all that you can't leave behind (callen)

16.08.20 15:16

all that you can't leave behindriv & callen

Vendredi 22 Mai 2020.

Le bus aux couleurs criardes stoppa sa course dans un crissement de freins avec deux bonnes minutes de retard sur les horaires habituels. A côté de River, le quadra en costume noir impeccable qui avait passé son temps à observer sa montre à dix mille Euros tout en trépignant d'impatience daigna enfin se calmer. Il se précipita sur les flancs du véhicule. Les vérins pneumatiques se mirent en marche, ouvrant les portes avant et centrale. Une bonne douzaine de passagers descendirent, libérant ainsi quelques places assises. La détective s'installa sur l'une d'elles sans même prendre la peine d'acheter un ticket. Elle n'avait pas la force de prononcer le moindre mot. De croiser le moindre visage. Si un contrôleur se présentait, il lui suffirait de sortir son badge en silence, point.

Bientôt, la carcasse bleue et jaune s'ébranla de nouveau, les roues recommencèrent à tourner, et le bus reprit sa place au cœur de la circulation matinale. Riv se perdit dans la contemplation des gens qui, au-delà de la fenêtre, se massaient dans les rues. Piétons, cyclistes, automobilistes : tous s'activaient en un chassé-croisé incessant. Elle imagina leurs destinations, leurs métiers, ou même leurs vies. Lui, il va faire les courses. Elle, elle est en retard au boulot, ça nous fait un point commun, tiens. Occuper ses pensées durant les vingt-cinq minutes de trajet était sa priorité absolue. Sans cela, elles iraient gamberger sur un terrain plus que dangereux. Un terrain portant le nom d'Alex.

Son arrêt se trouvait juste en face du commissariat. Elle traversa la route, grimpa les marches et pénétra dans le hall bruyant où régnait déjà une activité manifeste. A sa gauche, des civils patientaient sur des fauteuils vissés au sol qu'un représentant des forces de l'ordre appelle leur nom. Sur la droite, des flics en uniforme réglementaire entraient et sortaient des divers bureaux et open spaces, cafés ou dossiers en main, parfois les deux. « Salut, Riv. » Le sourire chaleureux de Fiona, à moitié dissimulée derrière sa réception, accueillit la brunette. Cette dernière répondit sur un ton qu'elle aurait voulu un peu plus énergique et fila sans attendre. Elle n'avait ni l'envie, ni le temps de discuter. Elle se rattraperait plus tard auprès de sa collègue.

L'espace réservé à sa task force se présenta bientôt à elle. Derrière les grandes vitres, River aperçut les membres de son équipe, attelés à une tâche quelconque sur leur ordinateur. Elle était en train de refermer la porte derrière elle, lançant un bonjour à la ronde, lorsque son regard croisa celui de Callen. Il arborait son air fermé des mauvais jours. Mais après leurs coups de fil de cette nuit puis de ce matin, et face au manque d'explications de la part de sa coéquipière, Riv ne pouvait pas lui en vouloir. Je vais passer un putain de sale quart d'heure, songea-t-elle en arrivant à sa hauteur. « Hey. Désolée pour le retard… Et merci de m'avoir couverte. » Elle retira sa veste avant de la déposer sur son siège. Heureusement qu'elle avait pu se changer dans sa planque. Au moins, elle n'avait pas eu besoin de retourner à son appart pour se débarrasser de son haut couvert de sang. « J'irais voir Flannigan un peu plus tard. Il t'a pas posé de problème avec ce rendez-vous médical de dernière minute ? »

Flannigan, c'était le chef suprême du commissariat. Aussi intransigeant qu'incompétent, il était arrivé là parce qu'il avait le bras long, et parce qu'un homme comme lui dans une position aussi influente en arrangeait certains. Il n'était pas corrompu. Du moins, pas pour ce que River en savait. Il aimait juste jouer les faux héros. Presque autant que distribuer des ordres. En toute logique, il ne devrait avoir aucune autorité sur la task force puisqu'elle opérait en parallèle. Sauf que le vrai supérieur de Riv à l'OCU était un bon ami de Flannigan. Il lui avait donc demandé de surveiller son escouade pour lui. En somme, la détective n'avait d'autre choix que de ravaler ses remarques acerbes et montrer patte blanche. Si elle finissait dans le collimateur de Flannigan, elle n'aurait plus qu'à faire ses valises et rentrer à Galway. Et elle n'avait pas parcouru tout ce chemin pour échouer si près de la ligne d'arrivée.

