini - tu la vois réagir à celles ci, comprendre aussi peut être, les dégâts. Ca n’excuse pas ce que tu as fait, tu ne cherches de toute façon pas l’absolution, tu ne te l’accorde pas à toi même. Mais peut être, qu’elle y verra le côté impossible de la chose. Tu ne te souviens pas de tout, t’étais pas assez conscient pour ça, juste la balle qui part, ta main sur le coteau, ton meilleur ami au sol, mort. T’as pas demandé les détails, tu étais occupé à te laisser crever, on peut pas tout faire. Chaque geste, chaque passage sur ta peau te fait frissonner.

– A moins que tu te mettes à griffer, tu me feras pas mal hein. Les douleurs viennent pas de la peau.

Que yt expliques pour qu’elle évite d’y aller comme si elle avait peur que tu t’évapores T’étais plutôt solide car d’autres se seraient déjà tiré une balle. Quand tu veux pas crever dans cette organisation, cette usurpation de famille, faut savoir se blinder, physiquement et émotionnellement, ou tu crèves vite et bien. La faiblesse n’y a pas de place, et peut être, que c’était ce que tu avais besoin, après avoir perdu tout le monde. Tu ne parlais pas de leur mort. Jamais. Parce que c’était un élément du passé sur lequel tu ne voulais pas revenir. Tu essayais de ne pas y penser même si tu y repensais parfois, rarement. Peut être parce que vos liens n’étaient pas si soudé et que leur disparition avait été plus compliqué côté financier que le reste. Tes frères c’était différent, peut être, mais c’était un pan de ton existence révolue, tu n’étais plus le grand frère qui les protégeait, qui avait le sourire aux lèvres, cet Alex était mort ya bien longtemps. T’étais pas si proche de ton oncle, mais il avait mit un toit sur ta tête et un but précis, c’était déjà ça non ? Elle se lève d’un coup après t’avoir massé longement et que tu aies eu un mal de chien à te retenir pour la toucher à ton tour. Ca avait des airs de torture pour toi, mais tu n’irais pas plus loin. Pas si elle ne le voulait pas. elle prend son téléphone et reparle avec ce Cal. Tu ne le connais pas, tu sais juste qu’il est comme elle, décidé à mettre la mafia en prison. Mais tu n’aimes pas le langage de son corps lorsqu’elle lui parle, tu regrettes presque d'être aussi bon à discerner ce que les gestes veulent dire. Mais cette façon de parler, ou de se tenir ne te plait pas alors tu occultes avant de te mêler de ce qui ne te regarde pas. Tu n’es plus en position de dire quoi que ce soit de toute façon. Elle n’est plus à toi. elle parle d’une heure, tu as plus qu’une heure avec elle. Elle réponds sur la défensive à ton besoin de douche. Tu fronces les sourcils à sa remarque.

– Si, mais je sais pas si Aeryn voudra venir le faire si tu es là. Elle t’aime pas beaucoup. C’est elle qui le fait les rares fois ou je peux pas, ou juste verifier que je tombe pas. Ca arrive que le corps décide de lâcher, ca fait pas mal mais la chute peut. C’est rare. Puis les infirmières en général sont terrorisées, j’en ai pas encore trouvée. Et Aeryn aime pas que je le fasse via quelqu’un d’autre aussi. Elle a pas confiance. Ok elle a confiance en peu de mondes cela dit.

Que tu répètes pour te rassurer autant toi qu’elle. Tu détestes ces moments mais ils arrivent seulement lorsque tu vas trop loin, et tu as une équipe qui s’assure que ça n’arrive pas. Tu n’avais pas l'intention de parler d’Aeryn, tu sais pas pourquoi, c’est pas un secret, on t’a déjà vu avec. Mais tu n’as pas envie de parler des gens avec qui tu couches avec elle, ça te parait indécent, pourtant il fallait que tu répondes à sa question honnêtement. Tu étais transparent, au moins, à présent. Elle reprend tes épaules, même si tu as peur de sa réaction à évoquer une autre femme. Tu n’es pas et ne sera jamais amoureux d’Aeryn, pourtant, vous partagez quelque chose, deux âmes errantes qui ont besoin de respirer ensemble. Pendant qu’elle te masse - bien plus longtemps qu’elle ne devrait pour juste faire pénétrer le gel - elle te pose une énième question, tu souris. Un des rares sourires que tu as désormais.

