RIVER / death is in our cards

06.06.20 16:27

death is in our cardsalex & riv

Elle ne sait pas du tout ce qui se passe là-dedans. Aucune idée. Pourtant, au-dessus du bruit de l'eau ruisselant dans la douche, il lui semble percevoir un rire. Il fout quoi, bordel ? Les mains sur les hanches, elle échappe un soupir irrité et se détourne de la porte afin de reprendre place sur le vieux fauteuil. Mais elle n'a pas encore fait un seul pas que la voix d'Alex lui parvient finalement. « Impec, mais va falloir que tu rentres. Prépare toi, c’est le foutoir. Et jcrois que je suis me suis défoncé le pied. Enfin j’ai mal aussi au poignet alors j’ai peut être fait un combo. » River lève les yeux au ciel, se demandant pourquoi son karma s'acharne aussi fort à lui pourrir sa journée. C'est pas comme si elle avait tiré sur un innocent, non ? Fais chier. J'ai pas le choix, de toute façon. Elle ne prend même pas la peine de répondre et se contente de faire irruption dans la salle de bains. Son regard balaie la pièce spartiate avant de tomber sur celui qu'elle cherche. Le gel douche gît dans le bac aux côtés d'un Alex à moitié savonné mais surtout, à moitié à poil. Et lui, pas perturbé du tout par la situation, continue à se marrer comme une baleine. « J'y crois pas. » Un putain de sketch. Qu'elle ajoute en son for intérieur. Riv a du mal à se dire que cette scène improbable n'est pas uniquement le fruit de son imagination tordue. Je vais me réveiller. Il faut que je me réveille. L'espace d'un instant, elle reste plantée là, sur place, espérant que Morphée lui accorde sa grâce.

Elle réalise bien vite qu'elle est (malheureusement) dans le monde réel et avance de quelques pas en direction de la douche. Elle remonte sa manche et commence par couper l'eau. Ce serait pas le moment qu'elle trempe toutes ses fringues. Elle doit rappliquer au boulot fissa, sans aucune possibilité de faire un crochet chez elle et de se changer. Jetant à nouveau un œil à Alex en évitant de descendre trop bas, elle comprend qu'il est sans doute tombé en essayant d'enlever son boxer. « Sérieux ? Tu pouvais pas attendre de rentrer chez toi pour faire l'intégrale ? » Qu'elle lui balance, le ton âpre. Sans le quitter du regard - pitié, ne le quitte pas du regard - Riv lui tend alors la main dans le but de l'aider à se relever. Une fois sur ses deux jambes, il pourra se rhabiller tout seul. Un vrai sketch, elle se répète, dépitée, alors que les doigts d'Alex accrochent les siens.

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Elle te regarde blasé, et tu comprends qu’elle aurait préféré que tu ne fasse pas de “conneries” et encore moins te voir à moitié nu. Toi, ça te fait marrer en fait. Parce que tu n’as pas de soucis à être nu devant any woman et encore moins elle. Elle te réchauffe et tu es surement très..hard ? A présent. Elle doit pas aimer la vue, parce que ça lui rappelle qu’elle ne veut plus toucher. Enfin, c’est ce que toi tu penses. t’as beau avoir entendu qu’elle était larguée, et pas forcément dégoûté, tu n’as pas oublié ses mots et tu sais qu’elle hait ce que tu fais dans ta vie. T’es mort trop de fois pour penser à ça de toute façon, pas question d’espérer. Alors tu laisses tes yeux enflammer sa peau, imaginer tes doigts jouant avec des parties d’elles qu’elle a dû laisser gripper. Tu souris quand elle te tend la main et t’y agrippe, nu, ta peau, contre elle, tu t’agrippes à elle, et merde, t’en profite pour sentir son odeur. Tu te souviens à quel point t’étais shooté à ça, H24. Un camé en manque qui prend sa dose, dose qui te tuera surement, tu le sais. Elle sait pas, elle, à quel point ton corps se souvient lui. toi t’as tout fourré dans le trou béant qui te sert d’âme, mais ton corps, il les revit en direct les sensations que tu nies. Merde, cette femme est toujours aussi envoûtante. Tu crèverais sans doute pour elle, mais tu lui dirais pas. Faut dire qu’elle t’a tiré dessus. Ok, tu as tout fait pour qu’elle le fasse. Tu amènes ta main sur sa joue, tu caresses celle ci avec tes doigts. C’est dans ces moments là que t’aimerais ne pas avoir du tuer son frère, ton frère. Parce que tu l’as perdue ce jour là, tu t’es perdu, et merde, c’est un gâchis dont tu te remettras pas.

– Nan, j’aime pas être crade. Et jle suis souvent.