@Callen McMullen keur

16.08.20 18:09

Dire qu'elle se foutait de sa gueule aurait été exagéré, pour autant il n'était pas dans les habitudes de River de le tenir à l'écart des emmerdes, surtout lorsqu'elle avait besoin de l'aide d'un médecin capable de tenir sa langue sur une intervention officieuse. L'envie impérieuse de débouler chez elle n'avait cessé de travailler Callen qui avait dû se faire violence pour ne pas céder à son instinct qui lui hurlait que sa coéquipière et amie était dans la merde. Parvenant à dormir une petite poignée d'heures entrecoupées de réveils nocturnes durant lesquels il jetait un coup d’œil à son téléphone dont il avait laissé la sonnerie au maximum, c'est d'une humeur maussade que le Détective avait franchi les portes du Garda Station ce matin-là, saluant ses collègues avec un sourire forcé avant de se rendre en salle des opérations. La réunion du matin débuta avec la question qu'ils avaient anticipé, lui et River, à savoir pourquoi cette dernière n'était pas là. L'excuse fonctionna, non sans un regard méfiant à l'intention du blond qui haussa les épaules d'un air nonchalant pour donner le change. Lorsque la brune arriva un peu plus tard, elle fut accueillie par un regard bleu chargé de reproches, quoique teinté d'un certain soulagement de la voir en apparence indemne.

« Hey. Désolée pour le retard… Et merci de m'avoir couverte. »

Silencieux, il la regarda ôter sa veste, donnant le change et enchaînant d'une voix toujours aussi basse afin d'éviter d'attirer l'attention.

« J'irais voir Flannigan un peu plus tard. Il t'a pas posé de problème avec ce rendez-vous médical de dernière minute ? »

- Il était sceptique, mais il a laissé courir. Va falloir que ton alibi soit valide et... faut qu'on cause. Maintenant.

La dépassant sans plus de cérémonie, Callen eut un sourire à l'intention d'un collègue qui les observaient, sortant de la pièce pour traverser la salle principale, esquivant les collègues en uniforme réglementaire, jetant un bref regards aux premiers civils de la journée avant de bifurquer en direction d'un couloir où, avisant une porte de service, il l'ouvrit pour entrer, laissant passer River avant de refermer derrière elle. Ici se trouvaient des tables à disposition des agents désireux d'étudier des dossiers en toute quiétude quand leur bureau n'était pas disponible, ou qu'ils n'en avaient tout simplement pas selon leur statut. Fenêtres et porte fermées, le Détective prit une soudaine inspiration avant de braquer sur son amie un regard furieux.

- Je croyais qu'on se disait tout, River ? Ça fait cinq ans qu'on fonctionne en binôme, mais cette nuit t'a décidé de faire cavalier seul. Tu vas bien au moins ?

La colère retombait dans sa voix, mais sa rancœur demeurait et, à voir la façon dont sa mâchoire se crispait, il était évident qu'il retenait bien plus qu'un simple énervement passager.

- C'est quoi ce bordel ? T'as pas l'air blessée, alors qui c'était ?

Comment voulait-elle qu'il la couvre si elle ne lui disait pas les choses ? Comment pourrait-il faire ce qu'il faut si elle refusait qu'il vienne lui prêter main forte quand elle en avait besoin. De quoi avait-elle tellement peur ?

- Depuis quand t'as plus confiance en moi River ?

Lâcha Callen, amer, se détournant pour s'éloigner de quelques pas, ses mains remontant sur sa nuque qu'il assouplit en quelques mouvements, sentant la fatigue de cette nuit peser sur ses vertèbres. Elle avait intérêt à avoir une bonne raison.

Spoiler:

19.08.20 22:00

all that you can't leave behindriv & cal

Callen ne manqua pas de mentionner les doutes de Flannigan concernant la raison de son absence de ce matin. Elle se fit une note mentale de lui rendre visite dans son bureau avant le déjeuner. Elle aurait pu faire un crochet en arrivant au commissariat mais l'état de nerfs de Callen suite à leurs deux coups de fils échangés ces dernières heures lui inspiraient bien plus d'inquiétude que son soi-disant supérieur. Elle voulait parler à son coéquipier, lui raconter ce qui s'était passé et surtout, lui fournir les explications qu'il méritait. Flannigan, lui, pouvait attendre. D'autant que Monroe était une Détective exemplaire depuis son affectation ici. Elle ne comptait pas ses heures, n'arrivait jamais en retard. Elle se débrouillait toujours pour que ses activités plus sombres, plus officieuses, n'impactent en rien son travail. Ce qui était, sans doute, la raison pour laquelle Flannigan avait un peu tiqué face à son rendez-vous médical imprévu. Riv ne s'en formalisa pas davantage - elle saurait se montrer plus que convaincante quand elle irait le voir. Problème (presque) résolu.

Cal, en revanche, c'était une toute autre histoire. « Faut qu'on cause. Maintenant. » River s'en doutait : il ne risquait pas de lui faciliter la tâche. Elle ne pouvait cependant pas lui en vouloir. Si les rôles étaient inversés, elle aurait passé la nuit entière à se ronger les sangs pour lui et n'aurait pas réagi différemment le matin venu. Elle lui emboîta le pas, le suivant docilement, affichant un sourire de façade pour éviter d'éveiller les soupçons parmi les collègues qu'ils croisaient dans le couloir. Lorsqu'ils furent seuls, Callen plongea ses yeux dans les siens. « Je croyais qu'on se disait tout, River ? Ça fait cinq ans qu'on fonctionne en binôme, mais cette nuit t'a décidé de faire cavalier seul. Tu vas bien au moins ? » Quand il l'appelait par son prénom complet, généralement ça ne sentait pas bon. « Oui, je vais bien. » Acquiesça la concernée, consciente que dans le fond, il était plus inquiet qu'autre chose.

