JAY / here your money

Le jour de la paye, le moment où ton compte en banque se vide et que celui de tes sources diverse et variées sont riches Toi c’est pas par mois, c’est à chaque information Bien sur selon le type d’informations et ses ramifications, le prix augmente En revanche, s’ils reviennent bredouille et tu ne leur donnes pas un centime C’est assez rare de toute façon, ils savent ta réputation, que tu es liée à tout un tas de gens qui peuvent leur expliquer ton implication prospère dans cette bonne vieille ville. Avant de fusionner avec ton canapé, c’est devenu une obsession, tu te décides à appeler tes sources une à une pour leur tendre le du. Tu prépares les enveloppes. C’est quand même vachement mieux sans traces papier. Tout est informatisé, mais rien n’est déclaré pour tes sources ça évite qu’ils y laissent leur peau ou la tienne. Tu tiens bien trop à ta petite vie pour la risquer pour des gens, qui, parfois, ne te font ni chaud ni froid. La mort des gens à qui tu n’es pas liée te passe au dessus, en revanche si c’est un bon coup ou qu tu t’es encore faite avoir par cette histoire d'amitié, c’est différent. Après quand tes sources rapportent gros, tu essaies plus de les garder en vie que les autres. Tu attends d’une minute à l’autre, le premier, Jay. Un des motards local et un ex régulier qui semble à présent vouloir repartir entre les jambes de son ex. Tu es assise et tu as laissé ta porte ouverte. Tu le vois arriver, le tatoué que tu le surnomme, classe et nonchalance. Tu souris quand il arrive devant ton bureau et tu croises les jambes en mode pin up ce que tu n’es pas, un jour tu arrêteras de jouer des rôles, mais on y est pas encore. Toute façon, tu sais même plus qui est toi et qui est le rôle désormais.

– J’espère que ça t’ira mon grand. T’as été efficace. D'ailleurs, tu as du temps pour une ptite mission sympa ou pas ?

Quand tu avais un sourire pareil, c’est que tu attendais comme une gamine la mission que tu avais en tête, qui, souvent, était d’aller faire flipper un client ou la personne que tu cherchais pour ton client. Parfois tu venais avec, d’autres tu épiais et prenais des photo, ou envoyait quelqu’un le faire. Bref, tu te croyais à la récrée, mais là pas de corde à sauter ou de balle au prisonnier, plutôt des genoux qui tremblent et des gens qui deviennent coopératif. En revanche si on abusait, on passait des menaces aux actions. Tu n’étais pas mère teresa.

Nous y voilà, c'est l'heure de récupérer un peu de pognon ! Et ça tombe bien parce qu'à force de picoler et d'acheter des conneries, les caisses commencent à être vides. Ouais bon il y a aussi ma petite addiction aux jeux d'argents mais après tout, il faut bien se faire plaisir pas vrai ? Pourquoi avoir du fric si c'est pas pour le dépenser ? Certes il y a des façons plus intelligente de dépenser son blé mais ça, j'y arrive tout simplement pas. Attendre le bon plan et ce genre de choses, c'est pas pour moi. Je suis clairement pas assez patient pour ça. Et pour ma défense, je me débrouille tout de même pas trop mal, puisque j'ai toujours un appart et assez de fric pour mettre de l’essence dans ma bécane. En parlant de ma bécane, je n'ai pas d'autres choix que d'abandonner cette dernière pour rejoindre le bâtiment où m'attend Felicia. Une jolie petite détective et accessoirement une ex qui aime me refiler du boulot. A croire qu'elle est encore folle de moi ! Non ok ça c'est des conneries mais toutes les occasions sont bonnes pour la taquiner alors je ne risque pas de me gêner.

Clope derrière l'oreille, j'emprunte tranquillement ce chemin que je connais par cœur et ne tarde pas à me retrouver face à la demoiselle. Comme d'habitude son style permet de capter le regard de n'importe quel type. Mais le mien ne s'attarde pas bien longtemps sur sa petite gueule d'ange, préférant bien vite glisser jusqu'à l'enveloppe qui m'attend bien sagement sur le bord du bureau. « Si ça m'va pas, tu rajoutes quelques billets ? » Observant la blonde du coin de l'oeil, je me penche pour récupérer l'enveloppe et attrape les billets qui se trouvent à l'intérieur sans même chercher à compter. « C'quoi cette petite mission sympa ? » Lançai-je tout en pliant les billets pour les faire disparaître à l'intérieur de ma veste. Oubliant volontairement l'enveloppe qui retourne traîner sur le bord du bureau. « La dernière fois que t'as eu ce genre de sourire, j'ai du te traîner avec moi pour que tu puisses prendre ton pied à me voir cogner un type. » Sans attendre une réelle réponse, je récupère la chaise qui traîne sur le côté et l'attire devant moi, la tournant de façon à avoir le dossier face à moi. Le regard toujours posé sur la jeune femme, je m'installe à califourchon sur le siège et croise mes avant-bras sur le dossier. Qu'est-ce que cette gonzesse à derrière la tête ? Voilà exactement la question que je me pose alors que j'attends bien sagement une réponse. Réponse qui ne servira de toute façon à rien, puisque pour une nouvelle enveloppe je vais accepter ce job à la con et retourner tabasser des pauvres mecs au quatre coins de la ville. Ouais, je suis faible quand il s'agit de foutre le bordel et Felica la visiblement très bien compris, puisqu'elle adore me filer ce genre de boulot. Ou alors elle espère juste que ça tourne mal et que je termine derrière les barreaux... hum... oui ça lui ressemble plutôt bien aussi. En même temps, c'est pas pour rien si je m'entends bien avec elle. Dans le cas contraire, ça fait longtemps qu'elle aurait du se trouver un autre gars pour l'aider dans ses magouilles.