Cette dernière chose, tu la souffles à peine à son oreille, et tu sais pas trop de quoi tu parles, juste qu’elle est en train de passer ton cerveau et ta volonté à la moulinette. Tu aimerais lui faire l’amour sur ce mur, dans cette douche, au sol, n’importe où en fait. Alors tu continues de le faire avec tes yeux, parce que c’est tout ce que tu auras tes cauchemars et tes souvenirs de vos corps qui s’entrechoquent, ou s'emboîtent parfaitement comme deux pièce d’une même unité.

– Tu peux me ramener du coup ? Du moins là où t’as pris la seringue ? Comme ça tu pourras rejoindre, qui tu as dit déjà ? Robert ? Bernard, fin le type que tu as l’air d’apprécier.

Autrement dit, le type que tu baises surement. Ce que tu dis pas. Le type que tu aimerais bien égorger et jouer avec ses tripes. Mais t’as pas le droit, tu ne toucherais pas à ce type, sauf s’il essayait de te tuer, bien sur. C’est vraiment pas drôle, tu tuerais tellement d’homme pour elle. Elle te haïrait pour ça. pourtant, elle devra se faire une raison, c’est qui tu es désormais.

12.06.20 16:54

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De toute évidence, Alex s'amuse comme un petit fou de cette situation carrément improbable. Mais plus il se marre et plus River sent sa main libre la démanger. Elle devrait sans doute lui en coller une, histoire de lui remettre les idées en place. Elle se retient pourtant, consciente que ce ne serait pas forcément utile. Et s'il était encore shooté aux médicaments ? C'est même sûrement le cas. Entre la piqûre du Doc alors qu'il était comateux et celle effectuée par Riv pour calmer ses crises, Alex n'est clairement pas dénué d'excuses. A bien réfléchir, qu'il ait été capable de se lever et rester debout aussi longtemps est presque un exploit. Sans doute le résultat de la curieuse injection en provenance directe des labos de la mafia.

Alex saisit les doigts de Riv, et elle imprime un vif mouvement du bras en arrière, lui permettant de se relever. Cette fois, ils sont encore plus proches que lorsqu'elle lui massait le dos avec son gel. Son esprit s'embrume, son cerveau se brouille, et elle a beaucoup de mal à ignorer la manifestation physique de son désir à lui. Respire. Il approche sa paume de son visage et ses doigts caressent sa joue. Lentement. Lui résister est un supplice. L'espace d'un instant, Riv n'a qu'une seule envie : céder. Son corps tout entier est attiré par le sien. La moindre parcelle de sa peau le réclame. La tentation est puissante. Enivrante.

« Nan, j’aime pas être crade. Et jle suis souvent. » Qu'il souffle à son oreille. Elle les entend, ces mots, en dépit de son cœur qui bat fort contre ses tempes. Et ils lui rappellent pourquoi ils sont là. Pourquoi elle lui a fait un trou dans l'abdomen. Il a tué ton frère. Douche froide. Alex ne saura jamais à quel point il est passé près de l'avoir entre ses bras. Elle le remercie intérieurement. Grâce à lui, elle n'aura pas à vivre avec un regret de plus sur une liste déjà infiniment longue. « Tu veux bien te rhabiller un minimum, maintenant ? » Elle lâche, neutre, un sourcil rehaussé.

Riv fait deux pas en arrière et s'éloigne de la douche. La distance la rassure. Elle en a besoin. Elle a trop peur de ses propres réactions, surtout quand Alex se tient à moins d'un mètre. « Tu peux me ramener du coup ? Du moins là où t’as pris la seringue ? Comme ça tu pourras rejoindre, qui tu as dit déjà ? » Elle s'empresse de trouver son regard. Elle a la désagréable impression que la suite ne va pas lui plaire. « Robert ? Bernard, fin le type que tu as l’air d’apprécier. » Son sang ne fait qu'un tour. Riv se sent coupable d'avoir mentionné Callen devant lui. Puis, elle se souvient qu'Alex savait déjà tout sur elle avant leurs retrouvailles. A n'en pas douter, il a aussi fait quelques recherches sur ses collaborateurs, à fortiori sur son coéquipier depuis cinq ans. Doit-elle juger d'une certaine jalousie dans son choix de prénoms ? Comme s'il ne savait pas…

« Je peux te déposer nulle part. Ma caisse est dans le garage attenant et elle n'en ressortira plus. J'ai pas spécialement envie de me balader en ville avec des sièges couverts de sang. » Elle s'adosse au lavabo. Quitte à parler de ça, autant en venir aux détails auxquels elle avait réfléchi un peu plus tôt afin de solutionner son problème actuel. « Je vais filer au poste. Tu n'auras qu'à demander à tes collègues qu'il te récupèrent ici. » Puisqu'ils savent déjà où il se trouve, ça ne devrait pas poser trop de soucis, non ? « J'ai une faveur à te demander. » Prononcer cette phrase lui fait mal néanmoins, elle n'a pas le choix. « Avant de partir, cramez tout. Maison, garage, bagnole. Je me débrouillerais avec l'assurance. J'imagine que ça doit être dans tes cordes ? » C'est pas que ça l'arrange de devoir trouver une autre planque, mais River sait qu'il le faudra, d'une façon ou d'une autre. Ici, c'est terminé.