« C'est quoi ce bordel ? T'as pas l'air blessée, alors qui c'était ? » Elle sentit un frisson remonter le long de son dos. Cal n'était déjà pas ravi de la situation mais il le serait encore moins quand il apprendrait pour qui elle avait demandé les coordonnées du médecin, et pourquoi ce dernier avait dû intervenir. Elle mit un peu trop de temps à rassembler ses idées, à trouver de quelle façon amener Alex sur la table. Devant son silence, Callen ajouta sans changer de ton. « Depuis quand t'as plus confiance en moi River ? » River. Si elle ne désamorçait pas cette bombe au plus vite, son coéquipier finirait par imploser. Il lui tourna le dos, se massant la nuque, et elle l'en remercia intérieurement. Elle ne savait pas si elle serait capable de soutenir son regard quand la vérité serait enfin révélée. Un soupir s'échappa de ses lèvres et elle avoua de but en blanc, comme on arrache un pansement. « C'était lui. » Nul besoin de prononcer son nom. Ce serait superflu. Parce que Cal savait tout d'elle, de son combat, de ce qui l'avait poussée à revenir ici après tant d'années. Et il savait qu'un jour, si Alex était encore à Dublin et encore en vie, Riv et lui seraient voués à se recroiser.

Elle s'assit sur l'une des tables en métal, les mains posées de chaque côté de ses cuisses, les jambes pendant légèrement au-dessus du sol. « J'étais en train de repérer un bâtiment que l'un de mes indics soupçonnait d'être une planque de la mafia. Et je suis tombée sur lui, par hasard. » Elle secoua la tête alors que les souvenirs de la soirée remontaient les uns après les autres. Sa gorge devint douloureuse. Elle déglutit et décida d'attendre un peu avant de passer à la suite. Elle ne savait pas si elle aurait la force de tout raconter à son coéquipier sans craquer. Face aux autres, elle semblait intouchable, inébranlable. Mais lui, il savait mieux que quiconque quelle fragilité l'habitait parfois. Il la connaissait par cœur. « Et tu sais très bien que j'ai confiance en toi, Callen. » Affirma-t-elle, insistant sur son prénom en entier pour lui donner le change. En dépit des circonstances, il était hors de question qu'elle se laisse faire, et encore moins sur ce point. Malgré tout, elle savait qu'elle avait des choses à se reprocher. Elle lui devait un mea culpa. « Je suis désolée de t'avoir rien dit. Je voulais pas qu'on en parle par téléphone, c'est tout. Je t'ai jamais rien caché. Je vois pas pourquoi ça changerait maintenant. » Sa voix était certainement un peu plus dure que ce qu'elle aurait voulu, mais qu'il l'accuse de ne plus avoir confiance lui faisait mal. Comme s'il avait soudainement oublié que, bien au contraire, il était le seul au monde à qui elle confierait sa vie sans la moindre hésitation. Et sans la moindre appréhension.

@Callen McMullen keur

20.08.20 11:30

Elle allait bien. Elle n'avait pas l'air au meilleur de sa forme, mais elle allait bien, et rien que cela fut un soulagement pour Callen qui avait expiré un peu plus fortement, relâchant un peu de cette pression qu'il avait depuis qu'elle l'avait appelé pour lui demander le numéro du médecin qu'il connaissait. Pour autant si ce n'était pas pour elle, il exigea de savoir qui avait tant besoin que cela de soins urgents et, la voyant hésiter, chercher ses mots, il se détourna, irrité, inquiet, se massant la nuque en réfléchissant à ce qu'il pourrait faire pour...

« C'était lui. »

Se figeant telle une statue, le Détective se crispa des pieds à la tête, sa main délaissant sa nuque, son bras s'abaissant lentement. Une inspiration fut prise, profonde et maîtrisée, trahissant la montée en flèche d'une profonde colère. Quand il pivota vers River, le visage de Callen s'était assombri et il la fixa avec une désapprobation évidente, la suivant des yeux tandis qu'elle s'installait sur l'une des tables de métal de la pièce, la laissant continuer sans l'interrompre malgré le flot de questions qui envahissait son esprit à cet instant précis.

« J'étais en train de repérer un bâtiment que l'un de mes indics soupçonnait d'être une planque de la mafia. Et je suis tombée sur lui, par hasard. »

Il n'y avait pas de hasard, pas de destin, uniquement ce que l'on en faisait, et pour le Détective il était clair que tout cela n'était arrivé que parce qu'elle l'avait bien voulu. N'était-elle pas revenue pour ça aussi ? Revoir ce type et régler les choses une bonne fois pour toute ? A la voir ainsi, un léger tremblement la secouant, Callen su pourtant qu'elle ne s'était pas attendue à le retrouver si tôt, à se retrouver confrontée à lui sans préparation. C'était une chose d'imaginer les mille et une réaction qu'on pourrait avoir une fois confronté au problème, s'en était une autre de se retrouver face à celui-ci, sans protection ni possibilité de recommencer si jamais on disait ou faisait les mauvaises choses.