– Je ne te fais pas suivre si c’est ce que tu penses. Je me tenais au courant vite fait, mais non, je savais pas que tu étais de retour. Disons que je m'attardais pas sur tes affaires, ou j’aurais eu envie de m’en mêler. J’ai bien compris que ce que je suis te révulse. Je comptais pas t’imposer ma présence. Bon, mon équipe filtrait les informations aussi et m’engueulait si je commençais à trop regarder. Ils confondent parfois qui commande. J’ai toujours pensé que je les protégeais, mais ils le font parfois plus souvent avec moi. C’est des gosses qui auraient potentiellement pas fait long feu chez nous. Aeryn serait sûrement morte pour sa part.

Tu parles pas avec des non initiés de ta “famille”. Ni de la raison pour laquelle tu les a recruté, ou plutôt, soyons, honnêtes, adoptés. Mais tu as besoin de lui dire, de te confier, de lui apprendre que tu n’es pas juste un monstre, même si peut être, que t’essayes aussi de te rassurer toi.

– Aeryn ne t’aime pas parce que tu es partie, rien d’autre. Elle a tendance à me protéger, parfois trop.

Tu sais pas pourquoi tu as dit ça tout ce que tu sais c'est que tu meurs d’envie de poser ta main sur celle qui est sur ton épaule. Mais tu ne le feras pas, pourtant, c'est une torture quand même. tout en elle en est une, parce que ton corps réagit de la même façon qu'il y a plus de dix ans.

27.05.20 20:22

death is in our cards alex & riv

« A moins que tu te mettes à griffer, tu me feras pas mal hein. Les douleurs viennent pas de la peau. » No shit, Sherlock. Elle en a évidemment conscience. Pas besoin de douze années de médecine pour savoir que les cicatrices, même les plus saisissantes, sont seulement les fantômes de blessures passées. Mais les considérer comme telles, sachant que le corps en question n'est pas celui d'un simple inconnu, est une vraie épreuve pour Riv. Elle savait que si leurs chemins devaient se recroiser un jour, ici ou ailleurs, Alex aurait changé. Mais pas à ce point. Pas avec de telles gravures dans sa chair. Gardant le silence, elle se contente de mettre un peu plus de pression dans ses mouvements, tout en essayant de concentrer son esprit et son regard sur ses propres mains plutôt que sur le reste. Inutile de le nier : elle sent son désir s'intensifier de seconde en seconde, et il est absolument hors de question qu'elle le laisse s'exprimer. Comment tu peux avoir encore envie de lui ? Comment tu peux encore vouloir de l'homme qui a tué ton frère ? Riv n'en sait rien. Elle se sent perdue, tiraillée entre deux parties d'elle-même. D'un côté sa raison et son cœur, qui ne comprennent pas cette indulgence dont elle fait preuve envers lui. De l'autre, chaque parcelle de sa peau qui réclame la sienne, avec une rare intensité. De celles qui emportent tout sur leur passage. River a l'impression d'avoir été séparée de sa drogue depuis bien trop longtemps, et qu'elle crève de la retrouver. A en avoir mal.

Reprends-toi, bon sang. Alors, elle parle. Elle pose des questions dont elle a, certes, besoin de connaître les réponses, mais dans le fond elles auraient pu attendre un peu plus. Elle demande, et elle a espoir qu'il l'envoie balader, qu'il essaie encore de la blesser, de faire en sorte qu'elle s'éloigne, qu'elle lui fiche la paix. N'importe quoi. A partir du moment où elle se remet à le haïr. Pour être franche, Riv ne s'attendait pas à voir son souhait si bien exaucé. En tout état de cause, l'entendre parler d'une certaine Aeryn dans le cadre de l'infirmière qu'il réclame lui fait l'effet d'une bombe. Et pour le coup, c'est Riv qui prend une douche. Froide. Glacée. Alex a-t-il senti ce sursaut dans son geste ? T'es pas jalouse, là, tu te fous de moi. Sa raison (oui, toujours elle) la rappelle à l'ordre. Sauf que oui. Elle l'est. Elle l'est d'autant plus qu'Alex semble ne pas être capable de se la fermer à propos de cette Aeryn. Aeryn s'occupe de lui, Aeryn n'aime pas quand c'est quelqu'un d'autre qui le fait (tu m'étonnes), Aeryn ne donne sa confiance à personne, etc etc. La brunette serre la mâchoire, bien contente qu'il lui tourne le dos en cet instant précis.