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Elle ne semble pas vraiment emballée à l’idée de te déposer où que ce soit. Et elle veut que tu te rhabilles. Tu as envie de rire. Parce qu’autant te déshabiller c’était plutôt complexe, mais recommencer, tu as la nausée rien que d’y penser. Elle semble vouloir que tu t’en ailles, se débarrasser de tout ça, le moment est rompu. Ou n’y en a t-il jamais eu ? Etait ce dans ton imagination ? Surement.

– Je mentais pas, jme suis fais mal et je t’avoue que je suis pas franchement doué pour tenir debout. Passe moi mes vêtements. Jvais essayer.

Tu prends un à un, le pantalon, que tu arrives à peu près à enfiler d’une main. Tu as envie de rire de toi, tu passes ton temps à morfler, mais là tu chouines pour un poignet que tu ne sens même pas autant que ta jambe, qui tu ne veux pas le dire, te donne envie d'amputation là de suite. Techniquement tes deux jambes sont abîmées, celle là l’est juste plus que l'autre et fait plus souffrir. Mais t’es pas dans un monde où on montre ses faiblesses, on se tient droit, et on prétend que rien ne vous donne envie d’en finir parfois. La plupart dirait que tu en fais trop, que tu te plains, sauf que tu ne te plains pas vraiment en fait, tu plaisantes, tu en parle avec légèreté, mais tes amis le savent, ce que ça te coûte réellement. Tu n’as pas envie de faire pitié devant River, alors tu diras encore moins. Tu te mets toi même un bandage et tu mets à présent ton t-shirt, grimaçant au passage du bras. Elle te dit qu’elle te laisse attendre tes collègues et qu’ils te récupèrent eux. Ce qui veut dire qu’elle s’en va, qu’elle se moque de. Qu’est ce que tu croyais idiot ? Tu sais même pas si tu as cru à quelque chose. Elle t’a ramené ici, prit soin de toi et tu t’es dis, que peut être, elle accepterait ton monde, il va falloir que t’arrête la drogue. Elle peut dire ce qu’elle veut, elle ne fera jamais de place pour ce que tu es devenu. A présent elle te demande de cramer l’endroit.

– Brûler l’endroit ? Tu plaisantes ? J’ai l'air d’être un mec qui crame les planques ? Pour qu’un nettoyage soit fait il faut appeler le service pour et il se content pas de virer la planque, ils virent les témoins. Mai tu sais quoi si tu veux tellement effacer ce qu’il s’est passé aujourd'hui. Démerde toi. Appelle Callen, il t’aidera surement.

Ouais, par magie tu te souviens du prénom de son partenaire que tu hais déjà. Tu savais pas qu’elle en avait un, parce que ton équipe a évité de t’en parler, mais tu aurais pu t’en douter. Certains restent bloqué dans un passé révolu et se torturent, et d’autres passent à la suite comme si le passé n’avait pas existé. et tu sais que tes pensées sont égoïstes, parce que le passé est aussi le souvenir d’une mort. Mais ça reste dur d'être oublié. De n'être qu’un souvenir qu’on essaye d’enterrer. Tu es à présent en colère. Tu te tiens au mur pour sortir de là et tu reprends ta canne. Tu as envie de brûler cet endroit, mais pas pour les mêmes raisons. Tu t’assieds sur le lit, parce que debout est plutôt compliqué en cet instant. C’est marrant, tu avais tiré un trait, où tu le croyais dur comme fer, et pourtant, tu t’es vu t’accrocher à un fin espoir, vain. Tu es juste un idiot. A croire que tu as relu la belle et la bête récemment, la réalité c’est pas un conte de fée et tu n’es pas un adolescent rêveur. Loin de là. Tu t’es fais avoir comme tous ces crétin qui pensent que l’amour est un droit. On peut te l’arracher aussi facilement qu’on te l’offre. Tu serres le tissu du lit, tu as honte d'avoir laissé une flamme éteinte se raviver. Tu devrais le savoir ton monde est aussi noir que la suie, rouge comme le sang, le reste, ça n’est plus un élément de celui ci.