« Et tu sais très bien que j'ai confiance en toi, Callen. »

Il leva les yeux en l'air avant de s'approcher finalement, la scrutant du regard alors qu'il reconnaissait sa façon de regarder devant elle, cette lueur angoissée au fond des yeux, cette flamme aussi qui continuait de brûler et qui indiquait qu'elle ne lâcherait rien pour autant. Il y avait bien des choses qu'il voulait lui dire, pas en tant que coéquipier, mais en tant qu'ami, pour autant il lui fallait encore quelques secondes pour digérer l'information, pour réussir à desserrer les poings qui écrasaient ses phalanges contre sa paume.

« Je suis désolée de t'avoir rien dit. Je voulais pas qu'on en parle par téléphone, c'est tout. Je t'ai jamais rien caché. Je vois pas pourquoi ça changerait maintenant. »

- Bordel Riv... T'es vraiment pas possible.

Souffla Callen d'une voix radoucie, franchissant la distance qui les séparaient pour prendre son visage dans ses mains, son front venant doucement à la rencontre du sien alors que son regard bleu plongeait dans le noir du sien.

- J'ai confiance en toi, mais pas en lui. Ce type ne t'a attiré que des emmerdes et tu as assez souffert comme ça, j'ai pas envie qu'il te démolisse à nouveau... même si t'es plus forte qu'avant, je sais.

Compléta-t-il avec un sourire amusé et complice, sachant pertinemment que sinon elle n'allait pas manquer de lui rappeler toutes les fois où elle l'avait aidé, et il lui rappellerait les fois où c'était lui et... ça pouvait durer un moment comme ça. Embrassant tendrement son front, Callen relâcha son visage et s'écarta, venant s'assoir à côté d'elle, la table semblant trop petite vu la différence de taille entre eux.

- Vas-y je t'écoute, qu'est-ce que t'as fait ? Tu lui a cassé le nez en lui collant ton poing dans la figure ?

Cela dit, le Détective avait toujours dit à River que son contact médecin n'était à appeler qu'en cas de blessure grave et il doutait qu'un simple nez cassé ait pu pousser la brune à lui demander son numéro. Une pensée traversa son esprit et le sourire de Callen disparu alors qu'il tournait la tête vers son amie, un air grave et inquiet apparaissant sur ses traits.

- Me dis pas que... Tu lui a quand même pas tiré dessus ou un truc du genre ?

Non, elle n'aurait pas fait ça, elle n'aurait pas prit le risque de perdre son travail et de foutre sa vie en l'air à cause de ce type, quand bien même c'était son ex. Il savait qu'elle était impulsive, mais elle possédait aussi un grand self control et elle avait déjà résisté à bien plus éprouvant par le passé. Cela dit Callen ignorait à quel point Alexander pouvait avoir de l'influence sur elle ni ce qu'il pourrait dire pour la faire sortir de ses gonds.

- Riv ?

Elle allait le rassurer, elle allait le traiter d'imbécile et elle allait lui expliquer qu'elle l'avait trouvé blessé par un autre criminel et qu'elle n'avait pas eu le cœur à le laisser se vider de son sang. Ça, c'était davantage ainsi qu'ils fonctionnaient tous les deux, ça lui ressemblerait davantage.

@River Monroe

20.08.20 20:24

all that you can't leave behindriv & cal

Que son silence soit interprété comme un manque de confiance de sa part blessait profondément River. Après cinq ans à se côtoyer presque tous les jours, du matin au soir, entre les planques, les interrogatoires, les arrestations et les discussions sur les enquêtes en cours, elle ne comprenait pas comment Callen pouvait en venir à cette conclusion. Ils s'étaient couverts et sauvés mutuellement bien plus de fois qu'ils n'étaient en mesure de compter. A Galway, on avait fini par les considérer comme le meilleur duo du commissariat : ils enchaînaient les réussites, se cassant rarement les dents même sur les affaires les plus compliquées. Justement parce qu'ils se faisaient confiance, en plus de se comprendre sans avoir à prononcer le moindre mot, à fortiori dans les pires situations.

« Bordel Riv... T'es vraiment pas possible. »

Il semblait se radoucir. Peut-être avait-il compris qu'il avait réagi de manière un peu excessive. En dépit des ses mots, le ton de sa voix ne laissait planer aucun doute sur l'évanouissement de sa colère. Il se rapprocha, entoura le visage de Riv de ses mains chaudes et réconfortantes, avant de poser son front contre le sien. Elle en profita pour souffler, se laissant aller au bien-être que le simple contact avec Callen provoquait en elle. Il était là, à ses côtés. Et c'était tout ce qui comptait.

« J'ai confiance en toi, mais pas en lui. Ce type ne t'a attiré que des emmerdes et tu as assez souffert comme ça, j'ai pas envie qu'il te démolisse à nouveau... même si t'es plus forte qu'avant, je sais. »

Elle lui répondit avec le même sourire complice, miroir de leur lien fort et unique, des secrets qu'ils s'étaient tant murmurés au fur et à mesure du temps. Callen savait exactement pourquoi elle était devenue flic, alors qu'elle se destinait pourtant à une carrière dans l'architecture. Elle lui avait raconté combien elle détestait la violence, les armes à feu, le crime en général - ses parents en ayant été des victimes durant longtemps, et à quel point elle voulait se tenir loin de tout ça. Jusqu'à ce que son frère soit assassiné. Jusqu'à ce que son envie de vengeance devienne plus forte que celle d'évoluer en détournant les yeux. Elle en avait bavé, au début. Cette force qui était sienne aujourd'hui, elle n'était pas née avec. Elle l'avait gagnée. Méritée.