Riv marmonne un « Mmh. » et le laisse enchaîner. Il lui confirme qu'il ne la faisait pas suivre et qu'il se tenait seulement informé, de loin. Qu'il ne comptait pas lui imposer sa présence. T'aurais dû, pourtant. T'aurais dû venir me voir avant qu'il ne soit trop tard. J'aurais peut-être pu faire quelque chose. Je sais pas. Les mots restent cependant coincés dans sa gorge. Alex continue, partageant avec elle les liens parfois forts et uniques qui naissent dans la criminalité. Elle n'approuve et ne comprend pas mais elle sait une chose : si ses patrons savaient qu'il parle de la famille à une étrangère de la mafia - flic de surcroît - il aurait droit à de violentes représailles, peu importe le rang dont il bénéficie. Etant donné que leurs avis respectifs sur le bien et le mal divergent radicalement, Riv ne se montre pas très éloquente. Elle tient malgré tout à le corriger sur un point. « Quand t'as dit que tu me révulsais… » Et rien que ces syllabes lui arrachent une grimace. « Je sais pas ce que je ressens, Alex. Contrairement à ce que t'as tendance à croire à mon sujet, je ne vois pas le monde en noir et blanc. J'avais vraiment pas prévu de te revoir, et encore moins dans de telles circonstances. » Elle aura besoin de temps, c'est une certitude. Pour prendre du recul, pour réfléchir à la situation d'un point de vue plus élevé que le sien. Elle avait hâte de retrouver Cal. Le seul à connaître son passé, sans filtre. A être en mesure de l'aider à y voir plus clair.

River a presque terminé sa tâche et ce simple fait la soulage. Même si la discussion a détourné ses pensées, elle a conscience que la rechute n'est pas loin. Il suffirait de si peu. Un regard, un infime contact, et il en serait littéralement fini d'elle. « Aeryn ne t’aime pas parce que tu es partie, rien d’autre. Elle a tendance à me protéger, parfois trop. » Riv échappe un rire au sarcasme indiscutable. D'une, parce qu'il a le don de refroidir ses ardeurs en une seconde chrono, et de deux… « Tu m'en diras tant. Elle changerait peut-être d'avis si elle me rencontrait et qu'elle avait enfin ma version de l'histoire, non ? » Question rhétorique. Elle ajoute donc sans lui laisser le temps d'avoir une quelconque réaction. « C'est bon. » Elle referme le tube et pousse sur ses jambes avec la ferme intention de quitter le matelas. J'ai survécu. Tout va bien, se rassure-t-elle en essayant de calmer les battements fous de son cœur.

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Elle est jalouse. Elle essaye de le cacher, mais clairement, elle réagit à ce qu’il se passe, à ce que tu as dis. Tu voulais pas parler d’Aeryn et tu n’as fait que ça, mais une part de toi jubile. Elle est jalouse. Et ca fait plaisir. Même si rien ne se passera entre vous, au moins, une part d’elle te veut pour elle seule, ça te réchauffe plus qu’elle ne l’imagine. Tu aurais pu sourire mais tu ne veux pas en faire une histoire, elle risquerait de ne pas se laisser aller. Au départ elle ne dit rien. Pourtant, tu la sens se tendre. La suite c’est à toi de te sentir différent. Elle vient ouvertement de dire que non, elle n’est pas certaine d’être dégoûtée par ce qu tu es désormais. Elle a une certaine façon assez subtile de le montrer, mais tu comprends aussi sa colère, tu la ressens envers toi aussi. Mais on ne t’a pas laissé l'opportunité de payer de ta vie. On t’as arraché à la mort sans ton accord, et ça, t’y pouvais rien. Aeryn t’as retrouvé un jour à deux doigts de te faire un joli trou dans le crâne. Elle t’a traité de tous les noms et surtout de lâche. Ce jour là elle s’est prit une claque et tu es sorti de la pièce en trombe, elle n’a pas osé revenir avant plusieurs jours, attendant que la tempête passe. Elle avait parlé d’un tas de choses dont le regard que Riv aurait sur lui si elle le voyait ainsi. Elle lâche un peu de venin tout de même en arrêtant le massage que tu commençais à vraiment apprécier, au delà du soulagement, tu aimes que ses mains soient sur toi. Tu ne réponds rien parce que tu ne veux pas trahir ce que tu ressens toi. La suite te fait rire, ça te fait mal mais tu t’en fous, tu n’as pas ri de cette façon depuis un moment, alors tant pis si c’est douloureux.