– J'envoie un sms, ils seront là dans quelques minutes. Pour le reste, t'es une grande fille non ?

Que tu dis à présent, le masque remit sur on visage, ton ton est froid et dur, et tu le sais, le seul moyen de ne pas sombrer, c'est d'incendier tout ce qui peut te perdre. Tu viens donc d'incendier tout ce qui se rapporte à elle, elle cherchait ce qu'il reste de celui qu'elle a connu, plus rien du tut, à présent.

27.06.20 14:16

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Le moment est passé, terminé. Enterré. Le souvenir de ses mots, ceux avouant froidement le meurtre de son frère, ont su éteindre la flamme qui était en train de renaître en elle, en-dehors de tout contrôle.
Sans même en avoir conscience, grâce à l'écho d'une simple phrase prononcée une poignée d'heures plus tôt, Alex vient de la sauver d'un acte impulsif, brûlant, au feu dévorant, qui l'aurait consumée tout entière pour ne laisser derrière lui qu'un amas de cendres chargé de regrets.
River fait quelques pas en arrière et se cale contre le lavabo, loin de lui, de son corps quasiment nu, de son odeur, afin de s'assurer qu'aucune braise ne subsiste.

Il entreprend d'abord de se défendre : il n'a pas menti et s'est vraiment fait mal en chutant sur le carrelage dur de la douche. Bien sûr qu'elle le sait. Que sans son aide à elle, il lui aurait été impossible de se remettre debout. Du moins, pas sans risque de faire sauter les points de suture de sa plaie à l'abdomen.
Elle sait aussi qu'elle aurait pu - aurait dû - l'aider à remettre ses vêtements. Mais elle n'en a pas la force. La peur de ce qui pourrait se passer la tenaille trop pour l'ignorer, pour céder.
A la demande d'Alex, elle lui passe ses fringues et retourne contre l'évier, ses paumes moites accrochant l'émail fatigué. Afin de ne pas avoir à l'observer en silence, elle évoque la suite des événements : son retour au poste, son besoin de voir les lieux (bagnole incluse) disparaître le plus vite possible.

Alex s'emballe. Il prétend que le service gérant ce type de problèmes est tenu d'effacer toutes les traces, pas seulement matérielles. Riv ressent sa colère mais elle le pense sincère, pour le coup. Il faut croire que, malgré ce qu'il laisse entrevoir, il n'est pas si haut que ça sur l'échelle sociale de la mafia.
Elle pousse un soupir agacé et son cerveau est déjà en train de chercher une solution alternative. « Démerde toi. Appelle Callen, il t’aidera surement. » Son regard, planté dans le sol, se lève instantanément et trouve celui d'Alex. Il est glacial. L'entendre prononcer son nom, en sachant ce qu'il est capable de faire, lui inspire une fureur phénoménale.
Mais River garde le silence et reprend vite ses esprits. Si Alex voulait voir Callen mort, il l'aurait déjà tué. « Très bien. Je me débrouillerai. » Elle lâche finalement d'un ton laconique, mettant un terme au sujet.

Il termine de s'habiller, attrape sa canne et rejoint la pièce principale. Il se laisse choir sur le lit au moment ou River quitte à son tour la salle de bains. Le parquet défoncé grince sous ses pas. Bientôt, il ne restera plus rien de cet endroit.
« J'envoie un sms, ils seront là dans quelques minutes. Pour le reste, t'es une grande fille non ? » Sa voix est brusque, fermée. Elle se demande soudain pourquoi il est si énervé et finit par comprendre. Leur proximité, sous la douche. Qu'attendait-il d'elle ? Qu'elle se laisse emporter par ses émotions, par les réminiscences de ce qu'elle ressentait pour lui, avant ? Voulait-il la voir craquer, la retrouver, construire un pont au-dessus du gouffre immense qui les sépare ?
Alors pourquoi il t'a avoué ce qu'il a fait à ton frère ? Pourquoi ne pas simplement se taire, te laisser dans l'ignorance ? S'il voulait se rapprocher de toi, pourquoi te dire la vérité ?
Elle est perdue. Elle ne sait pas quoi dire, quoi faire, n'a aucune idée des intentions d'Alex. Et c'est précisément ça qui la retient. « Ouais. T'as raison. Et parce que je suis une grande fille, je vais attendre avec toi. Je voudrais pas que certains éléments d'ici finissent entre les mains de tes collègues. Qui sait ce qu'ils pourraient en faire. »

En laissant Alex seul dans sa planque, elle prendrait un risque. Celui de voir sa voiture couverte de sang finir sur le parking de la Garda, par exemple. Alex ne lui voulait peut-être pas de mal, pas comme ça, mais pouvait-elle en dire autant des autres membres de son équipe ? Après tout, ils l'avaient vue tirer sur leur boss. Ils pourraient agir dans son dos en pensant faire pour le mieux…
Joignant le geste à la parole, Riv se cale à nouveau dans le fauteuil. Elle aurait mille questions à poser à Alex. Pourtant, sa gorge est nouée, les mots refusant de sortir.
Toute cette situation lui fait bien trop mal.
Et elle a toujours eu l'habitude de souffrir en silence.