Elle aurait voulu pouvoir dire quelque chose mais les mots restèrent coincés dans sa gorge. Elle appréhendait le moment de vérité, la réaction de Cal. Elle avait peur du regard qu'il porterait sur elle quand il saurait. Lui pardonnerait-il un tel acte ? Même conscient de la raison qui l'avait poussée à agir de la sorte ?

« Vas-y je t'écoute, qu'est-ce que t'as fait ? Tu lui a cassé le nez en lui collant ton poing dans la figure ? »

Il était assis à ses côtés désormais. Riv portait son attention sur la porte, juste en face, pour ne pas avoir à le regarder lui. Pour ne pas avoir à affronter la déception qui ne manquerait pas de s'afficher sur son visage. Une déception qu'elle ne pourrait jamais oublier, et qui lui ferait l'effet d'un coup de couteau en plein coeur.

« J'aurais préféré. » C'était à peine plus qu'un murmure, un peu rauque.

« Me dis pas que... Tu lui a quand même pas tiré dessus ou un truc du genre ? » Et puisqu'elle ne répondait pas, il insista, soudain plus inquiet. « Riv ? »

« Il a tué mon frère. »

Elle avait soufflé ces mots comme si elle avait soudain du mal à respirer. Elle laissa un court instant de silence s'installer entre eux et essaya de rassembler ses idées. Finalement, ses iris trouvèrent ceux de son coéquipier. Sa vision était floue, les premières larmes menaçant de se frayer un chemin vers la sortie.

« Quand je l'ai su… J'ai perdu le contrôle, Cal. Je l'ai haï de toutes mes tripes. Et je voulais le voir mourir, plus que tout. Je voulais lui arracher son dernier souffle, parce qu'il avait arraché celui de Dev. »

Elle n'avait pas besoin de dire ce qui s'était passé. Elle avait tacitement répondu à sa question, non ? Elle était encore sous le choc de la fureur qui l'avait habitée et de la haine qui l'avait poussée à commettre cet acte irréparable. Quand elle reprit, sa voix tremblait, mais elle avait décidé de passer outre ses sentiments et de s'en tenir aux faits pour ne pas craquer complètement.

« Je l'ai emmené dans un lieu sûr, après coup. » Sa planque, dont personne n'avait connaissance, pas même Cal. « J'ai fait venir le Doc pour qu'il le soigne. Et je suis restée avec lui cette nuit pour le surveiller, jusqu'à ce qu'il reparte ce matin. Emmené par son équipe. De la Mafia. »

La bombe était lâchée. Riv avait donc tiré sur un membre apprécié de l'organisation criminelle la plus dangereuse des environs, sachant que l'oncle d'Alex en personne y agissait en qualité de ponte. Si l'identité de celle qui avait osé leur faire un tel affront arrivait aux oreilles des tout-puissants, c'en était fini d'elle. Un simple moment de faiblesse, et elle pouvait avoir signé son arrêt de mort. Callen aussi l'avait compris, à voir la terreur qui animait ses yeux.

« Alex a dit qu'il me protégerait mais… Et s'il n'y arrivait pas ? » Elle essuya ses joues avant d'ajouter, plus sûre d'elle, plus déterminée. « Il faut que tu partes, Callen. Retourne à Galway. J'ai déconné. S'ils décident de s'en prendre à moi, alors tu seras en danger toi aussi. »

Et parce qu'elle connaissait déjà sa réponse, elle sentit de nouveaux picotements aux coins de ses yeux. Il était son partenaire, et plus que ça encore. Il avait refusé de l'abandonner quand elle lui avait annoncé son départ. Ce n'était pas pour la laisser en plan maintenant. Avec l'énergie du désespoir, elle ne put s'empêcher d'insister.

« Je t'en supplie, Cal. Je sais pas ce que je ferais si je te perdais. »

Sa voix se brisa sur cette phrase. Ses dernières barrières aussi. Elle n'avait jamais autant eu besoin qu'il l'enveloppe de ses bras qu'en cet instant précis. Mais avait-elle encore le droit à un tel geste, après ce qu'elle avait fait ?

@Callen McMullen keur

21.08.20 7:34

« J'aurais préféré. »

C'est à cet instant que tout bascula. Ces quelques mots prononcés d'une voix basse et un peu rauque, comme brisée, suffirent à ce qu'un battement de cœur ne résonne dans tout le corps de Callen, faisant vibrer son crâne d'une soudaine et violente compréhension. Oh non, elle l'avait fait... Elle avait tiré sur ce type, elle s'était peinte une cible dans le dos, elle avait déclaré la guerre à la Mafia... D'une voix blanche, il avait tenté de chasser cette crainte, tentant de garder son calme, de ne pas céder à l'angoisse qui montait crescendo alors qu'elle fuyait son regard.