– Si tu restes en vie en l’approchant, oui. Elle est devenue plutôt méfiante la bestiole. Après elle sait que si elle te touche elle peut crever la bouche ouverte. Donc vous pourrez vous cracher à la figure tranquillement.

Tu ne dis pas “puisque tu es jalouse, là où Aeryn c’est pas de la jalousie”, mais tu le penses très fort. Et ça te fait rire encore. comme tu as bien compris qu’elle n’a pas envie de demander à qui que ce soit, tu te lèves, doucement, et lentement mais tu te tiens au lit. Tu prends ta canne et rejoins la porte tout aussi lentement pour rejoindre la salle de bain où qu’elle soit.

– Tu m’excuseras mais entre le sang et le côté je suis dans un lit depuis un moment, j’ai besoin d’une douche, reste dans le coin au cas ou. Je vais me démerder. Je vais pas te demander de le faire rassures toi.

Même si tu dirais pas non, tu te tiens à la porte, aux murs, tu as l’air d’un papy mais tu as mal, pas autant que toute à l’heure mais bon, une balle ne fait pas du bien. Tu t’approches de la pièce qui semble être celle que tu cherches et tu regardes la douche. Tu as oublié un détail, le boxer. Pas sur que tu puisses alors tu le gardes et rentres dans la douche, te tenant aux parois. Au moins, il y a un truc pour s’accrocher. Tu lances l’eau chaude et commence à gémir légèrement de plaisir tant c’est agréable. Tu as ôté le pansement et tu regardes la future cicatrice en devenir, une de plus.

28.05.20 9:52

death is in our cardsalex & riv

River abandonne le tube de gel sur le matelas, et Alex par la même occasion. Elle se sent mieux maintenant qu'elle est de nouveau sur ses deux jambes, et à une distance bien plus raisonnable de lui. Elle reprend le contrôle de son corps, lentement mais sûrement, et commence par lancer un regard sur sa montre. Il lui reste peu de temps avant de quitter les lieux. Sans voiture, elle allait devoir marcher et prendre le bus le plus proche jusqu'au commissariat. Heureusement que ce dernier ne se trouve pas à l'autre bout de la ville ou elle serait déjà en retard. Et Riv ne peut absolument pas se le permettre. Si le boss apprend que Cal a menti dans le but de la couvrir, il aura des ennuis. Après tout ce qu'il a fait pour elle au fil des années, après tout ce qu'il fait encore, il est hors de question qu'elle l'entraîne dans ses propres problèmes. Dans sa propre soif de vengeance. « Si tu restes en vie en l’approchant, oui. Elle est devenue plutôt méfiante la bestiole. » Manifestement, sa question rhétorique ne l'est pas pour tout le monde : Alex compte bien épiloguer sur Aeryn. « Après elle sait que si elle te touche elle peut crever la bouche ouverte. » Elle hausse un sourcil. Alex lui fait-il comprendre de manière détournée que même après sa longue absence, elle compte au moins autant, sinon plus, que sa protégée et infirmière ? Elle s'étonne elle-même pourtant, il lui faut admettre qu'elle en ressent une certaine fierté. Un certain soulagement. Car contrairement à ce qu'elle aurait pu croire, il semble que leur page est loin d'être tournée au yeux d'Alex. Il s'accordent au minimum sur une chose. « Donc vous pourrez vous cracher à la figure tranquillement. » Son attitude prouve qu'il s'en amuserait presque, de les voir s'étriper pour lui. River éclate de rire face à une assurance aussi marquée. « J'ai pas l'intention de croiser son chemin, je te rassure. Parce que si on en arrive là, tu sais très bien ce qui suivra. Et peu importe celle qui finira par prendre le dessus sur l'autre, tu n'aimeras pas le résultat. » Après tout, elles sont des ennemies jurées. River la flic et Aeryn la meurtrière. Même en mettant leurs liens respectifs avec Alex de côté, elles restent vouées à se combattre, avec deux seules fins possibles : la mort pour l'une, la mort ou la prison pour l'autre.