@Alexander O'Connor keur

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Elle abdique. Ca ne lui ressemble pas mais tu ne fais pas attention, ou plutôt tu ne veux pas. Tout ce foutoir rend cette vie que tu as presque choisie moins supportable. Parce que tu sais que tu as renoncé à énormément en rentrant dans ces rangs là. Mais tu sais aussi que tu as renoncé à elle. Ca te fout en l’air de savoir ça, et pourtant, tu l’as payé, plus d’une fois, et tu le payeras jusqu’à ta mort qui ne sera surement pas à 90 ans dans ton lit. Live bloody, die bloody. Ton regard est froid, mais pas ton coeur. Tu pourrais nier, tu pourrais hurler, mais tu l’as tout au fond, blotti dans un coin de ton coeur, et rien de ce que tu feras ou diras ne changera ça. Ca te détruira mieux que n’importe quoi d’autre. voilà qu’elle change d’avis et veut rester. Tu ris. Elle te sort qu’elle a peur qu’ils récupèrent des trucs.

– Je sais pas de qui tu parles. Si tu parles des gosses qui bossent avec moi, ça risque pas. Ils feraient rien sans mon accord. Probablement parce qu’ils savent ce qui les attend s’ils le font. Ils perdront leur protection, seront livrés au reste des chiens qui nous donnent des ordres. Le conseil a pas la notion de compassion. pour arriver en haut faut être impitoyable. Ya de belles pourritures au sommet. Mais je comprends, tu n’as pas confiance. Ma parole ne vaut plus rien, du moins pour toi.

Tu es blessé, même si tu lui as menti. Mais tu l’aurais perdu à être honnête aussi. C’était une voie sans issue de toute façon. La vie n’est pas une vie tranquille. Tu reprends ton laius, elle s’en fout, mais toi tu aimes parler de ce que tu as fait de mieux dans ce monde pourri.

– Pour eux, je suis le type qui les a empêché de finir leur carrière mafieuse beaucoup trop tôt. J’ai plus ou moins chopé le ptit Söl à l’orphelinat, sinon il finissait élevé par la mafia et c’est loin d’être fun. Aeryn a failli se faire violer et tuer et jlai récupéré. Les autres étaient déjà dans le coin, mais disons qu'ils étaient pas taillé pour survivre sans heurts, ou ils auraient mal fini. J’avais besoin de faire quelque chose de bien jcrois, foutu pour foutu. Peut être pour leur éviter le crash and burn que j’ai fait moi.

Tu fais une pause, repensant à tes choix qui n’en ont peut être pas été. Tu étais jeune, tu avais un modèle, c’était peut être pas le bon.

– Ce soir là, il m’a demandé de m’en aller, de filer en douce et de t’embarquer avec nous. J’en avais envie, et puis avant qu’on en rêve, on nous a chopé. Jsais pas si j’aurais tenté. Jsuis pas sûr qu’on ait eu le choix. Notre oncle avait décidé de nous foutre là dedans, on a suivi, on cherchait un but dans la vie, on a trouvé un but dans la mort. Jvoulais rien de tout ça. Mais jsuis pas sur que Dublin nous laisse faire des choix, tu aurais pas dû revenir. Cette ville te fera cracher tes principes, te pourira de l’intérieur et t’arrachera tout ce que tu aimes. Tu devrais repartir, toi, tu peux encore.

Ton regard est plus doux, tu es pas doué pour la haïr, même si ce serait plus simple pour vous deux, mais mortellement dangereux pour elle. tu la fixes avec le même regard qu’il y a des années, juste l’enveloppe qui diffère, mais ton coeur lui reconnaît celle pour qui il a battu. Surement pour qui il bat toujours. Tu inspires, grimaces. T’aurais sans doute dû la tuer. Ou laisser tes gardes le faire. Tu la sans doute mise dans la merde rien qu’en les empêchant de le faire, s’ils parlent, elle est foutue. sait elle le nombre de mafieux que tu tuerais sans ciller, s’ils osaient la traquer ? Sans doute pas.