« Il a tué mon frère. »

Le Détective ferma lentement les yeux, son visage se crispant alors qu'il entrevoyait déjà le bordel que cela allait être, la menace qui allait s'abattre sur eux comme un ouragan sur un village côtier. Il ne rouvrit les yeux que pour mieux fixer River alors qu'elle se défendait de son geste, leurs regards accrochés l'un à l'autre et... merde, elle pleurait.

« Quand je l'ai su… J'ai perdu le contrôle, Cal. Je l'ai haï de toutes mes tripes. Et je voulais le voir mourir, plus que tout. Je voulais lui arracher son dernier souffle, parce qu'il avait arraché celui de Dev. »

Il se rappelait ce que c'était, que de perdre la personne à qui on tenait le plus, et son expression s'assombrit tandis qu'il l'écoutait poursuivre ses explications.

« Je l'ai emmené dans un lieu sûr, après coup. » Sa planque, dont personne n'avait connaissance, pas même Cal. « J'ai fait venir le Doc pour qu'il le soigne. Et je suis restée avec lui cette nuit pour le surveiller, jusqu'à ce qu'il reparte ce matin. Emmené par son équipe. De la Mafia. »

Callen aurait dû se montrer intransigeant et impartial. Il aurait dû faire son boulot de gardien, ou à tout le moins lui faire la leçon, lui dire qu'elle avait failli à son devoir, qu'elle avait merdé sur toute la ligne, surtout si c'était en plus pour sauver ce type juste derrière. Il aurait dû lui dire qu'ils devaient faire un rapport au plus vite, faire remonter à la hiérarchie de la Task Force, faire avertir tous les collègues de la Garda Station, prévenir ceux qu'ils côtoyaient qu'ils étaient involontairement devenus des cibles potentielles, prévoir un plan d'action, organiser les défenses. Il aurait dû... Il ne se rendait pas compte que son expression s'était transformée et qu'il fixait à présent son amie comme si elle venait de lui annoncer l’Armageddon.

« Alex a dit qu'il me protégerait mais… Et s'il n'y arrivait pas ? Il faut que tu partes, Callen. Retourne à Galway. J'ai déconné. S'ils décident de s'en prendre à moi, alors tu seras en danger toi aussi. »

Cette fois le Détective se réveilla, se redressant en secouant la tête, son visage arborant soudain cet air entêté et déterminé que River lui connaissait, cette expression qui disait "No way".

« Je t'en supplie, Cal. Je sais pas ce que je ferais si je te perdais. »

Sa voix se brisa et soudain il fondit sur elle, l'entourant de ses bras, n'y tenant plus de la voir dans cet état. Il la serra contre lui, une main à l'arrière de sa tête caressant doucement ses cheveux, l'autre dans son dos la tenant fermement, comme pour la protéger du monde extérieur. Callen prit une profonde inspiration et embrassa le dessus de ses cheveux, l'étreignant un peu plus, une froide détermination apparaissant dans ses yeux bleus.

- Et moi je ne me pardonnerais jamais si je t'abandonnais, surtout maintenant.

Il la serra un peu plus, pressentant déjà le pire, se voyant déjà tué d'une balle dans le dos par un membre de la Mafia, ou pire encore...

- Jusqu'à la fin, Riv... tu sais que ce ne sont pas des paroles en l'air.

Lui rappela-t-il, fermant les yeux durant quelques secondes, soupirant fortement puis l'écartant doucement avant de venir l'embrasser. Quand leurs lèvres s'éloignèrent, ce fut pour que leurs fronts se rejoignent et le Détective eut un faible sourire.

- J'ignore si j'aurais fait mieux à ta place, et je comprends pourquoi tu as voulu réparer ton erreur en sauvant ce type. Je crois que si j'avais pu buter le commanditaire à Cork, je l'aurais fait sans hésiter et je l'aurais libérée de ses engagements... Je ne sais pas ce que tu comptes faire vis-à-vis de ce type, mais je suis là et je te lâcherais pas.

Il revint embrasser son front avant d'essuyer les larmes qui avaient glissées sur les joues de River le temps qu'il lui parle, prenant son menton entre son pouce et son index, lui faisant relever la tête en lui adressant un sourire en coin plus marqué, complice et résigné.

- Les larmes ne te vont pas Riv, alors arrête de t'inquiéter. On va s'en sortir, d'une façon ou d'une autre, on y arrivera.

Callen n'y croyait pas vraiment, pas totalement, mais c'était la seule chose qu'il pouvait lui dire pour tenter de la convaincre de s'accrocher, de ne surtout rien lâcher. Une partie de la victoire naissait de la confiance en soi et de la volonté que l'on mettait à atteindre son but, le reste n'était que préparation, organisation, technique... et un peu de chance, quand même, parce que le hasard ne faisait pas toujours bien les choses, sans doute parce que ça n'existait pas et que ce n'était qu'un enchaînement de circonstances menant à un instant précis.