Voilà qu’il vient d’arriver et qu’il s’amuse déjà avec tes nerfs le grand tatoué. Heureusement que tu le connais depuis quelques temps ce gros ours, ou il aurait mal fini parfois. Il jouait, et il savait que tu joues aussi. Il propose d’ajouter des billets, et tu souris, à sa remarque, petit rappel, ton sourire n’augure jamais rien de bon.

– Mais bien sur et ensuite on s’envoie en l’air sur cette table. Je pourrais aussi ne rien te donner du tout et m’arranger pour que tu finisses avec une balle dans la tête. T’as de la chance que je t’ai vu nu, ça motive.

Si la pétasse qu’il avait retrouvé depuis - une pétasse canon que tu aurais bien goûté cela dit - entendait ça, elle essaierait de te faire la fête. Et pas comme un mignon petit chien qui t'accueille chez toi, non. A dublin, il était un peu trop aisé de se fournir des armes, on irait pas embêter la tigresse, même si c’était siii tentant. Sans surprise, la mission semblait l’intriguer, peut être aussi l’idée de billets supplémentaires. Tu étais pas mieux de toute façon.

– Regarde le, avec la queue qui frétille.
Disons qu’une de mes sources s’est dit que de donner ses infos à d’autres était une idée fa-bu-leuse. Et que j’aimerais lui rappeler que j’ai beau ressemble à une gentille petite, c’est une putain d’illusion. J’aurais pu demander à d’autres, je suis d’accord. Mais comme tu dis, tu es tellement adorable que tu me laisse regarder et prendre des photos !

Les photos étaient gardé en numérique et en papiers afin de rappeler à certains qu’on était pas une oeuvre de charité par ici. Tu savais qu'ici pour pas crever, fallait des bons contacts, des assurances vies par milliers, et un joli minois pour paraître innocent pour d’autres. Ton minois pouvait autant te desservir que t’attirer des faveurs. Certains avaient découvert que même sans homme de main, tu savais te défendre. Voire défoncer un type à coup de de battes ou pratiquer les arts martiaux avec élégance. Les gens voyaient une jolie poupée. Tu étais une salope, une garce et parfois, tu avais tout d’une psychopathe. C’était si amusant de jouer.

Sans surprise l’idée de me donner plus de fric ne plaît pas à mon interlocutrice. Dommage parce que je n’aurais pas été contre une petite prime. Contre un corps à corps sur le bureau non plus d’ailleurs. Mais tout ça appartient au passé maintenant et ça se voit plutôt bien. Puisque je suis encore debout avec mes fringues, chose qui n’aurait pas été le cas il y a quelques mois en arrière. A la place, j’ai le droit aux répliques de la petite blonde qui cherche à m’intimider avec un petit speech qui doit certainement fonctionner avec certaines personnes. « Quoi ? Je perturbe encore tes pensées ? C’est mignon et je sais que tu pourras plus trouver mieux mais quand même… » Bras croisés, je penche un peu la tête, continuant d’observer la petite blonde qui me donne enfin un peu plus d’infos sur ce qu’elle a en tête. Enfin plus d’infos c’est un bien grand mot parce qu’en réalité je reste plus ou moins au même point. « Si tu prends pas quelqu’un d’autres c’est parce que t’as envie que le job soit bien fait tout simplement… tu peux le dire clairement, c’est une surprise pour personne. » Haussant les épaules, voilà que je laisse mon regard se balader un court instant sur les parties du corps visible de la blonde. Avant de reporter mon attention sur son visage. La trainer avec moi pour aller cogner un type. Autant dire que l’idée ne me plaît pas vraiment… habituellement j’aime faire ça en solo, ça évite les mauvaises surprises… mais avec cette peste, je comprends bien que je n’aurais pas vraiment le choix. « Et il traîne où ce type ? On va devoir traverser la moitié de Dublin pour lui mettre la main dessus ? » Non pas que l’idée de traverser la ville avec une jolie blonde me dérange. Mais si je pouvais éviter un jeu de cache-cache à la con alors je ne dirais pas non. Mais connaissant la demoiselle qui se trouve face à moi, je n’aurais certainement pas cette chance.

Récupérant la clope qui se trouve derrière mon oreille, je dépose celle-ci entre mes lèvres et en profite pour me détacher du mur. Sans un regard pour la jeune femme, je marche jusqu’à la porte et marque une pause le temps d’allumer la cigarette. « Alors tu bouges ton cul ? » Sans attendre la réponse, je tire une taffe et quitte le bureau, prenant la direction de la sortie pour retrouver la bécane qui m’attend bien sagement. Dans mon dos, j’entends les mouvements de la blonde, signe qu’elle doit sûrement être en train de se bouger.