14.07.20 17:02

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River se cale contre le dossier du fauteuil en état avancé de délabrement avant de remonter ses jambes. Elle tente de trouver une position plutôt confortable pour ses muscles endoloris. Pourtant, elle n'a rien fait qui puisse expliquer cette soudaine lassitude. Elle n'a pas couru un marathon en poursuivant un suspect. Elle ne vient pas non plus de finir un entraînement dans la salle dédiée au commissariat. Et bien évidemment, elle ne se voit pas considérer le massage demandé par Alex ni son aide pour le relever dans la douche comme des efforts physiques extrêmes…
Alors que ses doigts triturent un fil sur l'accoudoir décousu, elle réalise que toute la fatigue qui l'assaille est liée aux émotions qui n'ont cessé de la heurter par vagues intenses depuis la veille au soir. Depuis ses retrouvailles avec lui. La violence de ses mots, de ses révélations. Son coup de feu aussitôt regretté. Ce désir fulgurant qu'elle aurait voulu ne jamais ressentir compte tenu des circonstances. De ce qu'il a fait. Ce qu'il est devenu au fil des années.
La détective en arrive à une seule conclusion : son corps est endolori parce que son esprit est incapable de supporter seul le poids des derniers événements. Et parce que sans ce partage de la douleur et de la culpabilité, elle se serait sans doute déjà effondrée.

Installé sur le lit de camp face à elle, Alex finit par briser le silence qui s'était fait une place entre eux. Il cherche à remettre les points sur les i concernant ses collègues dont la détective se méfie. Apparemment, ils ne sont que des jeunes et ils savent que le moindre écart vis-à-vis des ordres donnés leur serait fatal. Comme pour Devon. La première règle de la mafia est assez claire : une fois à l'intérieur, il est interdit d'abandonner la famille. Dev ayant bafoué ce précepte, ils lui ont donc fait subir le châtiment ultime.
Le poing de River se serre alors qu'elle songe à la mort de son grand frère, aux vérités qui l'entourent, et dont certaines restent encore, peut-être, des zones d'ombres à ses yeux. Alex s'ouvrira-t-il complètement un jour à ce sujet ? Quand bien même, a-t-elle seulement envie qu'il le fasse ? Pourra-t-elle le supporter ?

Pour l'heure, il évite de mentionner ce terrain glissant qu'est Devon. A la place, il lui donne quelques informations sur les fameux gosses qu'il a pris sous son aile. Des citoyens devenus criminels afin d'éviter un destin autrement plus funeste. Il y a Söl. Aeryn (elle grince imperceptiblement des dents). Et d'autres qu'il choisit de ne pas nommer. River écoute, le regard dans le vide, loin de lui. Mais elle ne dit rien. Que répondre à cela ? Le fait qu'il ait sorti des gamins de la damnation éternelle suffit-il à racheter ses activités d'assassin ? Bien sûr que non.
« Ce soir là, il m’a demandé de m’en aller, de filer en douce et de t’embarquer avec nous. » Son cœur fait un bond dans sa poitrine. Elle déglutit, la gorge sèche, et dirige lentement ses yeux sur lui. Des yeux qui, en l'espace d'une seconde, sont devenus humides. Alex avoue qu'il aurait pu ne pas aller au bout de cette défection. Lorsqu'il parle de son oncle, Riv serre la mâchoire. Après l'accident, quand Alex lui avait tout raconté - ou du moins, ce qu'il a bien voulu lui dire sur le coup - il avait révélé l'importance de son oncle dans leur basculement, à lui et à Devon. Car il avait été leur porte d'entrée au sein de la mafia. Aujourd'hui, il est la cible principale de River. L'homme à abattre.

Un soupir échappe à Alex et il observe Riv avec un air plus doux, presque tendre. Il admet qu'il n'a pas voulu tout ça. Et qu'elle n'aurait pas dû revenir. Que cette ville obscure finirait par la pourrir et lui arracher tous ceux qu'elle aime, un par un. « Tu devrais repartir, toi, tu peux encore. » River capture son expression intense afin de la déchiffrer. De nombreuses années se sont écoulées mais elle sait qu'il est sincère, là, tout de suite. Il ne cherche pas à l'éloigner pour pouvoir continuer son boulot sans qu'elle ne lui mette des bâtons dans les roues. Il cherche, au contraire, à la sauver.
En un éclair, elle comprend. Que celui qu'elle aimait est encore là, en lui. Que ce qu'il ressentait pour elle à l'époque n'a pas disparu. Il tient encore à elle. Il tient à elle et il est en train de le lui prouver. Sauve toi. Voilà ce qu'Alex lui dit vraiment derrière son calme apparent. Sauve-toi avant qu'il ne soit trop tard.
Elle remonte ses genoux contre sa poitrine et entoure ses jambes de ses bras. « Je peux pas, Alex. » Sa voix est éraillée, remplie d'émotion. Posée, aussi. Autant que la sienne, une poignée de secondes plus tôt. Elle abandonne son masque et seule la sincérité et une cruelle réalité demeurent : son retour à Dublin n'est pas vraiment sa décision non plus. Plutôt une évidence. Un besoin irrépressible. « J'aimerais pouvoir faire ce que tu demandes. Crois-moi, tu n'es pas le premier à me dire que c'est une erreur monumentale. » Ses pensées dérivent un instant vers Callen. Combien de fois a-t-il tenté de la dissuader ? Plus que ce qu'elle a pu compter. « Mais il le faut. C'est bien au-delà de ce que je peux vouloir ou non. C'est… comme ça. » Elle hausse les épaules. Inutile d'entrer dans de vives explications, surtout qu'elle n'est pas sûre d'y arriver.
Et après tout, cela devrait suffire à Alex. N'est-il pas dans la même position qu'elle, à quelques détails près ? S'il quitte la mafia, il se fait descendre. Si elle abandonne sa vengeance, ce feu qui l'anime se retournera contre elle et la consumera de l'intérieur.
Finalement, ils disent vrai, l'un et l'autre : aucun des deux n'a le choix.