25.08.20 21:22

all that you can't leave behindriv & cal

River avait mis tant de monde en danger à cause de son geste de la veille. Pas seulement elle-même, non. Mais aussi Callen, ses subordonnés de la task force, les autres agents du commissariat de la ville et tous ceux qui croisaient son chemin, uniforme ou non. Comme ses voisins, par exemple. Ou les commerces de son quartier dans lesquels elle se rendait parfois.
Alex avait dit qu'il ferait de son mieux pour cacher les circonstances de sa blessure par balle. Pour que personne, au-dessus de lui, ne sache qui avait tiré : une flic. Mais s'il échouait, les retombées seraient terribles, et surtout inévitables. Il y aurait du sang. Beaucoup de morts, et des innocents parmi eux. Car ils seraient en guerre.

Callen aurait dû se montrer dur avec sa partenaire. Il aurait dû s'emporter, lui hurler combien elle avait manqué de discernement, combien elle s'était montrée égoïste, irréfléchie. Après tout, elle avait failli à sa mission. Elle s'attendait déjà à lire une immense colère doublée d'une déception intense sur ses traits. Une vision qui l'aurait achevée, même si elle l'aurait amplement méritée.
Pourtant, il n'en fit rien. Au lieu de l'accabler davantage, Cal la prit dans ses bras, la maintenant fermement contre lui en un geste protecteur. River se laissa aller, s'accrochant à lui comme si sa vie en dépendait. Et elle savait que c'était le cas, en réalité. Car depuis hier soir, elle se tenait au bord d'un gouffre sans fond, et il était le seul à pouvoir lui éviter une chute mortelle.

« Et moi je ne me pardonnerais jamais si je t'abandonnais, surtout maintenant. » Elle ferma les yeux, impuissante. « Jusqu'à la fin, Riv... tu sais que ce ne sont pas des paroles en l'air. » « Je sais. »

Bien sûr qu'elle le savait. Ils se l'étaient promis. Et quelque part, elle avait toujours su qu'il ne la laisserait pas revenir seule ici. Qu'il trouverait le moyen de contourner l'avis défavorable qu'elle avait donné quand il avait demandé sa mutation dans la task force. Oui, elle ne le savait que trop bien. Parce que si les rôles avaient été inversés, River aurait agi exactement de la même manière, laissant tout derrière elle afin de soutenir son coéquipier, son ami, son confident et plus encore.

Il desserra son étreinte mais ce ne fut que pour mieux approcher son visage du sien et capturer ses lèvres. Son baiser n'avait rien de pressant ni de passionné comme ceux qu'ils échangeaient quand le désir prenait le pas sur tout le reste. Au contraire. Il était doux et réconfortant. Pile ce dont elle avait besoin.

Leurs fronts collés, leurs souffles proches, elle sentit son rythme cardiaque ralentir, la panique s'éloigner, son self-control revenir. Elle l'écouta lui dire qu'il n'aurait peut-être pas fait différemment à sa place, qu'il comprenait. Il compara ce geste avec sa propre histoire. Riv connaissait chacune de ses cicatrices, au même titre qu'il connaissait les siennes. Et elle était persuadée que s'il en avait eu l'occasion, il l'aurait fait. Il aurait descendu ce type, et tant pis pour les conséquences. Cela ne légitimait en rien ce qui s'était passé la veille mais Riv se sentit tout de même moins seule.

Il essuya ses joues et lui releva le menton. Dans son regard, dans son sourire, il n'y avait rien d'autre qu'un amour infini et une franche détermination. Ils feraient face à cette nouvelle épreuve ensemble, et parce qu'ils l'affronteraient main dans la main, ils réussiraient. Il ne pouvait y avoir aucune alternative. River avait envie de le croire. Correction : elle le croyait. Car quand il la contemplait de cette façon, elle se sentait capable de déplacer des montagnes.

« Oui, t'as raison. On va s'en sortir. »

Sa voix manquait encore d'assurance mais elle faisait son maximum compte tenu des circonstances. Elle ne pouvait oublier que tout était de sa faute. Elle ne vaudrait pas mieux que ceux qu'elle traquait sans cette étouffante culpabilité, non ? Et elle se questionnait déjà bien assez sur ce qu'elle était capable de faire, sur le mal qui l'enveloppait de plus en plus, depuis qu'elle avait tiré sur Alex.

« J'étais prête à le laisser mourir. Jusqu'à ce que je comprenne que c'était ce qu'il attendait. »

Le 'merci' à peine murmuré d'Alex alors qu'il agonisait au sol lui revint en mémoire. Il voulait qu'on le libère. Il le voulait vraiment. Ce n'était pas un énième mensonge en espérant l'amadouer pour sauver sa peau. Elle l'avait lu dans ses yeux. C'était ça, finalement, qui l'avait fait recouvrer ses esprits et réagir avant qu'il ne soit trop tard. Qu'il veuille en finir était la preuve que l'ancien Alex, celui dont elle était tombée amoureuse, était encore là, quelque part.

Elle secoua la tête comme pour chasser toutes ses pensées de son esprit. Cal et elle étaient en service, au commissariat, et ce n'était donc ni le lieu ni le moment pour aborder en profondeur le sujet d'Alex ou de la Mafia. Ils ne pouvaient pas rester enfermés dans cette pièce indéfiniment non plus.