Finalement, Alex récupère sa canne et se lève. Il se dirige tant bien que mal vers l'unique porte de la maison, qu'il devine sans doute comme étant la salle de bains, annonçant à Riv qu'il va prendre une douche. « Je vais me démerder. Je vais pas te demander de le faire rassures toi. » La brunette se contente d'acquiescer. Il pense qu'elle ne veut pas le toucher, l'aider. Tant mieux. Elle n'a pas envie qu'il connaisse la réelle raison : sa faiblesse. Celle qu'il lui impose dès lors que la moindre parcelle de leurs peaux sont en contact. « OK, mais ne traîne pas trop. Il faut que je sois partie dans moins de vingt minutes. » Alex disparaît derrière la cloison et bientôt, le bruit de l'eau lui parvient aux oreilles. Elle s'installe sur le fauteuil qui lui a servi de lit les dernières heures, son smartphone entre les mains. Histoire de s'occuper l'esprit, elle vérifie les horaires des bus qu'elle connaît pourtant presque par cœur. Ils n'ont pas beaucoup changé en l'espace de douze ans. Le son d'un impact sourd lui fait soudain lever la tête. La salle de bains. D'un mouvement vif, Riv se dirige vers la pièce fermée, son oreille collée au bois de la porte. « Alex ? » Elle appelle d'une voix assez forte pour qu'il l'entende par-dessus la douche. Sans réponse, elle répète. « Alex, ça va ? » Réponds-moi, bordel. Parce que je te jure que si tu me fais entrer là-dedans sans être écroulé au sol, inconscient ou en train de te vider de ton sang, tu me le paieras.

Invité Invité

La douche. L’endroit en général que tu adores et qui détend tous tes muscles, le moment où tu acceptes presque la tronche de ta peau. Tu es juste entre toi et toi. Tu souris, face à l’eau qui coule sur tout ton corps, doucement, lentement, parsemant celui ci d’une douce caresse chaude. Tu comprends très vite que passé le moment idyllique, il va falloir que tu te nettoie, tout en tenant debout et en faisant attention à ton flanc. Tu as une main sur la paroi, une autre sur ton ventre, et tu n’as pas de troisième main. C’est plutôt compliqué du coup. Tu regardes le gel douche et le sniffe, ça sent son odeur. Tu le reposes, tu es pathétique mec. Tu finis par le reprendre pour te savonner, du moins essayer. Le gel coule sous tes pieds, tu essaye de te démerder mais bien vite tu as du savon a des endroits et pas d’autres. Tu en as marre de garder ton boxer alors tu essayes de l’enlever. On a bien dit essayer. Tu sais pas vraiment ce qu’il se passe et quel événement est en premier mais tu lâches l'élastique, le gel douche et tu finis au sol avec un grand boum, tu as glissé. tu es donc étalé sur le sol, le boxer à moitié ôté et ton “arme” apparente, tu es couvert de savon à des endroits et pas d’autres et tu regardes le plafond en te marrant et tu te tiens le bide comme un con. Tu ris mais tu sais que tu t’es fais mal. Tu aurais du demander à ce qu’elle te ramène, Ryn aurait fait le nécessaire.

– Impec, mais va falloir que tu rentres. Prépare toi, c’est le foutoir. Et jcrois que je suis me suis défoncé le pied. Enfin j’ai mal aussi au poignet alors j’ai peut être fait un combo.

Tu attends qu’elle arrive, et qu’elle te voit quasiment nu et en vrac. Ouais, tu vas ramer dans les semaines à venir.

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