@Alexander O'Connor keur

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A ECOUTER AVEC https://www.youtube.com/watch?v=f8WPvrH031c

T’étais pas sur que tout ça aurait dû se passer. Tu aurais du passer ton chemin. Mais en avais tu été un jour capable ? Pas vraiment non. T’étais incapable d’oublier ce visage qui était resté gravé malgré tes efforts pour l’effacer. Elle était là, tu y avais accès, et en même temps, elle était si loin, et ça faisait mal. Bien plus que tu ne l’avais imaginé. Tu savais qu’après ça il fallait que tu passes à autre chose. Parce que ta vie c’était aeryn, les autres et c'était ce qui t’attendait désormais. Tu n’y avais plus le droit, tu avais compris. Sa position te blesse, tu hais la voir aussi perdue. Par ta faute. Par la sienne ? Tu sais plus. Tu inspires, tu l’écoutes te dire qu’elle s’est impliquée, qu’elle ne peut pas repartir en arrière. Tu te retiens de demander si c’est à cause de ce callen de merde. Tu dis rien, tu la laisses te dire quelle est coincée, ici. Ta décision est prise, c’est la dernière fois qu’elle te verra. Tu la protégeras, de loin. Tu n’es pas idiot, tu te doutes que des gens vont essayer de la tuer, la capturer ou autre pour essayer de l'atteindre. Ils te pensent faibles, ils ont tort, tu brûlerais des villes pour elle. Elle te rendrait bien pire au contraire s’ils agissaient ainsi. Tu reçois un sms, ils sont là. Tu sais déjà ce que tu vas faire. Juste une dernière fois, tu as besoin de ça, pour oublier, pour essayer. Tu te lèves, tu t’aides de la canne, fragile, tremblant, mais tu arrives à la hauteur. Tu ne peux pas, là de suite, te pencher, alors tu la fait se lever en lui tenant la main, espérant qu’elle te laisse au moins ça. Tu tiens sa hanche pour être stable, ton autre main caresse sa joue, tu remets une mèche. Tes yeux sont humides, tu n’as pas pleuré depuis une éternité. Tu ne le fais pas plus à cet instant, mais ton regard en dit beaucoup. Tes lèvres se déposent sur les sienne dans un baiser de rage, de désespoir, tu y mets tout ce que tu aimerais dire. Tout ce que tu ne diras pas, tout ce que vous ne ferez pas. Ta main tient sa nuque, ta bouche lâche ses lèvres à regret. Tu laisses ton front se coller au sien. Ta main tremble, serres sa nuque.

– Tu as raison, tu ne peux pas, mais je peux prendre la décision pour toi. C’est la dernière fois que tu me vois. Je m’arrangerais pour que personne n’essaye de te tuer. Mais si je n’y arrive pas ou si, enfin, protège toi. Celui que tu as connu est toujours là, mais il n’a plus le droit d’être. Il a perdu trop pour le supporter. Je suis désolé River.

08.08.20 13:46

death is in our cardsalex & riv

Elle aimerait pouvoir tourner le dos à toute cette histoire, comme il lui demande de le faire. Elle donnerait tout pour embarquer Callen et rentrer à Galway, retrouver ses parents, son quotidien. Elle voudrait oublier Dublin, la mafia. Oublier la terrible vengeance qui la tenaille depuis tant d'années. Mais surtout, elle voudrait pouvoir l'oublier lui. Oublier celui qu'il a été, celui qu'il est devenu, et ce qu'ils ne seront plus jamais ensemble. Sur le papier, cela semble pourtant simple. Il lui suffirait de démissionner, faire à nouveau ses valises, et prendre la route hors de cette ville sans se retourner. En se promettant de ne plus jamais remettre les pieds dans ces rues dangereuses, voire létales pour ceux qui osent porter le badge, comme elle. Oui, en théorie, faire demi-tour est facile. En théorie, seulement.