« Il faut qu'on y retourne. »

Mais Riv savait aussi qu'un certain recul lui était nécessaire. C'était encore beaucoup trop récent, trop frais. Elle avait besoin de la journée, de faire autre chose, pour être capable d'appréhender la situation dans son ensemble et d'en discuter posément. D'un mouvement leste, elle sauta de la table avant de faire volte-face, son regard se verrouillant à celui de son coéquipier.

« Merci, Cal. »

C'était court et simple mais elle n'avait pas besoin de dire ou de faire davantage. Il savait déjà combien elle lui était reconnaissante. Pour tout.
Après quelques courtes secondes, rassérénée par la confiance que Cal avait su lui inspirer, elle laissa un petit sourire en coin étirer ses traits.

« Je t'offre le déjeuner tout à l'heure. Et c'est toi qui choisis l'adresse. C'est un bon début pour me faire pardonner, tu crois ? »

@Callen McMullen keur

26.08.20 10:23

Ils ne se connaissaient que trop bien, ils savaient les blessures de l'autre, savaient les cauchemars secouant leurs nuits, les fantômes hantant leur esprit, et ils étaient allés beaucoup trop loin pour faire marche arrière. Si River plongeait, alors il plongeait, c'est comme ça qu'ils fonctionnaient, comme ça qu'ils avaient traversés le feu et les bains de sang, surmontés des épreuves dont nombre de leurs collègues à Galway se rappelaient encore, et c'est ainsi qu'ils fonctionneraient toujours. Quand on était brisé, l'ancre à laquelle vous vous raccrochiez devenait alors la seule chose qui importa en ce monde, quand bien même cette ancre était aussi brisée que vous. Front contre front, souffle contre souffle, les deux Détectives, les deux amis, les deux âmes liées se souriaient et se remontaient l'un l'autre, se hissant vers la surface, s'arrachant aux ténèbres de leurs cœurs pour mieux faire front commun. Callen essuya les larmes de River, lui souriant en l'encourageant, en lui affirmant qu'ils allaient s'en sortir, et à cet instant il y croyait dur comme fer, il ne pouvait qu'y croire, parce que sinon autant qu'ils se tirent une balle.

« J'étais prête à le laisser mourir. Jusqu'à ce que je comprenne que c'était ce qu'il attendait. »

- C'est plus facile de fuir que d'affronter ses erreurs.

Il en savait quelque chose, hélas. Combien de fois avait-il regardé son arme en songeant à se faire exploser la cervelle ? Combien de fois s'était-il imaginé le faire après elle ? C'eut été si facile, une simple pression de son doigt sur la détente, un coup de feu, puis le noir l'aurait emporté et tout aurait disparu... Sauf que rien n'aurait disparu, juste lui, et on ne pouvait pas effacer le monde en se supprimant soi-même, rien ne changerait en le quittant. Mais s'il restait en vie, s'il continuait de lutter, alors les choses pourraient changer, alors il aurait un impact, fut-il minime, sur ce monde qui l'entourait. C'était à ça qu'il se raccrochait dans les moments les plus sombres, au fait que chaque vie importait et se devait d'être protégée. Oui, même celle d'Alexander.

- Tu as bien fait de le sauver, tu n'es pas un assassin Riv.

La Détective secoua la tête, s'arrachant à des pensées que son coéquipier devinait bien sombres.

« Il faut qu'on y retourne. »

- Ouais, sinon ça va encore jaser.

Plaisanta-t-il un peu, la regardant descendre de la table pour lui faire face, recevant son remerciement avec un signe de tête entendu.

- Me remercie pas, tu en ferais autant pour moi.

Un sourire revint enfin sur le visage de River, faisant naître en écho celui de Callen qui se détendit enfin, rassuré de la voir reprendre du poil de la bête, de reprendre la main sur ses émotions qui devaient encore la secouer intérieurement. La Détective était une battante, il s'inquiétait sans doute trop pour elle, mais au moins serait-il toujours là pour la soutenir et s'assurer qu'il ne lui arrive rien.

« Je t'offre le déjeuner tout à l'heure. Et c'est toi qui choisis l'adresse. C'est un bon début pour me faire pardonner, tu crois ? »

- Un excellent même ! J'ai justement repéré un petit restaurant qui a l'air agréable, ça sera l'occasion de voir ce qu'ils proposent.

Elle le connaissait suffisamment pour savoir qu'au sourire qu'il afficha, il pensait déjà à ce qu'ils allaient pouvoir manger et qu'il laissait derrière eux les nuages noirs qu'elle avait fait s'amonceler. Chaque chose en son temps, ils pourraient toujours aviser de la suite à donner à tout ça quand les ennuis leur tomberaient dessus, mais là, maintenant, ils avaient besoin de digérer ce bordel et de retourner faire leur travail. Callen lui fit un clin d’œil et ils quittèrent le bureau avec le sourire, ce qui était déjà bien mieux que la tête qu'ils tiraient en y entrant. Ils ignoraient encore les conséquences de ce tir sur Alexander ni des ennemis qu'ils allaient se faire.

@River Monroe

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