Car en pratique, les choses sont bien plus compliquées que ça. Alex lui demande l'impossible. Riv ne lui en tient pas rigueur. Il ne sait pas ce qu'elle est devenue, ni combien elle a changé malgré leur altercation de la veille, malgré le coup de feu surprenant qui a suivi. Il la voit encore comme une architecte pleine de rêves et de projets évoluant bien loin de la criminalité, de la douleur, du Mal absolu. Cette River Monroe est morte, pourtant. Assassinée par les mêmes personnes qui lui ont pris son frère, l'homme de sa vie, et le bel avenir qu'elle espérait pour eux. Certes, elle a pu renaître de ses cendres. Dans un seul et unique but seulement : détruire ceux qui se sont acharnés à tout lui enlever. C'est devenu son moteur, sa raison d'être. Sans cette vendetta qui l'anime, Riv n'est qu'un fantôme. Une coquille vide.

Le portable d'Alex émet une courte sonnerie. Il jette un oeil à son écran et se lève aussitôt. Ses collègues doivent être arrivés juste devant le bâtiment en ruines, et le préviennent qu'il peut sortir les rejoindre. Sa canne dans une main, il tend l'autre à River. Elle l'attrape sans même réfléchir et se laisse entraîner. Bientôt, ils sont de nouveau proches. Trop proches. Et son rythme cardiaque s'emballe encore, de plus en plus vite, de plus en plus fort face aux gestes d'Alex. Une paume sur sa hanche. Ses doigts qui caressent sa joue, qui remettent une mèche de cheveux derrière son oreille avec une infinie tendresse. Ils gardent le silence : ils n'ont plus besoin de mots, leurs regards suffisent.

Une part de Riv essaie de lui hurler de se reculer, de repousser Alex et tout ce qu'il lui inspire en cet instant précis. Elle lui rappelle que sans lui, Devon serait encore de ce monde. Qu'il a fait couler le sang. Qu'il sert la mafia. Le mauvais camp. Elle n'est cependant pas assez puissante, cette part d'elle-même qui le hait au plus haut point. Parce qu'à la seconde où les lèvres d'Alex fondent sur les siennes, elle s'abandonne. Complètement. Elle lui rend son baiser avec une ferveur dont elle ne soupçonnait pas l'existence. Une force dévastatrice. En dépit de tout - du temps, des erreurs, des mensonges et de la trahison, River réalise alors qu'il n'a rien perdu de son pouvoir sur elle. Au contraire.

Il rompt leur lien au moment où elle s'apprêtait à lâcher prise face à son désir grandissant. Leurs fronts l'un contre l'autre, les yeux fermés alors qu'elle cherche à reprendre son souffle et calmer son cœur, elle l'écoute lui dire qu'il comprend. Et que face à la situation, il accepte de choisir à sa place, de choisir pour eux : ils ne se reverront plus. Sa poitrine se serre. Ses mots la blessent. Pourquoi ça fait si mal alors que quelques heures auparavant, je n'avais qu'une envie : le tuer ? « Celui que tu as connu est toujours là, mais il n’a plus le droit d’être. » Je sais. Je ne le sais que trop bien. Qu'il est encore là. Je le sens. « Il a perdu trop pour le supporter. Je suis désolé River. » Je suis désolée aussi.

Alex se redresse. Elle lève enfin les yeux sur lui. Des yeux pleins de larmes qu'elle est incapable de refouler. Il attend quelques secondes, lui laissant sans doute une occasion de réagir, puis se dirige vers la sortie. La poignée grince quand il entrouvre la porte, laissant un rai de lumière filtrer dans cet intérieur aussi sombre et abîmé que leurs cœurs. « Alex. » River se retourne. Il en fait de même et elle plonge ses iris dans les siens. Elle ne peut pas le laisser partir sans qu'il sache, sans qu'il ne connaisse sa propre décision. « Je le ramènerai. Celui que j'ai connu. Peu importe le temps que ça prendra, peu importe ce qu'il en coûtera. Je le ramènerai. » On se reverra.

River en est persuadée. Qu'ils le veuillent ou non, leurs chemins seront forcément amenés à se recroiser un jour. Parce que la réalité est là : à l'avenir, ils ne seront pas plus capables de rester loin l'un de l'autre qu'ils ne seraient capables de vivre sans respirer.

@Alexander O'Connor keur

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